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Le Destin de la Compagne Rebelle

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Chapitre 1 Chapitre 1

Kara se tenait face à son père, une silhouette imposante et digne de la vieille lignée des Alpha. Ses yeux sombres brillaient d'un éclat d'autorité, et sa posture ne laissait place à aucun doute : il était le chef, le maître de cette meute qui, depuis des générations, dominait les terres sauvages autour d'eux. Pourtant, alors qu'il proposait l'alliance qu'il avait arrangée, Kara ne pouvait s'empêcher de ressentir un dégoût glacé. Son regard restait ferme, déterminé, mais son cœur battait plus fort, pas de peur, mais de défi.

« Tu dois comprendre, Kara, » dit-il, sa voix basse et imposante, « les alliances sont le ciment de notre pouvoir. Cette union avec la meute de Barik garantira notre prospérité pour des décennies. Ce n'est pas une question de volonté personnelle, mais de survie. »

Elle tourna les yeux, cherchant à échapper au regard perçant de son père. Le vent de la forêt soufflait à travers les hautes branches, faisant frémir les feuilles comme des murmures anciens. Mais rien ne la distraierait de la décision qui se nouait dans son esprit. Elle était la fille du grand Alpha, la future dirigeante, mais cela ne signifiait pas qu'elle se soumettrait aveuglément aux règles imposées. Elle n'était pas née pour suivre les traditions, ni pour accepter le destin que l'on avait tracé pour elle.

« Je ne veux pas de cette alliance, » répondit-elle enfin, sa voix froide comme l'acier. Elle n'avait pas de temps à perdre à hésiter. « Je ne suis pas un simple pion dans une partie de pouvoir. Je suis une Alpha, et je prendrai les décisions qui me conviennent. »

Son père la scruta silencieusement, comme si chaque mot qu'elle prononçait était un coup qu'il devait parer. Un grondement sourd monta dans sa gorge, comme une menace dissimulée sous la surface. Mais Kara ne fléchit pas. Elle n'avait pas peur de lui, pas plus que d'un autre Alpha. Elle l'avait vu, enfant, rendre hommage aux traditions, mais elle savait aussi qu'il était prisonnier de sa propre conception du pouvoir. Un pouvoir qu'il croyait inaltérable, que rien ni personne ne pourrait renverser.

« Tu oublies une chose, Kara, » continua-t-il après un long silence. « Ce n'est pas seulement une question de pouvoir. C'est la sécurité de notre meute, la stabilité que l'on doit assurer. Si tu rejettes cela, tu risques de tout perdre. L'honneur, le respect, et même la loyauté de ceux qui nous suivent."

Elle se tourna vers lui, ses yeux d'un bleu glacé qui ne trahissaient aucune émotion. Le vent soulevait ses cheveux noirs comme l'ombre, mais elle restait implacable. « Je préfère tout perdre que de m'incliner devant des traditions qui étouffent notre véritable force. Vous croyez que la puissance d'une meute réside dans des alliances forcées. Mais vous vous trompez, père. Elle réside dans notre volonté, notre liberté. La vraie force, c'est celle de ceux qui choisissent leur propre voie, pas celle de ceux qui se soumettent aux règles obsolètes. »

Le regard de son père se fit plus dur, une lueur de déception apparut dans ses yeux. « Tu es ma fille, et je t'ai élevée pour être forte. Mais tu ignores la véritable nature de ce monde, Kara. Il ne suffit pas de rejeter tout ce qui ne te plaît pas pour être une grande Alpha. La meute, cette famille, cette tradition... elles sont là pour nous guider. »

Kara secoua la tête, son esprit empli de convictions que personne ne pourrait briser. « Ce sont des chaînes, père. Ce monde que vous voulez préserver est celui d'une époque révolue. Le temps des alliances forcées est fini. » Elle marqua une pause avant de continuer, sa voix inflexible : « Je ne serai jamais celle que vous voulez que je sois. Je suis ma propre Alpha. Et cette meute, je la mènerai à ma manière. »

Son père recula d'un pas, et un silence pesant s'installa. Il se tenait là, comme un roi déchu face à sa propre chair, et il savait, au fond de lui, qu'il ne pouvait forcer sa fille à obéir. Mais il se refusait à l'accepter. La douleur d'un père face à la rébellion de son enfant, si familière et pourtant si poignante. « Tu veux aller à l'encontre de tout ce que nous avons construit ? C'est cela que tu choisis, Kara ? » demanda-t-il, sa voix maintenant remplie d'un regret sourd.

Elle le regarda sans ciller, le défi dans ses yeux. « Oui. Je choisis de ne pas être un pion dans un jeu dont je ne comprends même pas les règles. Je choisis d'être l'Alpha de ma propre vie. »

Il se tourna, comme pour partir, mais avant de le faire, il lança d'une voix basse : « Tu verras, un jour, que la liberté que tu désires a un prix. Peut-être que tu le payeras bien plus tôt que tu ne l'imagines. »

Kara resta là, seule avec ses pensées. Le vent soufflait plus fort maintenant, emportant les dernières paroles de son père. Un frisson parcourut son échine, mais elle n'était pas prête à fléchir. Ce n'était que le début. Elle savait que le chemin serait semé d'embûches, que son père et d'autres Alphas viendraient sans doute l'affronter. Mais elle était prête. La meute serait réorganisée, de l'intérieur, et elle en serait la souveraine, pas par héritage, mais par choix.

