Il Patto dei Cuori
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Chapitre 3 03

La nuit avait enfin enveloppé la villa d'un voile d'obscurité, mais Giuliana ne trouvait toujours pas le sommeil. Allongée sur son lit, les yeux grands ouverts, elle écoutait les échos lointains des domestiques qui terminaient de ranger les derniers vestiges de la réception. Tout semblait endormi, figé dans cette attente silencieuse avant l'inévitable.

Elle se leva sans faire de bruit, se glissant hors de la chambre comme une ombre. Pieds nus, robe de nuit légère sur les épaules, elle descendit les escaliers et traversa les couloirs plongés dans la pénombre. Elle connaissait cette maison par cœur. Chaque recoin, chaque porte secrète, chaque endroit où elle pouvait se cacher quand elle était enfant. Ce soir, pourtant, elle n'avait nulle part où se cacher.

Arrivée dans l'ancienne serre, une pièce abandonnée depuis des années, elle s'assit sur le vieux banc en fer forgé. Le silence était total. Elle ferma les yeux et respira profondément. Ici, au moins, personne ne viendrait la chercher.

Mais elle se trompait.

Une voix familière rompit le silence.

« Je savais que tu serais ici. »

Elle se retourna lentement. Leonardo se tenait dans l'encadrement de la porte vitrée, le visage partiellement éclairé par la lumière de la lune. Il avait ôté sa veste, sa chemise blanche ouverte au col, les manches retroussées. Moins froid. Moins distant. Presque humain.

« Tu m'espionnes, maintenant ? » murmura-t-elle sans se lever.

Il s'approcha, mains dans les poches, et s'arrêta juste devant elle. « Tu n'es pas difficile à deviner, Giuliana. Tu fuis chaque fois que tu sens les chaînes se resserrer. »

Elle leva les yeux vers lui, le regard dur. « Et tu es là pour me rappeler que je suis bien attachée ? »

Leonardo pencha légèrement la tête. « Je suis là parce que tu vas devenir ma femme. Et parce que je refuse que notre mariage commence avec du mépris entre nous. »

Elle rit, un son amer, cassé. « Il a déjà commencé dans le mépris, Leonardo. Le jour où ton père a posé sa signature au bas du contrat. »

Un silence s'installa entre eux. Long. Tendu. Puis il s'assit lentement à côté d'elle. Pas trop près. Mais assez pour qu'elle sente sa présence, son parfum, sa chaleur.

« Tu ne sais rien de moi, Giuliana. Tu penses que je suis comme eux, comme mon père. Mais je suis bien plus dangereux que lui. Parce que moi, je ne mens pas. Je ne fais pas semblant d'être honorable. »

Elle tourna la tête, le fixant, intriguée malgré elle. « Et tu veux que je te remercie pour ça ? »

Leonardo secoua doucement la tête. « Non. Je veux juste que tu ouvres les yeux. Tu crois être une victime. Tu crois que tu es la seule à sacrifier quelque chose. Mais tu te trompes. »

Elle fronça les sourcils. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Il la regarda droit dans les yeux. « Ce mariage n'était pas mon choix non plus. Mais je n'ai pas dit non. Parce que je sais ce qu'il implique. Parce que j'ai des comptes à régler, moi aussi. Et si je dois les régler à tes côtés, alors autant qu'on arrête de se haïr tout de suite. »

Elle resta silencieuse, troublée par ses paroles. Il n'y avait pas de douceur dans sa voix. Pas de compassion. Juste une vérité brute, nue, presque brutale.

« Et si je refuse toujours ? » demanda-t-elle, la voix plus faible qu'elle ne l'aurait voulu.

Leonardo se leva, se pencha légèrement vers elle, son visage si près du sien qu'elle sentit son souffle.

« Alors je te briserai, Giuliana. Lentement. Comme on brise un cheval sauvage. Parce que je n'ai pas le luxe de l'échec. Pas cette fois. »

Il tourna les talons et sortit de la pièce sans attendre sa réponse.

Elle resta seule, le cœur battant à tout rompre, les yeux perdus dans l'ombre. Pour la première fois, elle réalisa que Leonardo Vitale n'était pas simplement un héritier sans cœur. Il était une tempête. Une force qu'elle n'avait jamais anticipée. Et elle venait d'entrer dans l'œil du cyclone.

---

Les jours suivants s'enchaînèrent dans une routine aussi glaciale qu'implacable. Chaque matin, Giuliana se réveillait dans cette même chambre figée, entourée de meubles précieux et d'un luxe qui lui paraissait de plus en plus étouffant. Elle avait cessé de parler à son père. Leur dernière conversation s'était terminée par un silence pesant, chacun conscient que l'autre ne céderait pas.

