Chapitre 4 Chapitre 4

Eryan était de plus en plus troublé par la présence d'Althea. Elle était tout ce qu'il avait recherché sans le savoir : une liberté de pensée, une chaleur intense qui faisait naître en lui des désirs qu'il n'avait jamais soupçonnés. Il la retrouvait chaque nuit, dans l'ombre des jardins ou dans des chambres secrètes qu'ils seuls connaissaient. Les heures qu'ils passaient ensemble étaient comme un refuge, une évasion d'un monde qui lui semblait de plus en plus oppressant. Mais cette quiétude n'était qu'un voile fragile, et il savait au fond de lui que leur relation ne durerait pas.

Althea, avec ses pouvoirs mystérieux, savait que les menaces qui se rapprochaient de lui n'étaient pas simplement d'ordre politique. Elle lui en avait parlé, mais chaque mot résonnait en lui comme un écho lointain. Leur amour, aussi envoûtant soit-il, portait avec lui une malédiction qu'il ne pouvait encore saisir pleinement. Elle avait averti Eryan dès le début, mais son amour pour elle grandissait, devenant un poison aussi doux que dangereux.

« Tu es plus fort que tu ne le crois, » lui dit-elle un soir alors qu'ils se tenaient face à face sous la lueur des étoiles artificielles qui scintillaient au-dessus du jardin. « Mais tu ne sais pas à quel point cette force te rend vulnérable. Ce que tu cherches, Eryan, n'est pas sans conséquence. Il y a des forces, des puissances plus anciennes que nous, qui t'observent. »

Eryan la fixa longuement, ses yeux perçants cherchant à déceler l'âme de la femme qu'il avait choisie. « Je suis prêt à tout pour comprendre. Pour comprendre ce que je suis devenu, et ce qui se cache derrière tout cela. »

Althea se détourna légèrement, comme si une douleur intérieure venait d'éclater dans ses entrailles. « Ce que tu ignores pourrait être plus dangereux que tu ne l'imagines. La vérité, Eryan, n'est pas faite pour être entendue. Elle brise ceux qui s'en approchent trop près. »

Il la saisit par les bras, un frisson traversant son échine à mesure que ses mots s'imprimaient dans son esprit. « Je ne suis pas comme les autres. Je veux connaître la vérité, peu importe ce qu'il en coûte. »

Althea le regarda dans les yeux, ses prunelles d'un bleu intense, comme si elles perçaient les ténèbres qui l'entouraient. « C'est exactement ce que je crains, Eryan. Tout ce que tu cherches t'éloigne de la personne que tu étais. Il est peut-être déjà trop tard. »

Elle se détacha de lui et se dirigea vers la porte. Avant de la franchir, elle s'arrêta et se tourna une dernière fois. « Il y a des ennemis parmi nous. Des ombres qui se glissent dans les recoins du royaume, prêts à exploiter ta faiblesse. Et tu es loin d'être à l'abri. » Elle disparut dans l'obscurité, laissant Eryan seul avec ses pensées tourmentées.

À l'intérieur du palais, une autre menace se profilait. Le roi, devenu de plus en plus paranoïaque au fur et à mesure que les rapports de soulèvements et de complots s'intensifiaient, renforça la sécurité du palais. Chaque porte était scellée, chaque mur bardé de détecteurs qui scrutaient l'air à la recherche d'intrus. Des soldats supplémentaires étaient déployés chaque jour, sous la surveillance attentive du général Kael. Les technologies les plus avancées, celles qui ne laissaient aucune trace visible, étaient désormais utilisées pour protéger la famille royale. Ce qui autrefois semblait être une forteresse inviolable devenait une cage, et les murs semblaient se refermer sur ceux qui en faisaient partie.

Le roi, assiégé par la crainte d'une attaque imminente, ne cessait d'augmenter les mesures de protection. Il n'était plus simplement question de sécurité, mais d'une paranoïa qui infectait tous les aspects de son gouvernement. Chaque geste, chaque mot prononcé dans ses couloirs, pouvait être l'indice d'une trahison. Les murs du palais étaient tapissés d'hologrammes et de capteurs biologiques pour détecter toute anomalie. Les conversations étaient surveillées, les alliances politiques scrutées, et même les gestes des courtisans semblaient avoir un poids invisible qui les rendait plus lourds qu'ils ne l'étaient auparavant.

