Retrouvailles Sous la Lune : Compagnons de Seconde Chance
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Chapitre 1 Chapitre 1

La pluie tombait en un rideau froid et impitoyable, s'écrasant sur la terre avec la régularité d'un battement de cœur. L'odeur métallique du sang s'y mêlait, transportée par le vent qui s'engouffrait entre les arbres noueux, sifflant à travers la forêt silencieuse. Il n'y avait plus de cris, plus de grognements de rage ou de douleur. Juste ce silence pesant, ponctué par le martèlement de l'averse.

Elle serra les dents et accéléra le pas, ses bottes s'enfonçant dans la boue. L'appel était venu à l'aube, un hurlement lointain, rauque, à peine distinct dans l'obscurité. Elle avait hésité. Un loup blessé, seul. Elle n'avait plus l'habitude d'agir ainsi, de répondre à l'instinct plutôt qu'à la raison. Mais quelque chose, une pulsation sourde sous sa peau, l'avait poussée à sortir. Alors elle avait saisi sa trousse de soins et s'était enfoncée dans les bois.

Le sentier était escarpé, traître sous la pluie qui le transformait en un amas glissant. Elle n'avait pas peur. L'obscurité de la forêt n'avait plus rien d'inquiétant pour elle. Elle y avait grandi, avait appris à en écouter les murmures, à en reconnaître les dangers. C'était autrefois un territoire familier, un refuge où elle se sentait à sa place. À présent, c'était juste une ombre du passé.

Elle s'arrêta net en le voyant.

La masse sombre gisait entre les racines d'un arbre, un corps tordu, inerte. Même à distance, elle distinguait les flancs soulevés par une respiration difficile, haletante. L'odeur de sang était forte, entêtante. Elle s'agenouilla, posant ses doigts sur le pelage trempé. Il était chaud sous sa paume, mais la fièvre était là, insidieuse. Elle plissa les yeux, cherchant les blessures.

Les entailles étaient profondes. Griffes. Crocs. Il avait combattu, et il avait perdu. Des morceaux de chair pendaient en lambeaux sur ses flancs, et une plaie béante marquait son épaule. Il n'avait pas dû fuir bien loin avant que ses forces ne l'abandonnent.

Elle soupira et ouvrit sa trousse, ignorant la sensation désagréable qui lui nouait l'estomac. Le soigner. Voilà ce qu'elle savait faire. Pas penser. Pas se demander d'où il venait, ni pourquoi il était seul. Seulement agir.

Les minutes s'égrenèrent dans une monotonie familière. Elle nettoya, recousit, bandant avec efficacité. Le loup ne réagissait pas, hormis quelques frémissements à chaque pression trop appuyée. Il devait être au bord de l'inconscience. Quand elle eut terminé, elle resta accroupie un instant, fixant le pelage sombre, réfléchissant.

Elle ne pouvait pas le laisser là.

L'idée la fit hésiter. Prendre soin de lui ici était une chose. L'emmener chez elle en était une autre. Cela faisait trop longtemps qu'elle ne s'était pas encombrée de qui que ce soit. Mais le laisser sous cette pluie, blessé et incapable de se défendre, c'était signer son arrêt de mort.

Elle poussa un soupir agacé, comme si elle pouvait se convaincre que tout cela l'embêtait profondément. Puis, avec précaution, elle glissa ses bras sous le corps massif et tira de toutes ses forces. Le poids la déséquilibra presque, mais elle tint bon.

Elle ramena le loup chez elle.

***

Les flammes projetaient une lueur tremblotante sur les murs de la pièce. L'odeur du sang persistait malgré l'alcool et les onguents. Elle s'était lavé les mains, puis était restée debout, observant le corps allongé sur la table.

Elle n'avait pas encore vu son visage. Il s'était transformé au cours du trajet, ses traits revenant à une forme humaine dans un processus naturel de guérison. Mais elle n'avait pas cherché à regarder. Peut-être parce qu'elle savait que la réponse ne lui plairait pas.

Elle finit par s'approcher, le cœur plus lourd qu'elle ne l'aurait voulu.

Il avait le teint pâle, presque cadavérique sous l'éclat de la lampe. Les mèches brunes, trempées et emmêlées, collaient à son front perlé de sueur. Sa mâchoire, jadis forte et fière, était marquée par la fatigue et l'épuisement. Il avait changé. Plus maigre, plus marqué. Mais c'était bien lui.

Elle sentit quelque chose se briser en elle.

La tempête de souvenirs s'abattit, brutale, implacable. Les nuits passées à rire sous la lune, les murmures échangés dans le secret des bois, la chaleur de ses bras autour d'elle. Puis l'abandon, la déchirure, le vide laissé derrière lui.

Elle recula, ses doigts se refermant sur le bord de la table comme si cela pouvait lui donner une prise sur la réalité. Il ne devait pas être là. Il ne devait plus exister dans son monde.

Mais il était là.

Et il était brisé.

