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L'Ex-Femme du PDG

Les écrits de sènan
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Chapitre 1 Chapitre 1

Chapitre 1

La soirée débuta dans un murmure incessant, comme une mélodie que l'on sent vibrer sous la surface, à peine audible mais chargée d'un présage inéluctable. Au cœur de cette agitation feutrée, Marianne se trouvait aux côtés de Léonard, son mari, bien que son regard fût souvent détourné, perdu dans une conversation qui ne la concernait pas.

Un éclat de rire cristallin attira brièvement son attention, et elle vit Juliette s'approcher de Léonard avec une assurance déconcertante. Ce n'était pas la première fois qu'elle remarquait la manière dont ses yeux s'illuminaient en sa présence, comme si un vieux feu, laissé en sommeil depuis trop longtemps, venait de renaître. Marianne essaya de rassembler ses pensées, se disant que peut-être tout cela n'était qu'un malentendu, une simple coïncidence dans un monde où les alliances et les trahisons se confondent souvent en un ballet complexe.

« Tu vas bien, Marianne ? » demanda d'une voix douce une connaissance, glissant dans la conversation avec une délicatesse qui semblait trancher à travers le vacarme ambiant.

Marianne esquissa un sourire feutré, même si à l'intérieur, elle sentait une angoisse sourde monter. « Oui, tout va bien... » répondit-elle, mais les mots sonnaient creux, presque mécaniques. Elle observait Léonard, qui riait de bon cœur aux éclats de Juliette, leur échange se faisant plus intime à mesure que la soirée avançait.

Au fil des instants, les murmures commencèrent à se transformer en une rumeur tenace. Des fragments de conversation par-ci, des regards échangés par-là, tout semblait converger vers une idée simple : Léonard et Juliette avaient retrouvé quelque chose de plus que de l'amitié. Chaque éclat de rire, chaque geste effleurant la main de l'autre était autant de coups portés à la confiance que Marianne avait placée en lui.

Un souvenir douloureux se fraya un chemin à travers ses pensées. Ce n'était pas la première fois qu'elle se sentait reléguée au second plan, toujours celle qui supportait les silences et les absences, toujours celle qui devait accepter de passer en arrière-plan. Pourtant, ce soir-là, un malaise nouveau s'installa en elle, plus perçant et plus amer que jamais.

« Tu sembles ailleurs, Marianne. Tout va bien ? » demanda une voix, nonchalante mais empreinte d'une sollicitude sincère. C'était la voix de Clémence, une amie de longue date dont l'intuition avait toujours su déceler les failles du cœur. Marianne ne put s'empêcher d'hésiter, cherchant ses mots avec soin. « Oui, je... Je suppose que j'ai juste besoin de respirer un peu. »

Clémence lui offrit un sourire compréhensif sans insister davantage, se contentant de glisser quelques paroles d'encouragement. Le regard de Marianne se perdit alors dans la foule mouvante, où chaque visage semblait dissimuler une part de trahison ou de secret.

Léonard, de son côté, ne prêta guère attention à ce qui se tramait autour de lui. Sa conversation avec Juliette se faisait en aparté, ponctuée de rires complices et de clins d'œil entendus. Les mots échangés étaient parfois teintés d'une nostalgie qui parlait d'un passé commun, d'un temps où les sentiments se confondaient et se laissaient aller sans retenue. « Tu te souviens, Juliette, quand nous faisions fi de tout... » lança-t-il avec un sourire qui faisait frissonner quelque chose de secret dans l'air. Juliette répondit avec une lueur dans les yeux, comme si elle se remémorait un bonheur interdit.

Marianne sentit un poids lourd s'installer sur sa poitrine. Elle avait toujours su que le cœur de Léonard était un territoire inexploré, parsemé de reliques de vieux amours et de désirs oubliés. Pourtant, rien ne l'avait préparée à l'amertume de cette révélation silencieuse. Elle se sentait isolée, trahie par le silence complice de son propre corps qui refusait de laisser échapper la vérité de sa douleur.

« Pourquoi tout doit-il toujours être si compliqué ? » pensa-t-elle, la voix intérieure chargée d'une tristesse inavouable. Elle se rappelait les promesses murmurées autrefois, les serments d'amour gravés dans le secret d'un instant fragile. Mais désormais, ces mots semblaient appartenir à une époque révolue, effacés par la réalité impitoyable d'une passion dévoyée.

Au détour d'un échange, Clémence reprit doucement : « Tu mérites d'être entendue, Marianne. Ne laisse personne te faire croire que ta douleur est moins importante que la leur. » Ces mots, simples et sincères, firent écho dans le cœur de Marianne, lui rappelant qu'elle n'était pas seule dans cette lutte silencieuse. Elle hocha la tête en silence, essayant de rassembler ses forces pour affronter ce soir qui se faisait plus oppressant à chaque instant.

