Chapitre 5 Chapitre 5

DAMON

Plus je l'observe, plus je la trouve belle. Ses cheveux longs et blonds tombent en cascades soyeuses autour de son visage, encadrant des traits délicats. Ses yeux, d'un vert éclatant, captent la lumière avec une intensité qui me fascine. Je remarque les légères taches de rousseur qui parsèment son petit nez en trompette, lui donnant un air juvénile et malicieux. Ses lèvres pulpeuses semblent m'appeler, comme si elles attendaient simplement le moment d'être embrassées.

Elle est vêtue uniquement d'un large tee-shirt, ce qui ne me permet pas de juger pleinement sa silhouette. Mais d'après ce que je peux apercevoir, il me semble qu'elle a une poitrine assez généreuse, tandis que ses cuisses fines et l'épaule dénudée laissent entrevoir une jolie peau dorée, encore marquée par le soleil. Oui, elle est magnifique et il est difficile de détourner le regard.

Il est temps que je reprenne mes esprits. Je dois me concentrer sur l'objectif : prélever son ADN ainsi que celui de sa mère pour établir un lien de parenté avec les Bianchi. Cependant, je réalise aussi qu'elle pourrait simplement me fournir l'ADN de sa mère, et rien ne prouverait qu'il s'agit vraiment de celui de Giulia Bianchi. Non, je dois obtenir un échantillon de l'ADN d'Alessandro Bianchi. Mais comment vais-je y parvenir ?

Mon téléphone se met à vibrer dans ma main, un bip qui me ramène brusquement à l'instant présent. Je consulte le SMS qui vient d'arriver, et je vois qu'il provient de mon père.

"Tu as rendez-vous demain matin avec Alessandro, au Lucky's Food. 9h."

Parfait ! C'est comme s'il avait lu dans mes pensées.

Je tourne à nouveau mon attention vers elle.

- As-tu un objet ayant appartenu à ta mère ?

Elle fronce les sourcils, ne semblant pas saisir où je veux en venir.

- Un objet contenant son ADN, ou encore mieux celui de ton grand-père.

À cette mention, elle plisse les yeux, son expression devenant suspicieuse.

- Pourquoi ?

Je laisse échapper un sourire en coin, me rapprochant d'elle, ce qui lui fait instinctivement reculer. Je glisse une main à l'arrière de sa tête, serrant mes doigts dans ses cheveux, ce qui lui fait pousser un petit glapissement.

- Tu n'es pas en position de discuter, lui dis-je d'un ton ferme. Réponds-moi !

- Oui... Oui, j'ai une brosse à cheveux qui lui appartenait. Je ne m'en suis pas servie, je la gardais en souvenir.

Mon regard s'ancre sur elle, saisissant l'importance de cette information.

- Et pour ton grand-père ?

Elle semble réfléchir un instant, l'hésitation se lisant sur son visage. Puis, elle secoue la tête.

- Non, je n'ai rien de lui.

Je prends un moment pour peser mes options. La brosse à cheveux pourrait suffire pour établir un lien, mais je dois être prudent. Avec ce qu'elle m'a révélé, je suis déjà sur la bonne voie. Elle ne sait pas encore à quel point sa vie - et la mienne - est sur le point de changer.

Je relâche ses cheveux, lui indiquant d'un signe de tête de s'avancer.

- Allons chercher cette brosse.

Elle avance prudemment en direction des escaliers, montant marche après marche tout en jetant des regards en arrière pour vérifier si je la suis. Je lui adresse un sourire, un sourire qui dit clairement : "Rêve toujours si tu crois que je vais te laisser seule." Elle me renvoie un regard qui semble dire "Va te faire mettre."

Nous arrivons finalement à sa chambre, et je ne m'attendais pas forcément à quelque chose de particulier, mais je ne pouvais pas imaginer qu'elle serait dans un état aussi délabré. La pièce ressemble au reste de la maison, mais en pire.

Son lit - si l'on peut appeler cela ainsi - n'est rien d'autre qu'un matelas défréchi posé à même le sol, à droite. À gauche, il n'y a aucun meuble, seulement des tas de cartons entassés, donnant à l'endroit un air chaotique.

Qu'a fait son père avec tout le blé qu'il leur a emprunté ?

Je me demande si cette situation l'affecte autant qu'elle m'affecte.

Keyssi se dirige vers les cartons, se mettant à fouiller à l'intérieur avec une concentration visible.

- Ce sont tes affaires ?

Elle hoche la tête, un air amer se dessinant sur son visage.

- Toute ma vie entière tient dans ces pauvres cartons, si ce n'est pas risible, ricane-t-elle, une pointe de désespoir dans sa voix. Où est-elle, punaise ?

