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Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle, la dominant de toute sa hauteur.
- Tu pourrais commencer par cesser tes tentatives de fuite inutiles.
- Tu pourrais commencer par me laisser partir.
Le sourire d'Alessandro disparut aussitôt.
- Tu sais que ce n'est pas une option.
Lina serra les poings.
- Pourquoi ? Pourquoi moi, Alessandro ? Il y a des centaines de femmes qui rêveraient d'être à ma place.
Un silence s'installa.
Puis, lentement, il leva la main et effleura son menton du bout des doigts.
- Justement, souffla-t-il. Elles ne sont pas toi.
Lina sentit son souffle se bloquer dans sa gorge. Son corps entier se tendit sous ce contact à la fois doux et dérangeant.
Mais elle refusait d'être faible.
Elle recula d'un pas et planta son regard brûlant dans le sien.
- Tu veux un enfant ? Trouve une autre femme. Parce que je te promets que tu ne l'auras pas avec moi.
Un muscle tressaillit dans la mâchoire d'Alessandro. Il laissa échapper un soupir, puis se détourna légèrement, comme pour reprendre le contrôle de lui-même.
- Lina...
- Ne prononce même pas mon nom, cracha-t-elle.
Elle s'attendait à ce qu'il se mette en colère. À ce qu'il la menace, la force à se plier.
Mais au lieu de ça, il eut un sourire en coin.
- Tu es fascinante quand tu es en colère.
Lina sentit la rage lui brûler les veines. Elle attrapa un verre posé sur la table et le lança dans sa direction.
D'un geste vif, Alessandro l'attrapa en plein vol avant qu'il ne l'atteigne.
- Impressionnant, souffla-t-il en posant lentement le verre sur la table.
- Va te faire voir, murmura-t-elle entre ses dents serrées.
Il rit doucement, mais cette fois, il y avait autre chose dans son regard.
Une lueur troublante.
Lina le vit. Ce changement. Ce léger fléchissement dans son masque d'impassibilité.
Et cela la terrifia plus que tout.
Il n'était pas censé la voir autrement qu'un simple contrat.
Et pourtant, à cet instant précis, Alessandro De Luca ne la regardait pas comme une femme qu'il avait achetée.
Il la regardait comme une obsession. Lina se tenait devant le miroir, observant son reflet avec des yeux pleins de défi. Elle avait été informée, quelques heures plus tôt, qu'Alessandro l'emmènerait à un dîner, un événement qu'il avait qualifié de « nécessaire » pour leur relation professionnelle. Elle savait que ce n'était pas un simple dîner. Aucun dîner n'était jamais simple avec Alessandro De Luca.
Elle ajusta la robe noire qu'on lui avait donnée, simple mais élégante, et fixa les petites perles de l'eau de son parfum, cherchant à ignorer le sentiment de malaise qui grandissait en elle. Elle était parfaitement consciente qu'elle ne faisait pas que participer à un repas de famille ordinaire. Ce soir, elle allait pénétrer un monde qui, jusque-là, lui avait été inaccessible et incompréhensible. Un monde où le pouvoir, l'argent, et la violence se mêlaient dans une danse macabre.
Elle entendit un léger coup frappé à la porte.
- Tu es prête ? demanda Alessandro, sa voix calme mais autoritaire.
Elle inspira profondément et se tourna vers la porte. Elle n'avait pas le choix. Il la voulait à ses côtés, et il l'obtiendrait. Elle ne pouvait plus se battre contre la force qui semblait la tirer inexorablement vers lui.
- Oui, répondit-elle, sa voix plus froide qu'elle ne l'aurait voulu.
La porte s'ouvrit et Alessandro entra, vêtu d'un costume sombre qui épousait parfaitement ses formes musclées, avec cette aura de puissance qu'il portait toujours comme une seconde peau. Il la regarda un instant, comme pour évaluer sa réaction, et un sourire discret se dessina sur ses lèvres.
- Tu es splendide, dit-il, sans fioritures, mais avec cette sincérité inattendue qui, paradoxalement, la déstabilisait toujours autant.
Lina détourna les yeux, gênée par la proximité de son regard.
- Nous devons partir, dit-elle en évitant de croiser son regard.
Elle n'ajouta rien de plus et s'éloigna vers l'entrée. Il la suivit en silence, mais ses yeux restaient fixés sur elle.
Lorsqu'ils sortirent de la villa, un véhicule noir les attendait, un chauffeur en uniforme à l'arrière. Le trajet se fit en silence, l'air nocturne lourd de tension. Lina regardait les rues défiler sous ses yeux, mais rien ne semblait vraiment l'atteindre. Tout semblait irréel. Comme si le monde extérieur était une illusion, tandis qu'elle se dirigeait droit dans l'antre de la bête.
Ils arrivèrent dans une vieille bâtisse en pierre, dont l'architecture imposante et austère n'inspirait que peu de chaleur. La porte en bois massif s'ouvrit sous l'action d'un homme en costume, qui salua Alessandro avec respect.
- Entrez, monsieur De Luca, fit-il d'une voix qui trahissait à peine son émotion.
Alessandro s'avança sans un mot, et Lina le suivit, une main nerveuse sur son sac à main. Elle sentait l'atmosphère peser sur ses épaules comme une chape de plomb. Une succession de couloirs sombres les mena à une grande salle, où de nombreuses personnes étaient déjà réunies. Des hommes bien habillés, leurs visages impassibles ou légèrement souriants, se tenaient autour de tables garnies de mets fins. Des verres de vin brillaient sous la lumière tamisée des lustres.
Lina se sentit immédiatement hors de place.
Elle avait beau porter une robe qui devait correspondre au code vestimentaire, l'air qu'elle portait, l'ambiance, les regards qui se tournaient vers elle, tout lui disait qu'elle était une intruse dans ce monde qu'elle ne comprenait pas.
Alessandro, cependant, n'eut aucune hésitation. Il se dirigea directement vers une table où un groupe d'hommes discutaient à voix basse, leur conversation semblant suspendue par son arrivée.
- Alessandro, fit l'un d'eux, un homme à l'apparence imposante, vêtu d'un costume de couleur claire. Son regard balaya Lina avant de se poser sur De Luca. - Ravi de te voir.
- Giovanni, répondit Alessandro d'un ton qui ne laissait aucun doute sur sa position dominante.
Il se tourna vers Lina.
- Lina, voici Giovanni. Il dirige les affaires de la Sicile. Giovanni, voici ma... compagne. Lina sentit un frisson d'inconfort parcourir son dos. Compagne. Le mot sonnait tellement faux dans cette situation. Elle se força à sourire, mais l'expression sur le visage de Giovanni ne changea pas. Un regard furtif, presque mécanique, avant de se tourner vers un autre homme de son groupe.