Il Patto dei Cuori
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Chapitre 2 02

***

08h35

La journée sembla s'étirer indéfiniment après le départ de Leonardo. Giuliana resta figée dans le grand hall, les doigts serrant fermement le dos d'un fauteuil. Les paroles du Vitale tournaient en boucle dans sa tête. Il ne la comprenait pas. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait provoquer, de la tempête qu'il allait déchaîner en elle. Mais plus elle y pensait, plus elle réalisait qu'il avait raison. Elle n'avait jamais eu le choix. Elle n'en avait plus. Pas maintenant. Pas après tout ce que leur famille avait traversé.

Elle se détourna enfin de la fenêtre et marcha d'un pas rapide vers l'escalier. Ce n'était pas le moment de sombrer dans la colère. Pas le moment de pleurer sur son sort. Elle avait appris, dès son plus jeune âge, à être forte. À se soumettre aux règles du jeu. Et cette règle-là était simple : les Mariani devaient s'unir aux Vitale pour que le pouvoir familial perdure. Quoi qu'il en coûte.

En montant les marches, elle se dirigea vers sa chambre. Il était inutile de rester plus longtemps dans cette maison. Elle avait besoin de prendre l'air. De sortir, de respirer, de se libérer, ne serait-ce que pour quelques minutes. Peut-être pour retrouver un peu de paix intérieure, avant que le monde ne la rattrape à nouveau.

Elle se changea rapidement en une tenue plus décontractée et sortit dans le jardin. Là, dans la chaleur de l'après-midi, la villa semblait un peu plus loin, moins oppressante. Les oliviers centenaires, les fontaines murmurantes, tout cela lui apportait une forme de réconfort. Mais ce n'était que temporaire. Un répit avant la tempête.

Elle s'assit sur un banc, son regard errant sur l'immensité du domaine. Les fleurs multicolores bougeaient sous la brise légère, mais cela ne suffisait pas à apaiser l'angoisse qui l'étouffait. Elle ferma les yeux, cherchant à se calmer, à trouver une lueur d'espoir. Mais une pensée revint toujours à son esprit : Leonardo Vitale.

Elle l'avait toujours détesté. Il n'était qu'un miroir parfait de tout ce qu'elle abhorrait. Le pouvoir, l'arrogance, l'indifférence. Mais quelque part au fond d'elle, il y avait une petite voix qui lui soufflait qu'il n'était peut-être pas aussi impitoyable qu'il le paraissait.

Soudain, un bruit de pas dans l'allée brisa la tranquillité de ses pensées. Elle tourna la tête et aperçut une silhouette familière. Noah.

Il s'arrêta devant elle, un sourire qui apportait avec lui une bouffée d'air frais dans cette atmosphère lourde.

« Tu es là. » Il observa le jardin, son sourire s'élargissant. « Je t'ai cherchée partout. »

Noah n'était pas comme les autres hommes. Contrairement à Leonardo, il n'était pas né avec un nom qui résonnait dans les couloirs du pouvoir. Il n'était pas un héritier d'une famille imprégnée de siècles de sang et de conquêtes. Noah était différent. Un homme de la rue, sans le luxe ni les privilèges de la haute société, mais avec une âme pure, une fidélité inébranlable. Il était son secret, son havre de paix. Celui avec qui elle avait partagé ses rêves les plus fous, avant que les responsabilités ne l'enferment dans un destin tout tracé.

« Tu devrais rentrer, Giuliana. » Il s'assit près d'elle, se penchant en avant, son regard sérieux. « Ton père a encore plus de projets pour toi, je le sais. »

Elle soupira, mais au fond, elle savait qu'il avait raison. Tout le monde autour d'elle avait ses propres attentes, ses propres désirs pour elle. Mais Noah était l'un des rares qui ne demandait rien. Il voulait juste la voir heureuse, et elle n'en avait pas l'habitude. Personne n'avait jamais vraiment cherché son bonheur. Pas son père. Pas sa mère. Pas même Leonardo.

