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La silhouette de l'homme pendu par les pieds était encore plus macabre que ce à quoi Frank s'était préparé. Il le savait déjà avant d'arriver : ce n'était pas juste un meurtre. C'était un message. Un avertissement sans équivoque de Vito Genovese.
La scène qui se déroulait devant lui était l'ultime preuve qu'il n'y avait plus de place pour la diplomatie. Frank, les poings serrés, observait le corps de son ancien allié, Matteo, suspendu sous un pont abandonné. Son visage, figé dans l'agonie, semblait presque encore murmurer la souffrance qu'il avait endurée avant de mourir. Des mots en lettres de sang étaient inscrits sur un mur à côté de lui : * »Aucun traître n'échappe à Vito. »*
Frank se sentit submergé par un mélange d'écœurement et de rage. Matteo avait été un homme de confiance, un des siens, et maintenant il était réduit à un exemple macabre. Mais ce n'était pas simplement une question de trahison. C'était bien plus que ça. Vito venait de franchir une ligne que Frank n'avait jamais imaginée. Il ne se contentait pas de tuer, il envoyait un message brutal à quiconque oserait défier son autorité. La violence débridée et la cruauté délibérée avec laquelle Vito agissait devenaient des instruments de domination. Il voulait qu'on ait peur de lui. Que tout le monde ait peur. Il fallait faire de chaque exécution un acte d'horreur, une preuve que son pouvoir était absolu.
Frank serra les mâchoires, son regard dur fixé sur le cadavre. Il sentait son cœur battre à toute vitesse, mais il savait que l'instant n'était pas à la colère aveugle. C'était une épreuve. Une épreuve qu'il devait affronter pour comprendre le jeu que Vito venait de lancer.
Il sortit son téléphone, composant un numéro qu'il connaissait bien. La voix de Salvatore, son bras droit, résonna à l'autre bout de la ligne, rapide et pleine de tension.
- Il a franchi la ligne, n'est-ce pas ? demanda Salvatore d'une voix basse, comme s'il savait déjà ce qui se passait.
Frank répondit d'un ton glacé.
- Oui. Et ça ne va pas en rester là.
Un long silence s'installa, pendant lequel Frank laissa son regard errer sur le corps de Matteo. Il fallait faire plus que réagir, plus que frapper en retour. Vito avait choisi la brutalité, et Frank savait que la seule manière de garder son autorité intacte était de riposter avec la même intensité. Mais il y avait un coût à cela. Chaque acte de violence n'était pas seulement un message envoyé à l'adversaire, mais aussi un poison qui se diffusait au sein de ses propres rangs. Si cette guerre devait continuer, si les règles devaient changer, Frank risquait de tout perdre.
Il raccrocha d'un geste rapide et ordonna une contre-attaque immédiate. Mais ce ne serait pas juste un assassinat ordinaire. Non, Vito avait défié l'intégrité de sa famille, et frank allait répondre d'une manière tout aussi spectaculaire, pour que tout le monde sache que la guerre venait de se transformer en une bataille totale.
Le lendemain matin, la nouvelle se propagea comme une traînée de poudre. Le cadavre de Matteo, suspendu dans les airs comme un trophée macabre, alimentait les rumeurs et les murmures dans tout New York. Chaque coin de rue, chaque café, chaque bar semblait discuter de ce qui venait de se produire. Les rumeurs étaient nombreuses : certains disaient que c'était une vengeance pour une trahison de Matteo envers Vito. D'autres prétendaient que c'était une mise en scène pour décourager toute tentative de défection parmi les alliés de Vito.
Mais Frank ne s'intéressait pas aux rumeurs. Ce qui l'intéressait, c'était ce qu'il fallait faire pour restaurer l'équilibre du pouvoir. Il savait que sa réponse ne pouvait pas se limiter à une simple exécution. Ce n'était plus une question de vengeance personnelle, mais d'affirmer sa propre domination. Il fallait frapper fort, et frapper de manière indiscutable. Chaque mouvement désormais serait une déclaration de guerre.
Les heures suivantes furent consacrées à la préparation de la riposte. Frank convoqua ses lieutenants, dont Salvatore, pour élaborer un plan. Rien ne devait être laissé au hasard. Frank savait que chaque décision devait être calculée avec soin. Chaque famille de la ville observait les événements, et la manière dont il allait réagir allait déterminer non seulement sa survie, mais aussi son futur en tant que chef de son empire. La guerre qui se profilait n'était pas simplement une question de violence. C'était aussi une question de perception.
Il lança une série de contre-mesures audacieuses : des attaques ciblées sur les quartiers contrôlés par les hommes de Vito, des destructions symboliques mais stratégiques. Une exécution ne suffirait plus. Ce qu'il fallait maintenant, c'était une guerre de propagande.
Salvatore s'occupa des premiers coups. Il ordonna une série de messages distillés à travers les rues. Des graffitis furent peints sur les murs de certains quartiers sous contrôle de Vito : * »Vito est un homme de peur, pas de respect. »* D'autres messages circulèrent discrètement parmi les membres des familles ennemies : * »Vito contrôle par la terreur, mais Frank, lui, inspire la loyauté. »*
Les familles mafieuses, habituées à la guerre, n'étaient pas étrangères aux manipulations. La loyauté se gagnait par la force, mais aussi par les idées. Et dans ce monde, la guerre de propagande pouvait être aussi dévastatrice qu'une balle dans la tête. Frank n'avait pas le luxe d'attendre que la situation se calme. Il fallait semer le doute parmi les autres familles. Vito devenait de plus en plus un tyran, et Frank devait incarner l'image d'un leader à la fois respecté et craint.
Les premiers signes de la guerre de propagande furent visibles dans les heures qui suivirent. Les rumeurs circulèrent rapidement. Chaque famille de la mafia, des plus petites aux plus grandes, se retrouva plongée dans un tourbillon de discussions sur la loyauté et la domination. Les alliés de Vito commencèrent à douter, et ceux de Frank se redressèrent, sûrs de leur position. Tout était en train de se jouer, non seulement sur le terrain, mais aussi dans les esprits.
Le combat de l'ombre ne faisait que commencer, et les premières victimes de cette guerre silencieuse furent les alliés eux-mêmes. Frank savait que, pour réussir, il devait détruire l'image de Vito, tout en consolidant la sienne. Chaque action qu'il entreprenait devait être un coup de maître, chaque mouvement une menace soigneusement calculée.
Ce qui avait commencé par un simple acte de vengeance était désormais une bataille totale. La violence s'était infiltrée jusque dans les cœurs des plus puissants, et Frank savait qu'il n'y avait plus de retour en arrière. Vito l'avait lancé dans cette guerre sans merci, et Frank, dans sa rage froide, était prêt à faire ce qui était nécessaire pour remporter cette lutte.