Chapitre 3 Un jeu dangereux

Chapitre 3 : Un Jeu Dangereux

LE Point de vue d'Alina Morozov)

L'intérieur du manoir de Nikolaï Volkov était exactement comme je l'avais imaginé : froid, luxueux et terriblement impersonnel. De hauts plafonds, des lustres en cristal, des meubles modernes aux lignes épurées. Rien ici ne laissait transparaître une quelconque chaleur humaine.

Et pourtant, il m'y avait fait entrer.

Moi, une simple serveuse, complètement étrangère à son univers.

- Suis-moi, ordonna-t-il d'un ton neutre.

Sans un mot, je le suivis à travers les couloirs silencieux. Mon cœur battait toujours trop vite, mon corps encore sous l'adrénaline de ce qui venait de se passer.

Nous montâmes un large escalier en marbre, puis il ouvrit une porte sur la droite.

- C'est ta chambre, annonça-t-il.

J'hésitai un instant avant d'entrer. La pièce était immense, bien trop luxueuse pour une simple nuit. Un grand lit recouvert de draps en soie beige trônait au centre, un balcon donnait sur la ville illuminée, et une porte menait à ce qui devait être une salle de bain privative.

- Je ne peux pas rester ici, dis-je faiblement.

Nikolaï s'adossa contre le chambranle de la porte, croisant les bras.

- Tu veux dormir dans la rue ?

- Ce n'est pas la question...

Je me retournai pour lui faire face.

- Pourquoi faites-vous ça ?

Son regard s'assombrit.

- Je te l'ai dit. Tu es en danger.

- À cause de vous.

Il ne broncha pas.

- Oui.

Je fus surprise par son honnêteté.

- Alors pourquoi ne pas me laisser partir ? Je peux quitter la ville, disparaître...

Il eut un sourire sans joie.

- C'est trop tard pour ça, Alina.

Je sentis mon estomac se nouer.

- Qu'est-ce que vous voulez ? demandai-je doucement.

Il s'approcha lentement, réduisant la distance entre nous. Son odeur - un mélange de cuir, de tabac et de quelque chose de plus sombre - m'enveloppa.

- Je veux m'assurer que tu restes en vie, murmura-t-il.

Son ton était presque doux, mais ses yeux racontaient une autre histoire.

Je reculai d'un pas, sentant un frisson me parcourir.

- Et après ?

Il haussa un sourcil, amusé.

- Après ?

Il effleura une mèche de mes cheveux, et je détestai la manière dont mon corps réagit à ce simple contact.

- Je suppose que ça dépend de toi, souffla-t-il.

Son regard se posa sur ma bouche une fraction de seconde avant qu'il ne se détourne brusquement.

- Repose-toi.

Et il quitta la pièce sans un mot de plus.

Je restai figée un instant, essayant de calmer les battements erratiques de mon cœur.

Nikolaï Volkov était un mystère dangereux.

Et malgré moi, j'avais déjà mis un pied dans son jeu.

La seule question qui restait était : allait-il me consumer... ou allais-je le détruire en premier ?

Le silence du manoir était oppressant.

Allongée sur le lit, je fixais le plafond, incapable de fermer l'œil. L'adrénaline de la nuit n'avait pas disparu. Les images défilaient en boucle dans ma tête : cet homme dans la rue, sa voix qui prononçait mon nom, le coup de feu, le regard impénétrable de Nikolaï...

Pourquoi moi ?

J'étais une simple serveuse. Je n'avais aucun lien avec le crime, aucune dette, aucun secret. Et pourtant, je me retrouvais enfermée dans la maison d'un homme que tout le monde craignait.

Un homme qui me troublait bien plus que je ne voulais l'admettre.

Je soupirai et me redressai. Impossible de rester allongée plus longtemps.

Ma chambre était immense, luxueuse, mais elle me donnait l'impression d'être une prisonnière. Je me levai, pieds nus sur le sol froid, et me dirigeai vers la porte.

Quand je l'ouvris, le couloir était plongé dans la pénombre.

L'atmosphère du manoir était différente la nuit. Plus lourde, plus dangereuse. Comme si l'ombre de Nikolaï Volkov hantait chaque recoin.

Je longeai le couloir, incertaine de ce que je cherchais. De l'air ? Des réponses ?

J'arrivai devant une porte entrebâillée. De la lumière filtrait à l'intérieur.

Curieuse, je poussai légèrement la porte...

Et ce que je vis me coupa le souffle.

Nikolaï était là, torse nu, une serviette enroulée autour de ses hanches. Des gouttes d'eau glissaient le long de ses muscles sculptés, trahissant une douche récente.

Il se retourna lentement vers moi, comme s'il savait que j'étais là depuis le début.

Son regard me captura aussitôt.

- Tu ne devrais pas être ici, murmura-t-il.

Ma bouche s'assécha.

- Je... je ne dormais pas.

Un sourire en coin apparut sur ses lèvres.

- Et donc tu as décidé d'explorer ma maison en pleine nuit ?

Sa voix rauque envoya un frisson le long de ma colonne vertébrale.

Je détournai les yeux, honteuse.

- Je voulais juste... réfléchir.

Un silence s'installa. Puis, sans prévenir, il s'approcha lentement.

Je voulus reculer, mais mon corps refusa de bouger.

- Réfléchir à quoi ?

Son souffle chaud effleura ma peau. Je sentis mon cœur tambouriner dans ma poitrine.

- À pourquoi vous faites ça, murmurai-je.

Il posa un doigt sous mon menton, relevant doucement mon visage vers le sien.

- Et as-tu trouvé la réponse ?

Je secouai la tête.

- Non.

Son regard devint plus sombre, plus intense.

- Alors peut-être que tu cherches au mauvais endroit.

Ses doigts effleurèrent ma joue, et je me sentis prise dans une tempête dont je ne contrôlais plus rien.

Je savais qu'il était dangereux. Qu'il représentait tout ce que je devais fuir.

Mais à cet instant précis, je ne voulais pas fuir.

Je voulais comprendre.

Je voulais me perdre.

Dans lui. Dans cette attraction irrésistible qui nous consumait lentement.

Nikolaï s'approcha encore, réduisant l'espace entre nous à un souffle.

- Tu devrais retourner dans ta chambre, murmura-t-il contre ma peau.

Mais nous savions tous les deux que je ne le ferais pas.

            
            

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