Rejetée par les siens
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Chapitre 3 03

Le hurlement résonna encore un instant dans la nuit avant de s'éteindre, laissant derrière lui un silence pesant. Elara resta figée, le regard tourné vers les profondeurs de la forêt où Kael avait disparu. Une partie d'elle voulait le suivre, braver l'interdit, comprendre ce qui se tramait au-delà de ces arbres menaçants. Mais une autre, plus lucide, savait qu'elle n'était pas prête.

Elle tourna les talons et regagna le bastion, les battements de son cœur encore marqués par l'étrange intensité du moment qu'elle venait de partager avec Kael.

Lorsqu'elle atteignit sa chambre, elle trouva Nyssa qui l'attendait, assise sur le rebord de la fenêtre, le regard perdu dans l'obscurité.

- Tu as entendu, murmura Elara en refermant la porte derrière elle.

Nyssa hocha la tête.

- Un avertissement, probablement.

- De la Meute de l'Ombre ?

- Peut-être, répondit-elle en penchant légèrement la tête. Ou d'une autre menace.

Elara sentit un frisson lui parcourir l'échine.

- Il y a autre chose que la guerre entre les meutes ?

Nyssa la fixa un instant, comme si elle hésitait à parler, puis elle se leva, s'approcha lentement et posa une main sur son bras.

- La guerre n'est jamais simple, Elara. Elle cache toujours des vérités plus profondes.

Et sur ces mots énigmatiques, elle quitta la pièce, laissant Elara seule avec une question qui ne cesserait de la hanter :

Quelles vérités se cachaient sous les tensions grandissantes entre les meutes ?

---

Le lendemain matin, le bastion était en effervescence. Kael et ses guerriers étaient partis avant l'aube, laissant Raeden chargé de la sécurité du territoire. Personne ne savait exactement où l'Alpha s'était rendu, mais les regards inquiets des membres de la meute parlaient d'eux-mêmes.

Elara, quant à elle, tenta de se concentrer sur son entraînement, mais une tension sourde pesait sur ses épaules. L'absence de Kael, l'inquiétude silencieuse qui se lisait dans chaque mouvement des guerriers, et surtout, ce hurlement venu du cœur de la nuit précédente... Tout cela formait une ombre invisible qui planait sur elle.

Raeden, implacable, ne lui laissa aucun répit. Les exercices étaient plus durs, les épreuves plus exigeantes. Elle tombait, se relevait, tombait encore. Mais jamais elle ne se plaignait.

À la fin de la journée, elle s'effondra sur un banc de pierre, à bout de forces, le souffle court.

- Ça suffit pour aujourd'hui, déclara enfin Raeden.

Elle hocha simplement la tête, incapable de répondre.

- Tu tiens bon, c'est bien.

Elle releva les yeux vers lui. C'était la première fois qu'il prononçait une phrase qui ressemblait à un compliment.

- Mais ce n'est pas suffisant, reprit-il d'un ton plus grave. Tant que tu n'auras pas trouvé ton propre chemin, tu resteras vulnérable.

Elle ouvrit la bouche, prête à protester, mais il n'attendit pas sa réponse et s'éloigna.

Son propre chemin...

Ces mots résonnèrent longtemps dans son esprit alors qu'elle regagnait ses quartiers.

Et ce fut ce soir-là, alors que la lune dominait à nouveau le ciel, qu'elle comprit que sa quête ne faisait que commencer.

Les jours suivants s'écoulèrent dans une sorte de tension palpable, chaque instant chargé de la lourdeur d'un destin qu'Elara ne contrôlait pas entièrement. Elle se concentra sur son entraînement, repoussant ses limites, et malgré la fatigue qui la gagnait, elle persévérait. Elle comprenait peu à peu que la clé de son avenir au sein de la Meute des Cendres ne résidait pas seulement dans sa capacité à combattre, mais dans sa capacité à s'adapter et à comprendre les subtilités des relations qui régnaient ici.

Les guerriers de Kael, eux, ne semblaient pas disposés à l'accepter, et bien que certains la regardaient avec moins de méfiance qu'au début, il était clair qu'elle n'avait pas encore gagné leur confiance. Elle n'était toujours pas l'une des leurs, et la différence entre elle et eux, cette absence de lien avec sa louve intérieure, restait une barrière que rien ne semblait pouvoir effacer.

Un après-midi, alors qu'elle se dirigeait vers la salle d'entraînement, elle croisa Kael dans un couloir sombre. Il la fixa un instant, et bien qu'il ne parlât pas, il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose qui semblait l'implorer de comprendre. Mais Elara n'était pas prête à chercher cette compréhension. Pas encore.