Elle tourna le dos à la forêt, ses pensées déjà tournées vers l'avenir. La route était incertaine, mais elle ne craignait pas les ténèbres qui l'attendaient. Elle les embrasserait, car elles étaient la seule lumière qui lui permettrait de se forger en tant qu'Alpha.

Au fond d'elle-même, Kara savait que ce qui semblait être une rébellion était en réalité la seule voie vers la véritable liberté. Et la liberté, aussi sauvage et indomptable qu'elle fût, allait la guider dans le monde des loups-garous.

Kara avançait silencieusement à travers la forêt, ses sens en alerte, comme toujours lors de ses patrouilles. Les branches crissaient sous ses pas, mais l'étrange sensation qui la prenait ne venait pas de la terre ni des feuilles. Quelque chose dans l'air, une vibration, une présence imperceptible, semblait troubler l'équilibre habituel de la forêt. Elle s'arrêta un instant, tendant l'oreille. Il n'y avait rien de visible, rien de tangible, mais son instinct de louve était plus affûté que jamais. Un pressentiment. Elle n'aimait pas ce genre de sentiment.

Elle huma l'air, cherchant à localiser la source de ce malaise. Ses sens l'avaient rarement trompée, et aujourd'hui, l'odeur était différente. Elle perçut une trace fugitive, à la fois familière et totalement étrangère. Le vent souffla une nouvelle fois, et, soudain, elle l'entendit. Le bruit d'un mouvement furtif dans les sous-bois, comme une ombre glissant entre les arbres.

Kara réagit aussitôt, ses muscles tendus et prêts à l'action. Elle s'élança en avant, ses yeux scrutant la pénombre de la forêt. Elle n'avait pas l'intention de se laisser surprendre, mais alors qu'elle s'approchait d'une clairière, une silhouette apparut devant elle.

Il se tenait là, seul, au centre de la clairière, aussi immobile qu'une statue. Ses yeux, d'un bleu intense et perçant, la fixaient sans bouger. Un Alpha. Mais elle n'en avait jamais vu un comme celui-ci. Il était plus jeune que son père, plus sauvage dans son regard, plus dangereux aussi, d'une manière presque primitive. Il avait quelque chose d'intrinsèquement différent, une aura puissante qui contrastait avec l'environnement serein autour de lui. Et à cet instant, Kara comprit : il ne faisait pas partie de sa meute. Ce n'était pas un Alpha qu'elle connaissait.

Un frisson la parcourut. C'était comme si une force invisible l'attirait vers lui, un lien inexplicable qui se formait dans l'air, entre elle et lui. C'était une connexion brute, profonde, presque ancestrale. Elle se redressa instinctivement, ses yeux ne quittant pas les siens. Elle savait que ce n'était pas une rencontre ordinaire, mais la profondeur du lien la surprit.

Rhys, car tel était son nom, n'avait pas bougé, mais son regard avait changé. Il aussi avait ressenti cette connexion, cette force qui les reliait d'une manière qu'ils ne comprenaient pas encore. Il fit un pas vers elle, lentement, avec une confiance absolue dans ses mouvements. Kara se força à ne pas céder à l'envie de reculer, de fuir. Il n'était pas là pour la menacer. Elle le savait, tout comme elle savait qu'il n'était pas là par hasard.

« Tu n'es pas de ma meute », dit-elle d'une voix rauque, cassée par la tension de l'instant.

Il acquiesça lentement, son regard ancré dans le sien. « Non, je ne le suis pas. Mais il semble que le destin nous ait croisés. »

Ces mots résonnèrent dans l'air comme un écho qui se répandait à travers les arbres. Il y avait quelque chose d'irréel dans cet échange, comme si la forêt elle-même retenait son souffle, attendant de voir ce qui allait se passer. Kara s'efforça de garder son calme, bien que son cœur battait plus fort sous l'effet de cette tension nouvelle. Elle savait que rien ne serait plus jamais pareil. Cette rencontre, cette connexion, marquait le début d'une histoire qu'elle ne pouvait pas contrôler.

Elle se tint droite, ses griffes dissimulées sous sa peau, prête à se défendre si nécessaire. Mais Rhys ne bougeait plus. Il attendait, comme elle. Un silence lourd s'installa entre eux. Le vent souffla à nouveau, emportant quelques feuilles mortes à travers la clairière. Kara sentit la chaleur d'un lien inexplicable s'intensifier entre eux, comme si l'univers tout entier l'avait choisi pour être le témoin de ce moment.

Elle savait que ce n'était pas seulement une rencontre. Ce lien... ce qu'il symbolisait, c'était bien plus. Et malgré son mépris pour les âmes sœurs et les alliances imposées, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cette connexion ne serait pas la clé de quelque chose de bien plus grand qu'elle.

            
            

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