Un rire éclatant retentit alors, et Marianne ne put s'empêcher de tourner les yeux vers Léonard, dont le visage s'illumina à la vue de Juliette. Le contraste était saisissant. Là où elle se sentait invisible, lui rayonnait d'un enthousiasme déconcertant, comme s'il redécouvrait une part de lui-même oubliée depuis longtemps. « C'est comme s'il ne voyait plus que Juliette, » pensa-t-elle avec amertume, serrant les poings pour contenir la tempête qui menaçait de déferler en elle.

Dans un coin discret, un murmure se propageait parmi les convives. « Vous avez vu comment Léonard la regardait ? » « On dirait qu'ils se retrouvent comme autrefois... » Ce chuchotement, porteur de vérités inavouées, se fit écho dans l'esprit de Marianne. Chaque mot, chaque regard échangé entre Léonard et Juliette, la piquait comme une lame froide dans le cœur.

Alors que la soirée avançait, le tumulte de ses émotions se mélangeait à l'éclat intermittent des rires et aux silences pesants. Marianne se demanda combien de temps elle pourrait continuer à supporter ce jeu cruel où les apparences masquaient des trahisons profondes. Elle se souvint d'un moment intime, d'une nuit où Léonard avait juré de la protéger, de l'aimer sans réserve, et la contradiction entre cet engagement et la réalité de ce soir la faisait vaciller.

« Tu n'as jamais aimé personne d'autre, n'est-ce pas ? » pensa-t-elle, se demandant si ces mots résonnaient encore en lui, ou s'ils étaient désormais engloutis par un désir retrouvé pour une autre. Son regard se fixa sur le visage de Léonard, sur ce sourire qui semblait en dire long sur des secrets qu'elle ignorait. La douleur de la trahison se mélangeait à une colère sourde, un feu intérieur qu'elle n'arrivait pas à contenir.

« Marianne, tu sembles perdue, » murmura Clémence en s'approchant doucement, posant une main réconfortante sur son épaule. « Regarde-toi, tu es bien plus forte que tu ne le crois. » Mais ces mots, aussi réconfortants soient-ils, ne pouvaient dissiper le malaise qui s'accumulait en elle, comme une ombre grandissante qui menaçait d'engloutir toute lumière.

Elle se souvint alors d'un souvenir lointain, d'un moment où les regards s'échangeaient sans artifice, où chaque geste portait la promesse d'un amour véritable. Ce soir, cette lueur avait disparu, remplacée par une froide indifférence qui lui rappelait douloureusement que les serments du passé s'étaient effrités sous le poids des choix et des erreurs.

« Pourquoi faut-il toujours que les choses se compliquent ainsi ? » se demanda-t-elle, le cœur serré. Un mélange de tristesse et de résignation se fit jour, alors qu'elle tentait de masquer ses tourments derrière un masque de calme apparent. Mais chaque sourire de Léonard, chaque éclat de rire partagé avec Juliette, était une goutte d'acide qui rongeait peu à peu l'illusion de leur union passée.

Un instant, elle se rappela encore des mots qu'il avait prononcés avec tant de conviction : « Je t'aime, Marianne, et tu es la seule pour moi. » Ces mots résonnaient désormais comme une trahison silencieuse, une note dissonante dans la symphonie de leur vie commune. Le contraste entre ce qui avait été promis et ce qui se vivait actuellement était trop cruel pour être ignoré.

Le silence se fit alors entre les éclats de conversation, et Marianne sentit une présence familière l'envelopper. Une main se posa sur la sienne, légère et hésitante. Ce fut un geste qui aurait pu être porteur de réconfort, mais qui, dans le tumulte de ses émotions, ne fit qu'intensifier sa douleur. Elle releva les yeux et aperçut dans le regard de Léonard une lueur indéchiffrable, une tentative peut-être de chercher pardon ou de réaffirmer une loyauté qui s'était égarée.

« Je ne comprends pas, » murmura-t-elle à mi-voix, comme pour elle-même, tandis que ses yeux cherchaient des réponses dans ceux de son mari. Mais la réponse resta muette, cachée derrière le voile de cette complicité retrouvée avec une autre.

Une voix, douce et empreinte d'ironie, s'éleva alors dans l'air chargé de non-dits. « Peut-être que certaines vérités sont mieux laissées dans l'ombre, n'est-ce pas ? » La remarque fit frissonner Marianne, lui rappelant que dans ce jeu de regards et de silences, chacun jouait sa partition, souvent au détriment des autres. Elle se sentit comme une spectatrice impuissante d'un drame dont elle était la victime principale.

À mesure que la soirée s'étirait, l'atmosphère se faisait de plus en plus lourde. Les rumeurs se propageaient, les chuchotements se transformaient en commentaires acerbes, et Marianne se retrouvait coincée entre l'envie de fuir et la nécessité de comprendre. Chaque instant passé aux côtés de Léonard, chaque mot échangé avec Juliette, semblait creuser un fossé toujours plus grand entre ce qu'elle espérait et ce qu'elle vivait réellement.