Dans ses appartements, Eryan ne pouvait s'empêcher de se sentir piégé. L'inquiétude de son père le hantait. La sécurité renforcée, la surveillance constante, tout cela n'était que le signe d'une montée en puissance des forces extérieures qui cherchaient à déstabiliser le royaume. Mais une autre question, plus intime et plus personnelle, brûlait son esprit. Il était un prince, l'héritier du trône, mais à quel prix ? Les murs du palais, les gardes qui le suivaient partout, l'isolement grandissant entre lui et la réalité du monde extérieur, tout cela contribuait à son malaise.

L'illusion d'une stabilité à laquelle il avait cru si fermement commençait à se dissiper comme une brume. Althea lui avait dit la vérité, mais il était trop tard pour reculer. Il se sentait piégé dans un jeu dont il ne comprenait ni les règles ni les enjeux. Son père ne cessait de renforcer les protections autour de lui, croyant que c'était la seule solution, mais à mesure que les jours passaient, Eryan avait la sensation que plus il cherchait des réponses, plus il s'enfonçait dans une toile d'araignée dont il ne pourrait peut-être jamais s'échapper.

La relation avec Althea, aussi envoûtante qu'elle fût, l'avait conduit sur un chemin où l'innocence n'avait plus sa place. Les révélations de la jeune femme étaient loin d'être anodines. Elle le mettait en garde, mais chaque rencontre le poussait un peu plus loin, dans une quête de vérité qui menaçait de tout détruire. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir ce lien puissant, cette attraction irrépressible. Et chaque nuit passée à ses côtés semblait l'enfoncer davantage dans les ténèbres de cette vérité qu'il cherchait à tout prix à découvrir.

Au cœur du palais, le roi continuait de renforcer ses mesures de sécurité, ignorant que dans l'ombre, des complots se formaient. Le général Kael, son homme de confiance, observait tout avec un intérêt accru, comme un prédateur qui attend son moment. Et pendant ce temps, Eryan se perdait dans les labyrinthes de son propre cœur, tout en cherchant à démêler les fils invisibles qui le liaient à un destin qu'il n'était pas sûr de vouloir.

Lira avait observé son frère pendant des semaines, en silence, mais un malaise grandissant la rongeait. Eryan, autrefois si proche d'elle, semblait se détourner peu à peu. Il n'était plus le prince qu'elle avait connu. La familiarité de ses gestes, de ses sourires, avait laissé place à une froideur glacée. Ses yeux, jadis empreints de confiance, étaient désormais empreints de doutes et de secrets. Et cette distance n'avait fait qu'augmenter la suspicion qui s'était installée en elle. Elle sentait qu'il lui cachait quelque chose. Elle avait longtemps hésité, se demandant si ses inquiétudes étaient le fruit d'une imagination trop fertile ou si, effectivement, quelque chose d'obscur se tramait.

Ce soir-là, elle décida qu'il était temps de confronter son frère. Elle le trouva dans ses appartements, le visage perdu dans des papiers et des écrans holographiques, des documents relatifs à la sécurité du royaume qu'il semblait éplucher sans relâche. Il leva à peine les yeux en la voyant entrer, mais il la laissa s'approcher.

« Pourquoi cette distance, Eryan ? » demanda-t-elle d'une voix ferme, mais chargée d'une inquiétude palpable. « Pourquoi t'éloignes-tu de moi, de notre famille, de notre devoir ? »

Eryan sembla se tendre, mais il ne répondit pas immédiatement. Il posa son regard sur elle, une lueur de fatigue dans ses yeux. « Je ne m'éloigne pas, Lira. Je suis juste... préoccupé. Il y a des choses que tu ne comprends pas."