- Raeden m'a dit que tu t'entraînais d'une façon... plus intense, dit-il, brisant le silence.

Elle haussait les épaules, gardant la tête baissée, ses yeux rivés sur le sol.

- Je n'ai pas le choix, répondit-elle d'un ton sec.

Kael ne répondit pas immédiatement. Il la contempla un instant, son visage impassible, puis il tourna lentement les talons. Avant de disparaître derrière un arc de pierre, il ajouta, presque pour lui-même :

- Tu penses que l'entraînement te permettra de combler ce vide en toi, mais ce n'est pas le cas.

Le poids de ses mots frappa Elara de plein fouet. Elle resta là, immobile, observant son départ. Qu'entendait-il par « combler ce vide » ?

Le soir venu, alors que la lune se levait à peine, un vent frais soufflait à travers les fenêtres ouvertes de sa chambre. Elara s'assit près de la fenêtre, regardant les premières étoiles scintiller dans le ciel, son esprit perdu dans les mystères du monde qui l'entourait.

Elle savait que des changements se tramaient, que quelque chose était sur le point de se déclencher. Mais quoi ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Les soupçons qu'elle avait eus au sujet de la guerre grandissante entre les meutes se confirmaient, et les signes ne laissaient aucune place au doute : des forces plus anciennes, plus dangereuses, commençaient à se manifester.

Le lendemain matin, alors que l'aube à peine naissante peignait le ciel de nuances orangées, un messager arriva précipitamment au bastion. Son visage était marqué par l'anxiété, et son regard, inquiet, se posa immédiatement sur Kael.

- Alpha, dit-il, haletant. Il y a eu une attaque.

Les paroles du messager eurent l'effet d'une détonation. Kael se leva brusquement, ses yeux se durcissant immédiatement. Il tourna brièvement son regard vers Elara, et pour la première fois, elle aperçut une lueur d'agitation dans ses yeux.

- Où cela ? demanda-t-il d'une voix tranchante.

- À la frontière est, près du Mont des Échos, répondit le messager.

Kael se tourna vers son conseil de guerriers.

- Préparez-vous, ordonna-t-il. Nous partons immédiatement.

Sans attendre, il se dirigea vers la cour, où ses guerriers se rassemblaient déjà. Elara, bien que sentant une vague d'anxiété l'envahir, se rendit à l'évidence : elle n'avait pas le choix. Si la guerre était sur le point de commencer, elle devait être prête. Pas seulement physiquement, mais aussi mentalement. Elle ne pouvait plus ignorer son rôle dans tout cela.

Elle s'habilla rapidement, enfilant son armure, et se dirigea vers la cour, où Kael l'attendait, déjà monté sur son destrier. Il ne lui adressa pas un mot, mais l'instant où il la regarda, elle comprit qu'il attendait quelque chose d'elle. Un geste. Un signe.

Elle monta à cheval à son tour, se plaçant à ses côtés.

- Reste près de moi, lui dit-il brièvement.

Ils partirent ensemble dans la lumière vacillante de l'aube, les guerriers suivant derrière eux dans un silence lourd. Le vent glissait sur leur peau, porteur de l'odeur de la forêt, mais aussi de la promesse d'une confrontation imminente.

Elara sentit une pression croissante dans son esprit. L'attaque à la frontière est n'était pas un simple incident. Il y avait quelque chose de bien plus grand qui se dessinait dans l'ombre. Et cette fois, elle allait être forcée de jouer un rôle bien plus important qu'elle n'aurait jamais pu l'imaginer.

La chevauchée se poursuivit dans le silence pesant de la forêt. Le sol sous les sabots des chevaux résonnait comme un écho lointain, battu par la tension qui s'emparait peu à peu de chacun des membres de la meute. Elara, concentrée sur le chemin, sentait la lourdeur de l'atmosphère s'alourdir à chaque foulée. La forêt, d'habitude si vivante, semblait en proie à une sorte de morne attente, comme si même la nature elle-même pressentait l'imminence du danger.

Le groupe se dirigeait vers les Monts des Échos, une région montagneuse qui délimitait la frontière entre les meutes des Cendres et de l'Ombre. Ce lieu, si souvent calme, si paisible, était désormais la scène d'affrontements violents et de complots murmurés dans l'obscurité des cimes. Elara n'avait jamais été aussi proche du cœur de la guerre, et un frisson glacé la traversa en pensant à ce qui les attendait.

