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L'air vibrait d'une tension sourde. Ivy luttait encore contre la poigne invisible qui la maintenait captive, mais son souffle court et la chaleur oppressante qui l'entourait lui faisaient comprendre l'inutilité de sa résistance. Kael était là, imposant, inébranlable, son regard rivé au sien comme s'il pouvait lire au plus profond d'elle.
- Lâche-moi.
Sa voix tremblait de rage, mais lui resta impassible.
- Tu ne comprends pas, murmura-t-il.
Elle le fusilla du regard.
- Ce que je comprends, c'est que vous m'avez arrachée à ma vie pour m'enfermer ici, dans un monde qui n'a rien à voir avec moi.
Un éclair d'agacement passa dans ses yeux.
- Ce monde est le tien, que tu l'acceptes ou non.
Ivy détourna le regard, refusant de céder à l'autorité qui émanait de lui.
- Pourquoi ? Pourquoi moi ?
Kael s'approcha encore, réduisant l'espace entre eux à un souffle.
- Parce que tu es mienne.
Les mots tombèrent comme un couperet.
Un silence glacé s'installa. Ivy sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il n'avait pas crié, ni même élevé la voix, et pourtant, chaque syllabe vibrait d'une certitude implacable.
- Je n'appartiens à personne.
Son défi le fit sourire, un sourire froid, empreint d'une patience dangereuse.
- Tu ne sais rien du lien qui nous unit.
Elle le fixa, haletante.
- Ce lien n'existe que dans ton esprit.
Kael leva une main et posa ses doigts sur sa gorge, juste là où son pouls battait, rapide, affolé.
- Alors pourquoi ton cœur s'affole-t-il ?
Elle recula brusquement, échappant à son contact.
- C'est la peur.
Un souffle échappa à Kael, quelque chose entre un rire et un grondement.
- Non. C'est l'appel de ton âme à la mienne.
Il se détourna et fit quelques pas, comme pour lui laisser un semblant d'espace.
- Les âmes sœurs ne sont pas un mythe parmi nous. Elles sont l'essence de notre force.
Ivy croisa les bras, défiant son regard.
- J'ai grandi dans le monde des humains. Les âmes sœurs, c'est une illusion, une invention pour justifier l'attachement.
Kael tourna la tête vers elle, et cette fois, il y avait une lueur plus sombre dans ses yeux.
- Chez nous, c'est une loi fondamentale. Lorsque deux âmes se lient, il n'y a ni hasard ni illusion. C'est un appel qui transcende le corps et l'esprit.
Ivy secoua la tête.
- Tu veux dire une sorte de mariage arrangé par la nature ?
Il serra la mâchoire.
- Non. Un lien inaltérable. Une vérité inscrite dans notre sang.
Elle sentit sa gorge se nouer.
- Et si je refuse ?
Kael s'approcha à nouveau, et cette fois, la chaleur qui émanait de lui semblait presque tangible.
- Tu peux le combattre. Tu peux nier ce que tu ressens. Mais ton loup, lui, ne mentira pas.
Un frisson glissa sur sa peau.
- Je ne suis pas une louve.
Kael la fixa un instant, puis un sourire fugace passa sur ses lèvres.
- Alors pourquoi ton corps brûle-t-il lorsque je suis proche ?
Ivy se mordit la lèvre, refusant d'admettre qu'il disait vrai.
- Ce n'est pas moi qui décide, Ivy. C'est ce que nous sommes.
Elle ferma les yeux un instant, tentant de contenir la tempête qui faisait rage en elle. Mais au fond, elle savait. Depuis cette nuit où tout avait basculé, quelque chose en elle avait changé. Quelque chose qu'elle ne pouvait plus ignorer.
Ivy soutenait son regard avec une détermination farouche, refusant de céder à l'autorité qu'il imposait naturellement. Son cœur battait à un rythme effréné, mais elle refusait d'y voir autre chose que la conséquence du danger qui l'entourait.
- Peu importe ce que tu dis, ce lien n'a aucun sens pour moi.
Kael ne bougea pas, mais l'atmosphère changea imperceptiblement. L'air sembla vibrer d'une tension soudaine, comme avant un orage. Ses yeux d'or s'assombrirent, et un muscle tressaillit sur sa mâchoire.
- Tu le nies parce que tu as peur.
Elle croisa les bras, cherchant à masquer le trouble qui l'envahissait.
- Je le nie parce que c'est absurde.
Un grondement sourd monta de sa gorge. Ce n'était pas un bruit humain, mais quelque chose de plus primal, un avertissement.
- Tu crois pouvoir repousser ce qui est inscrit en toi ?
Elle ne répondit pas. Son silence était une provocation en soi.
Kael fit un pas vers elle, et cette fois, la colère était palpable dans sa posture, dans la façon dont ses doigts se crispaient.
- Tu ne comprends rien. Ce n'est pas un caprice, ni un choix. C'est une vérité que tu ne peux ignorer.
- Regarde-moi l'ignorer.
L'étincelle de défi dans ses yeux sembla briser le dernier rempart de contrôle de Kael. Il la saisit par le poignet et l'attira brutalement à lui. Ivy lutta, cherchant à se dégager, mais la chaleur de sa peau contre la sienne déclencha une onde étrange dans tout son corps.
Un frisson remonta le long de son échine, et soudain, quelque chose en elle réagit. Un battement sourd, profond, qui n'appartenait pas à son cœur. Son souffle se coupa, et elle sentit une chaleur inédite s'éveiller sous sa peau, comme un feu trop longtemps contenu.
Kael l'observait, attentif. Il l'avait sentie, cette brève ouverture, cette faille dans sa résistance.
- Ton corps sait déjà.
Ivy secoua la tête, tentant de reprendre pied.
- Ce n'est pas...
Elle s'interrompit, troublée. Son regard dériva sur les mains de Kael, sur la pression qu'il exerçait à peine et qui, pourtant, lui semblait brûlante. Son ouïe capta le battement régulier du cœur de l'Alpha, plus lent que le sien, mais profondément ancré, comme un appel auquel le sien répondait malgré elle.
Un vertige la saisit.
- Qu'est-ce que tu m'as fait ?
Un sourire sans joie passa sur les lèvres de Kael.
- Rien. C'est toi qui ressens.
Elle voulut protester, mais son souffle se bloqua lorsque ses ongles s'enfoncèrent malgré elle dans la peau de Kael. Pas comme une griffure humaine, mais comme une prise instinctive, trop forte, trop affirmée.
Elle lâcha prise immédiatement, reculant d'un pas, la panique la submergeant.
- Non...
Kael la regardait, impassible.
- Oui.
Elle voulut fuir, mais ses jambes tremblaient. Quelque chose changeait en elle, quelque chose qu'elle ne contrôlait pas.
- Accepte-le, murmura-t-il.
Elle leva des yeux emplis de défi et de peur.
- Jamais.
Kael laissa échapper un soupir, mais cette fois, il n'y avait plus de colère. Seulement une certitude tranquille.
- Alors nous verrons combien de temps tu pourras lutter contre toi-même.
Ivy recula encore, mais au fond d'elle, elle savait.
Elle était déjà en train de perdre cette bataille.