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Kara se leva avant l'aube, son esprit en proie à un tourbillon de pensées qu'elle ne pouvait maîtriser. Elle traversa les ombres de la forêt, son corps en mouvement automatique, mais son esprit n'était nulle part. Elle ne voulait pas penser à Rhys. Elle refusait de se laisser envahir par l'image de ses yeux sombres et de son regard déterminé. Pourtant, à chaque coin de la forêt, elle sentait sa présence, comme une empreinte laissée dans l'air.
Chaque brise qui effleurait sa peau semblait être un murmure de lui, chaque craquement de branche, un rappel que leur rencontre ne serait pas facile à oublier.
Le lien était toujours là, insistant, implacable. Elle le ressentait dans chaque fibre de son être, comme une chaleur qui émanait de ses os, une connexion qu'elle n'avait pas choisie, mais qui s'était imposée à elle. Elle n'avait pas demandé cette attraction. Elle n'avait pas voulu de ce lien avec un Alpha d'une meute rivale. Et pourtant, tout son être semblait crier le contraire. Il était là, dans sa tête, dans son cœur. Chaque pensée, chaque sensation la ramenait à lui.
Elle se força à chasser ces pensées, mais elles revenaient toujours, plus fortes, plus pressantes. Rhys. Cet Alpha, avec sa puissance brute et son regard impénétrable. Il n'était qu'un obstacle à son indépendance, une menace à son autonomie. Elle avait toujours été libre. Libre de choisir son destin, libre de refuser les alliances et les compromis que son père, Alpha de leur meute, essayait de lui imposer. Mais ce lien... Ce lien entre elle et Rhys n'était pas une alliance. C'était une prison invisible, un piège tissé de désir et de danger.
Elle s'arrêta un moment, respirant profondément l'air frais du matin. Les oiseaux chantaient au loin, et la forêt semblait s'éveiller lentement autour d'elle. Mais tout cela lui paraissait lointain, comme si elle se trouvait dans une autre réalité. Son cœur battait d'un rythme irrégulier, et elle savait que ce n'était pas simplement la fatigue qui la troublait. C'était la présence de Rhys. Il n'était pas loin. Elle le sentait, comme si la forêt elle-même l'avait marqué de son empreinte.
Kara secoua la tête, se dirigeant vers la rivière. Elle avait besoin de se concentrer, de se détendre. Peut-être, pensa-t-elle, si elle pouvait simplement ignorer ce lien, il finirait par s'estomper, se dissiper avec le temps. Mais à chaque pas qu'elle faisait, chaque respiration, elle sentait l'appel de Rhys. C'était une sensation nouvelle pour elle. Ce n'était pas simplement une attirance. C'était quelque chose de plus profond, de plus primal. Quelque chose qu'elle n'avait pas choisi, mais qui l'avait choisie. Un sort qui semblait lié à son destin, comme une chaîne invisible qui la maintenait captive.
Elle arriva enfin au bord de la rivière, l'eau clair et calme se déployant devant elle. Kara s'assit sur une pierre, la tête penchée, les mains posées sur ses genoux. Elle ferma les yeux un instant, essayant de vider son esprit, de repousser les pensées qui n'arrêtaient pas de surgir. Elle n'avait pas le luxe de se perdre dans des fantasmes. Elle devait être forte. Elle devait garder le contrôle.
Mais l'image de Rhys, avec ses yeux sombres et son corps imposant, revint immédiatement. Il n'avait pas l'air d'être une menace au premier abord. Il semblait calme, maître de lui-même, même s'il était tout aussi perturbé par leur rencontre. Mais il y avait quelque chose de sauvage en lui, quelque chose qu'elle ne comprenait pas. C'était cette part de lui qu'elle redoutait. Ce lien qui les unissait, bien qu'invisible, lui paraissait plus dangereux que n'importe quelle arme. Ce lien ne les rendrait pas plus forts, non. Il les détruirait, les briserait jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.