Elle détourna les yeux, sentant une colère sourde monter en elle. Ce n'était pas son problème. Ce ne serait plus jamais son problème. Elle avait fait ce qu'elle devait faire. Soigner. Sauver. Maintenant, il partirait.

Elle se détourna et sortit, laissant derrière elle le fantôme du passé.

***

Le froid s'accrochait à sa peau comme une deuxième souffrance. Il marchait sans but précis, guidé par une seule nécessité : avancer.

Chaque pas envoyait une douleur lancinante le long de ses côtes. Il sentait le sang sécher contre sa peau, un rappel constant de son échec. Mais ce n'était pas la douleur physique qui l'accablait le plus.

Il avait tout perdu.

La trahison avait été un poignard enfoncé si profondément qu'il doutait de pouvoir un jour en retirer la lame. Il avait cru en elle. Il avait cru en ce que la Lune lui avait imposé. Et il s'était trompé.

Le poids du rejet le hantait encore.

Il s'arrêta, les poings crispés. Ses jambes tremblaient sous lui, son souffle était court. Son corps réclamait le repos, mais son esprit hurlait.

Il avait été roi. Maintenant, il n'était plus rien.

Un frisson le traversa. La fièvre gagnait du terrain. Il savait qu'il n'irait pas plus loin.

Puis, il sentit quelque chose. Une présence. Une chaleur.

Il ouvrit les yeux, mais sa vision était floue. Il vit seulement une silhouette, une lueur au milieu du néant. Des mains qui le touchaient, qui le portaient.

Une odeur.

Furtive, familière.

Un souvenir éclata dans son esprit, une image fugace, une voix qu'il croyait disparue.

Puis, plus rien.

***

Quand il ouvrit les yeux, il crut d'abord être mort.

Le plafond était familier, et l'odeur l'assaillit d'un coup, noyant tout le reste. Une fragrance douce, celle de plantes médicinales et de quelque chose de plus subtil, plus intime.

Il se redressa trop vite et une douleur fulgurante lui vrilla le torse. Un grognement lui échappa, et un mouvement attira son regard.

Elle était là.

Figée près de la porte, le regard sombre et impénétrable.

Son cœur manqua un battement.

C'était impossible.

Elle n'aurait jamais dû être là.

Son regard glissa sur son visage. Elle était plus belle encore que dans ses souvenirs. Plus dure aussi. Une ombre planait sur ses traits, une froideur nouvelle, comme un mur dressé entre eux.

Il ouvrit la bouche, mais aucun mot ne vint.

Elle croisa les bras et parla la première.

- Ne te méprends pas. Je t'ai soigné. C'est tout.

Sa voix était tranchante, sans la moindre émotion.

Il avala avec difficulté, luttant contre le flot de sensations qui l'envahissait.

Elle le regardait comme un étranger.

Et il comprit.

Il n'avait plus sa place ici.

Il n'avait jamais eu sa place auprès d'elle.

Le silence s'installa, pesant, cruel.

Elle finit par détourner les yeux, et ce simple geste lui fit plus mal que toutes les blessures de son corps réunies.

Il avait cru connaître la douleur.

Mais ce n'est que maintenant, en voyant ce regard vide posé sur lui, qu'il comprit ce que signifiait vraiment être brisé.

Elle avait appris la nouvelle par hasard, au détour d'une conversation qu'elle n'aurait même pas dû entendre. Un murmure échappé dans l'air tiède de l'après-midi, porté par le vent jusqu'à ses oreilles. Rien de bien important en soi. Juste un fait, une information lâchée avec la nonchalance de ceux qui ignorent à quel point un nom peut encore brûler.

Il est de retour.

Elle n'avait pas réagi. Pas un sursaut, pas un frisson. Juste un battement de cœur un peu plus fort, vite réprimé. Ce n'était rien. Cela ne changeait rien.

Alors elle avait continué à travailler, à classer des fioles et à rédiger ses notes comme si ces mots n'avaient pas cherché à creuser une brèche en elle. Elle n'avait pas cillé, pas laissé la moindre fissure apparaître. Il y avait longtemps qu'il n'avait plus d'importance.

Le passé était un cadavre qu'elle avait enterré de ses propres mains.

***

Il ne comprenait pas.

Quelque chose clochait, quelque chose le dérangeait depuis son réveil. Une sensation diffuse, insidieuse, qui s'accrochait à lui sans qu'il puisse la nommer. Comme un murmure au creux de son crâne, un frisson sous sa peau.

Elle.

Chaque fois qu'elle était là, l'air semblait vibrer différemment. Il ressentait sa présence avant même qu'elle ne parle, avant même qu'elle ne le regarde – si toutefois elle le regardait encore. Il la suivait du regard sans le vouloir, s'attardait sur la courbe d'un geste, sur la lumière fugace dans ses yeux.

Mais il ne comprenait pas pourquoi.

Il n'y avait pas d'attache entre eux. Pas de lien, pas de raison pour que son simple souffle le hante.

Pourtant, chaque fois qu'elle entrait dans la pièce, il sentait son propre cœur rater un battement.

            
            

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