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(Eliza)
Le silence était oppressant. L'obscurité régnait dans la chambre, brisée seulement par la faible lueur des chandeliers accrochés aux murs de pierre. J'étais allongée sur le lit, le souffle court, le cœur battant à un rythme effréné dans ma poitrine. Mon corps était encore marqué par la chaleur brutale de ses mains, par le poids de sa présence qui semblait imprégner chaque fibre de mon être.
Damian m'avait laissée là, seule, après avoir frôlé les limites de mon contrôle. Après avoir éveillé en moi un désir que je détestais autant que je le désirais. Mes poings étaient crispés sur les draps, la mâchoire serrée. Il jouait avec moi. Il savait ce qu'il faisait.
Mais ce que je ne comprenais toujours pas, c'était pourquoi. Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir enlevée, m'avoir arrachée à ma vie ?
Un bruit discret derrière la porte me tira de mes pensées. Je me redressai, le cœur battant plus fort. La porte s'ouvrit lentement dans un grincement. Damian entra, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise en lin blanche à moitié déboutonnée, révélant le tracé parfait de ses muscles. Sa démarche était assurée, prédatrice. Ses yeux noirs accrochèrent les miens, et je sentis immédiatement cette tension électrique s'installer entre nous.
Je me levai brusquement, les jambes encore un peu tremblantes.
- Pourquoi ? lançai-je d'une voix tranchante.
Il referma doucement la porte derrière lui, verrouillant le loquet.
- Pourquoi quoi ? répondit-il d'un ton feutré, en s'approchant lentement.
- Pourquoi m'avoir enlevée ? Pourquoi moi ? Qu'est-ce que tu veux vraiment, Damian ?
Il s'arrêta à quelques pas de moi, ses yeux sombres brillants d'une lueur dangereuse.
- Je t'ai déjà dit ce que je voulais.
- Ton petit jeu de domination ? Cette obsession malsaine ? Ce n'est pas une réponse.
Il rit doucement, son sourire en coin éveillant une colère sourde en moi.
- Non. Ce n'est pas ça.
Il s'approcha encore, et je reculai instinctivement jusqu'à ce que mon dos rencontre le mur. Il posa une main à côté de mon visage, enfermant mon corps entre le mur froid et sa chaleur implacable. Son regard glissa lentement sur mon visage, puis le long de mon cou jusqu'à la naissance de mes seins.
- Tu crois vraiment que je t'ai prise juste pour jouer ?
- Alors pourquoi ? criai-je, le souffle court.
Il glissa une main le long de ma mâchoire, son pouce traçant une ligne lente et possessive sur ma joue.
- Parce que tu es à moi.
- Je ne suis pas à toi ! crachai-je.
Son regard s'assombrit, et son sourire disparut.
- Oh si, Eliza.
Il m'attrapa brusquement par le menton, m'obligeant à relever le visage vers lui. Ses yeux noirs me transperçaient comme deux lames.
- Il y a une raison pour laquelle je t'ai choisie. Une raison pour laquelle j'ai risqué ma vie pour te prendre.
- Risqué ta vie ? répétai-je, les sourcils froncés.
Son visage s'obscurcit. Il desserra son emprise, son regard s'adoucissant légèrement.
- Tu n'es pas qu'une femme parmi d'autres, Eliza. Tu es... spéciale.
- Spéciale ? soufflai-je, le cœur battant.
Il se pencha encore plus près, son souffle chaud effleurant ma gorge.
- Tu es la clé.
Mon cœur s'emballa.
- La clé de quoi ?
Il s'écarta légèrement, son regard perçant le mien.
- La clé pour briser une malédiction qui me suit depuis des générations.
- Quoi ?
Il passa une main dans ses cheveux noirs, visiblement tendu.
- Il y a longtemps, mon clan a fait un pacte. Un pacte avec l'ombre. En échange de pouvoir, nous avons sacrifié une partie de notre humanité. Et ce pacte est devenu une malédiction.
Je déglutis difficilement.
- Quelle sorte de malédiction ?
Il s'approcha à nouveau, posant une main sur ma taille.
- Nous sommes condamnés à perdre tout ce que nous aimons. À vivre dans la violence, la guerre et la souffrance. Tant que la clé ne sera pas retrouvée... et utilisée.
Mon souffle se bloqua.
- Et tu crois que je suis cette clé ?
Ses yeux s'assombrirent.
- Je le sais.
Il m'attrapa par la taille, m'attirant brutalement contre lui.
- Ton sang, Eliza. Tu as quelque chose en toi qui peut briser cette malédiction.
- Mon sang ? répétai-je, le souffle court.
Il hocha lentement la tête.
- Ton héritage.
Je fronçai les sourcils, cherchant à comprendre.
- Mon héritage ? Mais mes parents étaient...
- Des sorciers.
Je me figeai.
- Non... c'est impossible.
- Oh si, murmura-t-il. Tu as toujours su que tu étais différente, non ? Ton instinct, ta capacité à lire dans le cœur des autres. Tu le sentais, même inconsciemment.
Mon souffle se bloqua. Il avait raison. J'avais toujours su que j'étais différente. Mais j'avais refusé de l'admettre.
- Si tu savais ce que tu es vraiment... tu comprendrais pourquoi je n'ai pas eu le choix.
- Le choix ? répétai-je. Tu aurais pu me demander. Tu aurais pu me laisser une chance de comprendre !
- Si je t'avais laissée là-bas, ils t'auraient trouvée.
Mon cœur bondit.
- Qui ?
Son regard s'obscurcit.
- Ceux qui ont fait le pacte. Ils savent ce que tu es. Ils savent que tu es la clé. Et ils te tueront avant que je n'aie le temps de te protéger.
- Alors je suis... une cible.
Il acquiesça lentement.
- Oui.
Je reculai légèrement, ma respiration s'accélérant.
- Tu crois vraiment que je vais te faire confiance après tout ça ?
Son regard s'adoucit légèrement.
- Je ne te demande pas de me faire confiance.
Il glissa une main dans mes cheveux, ses doigts s'enroulant doucement autour de ma nuque.
- Je te demande seulement... de survivre.
Mon cœur s'emballa lorsqu'il effleura mes lèvres des siennes.
- Je ne te laisserai pas mourir, Eliza. Sa voix était un murmure rauque. Quoi qu'il m'en coûte.
Je frémis, incapable de détourner le regard.
Et dans ce silence lourd de tension, je sus que ma vie venait de basculer dans un abîme dont je ne pourrais peut-être jamais ressortir.