« Tu n'as plus la moindre once d'humanité, Léonard, » pensa-t-elle amèrement, ressentant la trahison dans chaque fibre de son être. Pourtant, malgré la douleur, un éclat de détermination commençait à poindre en elle. Peut-être que cette soirée n'était qu'un prélude à une transformation nécessaire, une mise en garde contre les illusions et les promesses brisées.

Clémence, qui avait suivi silencieusement le drame intérieur de Marianne, murmura à nouveau, ses mots porteurs d'une force tranquille : « Parfois, il faut accepter de se perdre pour mieux se retrouver. » Ce conseil, bien que simple, résonnait comme un appel à la renaissance, à une remise en question de tout ce qu'elle avait toujours cru immuable.

Les minutes s'égrenaient, et le vacarme ambiant semblait se fondre dans une sorte de clameur intérieure, où chaque battement de cœur portait le rythme d'un chagrin inavoué. Marianne sentit alors les larmes monter, non pas pour la douleur immédiate, mais pour l'accumulation de tous ces instants de trahison silencieuse. Elle essaya de les contenir, de les refouler derrière un sourire de façade, mais il était impossible de nier l'intensité de sa détresse.

« Léonard, qu'est-ce que tu cherches vraiment ? » se demanda-t-elle, sa voix intérieure se mêlant aux échos de la foule. Chaque sourire échangé, chaque geste amical avec Juliette, semblait être un rappel cruel de l'éloignement grandissant entre eux. La question restait sans réponse, flottant dans l'air comme une énigme que seule la vérité pourrait dissiper.

Un ultime regard fut échangé entre Léonard et Marianne, un moment suspendu dans le temps où les regards disaient plus que les mots. Marianne aperçut dans les yeux de son mari une lutte intérieure, une bataille entre ce qu'il avait été et ce qu'il voulait devenir. Mais cette lutte n'était pas la sienne à gagner, et elle se sentit de nouveau démunie face à l'inexorable réalité.

La soirée s'acheva dans un silence lourd de sens. Alors que les convives commençaient à se disperser, Marianne resta un instant immobile, absorbée par ses pensées tumultueuses. Le dernier éclat de rire de Léonard résonna encore, tranchant le calme apparent comme un rappel douloureux des moments perdus.

« Peut-être que demain sera différent, » pensa-t-elle avec une lueur d'espoir vacillante, même si cette conviction se heurtait à la dure réalité de ce qu'elle venait de vivre. Chaque pas qu'elle faisait ce soir-là semblait la mener un peu plus loin de l'ombre de sa propre existence, vers une quête de vérité et de rédemption qui ne faisait que commencer.

Et tandis que la nuit enveloppait peu à peu le souvenir de cette soirée, Marianne se promit de ne plus laisser le silence parler à sa place, de ne plus se taire devant l'injustice d'un amour dévoyé. Ce gala, avec ses murmures et ses regards échangés, marquait le début d'un chemin difficile, mais nécessaire, où la douleur serait le prélude à une renaissance inespérée.

Au fond d'elle, une voix persistait, fragile mais déterminée : « Je mérite mieux. » Ces mots, portés par la force d'une volonté renaissante, allaient bientôt guider chacun de ses pas dans la tempête qui se profilait. La soirée n'avait pas apporté les réponses qu'elle espérait, mais elle avait allumé une étincelle, celle d'une détermination à ne plus se perdre dans le jeu cruel des apparences.

Pendant ce temps, Léonard, encore enveloppé dans son propre tourbillon d'émotions contradictoires, quittait la scène avec une hésitation qui trahissait une âme en peine. La complicité évidente avec Juliette ne pouvait masquer la fissure qui se creusait inexorablement dans son cœur. Même s'il affichait un sourire détaché, quelque part en lui, il savait que le chemin qu'il avait emprunté le menait à une impasse. Mais ce soir, les regards et les gestes avaient parlé plus fort que ses regrets silencieux, et Marianne en était la principale victime.

Les échos de cette soirée résonneraient longtemps dans leurs esprits, chacun emportant avec lui le fardeau d'une vérité trop lourde à supporter. Pour Marianne, c'était le début d'une lutte intérieure contre un amour qui ne semblait plus appartenir qu'à un passé révolu. Et pour Léonard, c'était le moment de faire face à ses propres démons, de décider s'il était prêt à se libérer de l'emprise de souvenirs qui le maintenaient prisonnier de ses choix.

Dans ce tumulte d'émotions contradictoires, la promesse d'un changement se dessinait timidement, comme une lueur dans l'obscurité. Mais pour l'instant, le cœur de Marianne restait lourd, meurtri par les éclats d'un amour qui se consumait, tandis qu'elle se demandait combien de temps encore elle devrait endurer ce silence qui en disait long. Ce fut, sans aucun doute, une soirée marquée par la douleur et la trahison, une soirée qui, malgré toute sa cruauté, poserait les fondations d'un renouveau inévitable.

            
            

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