Chapitre 4 Dévorer l'interdit

Chapitre 4 : Dévorer l'Interdit

LE Point de vue de Nikolaï Volkov

Elle était trop près.

Trop près de moi, trop près de la ligne que je m'étais juré de ne pas franchir.

Elle me regardait avec cette lueur d'incertitude dans les yeux, un mélange de peur et de curiosité. Son souffle était court, son corps tendu, mais elle ne reculait pas.

Elle voulait comprendre.

Mais si elle savait... si elle réalisait l'ampleur du monstre qui se tenait devant elle, elle fuirait sans se retourner.

Je levai une main et effleurai doucement sa joue. Sa peau était chaude, douce sous mes doigts.

- Tu devrais retourner dans ta chambre, murmurai-je.

Elle frissonna, mais elle ne bougea pas.

Son entêtement m'amusait autant qu'il me rendait fou.

- Et si je ne veux pas ? souffla-t-elle.

Mon corps réagit avant mon esprit.

J'attrapai sa taille et la plaquai contre le mur dans un mouvement fluide, sans lui laisser le temps de protester.

Ses lèvres s'entrouvrirent sous la surprise, et mon regard glissa instinctivement vers sa bouche.

Merde.

Je sentis son souffle chaud contre ma peau, la tension électrique entre nous.

- Tu ne sais pas à quoi tu joues, Alina, avertis-je d'une voix rauque.

Ses yeux brillaient d'une lueur indéchiffrable.

- Et vous ? À quoi jouez-vous avec moi, Nikolaï ?

Sa voix était un murmure, un défi que je n'avais pas vu venir.

Je luttais contre l'envie de la dévorer. De la goûter.

Mais elle n'était pas prête.

Pas encore.

Je desserrai lentement mon emprise, reculant à contrecœur.

- Dors, ordonnai-je simplement.

Son regard resta accroché au mien quelques secondes encore avant qu'elle ne s'éloigne, hésitante, puis disparaisse dans le couloir.

Dès qu'elle fut partie, je passai une main sur mon visage et soupirai.

Elle était en train de me rendre fou.

Et le pire dans tout ça ?

J'adorais ça.

Quand la porte de sa chambre se referma, je restai immobile un long moment, les poings serrés. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle ne savait pas à quel point elle jouait avec le feu. Alina... Rien que son nom me troublait. Il roulait sur ma langue comme un poison doux-amer, un piège dont je ne parvenais pas à me défaire.

J'aurais dû la repousser plus violemment. Lui faire comprendre qu'elle n'avait rien à attendre de moi, rien à espérer.

Mais au lieu de ça, je l'avais touchée.

Merde.

Je quittai la pièce et descendis les escaliers lentement, chaque pas résonnant dans le silence pesant du manoir.

J'avais besoin d'un verre.

Dans mon bureau, j'attrapai une bouteille de whisky et me servis un verre d'une main ferme. Je portai le cristal à mes lèvres et avalai une longue gorgée, espérant noyer cette frustration qui me rongeait.

Mais rien n'y faisait. Elle était encore là, dans ma tête. Dans ma peau. Je n'avais jamais été un homme patient. Ni un homme doux. Et pourtant, avec elle... Un bruit me tira de mes pensées. Des pas légers dans le couloir.

Je posai mon verre et me levai d'un bond.

Elle ?

Non. Les pas étaient plus fermes, plus assurés. Quelques secondes plus tard, Mikhaïl, mon bras droit, apparut dans l'encadrement de la porte.

- J'espère que tu as une bonne raison de me déranger, grondai-je.

Il haussa un sourcil en voyant ma posture tendue.

- Tu es à cran, patron.

Je le fusillai du regard. Il haussa les épaules et entra, refermant la porte derrière lui.

- Mauvaise nouvelle, continua-t-il. L'homme qui a essayé de prendre la fille ce soir... ce n'était qu'un avertissement.

Mon sang se glaça.

- Un avertissement de qui ?

Mikhaïl s'adossa au mur, bras croisés.

- On ne sait pas encore. Mais quelqu'un veut qu'elle disparaisse.

Un silence pesant s'installa. Je serrai les mâchoires, sentant une rage froide m'envahir.

Je ne savais pas pourquoi Alina était prise pour cible.

Mais une chose était sûre :

Personne ne toucherait à ce qui était à moi.

- Trouve-moi qui a donné cet ordre, ordonnai-je d'une voix glaciale.

Mikhaïl hocha la tête sans poser de questions. Il savait quand parler et quand se taire. C'était pour ça qu'il était mon homme de confiance.

- On interroge quelques gars en ville. On aura une piste avant l'aube.

- Fais vite.

Mon ton ne laissait aucune place à la discussion.

Je vidai mon verre d'un trait, mais l'alcool n'apaisa pas ma colère.

Qui pouvait vouloir Alina morte ? Elle n'était personne dans ce monde. Pas une criminelle, pas une héritière, pas une menace. Alors pourquoi ?

J'avais vu la terreur dans ses yeux ce soir-là. Une peur brute, incontrôlable. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait en danger. Qu'est-ce qu'elle me cachait ?

Je me levai brusquement et me dirigeai vers l'escalier. Mikhaïl m'observa avec une lueur d'amusement.

- Tu vas la voir ?

Je ne répondis pas.

Mais il avait raison.

Je montai à l'étage en silence. Devant la porte de sa chambre, j'hésitai une seconde avant de l'ouvrir.

La pièce était plongée dans l'obscurité.

Alina dormait, recroquevillée sous les draps. Son visage, enfin détendu, était paisible sous la lueur argentée de la lune.

Je me surpris à la détailler.

Sa peau claire, ses cheveux en bataille sur l'oreiller, la courbe délicate de son cou...

Merde.

Je n'avais pas le droit de la désirer.

Elle était une faiblesse. Une faiblesse que mes ennemis allaient exploiter.

Je devais la garder en vie, c'était tout.

Mais en la regardant dormir, une vérité brutale s'imposa à moi.

Alina n'était plus seulement une responsabilité.

Elle était en train de devenir une obsession.

            
            

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