/0/23946/coverbig.jpg?v=1dd47d546b18e27fcffd85e485742b6e)
KEYSSI
Je dormais paisiblement, enveloppée dans un doux rêve, lorsque soudain un bruit sourd résonne dans la nuit, me tirant de mon sommeil. Mon cœur s'emballe, et l'adrénaline m'inonde alors que je réalise que quelque chose ne va pas. Des bruits de pas résonnent dans l'escalier, et une peur glaciale me saisit. Je bondis hors de mon lit, le souffle court, cherchant désespérément un endroit où me cacher.
Mais l'homme qui s'est introduit chez moi est plus rapide. Je sens une poigne ferme saisir mes cheveux, me tirant en arrière avec une force brutale qui m'arrache un cri de douleur. Serrant les dents pour contenir mes larmes, je réagis instinctivement. D'un coup de coude, je frappe son ventre avec toute la force que j'ai. Il lâche un souffle étouffé, surpris, ce qui me donne l'occasion de me dégager de son emprise.
Je me précipite vers la fenêtre, l'espoir de fuir me galvanisant. Mais il se reprend vite, et je sens ses bras puissants me coincer par derrière, emprisonnant mes bras contre moi dans une étreinte désespérée. Je me débats comme une bête sauvage, gesticulant dans tous les sens, le désespoir et la rage mêlés. Dans ma tentative de lui échapper, je me heurte à sa figure avec des coups de tête, mais aucun n'atteint son but. Au contraire, je me blesse avec mes propres ongles, écorchant ma peau dans un mélange de peur et d'impuissance. Il faut vraiment être maligne pour se blesser ainsi.
Finalement, il réussit à me traîner hors de ma chambre et descend les escaliers. Mon cœur se serre alors que je me rends compte de la gravité de la situation. Je me retrouve à genoux, humiliée et terrifiée, à côté de mon père, devant une paire d'hommes armés qui me scrutent avec un mélange de curiosité et de mépris.
Devant moi se tient celui qui doit être le chef. Ses yeux bleus glacials me fixent, perçants et inquisiteurs. Je ne le connais pas personnellement, mais son visage est familier. J'ai entendu murmurer son nom dans les rues, à la fois craint et respecté. Damon Conti, du moins c'est ainsi que tout le monde s'adresse à lui. Célèbre pour sa beauté presque inhumaine et sa violence redoutable, il incarne tout ce que je redoute. Mon esprit s'emballe alors que je réalise à quel point je suis en danger.
- Monsieur Conti, gémit mon père, sa voix tremblante trahissant sa peur, si vous me laissez un peu de temps... je... je vous paierai ce que je vous dois.
L'homme aux yeux glacials éclate d'un rire sans joie, un son qui résonne dans la pièce comme un présage funeste.
- Oh Marco... je ne sais pas ce qui est le plus drôle. Toi, imaginant que je suis venu pour négocier, ou toi essayant de me prendre pour un con ?
Mon père secoue la tête, son nez saignant abondamment, mélangé à la morve qui coule le long de son visage. Il est tellement pathétique ! Une boule de douleur et de désespoir. Je ne peux m'empêcher de ressentir un mélange de colère et de dégoût en le voyant dans cet état.
- Je... je...
Damon se penche à sa hauteur, son visage impassible, mais ses yeux sont deux lacs froids. Avec une brutalité contrôlée, il saisit violemment le menton de mon père, l'obligeant à le regarder droit dans les yeux.
- Si je suis ici, Esposito, c'est qu'il n'y a plus de marché valable. Tu me donnes ce que tu me dois ici et maintenant, ou je te tue.
Il glisse un regard vers moi, un sourire cruel aux lèvres, avant d'ajouter avec une froideur déconcertante :
- Enfin, je vous tue plutôt.
Je déglutis, un frisson glacial parcourant mon échine. Je n'ai aucun doute que cet homme dit vrai. Son ton ne laisse aucune place au doute, et la menace qu'il représente est palpable.
Relâchant mon père, Damon se redresse, son regard toujours fixé sur lui, comme un prédateur qui évalue sa proie.
