Chapitre 3 Je te soutiendrai à l'avenir

Lottie s'activa en cuisine pendant une vingtaine de minutes, préparant une omelette japonaise et quelques galettes de pommes de terre au fromage. Lorsqu'elle apporta ces plats encore fumants à la table, elle dit :

« Elijah, viens manger ! »

Elijah jeta un coup d'œil à sa montre. Il était 19 h 45. Il se leva du canapé, marcha gracieusement avec ses petites jambes et s'assit à table. Au rez-de-chaussée, Fabian s'essuya la bouche d'un geste agacé, puis grogna :

« Ça sent bon, mais c'est pas très appétissant. »

« C'est délicieux. »

Elijah sembla entendre la voix de Fabian depuis l'étage et goûta chaque plat, avant de répondre d'une voix neutre.

Lottie sourit et dit :

« Si tu aimes, je t'en ferai souvent. »

Puis, comme si elle se souvenait soudain de quelque chose, elle demanda :

« Au fait, tu restes si tard ici. Où sont tes parents ? Es-tu l'enfant d'un ami de M. Chapman ? »

Avant de se marier, elle n'avait jamais entendu dire que M. Chapman avait des enfants.

Elijah fronça les sourcils et hocha la tête.

« Disons ça. »

« Je m'en doutais, » dit Lottie.

Elle hocha doucement la tête et ajouta :

« Je ne pensais pas que M. Chapman pouvait avoir un cœur gentil malgré son apparence... pas très jolie. »

Au moins, l'enfant de son ami se sentait chez lui ici, ce qui prouvait que M. Chapman n'était pas aussi violent qu'on le disait.

« Il n'est pas moche. »

Elijah prit une bouchée de son repas et laissa échapper ses mots d'une voix basse.

Au premier étage, Ralph jeta un coup d'œil furtif à Fabian qui bavait, puis son regard se tourna vers le bas, vers Lottie. Ses yeux semblaient dire : Regarde ton frère, puis regarde-toi.

Parmi ses fils, l'un faisait tout pour garder une apparence noble, tandis que l'autre n'avait de cesse de clamer qu'il était un monstre.

Fabian bouda et dit d'un ton plaintif :

« Je veux pas qu'une étrangère soit ma mère. »

Ralph fronça les sourcils et tourna les talons pour partir.

Lorsqu'Elijah eut fini de manger, il était déjà 20 h 10. Il mangeait très lentement et avec attention. Enfin, il prit les deux galettes de pommes de terre restantes et les emporta avec lui à l'étage.

« Ne reste pas trop tard. »

Alors qu'il montait la dernière marche, il tourna la tête, jeta un coup d'œil à Lottie qui restait figée et lui dit d'un ton calme :

« Ne t'inquiète pas. Je te soutiendrai à l'avenir. »

Bien qu'il soit encore un enfant, il avait une attitude noble et arrogante. Quand il se retourna pour lui parler, son regard était si dominant qu'il ne ressemblait pas du tout à un enfant de cinq ans.

Lottie perdit un instant ses moyens.

Quelques secondes plus tard, elle se concentra et se dit amusée par son ton.

Même si elle avait du mal à s'adapter à cet environnement, ce n'était sûrement pas à elle d'être protégée par un enfant de cet âge.

Elle se tourna et commença à nettoyer la cuisine et la salle à manger. Quand tout fut propre, elle n'osa pas retourner dans cette chambre horrible. Enfin, Lottie soupira et s'affaissa sur le canapé, s'enroulant dans sa veste.

Dans la chambre des enfants, à l'étage...

Elijah posa les galettes de pommes de terre parfumées sur la table de chevet de Fabian. Mais Fabian était tourné vers le mur, dos à Elijah.

« Je ne veux pas manger. »

« Bien. »

Elijah déplaça l'assiette de galettes vers son propre chevet.

Fabian resta sans voix.

Il bouda et commença à marmonner :

« On avait dit qu'on ne laisserait jamais une femme étrangère devenir notre mère. Je m'attendais pas à ce que tu me trahisses si vite. Traître ! »

Elijah s'assit sur son lit et regarda le dos de Fabian.

« Elle cuisine très bien. »

« Elle n'est pas notre mère même si elle cuisine bien ! »

Fabian gratta le papier peint du mur, contrarié, en murmurant :

« Je veux ma vraie maman, ma vraie maman ! »

Elijah soupira en regardant le plafond et murmura :

« Mais notre vraie maman est morte. »

Son esprit était plus mature que celui de Fabian, il savait bien que leur mère biologique ne reviendrait jamais.

Et leur père ne devrait pas rester célibataire pour le reste de sa vie.

La femme d'en bas était plutôt gentille.

