Chapitre 5 chapitre 5–prison sans barreaux

Le contact de Damien contre lui déclencha une réaction immédiate chez Pierre. Une montée d'adrénaline, un instinct de survie. Il le repoussa violemment avec ses mains tremblantes, mettant toute sa force dans ce geste de rejet.

"Ne m'approche pas !" s'écria-t-il, sa voix trahissant une peur qu'il ne parvenait plus à dissimuler.

Il tenta de se lever, de mettre de la distance entre eux, mais il n'en eut pas le temps.

D'un mouvement brutal, Damien attrapa son poignet et le tira en avant, le forçant à retomber contre le canapé. Avant même que Pierre ne puisse se débattre, une pression écrasante s'abattit sur lui. Damien venait de le plaquer, une main puissante agrippant son bras tandis que son autre main se posait sur son cou, comme une menace silencieuse.

Le souffle de Pierre s'accéléra. Son cœur cognait furieusement dans sa poitrine. Il pouvait sentir la force de Damien, une force implacable qui ne lui laissait aucune échappatoire.

Damien se pencha à nouveau, son visage à quelques centimètres du sien. Ses yeux, sombres et pénétrants, semblaient lire en lui avec une facilité déconcertante.

"Écoute-moi bien, Pierre." Sa voix était froide, dénuée de toute émotion. "Tu vas arrêter ces gamineries tout de suite. Ce mariage est réel. Tu es à moi. Et plus vite tu l'acceptes, mieux ce sera pour toi."

Pierre voulut répliquer, hurler, se débattre, mais l'emprise de Damien était trop forte. Il ne pouvait que fixer ce regard dominant, ce regard qui ne laissait aucune place à la négociation.

"Si tu veux jouer au rebelle..." Damien resserra légèrement sa prise sur son cou, juste assez pour que Pierre sente la menace sans être étranglé. "...alors je vais devoir te briser moi-même."

Pierre frissonna. Une terreur pure et viscérale s'empara de lui.

Pierre avait les yeux écarquillés, son souffle court, son corps entier secoué par la peur. Il sentait encore la pression des doigts de Damien sur son cou, une empreinte invisible qui brûlait sa peau. Son cœur battait à tout rompre, comme s'il voulait s'échapper de sa poitrine.

Damien, impassible, finit par le relâcher, reculant lentement comme un prédateur satisfait de voir sa proie terrifiée.

Mais à peine libre, Pierre explosa.

"Tu n'es pas Damien !" hurla-t-il, sa voix brisée par l'émotion. "Tu n'es pas le cousin que j'ai connu ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?!"

Sa poitrine se soulevait rapidement sous le poids de la panique et de la colère. Il se leva brusquement, les jambes tremblantes, reculant comme si la distance pouvait effacer ce qu'il venait de vivre.

"Je suis un homme, Damien ! Et toi aussi ! Jamais, tu entends ? JAMAIS je ne serai avec toi de cette façon !"

Il s'attendait à ce que Damien réagisse, qu'il se mette en colère, qu'il crie en retour. Mais il n'en fit rien.

Au lieu de ça, Damien sourit.

Un sourire lent, cruel.

Il se passa une main dans les cheveux, comme si la scène l'amusait, comme s'il s'attendait à cette réaction.

"Tu crois encore avoir le choix, Pierre ?" murmura-t-il, sa voix traînante emplie de satisfaction.

Pierre sentit un frisson glacé parcourir son dos.

Ce sourire... Ce regard...

Il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie.

Pierre était au bord de l'hystérie. Son souffle court, son corps tremblant, ses pensées en chaos. Comment avait-on pu en arriver là ? Comment Damien, son propre cousin, pouvait-il lui dire de telles horreurs avec un tel calme ?

Non... Ce n'était pas seulement son cousin.

C'était son frère.

L'idée le frappa comme un coup de poignard en plein cœur.

Il planta son regard horrifié dans celui de Damien, cherchant un signe de doute, une faille, quelque chose qui prouverait qu'il plaisantait. Mais il n'y avait rien. Juste cette froide certitude, ce sourire carnassier qui ne faisait qu'attiser son dégoût.