« Tu sais ce qui se passe, n'est-ce pas ? » Elle tourna la tête vers lui, ses yeux rencontrant les siens. « Leonardo. C'est lui. Je n'ai pas le choix. »

Il prit sa main dans la sienne, l'effleurant délicatement. « Tu as toujours le choix, Giuliana. » Sa voix était douce, presque un murmure, mais il y avait une vérité dans ses mots qu'elle ne pouvait ignorer. « Je t'ai vue lutter. Je sais ce que tu veux. Et je te promets que tu ne dois pas te soumettre à cette vie. Pas de cette manière. »

Elle secoua la tête. Elle avait entendu ces mots trop souvent, comme si Noah pouvait effacer tout ce qui l'entourait, effacer les choix qu'on lui imposait. « Ce n'est pas aussi simple. » Elle serra sa main un peu plus fort, son cœur se serrant dans sa poitrine. « Le pacte est déjà fait. »

Il la regarda intensément, puis détourna les yeux, comme s'il cherchait les mots justes, ceux qui pourraient la sauver d'elle-même. Mais il savait qu'il ne pouvait pas. Pas cette fois.

« Tu sais ce que je ressens pour toi, Giuliana. » Il ajouta enfin, d'une voix douce mais déterminée. « Mais je ne peux pas être celui qui te dit ce que tu veux entendre. Je ne serai pas celui qui te laissera te perdre dans ce mariage. Je ne serai pas celui qui te regardera te sacrifier pour tout ça. »

Elle ferma les yeux, tentant de repousser la vague de frustration qui montait en elle. Elle le savait, au fond : Noah voulait qu'elle suive ses rêves. Qu'elle échappe à ce fardeau, à cette cage dorée dans laquelle elle se trouvait. Mais comment pouvait-elle ? La famille, le nom, l'honneur... tout ce qui faisait d'elle Giuliana Mariani la maintenait là, ancrée dans un monde qu'elle détestait.

« Je ne veux pas te perdre. » Elle murmura, presque pour elle-même.

Il se leva alors, l'ombre d'un sourire traversant ses lèvres, mais il n'avait pas l'air heureux. Il était triste, presque désespéré de voir à quel point elle était piégée, et ce sentiment de frustration était partagé.

« Tu ne me perdras jamais. » Il lui tendit une dernière fois la main, mais elle ne la prit pas.

Il se détourna, mais avant de disparaître, il ajouta : « Fais attention, Giuliana. Un pacte, une fois signé, ne se brise pas sans conséquences. »

Le soir arriva rapidement. La villa Mariani semblait respirer différemment à mesure que l'obscurité tombait, les murs dorés se teintant de nuances plus sombres, comme si chaque pierre dissimulait un secret. Giuliana se retrouva devant le grand miroir de sa chambre, enfilant la robe qu'elle avait choisie, une robe noire simple, élégante, qui cachait en elle tout le poids de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Une dernière étape avant de sceller ce pacte qu'elle n'avait pas voulu.

Elle se détestait un peu plus chaque fois qu'elle se regardait. Chaque détail de cette soirée semblait être une mise en scène, une cérémonie dont elle était la seule à ne pas vouloir faire partie. Mais elle n'avait pas le choix.

Elle passa une dernière fois ses mains dans ses cheveux, essayant d'éclipser l'angoisse qui grandissait en elle. À chaque instant qui passait, elle se sentait plus prisonnière de son propre corps. Elle respirait profondément, essayant de se calmer, mais rien ne semblait l'aider. Elle voulait tout effacer, tout oublier, mais la réalité revenait toujours en force.

Un coup frappé à la porte la fit sursauter. Elle se tourna, puis se dirigea lentement vers l'entrée.

« Giuliana. » La voix de son père était ferme, autoritaire, comme toujours. « Nous devons y aller. »

Elle se tourna vers lui sans dire un mot. Alessandro Mariani était déjà vêtu pour la soirée, impeccable dans son costume gris. Il semblait prêt à accueillir le monde entier. Mais Giuliana savait que cet événement, ce mariage, ne faisait pas partie de ce monde-là. Ce n'était qu'une façade. La réalité était bien plus sombre, bien plus cruelle.

Elle suivit son père sans protester. Le grand salon était déjà illuminé, les invités arrivant les uns après les autres. L'air était lourd, saturé des conversations feutrées, des éclats de rire forcés, des sourires qui ne touchaient jamais les yeux. Elle entra dans la pièce, sentant les regards se tourner vers elle.