Lira s'approcha davantage, ses yeux brillants d'une détermination nouvelle. « Ce n'est pas une réponse. Je te connais. Et je vois les signes, Eryan. Tu te caches derrière des mensonges. Tu changes. Tu te comportes différemment. Depuis quand te sens-tu plus proche d'Althea que de ta propre sœur ? »

Le silence qui suivit fut lourd. Le nom d'Althea, prononcé avec une telle accusation, semblait toucher une corde sensible en lui. Ses traits se durcirent un instant, et il détourna le regard. « Tu ne comprends pas ce que c'est, Lira. Ce lien que j'ai avec elle... Ce n'est pas simplement un caprice. C'est bien plus que ça. »

Lira secoua la tête, désespérée. « Je ne veux pas de secrets entre nous. Pas après tout ce que nous avons traversé ensemble. Tu es mon frère, Eryan. Je t'aime, mais il est temps de tout affronter. »

Il se leva brusquement, les yeux brillants de frustration. « Tu n'as pas idée de ce que tu dis. Tu n'as pas vu ce que j'ai vu. Ce monde est pourri, Lira. Les trahisons sont partout. Ceux que nous croyons être nos alliés peuvent se retourner contre nous à tout moment. »

La tension monta d'un cran. Lira se rapprocha encore, son regard croisé avec celui de son frère. « Alors dis-moi la vérité. Explique-moi tout. Pourquoi te comportes-tu ainsi ? Pourquoi t'éloignes-tu de nous, et pourquoi lui fais-tu confiance, à elle ? »

Eryan la fixa longuement, et un éclair de douleur traversa son visage. Puis, d'un ton plus bas, presque à regret, il murmura : « Je ne peux pas tout t'expliquer. Pas encore. Mais sache une chose, Lira : tout ce que je fais, je le fais pour le bien du royaume. Pour le bien de notre futur. »

Lira observa son frère, incapable de percer le mystère qui l'entourait. Mais elle savait une chose : ce n'était plus le même Eryan. Le prince qu'elle avait connu avait disparu, remplacé par quelqu'un d'autre, un homme rongé par des secrets qu'il n'était pas prêt à dévoiler.

Alors qu'elle se tournait pour quitter la pièce, un cri perça le silence, suivi d'une série de bruits métalliques, assourdissants. Un assaut. Un éclair de panique traversa l'esprit de Lira. Elle courut vers la salle du conseil, où une explosion avait retenti, secouant les murs du palais. Les alarmes hurlaient, et des soldats se précipitaient dans toutes les directions.

Quand elle arriva sur place, elle vit la scène chaotique : des membres du personnel et des gardes étaient au sol, blessés, certains inconscients, d'autres gémissant de douleur. La fumée noire envahissait la pièce, rendant l'atmosphère presque irréelle. Le roi, secoué mais indemne, se tenait au milieu de la salle. Lira se précipita vers lui, son regard parcourant les lieux à la recherche d'Eryan.

« Que s'est-il passé ?! » cria-t-elle.

« Un attentat, » répondit le roi, la voix rauque. « Ils ont tenté de détruire le conseil. Heureusement, la sécurité a fait son travail. Mais ils ont agi vite. Trop vite. Nous avons failli tout perdre. »

Lira sentit une poussée de colère. « Qui sont ces coupables ? Où sont-ils ? »

Le roi secoua la tête, une expression sombre sur son visage. « C'est ce que nous devons découvrir. Il n'y a aucune trace. Pas de preuves évidentes. C'est comme si... comme si cet attentat avait été conçu pour ne laisser aucune piste. Ils ont frappé là où nous nous attendions le moins. »

Les autorités du palais étaient déjà en train de sécuriser les lieux, mais Lira se sentit perdue. Elle savait qu'il y avait des forces plus grandes à l'œuvre, des mains invisibles qui jouaient dans l'ombre. Quelque chose de bien plus sinistre que ce qu'ils avaient imaginé.

Alors qu'elle se retourna pour chercher des réponses, son regard croisa celui de son frère, qui venait d'arriver dans la salle. Ses traits étaient graves, son regard fixé sur elle, comme s'il savait déjà que les événements avaient pris une tournure plus sombre qu'il ne l'avait prévu. Mais il ne dit rien. Aucun mot ne sortit de ses lèvres. Seulement un échange silencieux, un regard partagé, un entendement tacite qu'ils n'étaient pas prêts à affronter.

Les questions restaient sans réponse, mais une certitude s'imposait dans l'esprit de Lira : cette tentative de coup d'État n'était que le début. Et, plus que jamais, elle devait protéger son frère, même si cela signifiait découvrir des vérités qu'elle n'était pas prête à entendre.

            
            

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