"Tu es mon frère, Damien !" s'écria Pierre, sa voix brisée par l'incompréhension et la peur. "Comment... Comment tu peux vouloir... ça ?"

Damien le fixa un instant, puis haussa légèrement les épaules, comme si la question était sans importance.

"Et alors ?" dit-il d'un ton léger, presque moqueur. "Ce n'est qu'un détail."

Pierre sentit son estomac se retourner.

"Un détail ?!" Il secoua la tête, incapable de croire ce qu'il entendait. "Tu es malade ! Ce que tu fais est... monstrueux !"

Le sourire de Damien s'élargit, et il s'approcha lentement, obligeant Pierre à reculer encore.

"Monstre ? Peut-être." Il pencha légèrement la tête sur le côté, ses yeux sombres brillaient d'une lueur étrange. "Mais ce monstre est ton mari, que tu le veuilles ou non."

Pierre était à bout. Sa respiration était saccadée, son esprit incapable d'accepter cette réalité absurde.

Ce n'était pas possible.

Ça ne pouvait pas être réel.

Pierre secouait la tête frénétiquement, son souffle court, incapable d'accepter ce qu'il venait d'entendre. Son frère. Son propre frère. Comment Damien pouvait-il dire ça avec autant de calme, comme si ce n'était rien ?

Mais ce n'était que le début.

Damien s'approcha encore, réduisant à néant la distance que Pierre essayait de garder entre eux. Il posa une main ferme sur son épaule et se pencha à son oreille, sa voix basse et glaciale.

"À partir d'aujourd'hui, tu vas m'appeler Maître."

Pierre frissonna, une sueur froide coulant le long de sa nuque.

"Tu... tu es fou..." murmura-t-il, la gorge serrée.

Damien eut un sourire amusé. "Peut-être. Mais ça ne change rien." Il caressa lentement son visage du bout des doigts, s'attardant sur sa joue tremblante. "Tu devrais t'habituer, Pierre. Parce que c'est ta nouvelle vie."

Pierre voulait hurler, se débattre, courir, mais il était comme paralysé, piégé sous l'intensité du regard de Damien.

Puis, d'une voix suave et cruelle, Damien ajouta :

"Ce soir, ce sera notre première nuit ensemble."

Le cœur de Pierre rata un battement.

Non... Impossible...

Il recula brusquement, mais Damien le rattrapa immédiatement, refermant ses doigts autour de son poignet avec une force terrifiante.

Pierre était piégé.

Et son cauchemar ne faisait que commence

Pierre était encore sous le choc des paroles de Damien, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Il voulait croire à une mauvaise blague, une illusion, quelque chose d'irréel dont il finirait par se réveiller. Mais tout était bien trop réel.

Il n'eut même pas le temps de protester davantage que Damien se redressa, ajustant calmement les manches de sa chemise comme si de rien n'était. Puis, d'un geste sec, il appuya sur un bouton situé sur la table basse à côté du canapé.

Quelques secondes plus tard, une femme d'une cinquantaine d'années entra dans la pièce. Elle portait un uniforme de domestique noir et blanc et baissa immédiatement la tête en présence de Damien.

"Oui, monsieur ?" demanda-t-elle d'une voix polie.

Damien ne prit même pas la peine de regarder Pierre lorsqu'il donna ses instructions.

"Conduisez monsieur Pierre à sa chambre. Il a besoin de se reposer après... tant d'émotions." Il marqua une pause, son sourire narquois s'élargissant. "Et apportez-lui un petit déjeuner. Il devra manger avec ma femme plus tard. Il faut bien faire les présentations, non ?"

Pierre se figea.

Il avait bien entendu ?

"Sa femme ?"

L'information mit quelques secondes à atteindre son cerveau. Il crut d'abord avoir mal compris, mais lorsqu'il releva brusquement la tête vers Damien, ce dernier observait déjà sa réaction avec amusement.

"Oh, ne me regarde pas comme ça, Pierre," fit Damien, feignant l'innocence. "Je sais bien que tu voulais me garder pour toi tout seul, mais malheureusement, il faudra partager."

Pierre sentit une montée de rage incontrôlable.

"Tu es complètement fou..." souffla-t-il entre ses dents. "Tu devrais vraiment te faire soigner."

