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L'air lui manquait. Chaque inspiration était un supplice, chaque battement de son cœur résonnait comme un tambour de guerre dans sa poitrine. Ivy tituba, cherchant un appui dans ce monde qui se dérobait sous ses pieds. Tout autour d'elle semblait vaciller, distordu par une chaleur insoutenable qui irradiait de son propre corps.
Elle voulait fuir, échapper à cette sensation qui la consumait de l'intérieur, mais ses jambes refusaient de lui obéir. Un frisson violent parcourut son échine, et une douleur fulgurante explosa dans son crâne, se propageant comme une onde jusqu'au bout de ses membres.
- Que... qu'est-ce qui m'arrive ?
Elle se heurta à un mur de pierre et s'y agrippa, ses doigts tremblants cherchant à s'ancrer dans la réalité. Mais la réalité se fissurait.
Ses muscles se tordaient sous sa peau, une force inconnue les soumettant à une volonté qu'elle ne comprenait pas. Son souffle se fit court, sifflant entre ses lèvres entrouvertes. Ses ongles s'enfoncèrent dans la pierre, y laissant des marques profondes.
Elle haleta, le corps en feu, une panique sauvage s'emparant d'elle.
- Ivy !
Une voix, grave, impérieuse. Mais elle ne voyait plus rien, ses yeux embrasés par une lumière aveuglante qui pulsait dans son esprit.
Un cri lui échappa, déchirant l'air. Un cri qui n'avait plus rien d'humain.
La douleur explosa, et son corps se rompit.
Elle sentit ses os se plier sous une force impitoyable, s'étirer, se remodeler dans un supplice indicible. Ses muscles se déchirèrent et se reformèrent, sa peau brûla sous un feu invisible, et son cri s'étrangla dans sa gorge.
Puis vint le silence.
Elle haleta, son souffle rauque soulevant une poitrine qui n'était plus la sienne. L'odeur de la pierre, du bois et du feu lui parut plus vive, plus réelle qu'elle ne l'avait jamais ressentie. Son cœur battait plus fort, chaque pulsation résonnant dans tout son être.
Elle baissa les yeux.
Des pattes.
Elle chancela, ses griffes raclant le sol.
Un grondement sourd s'échappa de ses entrailles.
Elle n'était plus humaine.
L'air vibrait d'une énergie nouvelle, brutale et indomptable. Ivy tremblait, sa respiration hachurée se mêlant aux échos sourds de son cœur affolé. Son corps n'était plus le sien. Elle sentait chaque muscle, chaque nerf tressaillir sous l'influence d'une force étrangère. Son esprit lui hurlait de reprendre le contrôle, mais une présence autre, plus ancienne, plus profonde, grondait en elle, imposant sa volonté.
Un feu sauvage parcourait ses veines, un instinct brut qu'elle ne comprenait pas. Sa vision s'aiguisait, captant des détails qu'elle n'aurait jamais remarqués auparavant. L'odeur de la pierre humide, la chaleur diffuse du bois, le battement lent d'un cœur à proximité...
Kael.
Elle tourna brusquement la tête vers lui, ses yeux brûlant d'une lumière surnaturelle. Un frisson la parcourut. Ce n'était pas elle qui réagissait ainsi, c'était... autre chose.
- Respire, murmura Kael.
Sa voix, grave et contrôlée, traversa le tumulte en elle comme une lame acérée. Mais ce n'était pas assez.
Un grondement sourd s'échappa de sa gorge. Elle recula, luttant contre l'instinct qui voulait la pousser en avant, qui la sommait d'agir, de se battre, de mordre. Son souffle devint saccadé, sa mâchoire se crispa sous une rage qu'elle ne comprenait pas.
Kael avança d'un pas, ses yeux d'or brillants d'une intensité inébranlable.
- Ne te bats pas contre lui. Accepte-le.
Elle secoua la tête, un autre grondement montant en elle, plus profond, plus menaçant.
- Tu crois que je peux l'accepter ? souffla-t-elle entre deux respirations laborieuses.
Son propre corps lui échappait. Ses pattes raclaient le sol, son dos se courbait sous une tension insupportable.
Kael ne cilla pas.
- C'est toi. C'est ce que tu es.
Elle voulut hurler. Non. Ce n'était pas elle. Ce n'était pas son monde, pas sa vie.
Une rage aveugle la submergea, et sans réfléchir, elle bondit.
Kael la saisit avant qu'elle ne l'atteigne, son étreinte implacable brisant son élan. Ils roulèrent au sol, la chaleur de son corps contre le sien exacerbant son trouble.
- Contrôle-toi.
Ses paroles étaient un ordre, mais Ivy n'entendait plus que le sang battant à ses tempes, la fièvre animale qui réclamait d'être libérée.
La tension entre eux crépitait, incandescente. Kael la maintenait au sol, son souffle brûlant contre le sien.
- Lutte contre moi autant que tu veux, mais tu ne gagneras pas cette bataille.
Ivy trembla. Son loup voulait céder. Elle, elle voulait fuir.
Mais il n'y avait plus d'issue.