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Coeurs à l'unisson

JudiJones
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Chapitre 1 Chapitre 1

DAMON

- Combien de temps encore ?

Je suis assis à l'arrière de ma Mercedes noire, cuir luxueux et senteur de neuf, tandis que Vito, mon futur consigliere, manie le volant avec assurance. L'atmosphère est tendue, le silence pesant, comme si le monde extérieur retenait son souffle. Les moteurs des voitures autour de nous vrombissent, mais l'adrénaline qui circule dans mes veines eclipsent le bruit.

Mon père, Dominico Conti, le Don respecté et craint de notre famille mafieuse, m'a chargé de régler une affaire de dette qui est devenue inacceptable. Un pauvre connard du nom de Marco Esposito a eu l'audace de croire qu'il pouvait jouer avec la famiglia Conti. Il a contracté un prêt auprès de mon père, convaincu qu'il pourrait s'en sortir. Au début, il a respecté ses engagements, remboursant rubis sur l'ongle, mais voilà, cela fait maintenant deux mois qu'il n'a rien versé. Malgré les avertissements répétitifs et les visites surprises qui lui ont coûté quelques doigts cassés, il n'a toujours pas honoré sa dette.

Aujourd'hui, je me rends chez lui avec un seul objectif en tête : mettre un terme à cette mascarade indigne. Mon père s'est montré clément avec Esposito jusqu'à maintenant – ce qui est un exploit en soi, connaissant la nature impitoyable de Dominico. Mais, pour Esposito, la chance tourne ; je suis bien moins conciliant. Je dois faire mes preuves. Dans quelques mois, je prendrai les rênes de notre mafia, et je dois montrer à mes hommes et à tous ceux qui pensent qu'ils peuvent baiser les Conti que je ne suis pas un enfant de chœur.

- D'ici cinq minutes, répond Vito, jetant un coup d'œil à sa montre.

Je hoche la tête, le menton levé, prêt à agir.

- Les hommes sont en place ?

Je réajuste ma cravate, lissant le tissu soyeux entre mes doigts, tout en observant le paysage défilé par la fenêtre teintée.

- Ils sont postés tout autour de la maison et attendent mes ordres, dit Vito, la voix calme et assurée.

Bien. Ce bâtard ne pourra pas nous échapper.

- Il est seul ?

D'après mes informations, Marco Esposito n'a plus de femme ; elle est décédée il y a quelques années dans des circonstances troublantes. Il a trois enfants, mais il paraît qu'ils ont tous quitté le foyer depuis longtemps. Ce ne sont que des rumeurs, cependant.

- Non, il y a une fille qui dort dans la chambre du haut, répond Vito, ses yeux fixés sur la route.

Une fille ?

- Sa maîtresse ?

- De ce que je sais, elle a l'air bien jeune pour être avec lui. Elle sortirait à peine de l'école.

Je fronce les sourcils, dégoûtais. Ce connard s'adonne à des fantasmes avec des gamines ? Quel porc ! N'y a-t-il pas assez de femmes de son âge ? Je repousse ces pensées de dégoût ; cela ne fait qu'accroître ma colère.

- On est arrivés, annonce Vito en se garant aux côtés des voitures de mes hommes. Il sort pour m'ouvrir la portière, un geste habituel qui rappelle les rangs et le respect que j'inspire.

Je sors, réajuste mon costume impeccable et m'avance vers mes hommes réunis, la détermination gravée sur mon visage.

- Écoutez-moi bien, commencé-je avec autorité. Je veux qu'un homme soit à chaque porte et fenêtre. Trois d'entre vous, y compris Vito, m'accompagnent à l'intérieur. Notre première cible est cet enfoiré de Marco. Un d'entre vous ira en haut chercher la fille. Pas d'effusion de sang... du moins pas encore. Vous me les amenez tous les deux dans le salon. Pendant que Vito essaie de le localiser et que Dimitri s'occupe de la fille, les deux autres fouilleront chaque putain de recoin à la recherche de l'argent. Est-ce clair ?

Ils hochent la tête, mettant en avant leur respect, et me gratifient d'un "oui patron" respectueux.

Avec une détermination froide, je sors mon arme de mon holster d'épaule, la charge d'un coup sec, et avance en direction de la porte d'entrée. Mon cœur bat à tout rompre, mais c'est l'excitation du pouvoir et de la vengeance qui me guide. Ce n'est pas juste une affaire ; c'est un message que je suis sur le point de transmettre à tous ceux qui oseraient envisager de défier les Conti.