Il regretta aussitôt ses paroles.

D'un mouvement si rapide qu'il n'eut pas le temps de réagir, Damien leva la main et le frappa violemment en pleine joue.

Le claquement résonna dans toute la pièce.

Pierre tituba sous l'impact, sentant immédiatement la chaleur et la douleur se répandre sur sa peau. Sa respiration se coupa, et pendant une fraction de seconde, il resta figé, incapable de comprendre ce qui venait de se passer.

La domestique, quant à elle, baissa encore plus la tête, comme si elle n'avait rien vu, rien entendu.

Damien, lui, se contenta de souffler sur sa propre main, comme s'il venait de frapper une chose insignifiante.

"Tu parles trop, Pierre," déclara-t-il calmement. "Mais ne t'inquiète pas, j'ai tout mon temps pour t'apprendre la discipline."

Pierre serra les poings, sa joue brûlante, mais il ne dit rien. Il savait que s'il répondait encore, Damien pourrait aller bien plus loin.

"Emmenez-le," ordonna finalement Damien en se tournant vers la domestique.

Elle hocha la tête et s'approcha timidement de Pierre.

"Venez, monsieur," murmura-t-elle, la voix basse et précautionneuse.

Pierre hésita, cherchant une issue, mais il n'y en avait aucune. Il était piégé dans cette maison, dans cette folie, dans ce cauchemar éveillé.

Finalement, il suivit la domestique en silence, les jambes lourdes et la tête bourdonnante.

Damien, quant à lui, resta là, souriant toujours.

Et Pierre savait que ce sourire ne présageait rien de bon.

Lorsqu'il entra dans sa nouvelle chambre, Pierre s'arrêta net, stupéfait.

Le mot chambre était bien trop faible pour décrire l'endroit. C'était une suite entière, plus grande que son ancien appartement en France. Un immense lit à baldaquin trônait au centre, couvert de draps en satin d'un blanc immaculé. Un lustre en cristal pendait du plafond, projetant une lumière tamisée sur des murs aux moulures dorées. Le sol était recouvert d'un tapis épais et moelleux, et il y avait même un coin salon avec un canapé en velours et une table basse en marbre.

Tout respirait le luxe insolent.

Pierre s'approcha lentement d'une des fenêtres et tira les lourds rideaux. Il découvrit une vue imprenable sur un immense jardin parfaitement entretenu, avec une fontaine en son centre. C'était magnifique.

Et pourtant, il ne se sentait pas impressionné.

Il se sentait prisonnier.

Il laissa échapper un soupir et s'approcha de sa valise, qu'il ouvrit pour commencer à ranger ses affaires. Chaque geste lui paraissait mécanique, vide de sens. Son esprit était ailleurs, tournant en boucle sur ce qui venait de se passer en bas.

Il n'arrivait pas à croire qu'il était réellement ici, dans cette maison, sous la domination de son propre cousin.

"Marié..."

Ce mot le hantait. Comment était-ce possible ? Qui avait autorisé une chose pareille ? Comment pouvait-il être marié sans le savoir, et surtout, comment pouvait-on lui imposer une union avec un homme, son cousin de surcroît ?

Un bruit à la porte le sortit de ses pensées.

La domestique entra discrètement, poussant un chariot sur lequel était disposé un petit-déjeuner digne d'un hôtel cinq étoiles. Une cloche en argent recouvrait l'assiette principale, et un assortiment de fruits, viennoiseries et jus frais complétait le tout.

Elle s'approcha et installa le plateau sur la table du coin salon.

"Monsieur, votre petit-déjeuner est prêt," dit-elle d'une voix neutre.

Pierre ne répondit pas tout de suite. Il la regarda s'incliner légèrement, prête à repartir sans un mot de plus.

Mais avant qu'elle ne quitte la pièce, elle ajouta, hésitante :

"Monsieur Damien m'a demandé de vous informer que, dès que vous aurez terminé, il vous emmènera saluer sa femme. Vous mangerez tous les trois ensemble."

Pierre se crispa.

Il se passa une main sur le visage, tentant de calmer la rage sourde qui montait en lui.

Il n'avait pas le choix.

Il ne l'avait plus.

                         

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