Chapitre 2 Chapitre 2

Chapitre 2

Marianne avait le test entre ses mains, ses doigts tremblant légèrement. Le plastique froid glissait entre ses paumes comme un objet étranger. Elle s'était forcée à attendre, compter les minutes, bien que chaque seconde eût l'air de durer une éternité. Quand elle avait vu les deux lignes se dessiner lentement, son cœur avait loupé un battement. Les yeux rivés sur le test, elle n'arrivait pas à y croire. Elle avait toujours cru que ce genre de choses arrivait aux autres, pas à elle. Pas dans sa situation. Pas maintenant.

Elle avait posé le test sur le comptoir, comme s'il pouvait disparaître si elle détournait le regard assez longtemps. Mais il était toujours là, imposant, silencieux. Les émotions se bousculaient dans sa poitrine. Le bonheur était un frisson doux qui la traversait, une petite flamme qui, même fragile, semblait prendre racine au fond d'elle. Mais la peur... la peur était plus grande. Comment annoncer cela à Léonard ? Comment tout gérer ? Elle n'avait jamais imaginé se retrouver dans une telle situation.

La rumeur de Juliette, les éclats de rires, la manière dont Léonard semblait plus préoccupé par cette femme qu'elle-même... Non, elle ne pouvait pas être enceinte. Pas dans ces conditions. La colère montait en elle, mais elle la retenait, refusant de laisser les doutes assombrir ce moment qu'elle avait espéré, une lueur d'espoir dans l'obscurité de son cœur.

Elle se laissa tomber sur le canapé, tenant toujours le test, les yeux rivés dessus. Elle ferma les yeux un instant, essayant de calmer l'agitation qui lui secouait les entrailles. Elle devait lui dire. Mais quand ? Et surtout, comment ?

Elle ne put s'empêcher de penser à cette soirée de gala. Il n'avait pas cessé de discuter avec Juliette, de la regarder comme s'il n'avait plus que cette femme dans la pièce. Chaque sourire échangé, chaque rire partagé entre eux avait été comme un poison lent, que Marianne n'avait pas voulu avaler mais qu'elle n'avait pas pu éviter. Elle s'était éloignée, cherchant un peu de calme, un peu d'air. Et à cet instant, son monde semblait se fissurer sous ses pieds.

Elle ne savait même pas pourquoi elle s'était laissé prendre au jeu, pourquoi elle avait cru que peut-être, enfin, elle aurait ce qu'elle désirait. Un mariage solide. Une famille. Mais avec Juliette, avec ce regard qu'il posait sur elle... cela semblait irréaliste. Elle ne pouvait pas. Elle ne savait même pas si elle voulait réellement lui annoncer cette nouvelle, alors que tout semblait en train de se briser autour d'elle.

Finalement, elle s'était levée, jetant un dernier coup d'œil au test, puis elle l'avait mis dans sa poche, espérant secrètement que l'instant passerait, que la vérité pourrait attendre un peu. Mais l'angoisse la serrait à chaque pas, une pression insoutenable sur ses épaules.

Elle le retrouva dans le salon, assis sur le canapé, encore une fois en pleine discussion avec Juliette. Elle se stoppa un instant à l'entrée de la pièce, observant Léonard. Il était là, décontracté, souriant à Juliette, comme si rien ne pouvait troubler ce moment. Elle sentit une boule se former dans sa gorge. Il avait ce regard, celui qu'il n'avait jamais eu pour elle. Un regard de désir, un regard qu'elle avait espéré, mais qui ne lui avait jamais été destiné. Pas vraiment.

Léonard tourna les yeux vers elle quand elle fit un léger bruit en entrant dans la pièce. Il sembla presque surpris, comme s'il n'avait pas remarqué sa présence jusque-là. Un frisson de frustration secoua Marianne. Elle n'avait pas la force de tout lui dire maintenant. Pas alors qu'il n'était même pas là pour elle, pas vraiment. Elle lui lança un sourire, un sourire qu'elle espérait sincère, mais qui sonnait vide.

« Tu as l'air... préoccupé. » Sa voix trembla légèrement, et elle se maudit intérieurement. Elle aurait dû être plus calme, plus détachée. Mais elle avait l'impression que chaque mot qu'elle prononçait était empli de l'incertitude qu'elle ressentait dans son cœur.

Léonard haussait les épaules, comme si tout était simple. « Juste quelques affaires à régler. Rien de grave. » Ses yeux se tournaient déjà vers Juliette, qui n'avait pas cessé de le fixer avec un intérêt que Marianne n'avait jamais vu dans ses yeux à elle.

Elle sentit la douleur l'envahir à nouveau. Cette sensation de ne pas être assez, de ne pas compter autant que celle qui se tenait juste en face d'elle. Elle baissa les yeux sur ses mains, serrant les poings contre ses cuisses. Et si... Et si tout cela était un rêve ? Et si la grossesse n'était qu'une erreur, un simple faux positif qui s'effacerait avec le temps, comme une illusion ?

Léonard se tourna finalement vers elle, un sourire en coin, comme s'il avait trouvé la force de lui accorder quelques secondes de son temps. « Tu as l'air étrange ce soir. Tout va bien ? »

« Oui, tout va bien, » répondit-elle, plus brusque qu'elle ne l'aurait voulu. Elle sentit son cœur accélérer. Les mots restaient coincés dans sa gorge, luttant pour sortir, mais ils n'avaient pas leur place ici. Pas maintenant. Pas dans cette atmosphère. « Je... Je voulais juste te parler un instant, en privé. »

Léonard regarda Juliette et sembla hésiter. Il se leva, jetant un regard furtif à Marianne, avant de se diriger vers la porte d'entrée. « Je vais chercher quelque chose dans la voiture, je reviendrai tout de suite. »

La porte se ferma derrière lui, et Marianne se retrouva seule dans la pièce avec Juliette. L'ancienne amante de Léonard. La femme qui n'avait jamais cessé de hanter ses pensées. Elle prit une inspiration profonde et se força à sourire.

« Tout va bien, Juliette. Rien de grave. » Elle n'en croyait pas un mot, mais elle ne pouvait pas se permettre de laisser transparaître son inquiétude. Pas maintenant. Pas devant elle.

Juliette haussait un sourcil, mais ne répondit pas immédiatement. Elle se contenta de la regarder, un air presque amusé sur le visage. « Tu sembles tendue ce soir. Quelque chose te tracasse ? »

« Non, » mentit Marianne, bien que son cœur battait la chamade. « Je suis juste fatiguée. » Elle se détourna avant que la conversation ne devienne trop gênante. Elle n'avait aucune envie de parler de ses peurs avec Juliette. Pas avec cette femme, pas avec elle.

Quelques minutes plus tard, Léonard revint, un peu distrait, comme s'il avait du mal à quitter ses pensées. Marianne le regarda, le cœur battant la chamade, et décida que c'était le moment. « Léonard, » dit-elle enfin, sa voix plus douce, plus hésitante, « je suis enceinte. »

Il la fixa un instant, comme s'il ne comprenait pas. « Quoi ? »

« Je suis enceinte. » Cette fois, la phrase résonna dans l'air comme un coup de tonnerre, tout son corps tendu sous le poids de la révélation.

            
            

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