La date du mariage avait été fixée. Deux semaines. Deux semaines pour apprendre à respirer dans une vie qu'elle n'avait pas choisie. Deux semaines pour apprendre à ne pas haïr un homme qu'elle allait devoir appeler « mari ».

Mais ce matin-là, quelque chose d'inattendu bouscula son monde.

Alors qu'elle descendait les marches en marbre menant au grand salon, un domestique s'approcha d'elle, visiblement mal à l'aise.

« Signorina Giuliana... un visiteur demande à vous voir. Il... il n'était pas annoncé. »

Elle s'arrêta net. « Qui ? »

« Un certain... Noah Ventura. »

Son cœur manqua un battement.

Elle se précipita vers l'entrée sans réfléchir, sa robe légère flottant derrière elle. Lorsqu'elle ouvrit la grande porte, il était là. Vêtu simplement, le visage marqué par la fatigue, les yeux pleins d'une tension qu'elle ne lui connaissait pas.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » souffla-t-elle, les mains tremblantes.

« Je ne pouvais plus rester sans rien faire. » Sa voix était basse, rauque. « Tu vas l'épouser. Et personne ne semble vouloir l'arrêter. Alors je suis venu. »

Elle referma la porte derrière elle et l'entraîna à l'écart, dans un petit jardin privé dissimulé derrière les haies. Les murs de la villa étouffaient les bruits du monde extérieur. Ici, ils étaient seuls. Seuls avec ce qu'ils n'avaient jamais osé nommer à voix haute.

« Tu n'aurais pas dû venir, Noah. C'est dangereux. »

Il la fixa, droit dans les yeux. « J'en ai rien à foutre du danger, Giuliana. Pas quand il s'agit de toi. Tu crois vraiment que je vais te regarder devenir l'épouse de Leonardo Vitale sans rien dire ? »

Elle se détourna, incapable de soutenir ce regard. « Ce n'est pas si simple. »

Il s'approcha. « Tu m'aimes ? Oui ou non ? »

Elle ferma les yeux, une larme solitaire glissant sur sa joue. « Ce n'est pas la question. »

« C'est la seule question qui compte. »

Elle se retourna brusquement. « Oui, je t'aime, Noah ! Mais ça ne changera rien. Tu crois que c'est un mariage d'amour, ce cirque ? C'est un marché. Une alliance. Un pacte entre deux familles pour faire taire les dettes, étouffer les rancunes, et écraser ceux qui osent défier leur pouvoir. Je suis une monnaie d'échange. »

Il s'approcha encore, ses mains attrapant son visage. « Alors fuyons. Maintenant. Ce soir. On disparaît. Je t'emmène où tu veux. Ils ne nous trouveront pas. »

Elle le regarda, le souffle court. L'envie était là. Brûlante. Déchirante. Mais derrière elle, elle sentait déjà l'ombre de son nom, de ses responsabilités, de ces chaînes invisibles qu'on lui avait passées depuis l'enfance.

« Je ne peux pas. » murmura-t-elle. « Si je pars, ils te tueront. Et ils détruiront ce qu'il reste de moi. »

Noah la fixa longuement, puis laissa retomber ses mains. « Alors tu vas te taire et leur obéir ? Jusqu'à ce que tu ne sois plus qu'une coquille vide ? »

Elle sentit sa gorge se serrer. Il la voyait déjà comme elle avait peur de devenir.

Mais avant qu'elle ne puisse répondre, un bruit derrière eux fit volte-face à Noah. Une silhouette s'avançait lentement depuis l'allée de pierres.

Leonardo.

Calme. Maîtrisé. Mais les poings serrés.

Il s'arrêta à quelques pas d'eux, ses yeux posés sur Giuliana, puis sur Noah.

« Jolie cachette. » dit-il d'une voix douce. « Dommage qu'elle n'ait pas été mieux gardée. »

Noah recula légèrement, sur la défensive. « Tu peux menacer tout ce que tu veux, Vitale. Tu ne mérites pas Giuliana. Tu ne mérites même pas qu'elle te regarde. »

Leonardo esquissa un sourire froid. « Je ne cherche pas à mériter quoi que ce soit, Ventura. Ce n'est pas l'amour qui lie nos familles. C'est le sang. Et toi... tu n'as rien à offrir. »

Giuliana se plaça entre eux, comme un rempart.

« Arrêtez. Tous les deux. » dit-elle d'un ton tranchant. « Ce n'est pas une compétition. Ce n'est pas une guerre. C'est ma vie. »

Leonardo s'approcha d'elle, ignorant Noah.

« Alors décide, Giuliana. Tu veux t'enfuir avec lui et tout brûler ? Ou tu fais face, comme une Mariani. »

Elle se figea. Elle aurait voulu répondre. Hurler. Choisir.

Mais aucun mot ne sortit. Parce qu'au fond, elle savait que la décision lui appartenait depuis toujours... et qu'elle l'avait déjà prise.

            
            

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