Kara s'éteignit dans l'eau glacée de la rivière, en espérant que cela chasserait cette sensation qui l'assaillait. Mais l'eau ne fit que l'apaiser un instant. À peine son corps touchait l'eau froide, l'image de Rhys, son regard perçant, sa voix grave, se formait dans son esprit. Il était partout, dans chaque mouvement qu'elle faisait, dans chaque pensée qu'elle tentait de réprimer. Kara serra les dents. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Ce n'était pas possible. Elle n'était pas faite pour ça. Elle n'était pas faite pour être faible, pour être soumise à un lien qu'elle ne comprenait pas.
Elle sortit de l'eau en un geste vif, tremblante, les bras repliés contre son torse. L'air frais de la matinée la frappa en pleine face, et elle se précipita hors de la rivière, les pieds nus frappant le sol avec force. Elle ne pouvait pas rester ici, seule avec ses pensées. Elle devait se concentrer. Elle devait fuir ce lien.
Mais au moment où elle tourna les talons, elle entendit des bruits de pas. Elle s'arrêta net, l'instinct de louve immédiatement en alerte. Il était là, au milieu des arbres, les ombres dissimulant sa silhouette imposante. Rhys.
Elle se tourna lentement, son cœur battant la chamade, mais son expression restait froide, déterminée. Rhys s'avança, l'air calme, mais Kara pouvait lire dans son regard la même lutte intérieure qu'elle ressentait. Un regard lourd de non-dits. Mais il ne dit rien, ne fit aucun mouvement brusque. Il se contenta de la regarder, scrutant ses traits comme s'il cherchait une réponse à une question qu'il n'osait pas poser.
Kara fit un pas en arrière. « Tu ne comprends pas, Rhys. Ce lien... ce n'est qu'une illusion. Nous n'avons rien à faire ensemble. »
Rhys la fixa intensément. « Tu crois vraiment ça ? » demanda-t-il, sa voix grave, pleine de tension. « Tu crois qu'il suffit de l'ignorer pour qu'il disparaisse ? »
Kara ne répondit pas. Elle n'avait rien à dire. Il n'y avait rien à dire. Elle savait qu'il avait raison, mais cela ne signifiait pas qu'elle accepterait cette vérité. Ce n'était pas son choix. Ce lien n'avait pas à être sa réalité.
« Je ne suis pas prête à te suivre dans ce chemin, » murmura-t-elle enfin, plus pour elle-même que pour lui. « Je ne suis pas prête à accepter ce que je ressens. Et je ne le ferai pas. »
Rhys la regarda un instant, silencieux. Il semblait sur le point de dire quelque chose, mais il se tut, comme si chaque mot était trop lourd à prononcer. Puis, d'un geste lent, il se détourna et s'éloigna, disparaissant dans la forêt.
Kara resta là, les yeux fixés sur l'endroit où il avait disparu, son cœur battant à tout rompre. Elle savait qu'elle avait fait le bon choix, mais une part d'elle se demandait si elle avait pris la bonne décision. Elle ferma les yeux un instant. Le lien entre eux n'était pas un choix, c'était un fardeau. Mais, dans son cœur, elle sentait que ce fardeau était loin d'être terminé.
Rhys, après avoir quitté la clairière, n'avait pas réussi à se défaire de la sensation de Kara qui le hantait. Chaque pas qu'il faisait, chaque mouvement dans la forêt semblait le ramener à elle. Il avait essayé de la convaincre, mais il savait que ses mots ne suffiraient pas. Il savait aussi que l'orgueil et l'indépendance de Kara étaient des murs difficiles à franchir. Mais il ne pouvait ignorer le lien qui les unissait. Peu importe combien il essayait de le repousser, la vérité persistait : ils étaient destinés à se croiser à nouveau.
Malgré le danger que cela représentait, il ne pouvait pas la laisser s'éloigner sans un combat. Il n'était pas du genre à fuir face à une adversité, et cette situation ne ferait pas exception. Il devait la retrouver, la convaincre que ce lien n'était pas un fardeau, mais une chance. C'était une chance qu'il n'était pas prêt à laisser filer. Cependant, alors qu'il avançait dans la forêt, il sentit l'atmosphère se charger d'une menace qu'il n'avait pas anticipée. Un souffle d'air lourd, un frémissement dans les buissons, un silence trop lourd pour être naturel.