Je donne un coup de pied dans la porte en bois, et celle-ci craque sous l'assaut avant de céder. En un instant, j'entre, arme au poing, suivi de près par mes hommes. L'adrénaline pulse dans mes veines, et je sens une intensité palpable dans l'air. D'un signe de tête rapide, j'indique l'étage à Dimitri, qui s'élance immédiatement à la recherche de la fille. Vito, quant à lui, se met aussitôt en quête de Marco, prêt à le débusquer. Giulio et Niccolo commencent à fouiller la première pièce située à notre droite, qui se révèle être un salon.

Le rez-de-chaussée est étrangement calme. En parcourant les lieux, je ne vois aucun homme de main en renfort pour Esposito, ce qui ne fait qu'augmenter ma confiance. C'est facile. Vito débusque rapidement le rat, le traînant au sol dans un mouvement fluide jusque dans le salon, là où je me tiens.

Je range mon arme avec un mouvement de précision, puis commence à déambuler dans le salon, ma main placée derrière le dos, comme si je voulais cacher mes intentions. La maison de Marco ne ressemble à rien d'autre qu'à un repaire de pauvreté, tout en étant le reflet pitoyable de son existence. Le petit salon est à moitié délabré, avec un canapé usé par le temps, une table basse qui a vu des jours meilleurs, et une cheminée qui ne doit plus fonctionner depuis des lustres.

Mes yeux se posent sur plusieurs photos disposées sur le dessus de la cheminée. J'y jette un œil curieux. Ce sont des images de sa défunte femme et de ses trois enfants. Ils ont dû fuir dès qu'ils en ont eu l'occasion, et je les comprends. Avoir un tel minable pour père, cela ne doit pas être facile tous les jours. Ils ont sûrement senti les ennuis à trois kilomètres.

Mais ce qui attire vraiment mon attention, c'est la photo d'une jeune fille. Une beauté éclatante avec des cheveux blonds et des yeux vert émeraude. Elle sourit de toutes ses dents, et, à ses côtés, se tient une femme blonde, vraisemblablement sa mère. Un sentiment de familiarité me traverse, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. La jeune fille est vraiment belle, une beauté saisissante qui me fait retenir mon souffle un instant. Je n'arrive pas à décrocher mon regard de cette photo, comme si elle avait capturé une part de mon attention au-delà de ce que j'imaginais.

- Damian... couine alors Esposito, brisant le silence opportun que j'étais en train de savourer.

Aaah, je l'avais presque oublié, ce fichu rat.

Je me tourne lentement vers lui, un sourire glacial étirant mes lèvres.

- Marco, mon ami ! Je suis venu te rendre une petite visite, car il me semble que tu nous dois quelque chose.

À mes pieds, il gémit, à genoux, retenu par Vito, qui le tient fermement par les cheveux. L'angoisse se lit sur son visage marbré de sueur.

- Damian... renifle-t-il, sa voix tremblante trahissant la peur qui l'envahit.

Sans hésitation, je lui assène un coup de poing en plein visage. Le bruit de l'impact résonne dans la pièce, et il gémit de douleur, une main se portant instinctivement à son nez ensanglanté.

- C'est Monsieur Conti pour toi, grogné-je, le visage impassible, plus déterminé que jamais à le remettre à sa place.

À ce moment-là, Giulio et Niccolo reviennent de leurs fouilles, leurs mains vides, l'air dépité.

- Il n'y a rien, patron, dit Giulio, son ton trahi par la frustration.

Je hoche la tête, leur signifiant que j'ai compris. L'absence de résultats me ronge. Comment peut-il ne rien avoir ?

Soudain, une voix fluette s'élève des escaliers, brisant le silence tendu :

- Lâchez-moi, espèce de taré !

Quelques secondes plus tard, Dimitri apparaît, traînant avec lui la jeune fille que j'ai remarquée sur la photo peu avant. Son visage est griffé, ses yeux brillants de défi et de colère, indiquant clairement qu'elle ne s'est pas laissée faire. Quelle fille fougueuse.

Dimitri la tire par le bras et la fait s'agenouiller aux côtés de son père, les deux réunis dans cette position humiliante. Elle lève les yeux vers moi, ses pupilles s'élargissant d'horreur à la vue du chaos ambiant.

Oh, ma réputation me précède apparemment.

La terreur qu'inspire mon nom s'affiche sur son visage juvénile, et un frisson d'excitation parcourt mes nerfs. Je me régale de cette peur. C'est un rappel de qui je suis et de ce que je représente dans ce monde impitoyable.

            
            

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