Chapitre 4 Chapitre 4

Les cris déchirèrent la nuit, des voix anciennes résonnant dans son esprit. Aelwen tomba à genoux, ses mains serrant la pierre froide du sol. Devant ses yeux, des flammes dansaient, des ombres prenaient forme, et une silhouette se dessina, claire comme un souffle venu du passé. Une femme aux yeux d'obsidienne, au port noble, ses cheveux noirs tressés de fils d'argent.

- « Tu es la dernière des Velora, » murmura la voix, vibrante d'une force oubliée. « Ton sang porte la mémoire des anciens pactes. Tu portes la lumière et la malédiction. »

Aelwen voulut parler, mais la gorge lui brûlait, les mots s'étouffaient.

- « Le pouvoir que tu ignores coule dans tes veines. Ce pouvoir peut briser ce que Kael a juré de tenir. Mais il te faudra choisir : abandonner ou renaître. »

Puis la vision se dissipa, laissant un froid glacial s'insinuer dans sa chair. Elle se réveilla en sursaut, le souffle court, le cœur battant la chamade. La pièce était silencieuse, mais les paroles résonnaient encore, comme une promesse ou une menace.

Elle se leva, le corps tremblant, et marcha vers la hutte de la guérisseuse. Chaque pas semblait porter le poids d'un destin qu'elle refusait d'accepter.

Serya l'attendait, immobile, comme si elle savait que cette visite ne pouvait plus être différée.

- « Tu as vu. » Sa voix était douce, mais lourde de gravité.

- « Oui. Une femme... elle m'a parlé des Velora. De mon sang. »

La guérisseuse hocha la tête.

- « Il est temps que tu comprennes. Tes origines ne sont pas une légende. Tu descends d'un clan ancien, presque effacé des mémoires, mais dont le pouvoir demeure intact. »

- « Pourquoi moi ? Pourquoi ce sang maintenant ? »

- « Parce que tu es la clé. Le dernier lien vivant entre ce monde et ce qui fut jadis. Kael le sait, et il te craint pour cela. »

Serya sortit un petit coffre de bois, l'ouvrit lentement. À l'intérieur, des parchemins jaunit par le temps, des symboles anciens dessinés avec soin.

- « Voici l'histoire des Velora. Leur force résidait dans leur sang, capable de défaire les pactes et de changer le cours des meutes. Mais ce pouvoir est un fardeau. Il attire la convoitise, le danger. »

Aelwen sentit une larme glisser sur sa joue.

- « Alors je ne suis pas seulement une victime. Je suis une héritière. »

- « Et une combattante. Tu devras choisir ton camp, et affronter la vérité de ton sang. »

Elle prit les parchemins, le regard brûlant d'une détermination nouvelle. Kael ne l'aurait pas. Pas sans bataille.

- « Montre-moi tout. Je veux savoir. »

Serya sourit, mais dans ses yeux, une ombre persistait.

- « Que la force des anciens te guide, Aelwen Velora. »

- Aelwen déboula dans la grande salle, ses mains tremblantes, le parchemin serré contre sa poitrine. Kael l'attendait, impassible, comme s'il avait deviné sa venue. Ses yeux d'acier la fixaient sans une once de doute.

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- - « Tu crois vraiment pouvoir te dresser contre moi ? » lança-t-il d'une voix glaciale. « Ce que tu tiens là, ce n'est qu'un vieux conte. Rien qui puisse t'aider à échapper à ton destin. »

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- Elle planta son regard dans le sien, la colère et la douleur mêlées.

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- - « Tu m'as menti, Kael. Tu ne voulais pas de moi pour ce que je suis, mais pour ce que je porte en moi. Ce sang, ce pouvoir, tu veux l'arracher, m'utiliser comme un simple outil. »

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- Un sourire cruel étira les lèvres de Kael.

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- - « Tu ne comprends pas encore. Ce n'est pas pour te détruire, c'est pour te protéger. »

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- - « Protéger ? » cracha-t-elle. « En me trahissant, en préparant mon sacrifice ? »

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- Kael fit un pas vers elle, lent, maîtrisé. Il leva une main, et ses doigts s'agitèrent dans l'air, comme dessinant un cercle invisible.

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- - « C'est pour ton bien. La magie ancienne qui coule en toi est instable. Si elle se libère sans contrôle, elle pourrait détruire tout ce que nous avons bâti. »

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- Aelwen recula, mais les murs semblaient se refermer sur elle.

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- - « Tu veux me garder prisonnière sous prétexte de protection. Je ne suis pas un objet, Kael. Je ne te dois rien. »

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- Il haussa les épaules, presque dédaigneux.

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- - « Les mots sont des chaînes, tout comme la magie. »

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- Sans prévenir, des mains robustes surgirent derrière elle, l'agrippant fermement. Elle lutta, mais les liens invisibles qui l'enserraient l'empêchaient de bouger.

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- - « Lâchez-moi ! » cria-t-elle, furieuse.

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- Kael approcha, son visage tout proche du sien.

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- - « Tu ne comprends pas encore l'étendue de ce que tu portes. Cette captivité est une prison pour ton propre bien, une bulle protectrice contre la tempête qui gronde en toi. »

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- Elle sentit la rage la submerger, la trahison la dévorer de l'intérieur.

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- - « Je ne serai jamais ta captive, Kael. »

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- - « Tu n'as pas le choix. Pas encore. »

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- Il fit un signe, et les gardes apparurent, silencieux, implacables.

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- Alors qu'on la traînait hors de la salle, Aelwen jeta un dernier regard brûlant à Kael, promettant silencieusement qu'elle trouverait un moyen de briser ses chaînes - qu'elles soient magiques ou humaines.