Soudain, le sol sous ses pieds vibra. Il s'arrêta net, ses sens aiguisés lui signalant un danger imminent. Des ombres se glissèrent autour de lui. Des loups ennemis, sans doute une meute rivale, avaient tendu une embuscade. Rhys n'eut même »pas le temps de se préparer. Les assaillants surgirent de tous côtés, leurs crocs étincelant sous la lumière faible de la forêt. Ils étaient rapides et déterminés, sans doute convaincus qu'ils pouvaient l'emporter. Mais Rhys n'était pas un Alpha de pacotille. Il n'avait pas survécu tout ce temps pour être pris au piège.
Un éclat de lumière éblouissant fit briller la lame de sa transformation. Ses muscles se tendirent sous la pression de sa métamorphose. Il se tourna instinctivement vers la direction d'où provenait le plus grand nombre d'ennemis, son regard cherchant des failles dans leur formation. Mais alors qu'il se préparait à engager le combat, une silhouette familière émergea de l'ombre. Kara. Elle n'était pas loin, aussi prête à se défendre qu'elle l'avait toujours été.
Leurs regards se croisèrent un instant, un instant suspendu entre la peur et la détermination. Elle n'était pas censée être là. Elle ne devait pas être ici. Mais les loups ennemis n'avaient pas l'air d'hésiter à l'attaquer, l'obligeant à faire un choix. Elle n'avait pas le luxe de fuir. Tout comme lui, elle était prise au piège.
Sans un mot, ils se retrouvèrent côte à côte. Une alliance étrange et silencieuse se forma, née du besoin immédiat de survie. Les loups ennemis s'élancèrent, mais ensemble, Rhys et Kara les affrontèrent avec une férocité déconcertante. Ils se mouvaient en parfaite synchronisation, comme si le lien entre eux transcendait même le danger immédiat. Chaque coup, chaque mouvement semblait être exécuté avec une précision parfaite. La force de Rhys et la rapidité de Kara se complétaient à merveille.
Les ennemis se faisaient rapidement repousser, pris au piège dans la furie de leurs attaques. Les crocs de Rhys s'enfonçaient dans la chair de l'un d'eux, tandis que Kara, agile comme une ombre, faucha un autre ennemi d'un coup net, son regard flamboyant de détermination. Leur synchronisation était stupéfiante, comme si la nature elle-même leur avait donné ce pouvoir pour cette confrontation.
Mais la bataille n'était pas encore terminée. Un loup plus imposant, plus féroce, émergea du groupe ennemi. Son pelage sombre et ses yeux malicieux trahissaient sa position de leader. Il se jeta sur Kara, l'obligeant à reculer sous l'impact de sa force. Rhys ne laissa pas cela passer. D'un rugissement, il se précipita sur l'assaillant, ses crocs tranchants s'enfonçant dans la chair de l'ennemi. Kara, reprenant rapidement ses appuis, attaqua dans son dos, balayant la dernière résistance d'un coup maîtrisé.
Lorsque le calme tomba, la forêt résonnait encore des échos de la bataille. Les loups ennemis étaient soit en fuite, soit étendus au sol. Kara et Rhys se tenaient l'un près de l'autre, haletants, leurs corps et leurs esprits encore en effervescence. Le lien entre eux, bien qu'imposé par le destin, semblait s'être renforcé, soudé par le feu du combat. Ils n'avaient pas parlé. Il n'était pas nécessaire de prononcer un seul mot. Ce moment, bien plus que n'importe quelle déclaration, les avait unis d'une manière que ni l'un ni l'autre ne pouvait ignorer.
Rhys, son souffle rauque, tourna son regard vers elle. Une lueur d'énigme brillait dans ses yeux. « Tu vois maintenant pourquoi tu ne peux pas m'ignorer, Kara, » dit-il doucement, mais avec une fermeté qui ne laissait place à aucun doute. « Ce lien est plus puissant que tout. »
Elle baissa les yeux un instant, son corps encore tremblant de l'intensité de l'affrontement. Elle savait qu'il avait raison. Mais dans le silence qui s'installa entre eux, Kara se demanda combien de temps encore elle pourrait lutter contre ce lien.