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« La vérité n'a pas toujours le goût qu'on espère, mais elle est toujours là, prête à nous frapper quand on s'y attend le moins. »
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Là, dans ma chambre, seul avec mes pensées, je sens l'inertie du silence m'engloutir. La question tourbillonne dans ma tête, encore et encore, comme un refrain obsédant. Qui est mon père réellement ? Pourquoi m'a-t-il abandonné ? Pourquoi, chaque fois que je tente de comprendre, je me sens encore plus perdu ?
J'ai toujours cru que les choses finiraient par s'éclaircir, qu'un jour, quelqu'un me tendrait une clé pour ouvrir la porte des secrets. Mais plus je m'y rends, plus cette porte semble se refermer sur moi. Et cette incertitude... elle me tue petit à petit. Je suis comme un navire perdu au milieu d'une mer déchaînée, cherchant désespérément un phare, mais n'apercevant rien, à part des vagues et des ténèbres.
Le lendemain matin, je me réveille en sursaut, une sensation étrange me parcourant tout le corps. C'est comme si une force invisible m'avait secoué dans mon sommeil. Je me frotte les yeux, prend une grande inspiration et me redresse. Une nouvelle journée commence, et pourtant, elle semble déjà battue d'avance. La fatigue pèse sur mes épaules. Chaque pas vers l'extérieur me paraît plus lourd que le précédent.
Je jette un coup d'œil au téléphone sur mon bureau, hésitant. Un message. Jessy.
« Fabrice, t'es où ? Il faut qu'on parle. »
Mon cœur s'emballe un instant. Je me demande si elle a eu des nouvelles, si elle a trouvé quelque chose sur ce type, sur mon père. Mais un malaise s'empare de moi, et je ne réponds pas immédiatement. Peut-être que ce n'est pas encore le moment. Ou peut-être ai-je peur de ce qu'elle pourrait dire.
Je passe la journée à errer dans un flou constant. Le lycée. Les mêmes visages. Les mêmes discussions sans importance. Rien ne semble me retenir. J'ai l'impression que tout ce qui m'entoure est une sorte de décor vide, une comédie dans laquelle je suis coincé, sans moyen d'en sortir. Jessy me lance parfois un regard en coin, comme si elle savait quelque chose. Mais je ne la regarde pas. Si je la vois, je vais craquer. C'est trop de pression.
Je sens aussi un vide dans ma relation avec Amélie, une fille de ma classe. Elle semble distante, comme si elle avait perçu quelque chose de caché en moi. Depuis quelques jours, elle ne me parle plus aussi souvent, et chaque mot qu'elle prononce semble peser plus lourd qu'avant. Une sensation étrange m'envahit, comme si le lien entre nous était en train de se défaire, à cause de ce secret, de cette quête.
L'appel de Jessy me ramène à la réalité.
- Fabrice, écoute... commence Noël, sa voix grave. On a trouvé une photo. Une photo de ton père... ou du moins, quelqu'un qui lui ressemble énormément. Mais ce n'est pas tout. Ce type-là, il est lié à des affaires pas très claires... Il fait une pause. Et il y a des gens qui... qui le recherchent.
Un frisson me traverse. Des gens qui le recherchent ? Pourquoi ? Quel genre de type est-ce, réellement ? Et surtout, pourquoi a-t-il voulu m'éloigner de tout cela ?
Je les fixe, sans réussir à articuler un mot. Le choc est trop grand. Une partie de moi refuse d'accepter ce qu'ils viennent de dire, mais une autre sait que je ne peux pas faire l'autruche éternellement.
- Comment ça, ils le recherchent ? ma voix trahit mon angoisse. Pourquoi, et qui sont-ils ?
Jessy regarde autour d'elle, comme pour s'assurer qu'il n'y a pas d'oreilles indiscrètes.
- Je ne sais pas encore qui exactement. Mais il semble qu'il ait été impliqué dans des affaires de trafic, de blanchiment d'argent, et de... Elle s'arrête, hésitant. Il a des ennemis. Des gens dangereux, Fabrice.
Je suis figé. Ce type-là, l'homme que je croyais être mon père, est lié à tout ce merdier ? Cela dépasse tout ce que j'avais imaginé. Mais quelque part, je n'en suis pas vraiment surpris. Les signes étaient là, ces manques de réponses, ces absences.
Noël reprend la parole.
- Fabrice, tu dois savoir que cette histoire te touche de près. Plus tu creuses, plus tu risques de découvrir des choses que tu n'es pas prêt à affronter... Il marque une pause, le regard fixé dans le mien. Mais si tu veux savoir la vérité, tu n'as pas le choix. Il va falloir plonger, et peut-être même sacrifier des choses que tu n'avais pas envisagées.
Les mots de Noël résonnent dans ma tête comme des échos.
Plonger. Sacrifier.
Il n'y a pas de retour en arrière. Le vide dans mon esprit grandit. Je me demande maintenant si je suis vraiment prêt à faire face à ce que cette vérité pourrait m'imposer.
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De retour chez moi, je me sens pris entre deux mondes. Celui de l'ignorance, où je pourrais rester à l'écart de tout ça, et celui de la vérité, qui m'attire inévitablement vers lui, comme un aimant. Une nouvelle question germe dans mon esprit : est-ce que je suis prêt à tout risquer pour découvrir ce qui m'a été caché depuis toujours ?
La réponse est incertaine, mais une chose est claire : je ne peux plus fuir. Pas cette fois.
Alors que je commence à me faire à cette idée, une notification retentit sur mon téléphone. C'est Amélie. Un simple message, mais qui me fait aussitôt frissonner : "Fabrice, il faut qu'on parle aussi."
J'ai toujours cru qu'Amélie n'avait aucune idée de ce que je traverse, mais son message me fait douter. A-t-elle vu quelque chose en moi ? A-t-elle deviné ce que je cache ? Nos regards échangés à travers la classe, cette tension entre nous, tout semble s'éclairer d'un coup.
Je décide de répondre.
« Quand ? »
Elle ne tarde pas à me répondre.
« Ce soir, chez moi. Je t'expliquerai. »
Ma tête est un véritable tourbillon. Et si tout se mêlait, mes secrets, mes relations ? Amélie, Jessy, ce mystère autour de mon père... Tout commence à prendre forme, mais je ne sais pas où cela va me mener.