Kael, à la tête de l'expédition, n'avait pas détourné son regard des chemins sinueux devant lui, ses traits marqués par la détermination. Mais Elara savait que cette guerre ne se résumait pas à une simple bataille physique. Il y avait des enjeux bien plus profonds, des secrets enfouis qui risquaient de tout bouleverser. Elle en était convaincue. La guerre qui s'annonçait n'était pas seulement une guerre de territoire, mais aussi une guerre pour des choses bien plus intangibles : l'honneur, le pouvoir, et peut-être, le destin de la meute elle-même.

Le vent se leva soudain, fouettant les visages des guerriers et des chevaux. Ils atteignirent bientôt le pied des montagnes, où les traces de l'attaque étaient visibles : des arbres brisés, des marques de griffes profondes sur les troncs, des signes de luttes violentes. Les éclats d'os brisés et les traces de sang séché sur le sol parlaient d'un combat qui avait eu lieu récemment.

Kael arrêta sa monture. Il jeta un regard scrutateur autour de lui, semblant écouter les murmures du vent, cherchant à déceler la présence de l'ennemi. Ses guerriers s'arrêtèrent également, formant un cercle de protection autour de lui, prêts à se battre à tout instant.

- Raeden, dit Kael d'une voix calme mais autoritaire, va en reconnaissance, vérifie les alentours.

Le guerrier au regard perçant s'inclina légèrement, avant de se fondre dans les ombres des arbres, silencieux comme une ombre elle-même. Le groupe resta là, dans une attente angoissante, le vent soufflant plus fort à chaque instant.

Elara, qui n'avait cessé de regarder les montagnes, sentit un frisson glacial la parcourir. Quelque chose ne tournait pas rond. L'attaque à la frontière était trop calculée, trop précise. Ce n'était pas une simple escarmouche de meute. Ce semblait être une tentative de déstabilisation.

Elle tourna la tête vers Kael, mais il était trop absorbé par la situation pour lui prêter attention. Ses pensées vagabondèrent un instant vers la nuit précédente, vers ce hurlement lointain, et la sensation étrange qui l'avait envahie. Peut-être n'était-elle pas la seule à sentir que les enjeux étaient bien plus importants qu'une simple guerre de territoire.

Raeden revint finalement, le visage sombre, les yeux scrutant l'horizon.

- Une embuscade, dit-il d'une voix basse, presque étouffée.

Les mots de Raeden tombèrent dans l'air comme un coup de tonnerre, brisant le silence. Elara sentit son cœur s'accélérer.

- Ils sont là, murmura Kael, ses yeux se durcissant immédiatement. Préparez-vous.

L'ordre de Kael fut donné avec une efficacité redoutable. Les guerriers se mirent en place, les armes à la main, prêts à riposter. Elara n'eut pas le temps de réfléchir. Son instinct la poussa à s'élancer aux côtés de Kael, son épée dégainée, son corps prêt à réagir.

Leurs ennemis n'attendirent pas plus longtemps. Des silhouettes sombres émergèrent des ombres des montagnes, des formes furtives et menaçantes. Des membres de la Meute de l'Ombre, probablement, venus pour provoquer un affrontement direct. Ils étaient nombreux, bien plus nombreux qu'Elara ne l'avait imaginé.

Kael donna l'ordre d'attaquer d'un geste rapide, et la bataille éclata. Les loups-garous se jetèrent les uns sur les autres, leurs cris déchirant l'air, mêlés à l'éclat des armes qui s'entrechoquaient. Elara, perdue dans la mêlée, se battait avec une intensité qu'elle n'avait jamais connue auparavant. Ses coups étaient précis, sa lame tranchante, mais quelque chose en elle, un instinct ancien, semblait se réveiller.

Au milieu du chaos, elle aperçut Kael, affrontant un adversaire redoutable, sa rage visible dans ses mouvements. Il ne semblait pas se soucier de l'issue du combat, comme s'il se battait contre plus que des ennemis physiques. Elara sentit son cœur se serrer en le voyant si seul dans cette violence, pris entre la guerre et un passé qu'il ne pouvait fuir.

Puis, alors que la bataille battait son plein, un cri perça le tumulte, un cri qui fit s'arrêter un instant tout le monde autour. Un cri qui ne venait pas des guerriers, mais de l'une des montagnes elles-mêmes. Un cri effrayant, déchirant, presque surnaturel. Le vent s'arrêta net. Les combats s'interrompirent dans un silence absolu, comme si même la nature retenait son souffle.

Elara se tourna vers la source du cri, son cœur battant à tout rompre. Il était clair que quelque chose de plus sinistre était à l'œuvre, quelque chose que même les meutes ne pouvaient comprendre. Un mal ancien se réveillait, et Elara ne savait pas si elle serait capable de l'affronter. Mais elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix.

            
            

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