- On... on peut... trouver un arrangement, pleure mon père, sa voix maintenant enrouée par la peur. Il tente désespérément d'avancer sur ses genoux, mais l'homme derrière lui, un colosse aux bras musclés, tire sur ses cheveux pour le maintenir en place, le forçant à rester à genoux comme un mendiant.
Damon secoue la tête, visiblement amusé par l'absurdité de la situation.
- Mes hommes ont fouillé tous les putains de recoins de ta baraque, et devine quoi ? Ils n'ont trouvé aucun putain de blé ! Alors, explique-moi comment tu comptes me donner ce que tu dois ?
À ce moment précis, mon père me jette un regard, et ce que j'y lis ne me plaît pas du tout. Une lueur désespérée et calculatrice, comme s'il avait décidé de faire un dernier coup.
- Je te donne ma fille !
Quoi ?!
Les mots résonnent dans la pièce, et Damon semble aussi surpris que moi par la proposition de mon père. Un silence lourd s'installe, et je sens mon cœur s'arrêter un instant.
- Ta fille ?
Damon alterne son regard entre mon père et moi, semblant chercher une ressemblance, une connexion que je n'ai jamais voulue. Mon esprit tourbillonne, ne sachant pas si je dois être en colère, horrifiée ou acculée. L'idée même d'être échangée de cette manière me terrifie, et je réalise à quel point je suis piégée dans ce jeu dangereux.
- Me prends-tu pour un imbécile ? s'écrie Damon, la colère faisant vibrer sa voix. Tes trois enfants, dont elle ne fait certainement pas partie, sont partis depuis longtemps. Et dois-je te rappeler que tu n'as eu que trois fils ?
Je sens la tension dans l'air, palpable et presque électrique. Les mots de Damon, comme des flèches acérées, atteignent mon père au cœur de sa faiblesse, et je peux voir la panique s'installer sur son visage.
- C'est ma fille ! Je le jure ! implore-t-il, sa voix tremblante trahissant son désespoir. Elle est née d'une relation extra-conjugale ! Sa mère était une Bianchi ! Je lui ai donné mon nom lorsque sa mère est morte pour la protéger.
Me protéger ? Mon cul ! Mon père me jette en pâture dès que l'occasion se présente, sans se soucier des conséquences. La rage et l'humiliation montent en moi, et je ne peux m'empêcher de le détester davantage à cet instant.
Damon me fixe de nouveau, et je décèle dans son regard un certain intérêt qui me fait frissonner, un mélange de curiosité et de calcul. L'angoisse s'intensifie dans ma poitrine.
- Pourquoi diable accepterais-je ? demande-t-il d'un ton provocateur, le défi palpable dans sa voix.
Mon père, sentant que sa chance est sur le point de tourner, se redresse autant que le colosse le lui permet, affichant une détermination désespérée.
- Comme je l'ai dit, c'est une Bianchi. Je l'ai protégée du monde extérieur jusqu'à son mariage, qui devait être arrangé par son grand-père. Il me semble que vous êtes en pourparlers pour une alliance avec les Bianchi ? Alors, il serait tout à fait simple pour vous de sceller cette alliance en épousant la petite-fille Bianchi, seule héritière de cette famille.
Ses mots flottent dans l'air, et un doute sournois s'insinue en moi. Je commence à me demander si mon père n'a pas tout orchestré, manœuvrant pour sa propre survie et profit. Ce n'est pas la première fois qu'il prouve qu'il n'a jamais ressenti la moindre affection pour moi.
Mon grand-père maternel, qui m'a confiée à lui, il y a quelques mois pour me protéger, n'aurait jamais voulu que je sois un pion dans un jeu de pouvoir. Pourtant, cet homme qui se trouve être mon géniteur a cherché à se procurer le bénéfice que cela engendrerait pour lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne aux plus offrants, comme un simple morceau de viande sur un plateau. Bien sûr, je savais que j'allais devoir épouser un homme de la mafia, mais je pensais qu'il y aurait au moins un minimum de choix, un semblant de respect pour ma volonté.
Mon grand-père m'aime tellement que je suis persuadée qu'il m'aurait laissé le choix. Mais maintenant, je me retrouve piégée dans un jeu dont je ne maîtrise pas les règles, la peur et la colère mêlées au fond de moi.