Elle fouille frénétiquement tous les cartons, l'angoisse palpable. Enfin, après un moment qui semble durer une éternité, elle trouve enfin ce qu'elle cherche dans le dernier carton.

- Ah, la voilà !

Elle avance vers moi, serrant la brosse contre elle, une lueur de mal à l'aise dans son regard. Je tends la main pour la prendre, mais elle recule, la méfiance gravée sur son visage. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas sa réaction.

- Keyssi, dis-je sur un ton d'avertissement.

Je m'efforce de garder ma voix calme, mais une note de fermeté s'y glisse. Je dois obtenir cet objet, et je ne laisserai pas son hésitation me freiner. La tension entre nous est palpable, et je sens que ce moment pourrait déterminer notre interaction à venir. Je veux qu'elle comprenne l'importance de ce que je lui demande, mais je ne peux pas ignorer ce qui se cache derrière sa réticence.

- Est-ce que... est-ce que je pourrais la récupérer... après ?

Elle prononce ces mots avec une nervosité palpable, et je comprends immédiatement l'importance de ce qu'elle évoque. Évidemment, il s'agit du dernier souvenir de sa mère, un objet chargé d'émotions et de souvenirs qui lui est précieux.

- Oui, bien sûr, tu pourras la récupérer.

À ma réponse, elle se détend légèrement, comme si un poids venait de se lever de ses épaules. Avec une hésitation, elle me tend l'objet avec précaution, comme si elle craignait de le perdre. Je l'accepte délicatement et la range soigneusement dans la poche intérieure de ma veste, la gardant près de moi, en sécurité.

- Allons-y, il est temps de partir.

- Où allons-nous ? demande-t-elle, la confusion se lisant sur son visage.

- Chez moi, je réponds simplement.

Ses yeux s'écarquillent d'étonnement, et je peux voir son esprit tourner à toute vitesse alors qu'elle essaie de comprendre ma proposition.

- Pardon ?

Sans répondre tout de suite, je m'approche d'elle, réduisant la distance entre nous. D'un geste tendre, je glisse une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Le contact fait frissonner sa peau, et un frisson d'inquiétude traverse son regard.

- À moins que tu ne préfères dormir attachée au fond de ma cave ?

Elle secoue la tête avec une rapidité désespérée, la peur s'insinuant dans ses yeux. Je me penche un peu plus près, ma voix devenant un murmure rassurant.

- Ne t'en fais pas, on ne dormira pas ensemble. Pas avant le mariage.

Je la regarde, déchiffrant ses émotions à travers ses yeux. Elle semble partagée entre la peur et une curiosité qu'elle essaie de cacher.

- Le mariage ? Je vais devoir vous épouser ?

Elle prononce ces mots avec un mélange de choc et de dégoût, et je ne peux m'empêcher de ressentir une irritation croissante. Ce qui m'agace le plus, c'est non seulement le ton méprisant qu'elle utilise, mais aussi le regard de haine qu'elle me lance, comme si j'étais la pire des créatures.

- C'est ça ou la mort, lui rétorquai-je, ma voix se durcissant.

Pour faire passer mon message, je sors mon arme de son étui et la vise. L'air est chargé de tension, et je sais que ma menace est claire.

- Si tu souhaites mourir, je peux exaucer ton souhait immédiatement.

À cet instant, elle lève les mains en signe de soumission, les yeux emplis d'une peur qui contraste fortement avec la haine qu'elle m'a précédemment témoignée. Elle secoue la tête, presque frénétiquement.

- Je ne veux pas mourir !

Je continue à la tenir en joue, l'observant attentivement. Je suis conscient que je suis un connard, et je le reconnais. Son ton m'a irrité, et je voulais simplement qu'elle redescende un peu sur terre. Je n'ai pas l'intention de la tuer ; je ne suis pas fou. Mais elle doit comprendre qui a le pouvoir ici.

Après un moment qui semble durer une éternité, je range mon arme, et un soupir de soulagement échappe à ses lèvres. Je saisis son poignet avec fermeté, l'entraînant derrière moi alors que je me dirige vers la sortie.

Une fois à l'extérieur, je trouve mes hommes en attente, tous postés avec sérieux aux côtés de la maison. D'un geste de la main, je leur fais signe de lever le camp. Ils réagissent rapidement, chacun rejoignant sa voiture sans poser de questions.

Je me dirige vers ma Mercedes, où Vito m'attend, adossé contre la voiture avec une attitude décontractée, mais vigilant.

À notre approche, il ouvre la porte côté passager pour laisser entrer Keyssi. Je me glisse à ses côtés sur la banquette arrière, le moteur rugissant alors que nous nous éloignons de cet endroit, une nouvelle étape de notre chemin ensemble qui commence à peine.

                         

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