Chapitre 4 La Grande Parade

**Le point de vue d'Arabella**

« ... C'est tout pour aujourd'hui, passez un excellent week-end ! » nous souhaita Mme Marshall en rangeant ses gros manuels.

Daphne ricana à mes côtés, empilant ses livres avec rage.

« Ce week-end sera tout sauf excellent, grogna-t-elle à voix basse. Je n'arrive pas à croire que je vais me sacrifier pour le bien des autres filles », déclara-t-elle plus fort.

« Te sacrifier ? » demandai-je.

« Ouais, la parade de sélection a été avancée. Et qui sait ? On pourrait ne pas en sortir vivantes. »

Je hochai la tête, le cœur prêt à s'arracher de ma poitrine. Elle venait de me rappeler à quel point l'événement était proche.

« Autant commencer à écrire mon testament maintenant », soupira-t-elle.

Elle s'interrompit, pencha la tête et fronça les sourcils. Je savais exactement ce qui allait suivre.

« Je devrais léguer mon argent de poche à Dante... ou à une association ? »

Je réfléchis un instant, les lèvres pincées.

« Vu combien Dante t'a soutiré, je dirais une association. Les personnes âgées et les orphelins en ont plus besoin que lui. Il s'est assez rempli les poches avec ses arnaques. »

Daphne et moi éclatâmes de rire.

« Exactement ce que je pensais », approuva-t-elle.

Nous terminâmes de ranger nos affaires et quittâmes la salle. Alors que nous tournions dans le couloir, mon téléphone vibra. C'était Pete, mon manager.

« Salut, Pete », répondis-je en tendant mon manuel à Daphne.

« Ara, ta mère a appelé. Elle dit que tu veux quitter ton job. »

Je fronçai les sourcils, lançant un regard interrogateur à Daphne, qui secoua la tête.

« Oui... Elle a dit que tu avais besoin de temps pour te préparer à la parade... »

J'ignorai le reste et soupirai.

« D'accord, merci », dis-je avant de raccrocher.

« Ta mère doit être stressée. Elle a peur de ce qui va nous arriver », supposa Daphne.

« On ignore tout de ce qui nous attend. Et si on ne revenait pas avec nos souvenirs ? »

Daphne haussa les épaules, tout aussi démunie que moi.

« Hé, Ara ! »

La voix que je redoutais résonna. Daphne grogna et se plaça devant moi, protectrice.

« Ingrid Michaelson... murmurai-je.

- Qu'est-ce que cette elfe maléfique veut encore ? gronda Daphne. Si elle ne filtre pas ses mots, je la tabasse.

- Daphne, aboyer sans mordre, c'est ton sport favori », ris-je.

Ingrid s'arrêta face à nous, flanquée de ses trois sbires.

« Ara, tu participes aussi à la parade ? demanda-t-elle.

- Oui. Je n'y ai pas droit ? rétorquai-je.

- Mon père dit que le roi des bêtes cherche secrètement sa compagne. Tu ignores ça, hein ? » ricana-t-elle.

Daphne intervint : « Et alors ?

- Tu n'es pas éligible. Avec ce visage, tu ne seras jamais la compagne du roi. »

Je contournai Ingrid et inspectai son physique avec dédain.

« Tu m'appelles moche... mais je reste plus belle que toi, même avec ton visage de plastique.

- Quoi ?...

- Regarde-toi : droite comme un piquet, alors que moi... » Je posai les mains sur mes courbes.

Daphne étouffa un rire.

« Ta mère a repassé tes fesses quand tu étais petite ? Ton postérieur est plat, contrairement au mien. »

Je lui tournai le dos et twerkai brièvement.

Daphne éclata de rire, bientôt imitée par les sbires d'Ingrid.

« Ne t'inquiète pas, Ingrid. Je suis trop canon pour être liée à une bête. Le roi te convient mieux : méchante, cruelle... la déesse lunaire vous a jumelés ! »

Daphne m'encouragea : « Ouais, Arabella ! »

Ingrid, écarlate, pointa un doigt tremblant.

« Tu... Tu...

- Je suis quoi ? l'interrompis-je. Trop sexy pour toi. »

Des larmes perlèrent à ses yeux. Je saisis son menton, dominant sa petite taille.

« Ingrid Michaelson, tu oublies que je ne suis pas une elfe faible de ton clan. Je ne me laisse faire par personne. Même pas par le roi. »

Elle repoussa ma main et me bouscula.

« Tes mots ne m'atteignent pas. Tu m'es inférieure.

- Ils t'ont déjà atteinte. Va pleurer chez toi. »

Je tournai les talons. « Dauphine, on y va. »

Daphne lui tira la langue avant de me suivre, son bras enroulé autour de mes épaules.

« T'es la meilleure ! » chuchota-t-elle en embrassant ma joue.