« Elle n'est pas morte. »

Fabian serra les poings et dit :

« Maman doit être encore vivante et nous attendre pour la retrouver ! »

Elijah ferma les yeux et ignora les murmures de Fabian.

La chambre des enfants fut plongée dans le silence, l'arôme du fromage flottant dans l'air. Enfin, Fabian sortit du lit, se leva sur la pointe des pieds, s'approcha furtivement de la table de chevet d'Elijah, prit une galette de pommes de terre et la mangea.

Au moment où il mit la galette de pommes de terre dans sa bouche, les yeux de Fabian brillèrent instantanément.

C'était tellement délicieux !

C'était mille fois meilleur que la nourriture préparée par les domestiques !

« Emporte l'assiette en bas si tu finis . »

Quand Fabian mangea la deuxième galette, la voix enfantine d'Elijah, allongé sur le lit, résonna :

« Et tu n'as pas le droit de l'effrayer encore. Elle est sous ma protection. »

Fabian resta sans voix.

Il bouda et dit :

« Elijah, tu es tellement anormal. »

Avant, Elijah ne se préoccupait jamais de ses bêtises, mais pourquoi défendait-il cette femme aujourd'hui ?

C'était juste à cause de sa cuisine délicieuse ? En y pensant, il mordit fermement dans la galette de pommes de terre. C'était vraiment délicieux.

Après avoir fini les galettes, Fabian prit l'assiette et descendit.

En descendant les escaliers, il aperçut Lottie qui dormait sur le canapé.

Elle était repliée sur elle-même et tremblait. Il s'approcha et regarda son visage propre et d'une blancheur éclatante.

C'était une jolie femme, et en plus, une excellente cuisinière.

Ce serait génial si elle était sa mère biologique...

Dans son sommeil, Lottie sentit un regard posé sur elle.

Elle se réveilla en sursaut, et devant elle, se tenait le petit garçon de tout à l'heure.

Il tenait maintenant une assiette et la regardait fixement.

Elle se frotta les yeux, encore endormie :

« Ce n'est pas assez ? Tu veux encore manger ? »

Pourquoi se tenait-il là avec une assiette et la regardait ainsi ?

Fabian pinça les lèvres, sachant qu'elle l'avait confondu avec Elijah, mais il hocha quand même la tête.

« Oui. »

Il voulait vraiment manger encore.

En voyant le joli et potelé visage de Fabian, le cœur de Lottie se fondit. Elle leva la main et pinça sa joue :

« Alors je vais te préparer encore à manger. »

Puis elle se dirigea vers la cuisine, tout en pensant : Il n'avait pas dit qu'il ne mangerait rien après huit heures ?

Et... elle avait déjà cuisiné beaucoup tout à l'heure... Lottie lui prépara finalement un petit repas léger, adapté aux enfants.

Fabian le dévora.

Lottie resta bouche bée.

Cet enfant avait... un appétit de glouton ?

Il lui tendit même son bol et lui demanda de rajouter du riz. Une fois son repas terminé, Lottie n'hésita plus et lui demanda enfin :

« Elijah, tu ne penses pas que... ton appétit est un peu trop grand ? »

Fabian resta un instant silencieux, puis il sourit malicieusement :

« Oui, je mange beaucoup. »

Il étira ses deux petits doigts délicats :

« À partir de maintenant, il faut doubler les portions quand tu me prépares quelque chose de délicieux ! »

Après avoir dit cela, il réfléchit un moment, inquiet qu'Elijah ne lui laisse que les plats immangeables. Il insista donc :

« Il faut que tu fasses deux repas identiques. »

Lottie fut un peu choquée par ses paroles, mais elle hocha la tête.

Elle sourit et nettoya la table :

« Je comprends, il est grand temps pour toi de grandir. »

Elle lui tendit un cadeau, une boîte de biscuits qu'elle avait préparée pour M. Chapman.

« Un cadeau pour toi. »

Sur ces mots, elle sourit et lui caressa la tête.

« Je te souhaite de grandir sainement et en toute sécurité. »

Fabian rougit et monta précipitamment les escaliers avec les biscuits.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Lottie souffla profondément et retourna s'allonger sur le canapé, pour se rendormir.

À l'étage...

Un téléphone de luxe vibra deux fois sur la table. L'homme saisit le téléphone avec ses doigts fins et consulta le message.

C'était Elijah qui envoyait :

"Elle a passé le test "

De son côté, Fabian lui envoya un message vocal. Tout en croquant un biscuit, il dit :

« Elle a passé le test pour l'instant, mais je ne l'aime pas vraiment. »

« Mais elle cuisine si bien que, pour le bien de mon estomac, je vais faire une exception cette fois. »

L'homme reposa son téléphone, leva un doigt et tapota le bureau.

« Préparez tout. J'aimerais obtenir une licence de mariage avec elle demain. »

            
            

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