Les Vitale étaient là. Elle aperçut Leonardo immédiatement, comme une ombre dans la pièce. Il était avec son père, Vincenzo Vitale, le patriarche de la famille, un homme d'une carrure imposante, qui dégageait la même froideur que son fils. Leur présence, leur pouvoir, étaient presque palpables, comme une force invisible qui paralysait les autres.

Giuliana s'approcha d'eux, son cœur battant à tout rompre. Leonardo la salua d'un léger sourire, presque un rictus, avant de lui tendre la main.

« Giuliana. » Sa voix était calme, contrôlée, mais il y avait quelque chose dans son regard qui déstabilisa instantanément la jeune femme. Comme s'il savait exactement ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait fuir.

Elle n'hésita pas une seconde. Elle prit sa main, serrant les doigts de Leonardo, même si elle aurait voulu tout laisser tomber. Tout fuir. Mais au lieu de cela, elle se retrouva figée dans ce cercle de regards, de mains tendues et de murmures.

« C'est un honneur, » dit-il, sa voix sans émotion. « J'espère que tu es prête pour ce qui vient. »

Les mots, froids et pleins de sous-entendus, la frappèrent comme une gifle. Giuliana détacha enfin son regard du sien, sentant le poids de la salle s'abattre sur elle. Elle voulait fuir, se retrouver seule, mais tout cela n'était que l'apparence d'un monde dans lequel elle n'avait plus sa place.

La soirée s'étira comme un cauchemar éveillé. Les conversations se succédaient, banales, intéressées, sans sincérité. Chaque sourire qu'elle échangeait avec les invités était un masque. Elle se sentait étouffée, isolée au milieu de ce monde doré qui l'enserrait de plus en plus.

À un moment, elle se retrouva à l'écart, dans un coin de la pièce, observant les lumières qui dansaient sur les murs, les voix s'élevant et se noyant dans la musique. C'est alors qu'elle aperçut Noah, qui venait d'entrer discrètement dans la pièce, un peu en retrait, comme un fantôme. Ses yeux croisèrent les siens, et pour un instant, le reste du monde disparut.

Il s'approcha lentement, son regard toujours aussi chargé de cette affection sincère qu'il lui portait. Mais ce soir, il n'y avait pas de mots réconfortants, pas de promesses d'évasion. Il y avait juste cette chaleur, cette compréhension, qui la poussait à vouloir tout abandonner, tout fuir à ses côtés.

« Giuliana. » Il s'arrêta devant elle, son ton bas et grave. « Je ne peux pas te regarder... je ne peux pas te voir te perdre comme ça. »

Elle détourna les yeux, consciente du regard des autres sur elle, mais elle n'eut pas la force de lui répondre. Elle savait bien ce qu'il pensait. Il savait qu'elle était piégée, que ce mariage allait être un fardeau plus lourd que tout. Mais Noah ne comprenait pas, pas tout à fait. Il ne savait pas jusqu'où la famille Mariani irait pour préserver ce pouvoir. Et elle ne pouvait pas lui expliquer tout ça. Pas ce soir.

« Tu as raison. » Elle murmura, à peine audible, avant de se détourner, le cœur serré.

Elle s'éloigna de lui, sentant la tristesse l'envahir un peu plus à chaque pas qu'elle faisait dans cette pièce où elle n'avait plus de place. La soirée avançait, et avec elle, les minutes s'égrenaient, comme une promesse de quelque chose qu'elle n'était pas prête à affronter. Leonardo s'approcha de nouveau d'elle, le regard plus lourd cette fois, presque insistant.

« Giuliana, » dit-il d'un ton plus bas, plus pénétrant, « ce mariage sera plus qu'une simple formalité. Je te le promets. »

Elle lui répondit d'un hochement de tête, mais ses pensées s'étaient déjà égarées ailleurs. La vérité, elle la connaissait. Peu importait ce qu'il promettait. Le destin était déjà tracé.

La pièce était trop bruyante, trop pleine de gens, de sourires froids et de mains tendues. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle n'y appartenait plus. Le cercle des Mariani et des Vitale était clos, et elle ne pourrait jamais en sortir.

            
            

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