Elle se retourna et sourit en voyant Thomas, un de ses collègues. Grand, charismatique, avec un sourire éclatant, il était du genre à mettre tout le monde à l'aise. Ils s'entendaient bien, et Juliana appréciait sa compagnie.
- Ouais, j'en ai eu assez pour aujourd'hui.
- Je comprends. Mais avant que tu partes... ça te dirait d'aller boire un verre ?
Juliana haussa un sourcil.
- Maintenant ?
- Oui, un petit afterwork. Juste toi et moi.
L'intention était claire. Thomas lui avait déjà fait des avances subtiles par le passé, mais elle n'avait jamais vraiment prêté attention. Sauf que maintenant, la situation était différente.
- Je suis mariée, rappela-t-elle en levant sa main gauche, montrant sa bague.
Thomas haussa les épaules avec un sourire amusé.
- Un verre, ça ne veut rien dire. Ton mari ne sera pas jaloux, si ?
Juliana allait répondre, mais une voix derrière elle la devança.
- Il pourrait bien l'être.
Elle se retourna brusquement. Alex était là, debout dans l'entrée du bâtiment, les bras croisés.
Juliana sentit son cœur rater un battement.
Thomas, lui, resta impassible, affichant toujours son sourire.
- Ah, donc c'est toi, le fameux mari ?
Alex s'approcha, posa une main possessive sur la hanche de Juliana et planta son regard dans celui de Thomas.
- Ouais, c'est moi.
Un silence s'installa.
Juliana sentit la tension monter.
- Bon, je vais y aller, lâcha Thomas, toujours avec son sourire. À bientôt, Juliana.
Il s'éloigna, et dès qu'il disparut, elle se tourna vers Alex, furieuse.
- C'était quoi, ça ?
- C'était moi qui viens chercher ma femme au travail.
- Oh, arrête. Tu es venu pour quoi, exactement ? Me surveiller ?
- Je voulais juste te voir, mais apparemment, j'arrive au bon moment.
- Au bon moment pour quoi ?
- Pour te rappeler que tu es mariée.
Elle ouvrit la bouche, incrédule.
- Tu es jaloux ?
Il détourna les yeux, croisa les bras.
- Moi ? Pff.
- Oh mon Dieu, tu es jaloux !
Elle ne savait pas pourquoi ça l'amusait autant. Peut-être parce que c'était la première fois qu'Alex réagissait de manière aussi spontanée et... sincère.
- Ce type te drague ouvertement et toi, tu trouves ça normal ?
- Il m'a juste proposé un verre !
- Un verre qui allait finir comment ?
Elle roula des yeux.
- On n'est même pas censés être un vrai couple, au cas où tu aurais oublié.
- Peut-être, mais je n'ai pas envie qu'un autre mec te tourne autour.
Elle resta figée un instant.
C'était bien ça. Alex était jaloux. Mais pas juste par fierté ou par principe. Il commençait réellement à tenir à elle.
Elle croisa les bras, le fixant intensément.
- Alors c'est ça, hein ? Tu tiens à moi.
Il détourna encore les yeux, mal à l'aise.
- Arrête de dire des bêtises.
- Avoue-le.
- J'ai rien à avouer.
Elle s'approcha, provocatrice.
- Avoue.
Il la fixa, les mâchoires serrées. Puis, dans un mouvement brusque, il attrapa sa taille et l'attira contre lui.
- Tu veux vraiment que je l'avoue ?
Elle frissonna. Son cœur battait à toute allure.
- Oui.
Il plongea son regard dans le sien, puis, sans prévenir, il l'embrassa.
C'était différent du baiser au cinéma. Plus intense, plus urgent. Comme s'il voulait lui prouver quelque chose.
Quand ils se séparèrent, Juliana était à bout de souffle.
- Ok, murmura-t-elle. Ça, c'était inattendu.
- Maintenant, tu sais.
Elle le regarda, hésitante.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
Un léger sourire apparut sur ses lèvres.
- On rentre à la maison.
Et, cette fois, elle ne protesta pas.Les premières semaines avaient été remplies de petites découvertes, souvent agréables, mais aussi de tensions sous-jacentes. La cohabitation, même temporaire, n'était pas aussi simple qu'ils l'avaient imaginé. L'idée de vivre ensemble semblait évidente au début, mais la réalité était bien différente.
Juliana se leva tôt ce matin-là, comme d'habitude, mais cette fois, un sentiment de frustration pesait sur ses épaules. La nuit précédente, elle s'était retrouvée encore une fois à devoir supporter les petites manies d'Alex. Il avait laissé ses chaussettes traîner dans le salon, puis avait mis la télé à fond sans raison apparente, juste pour "lancer un peu de bruit dans l'appartement". Elle en avait assez.
Elle se rendit dans la cuisine pour préparer son café, mais Alex y était déjà, debout, en train de fouiller dans les placards.
- T'as vu la dernière boîte de céréales ? demanda-t-il sans même la regarder.
- Non, mais tu l'as sûrement vidée avant même de me prévenir que tu avais mangé la dernière portion.
Alex tourna la tête vers elle et haussait les épaules comme si ça n'avait aucune importance.
- Désolé, j'ai oublié de te prévenir. Tu veux que je t'en achète ce soir ?
Juliana soupira et se pencha pour attraper une tasse. Elle ne pouvait plus ignorer l'irritation qui montait en elle.
- Ce n'est pas juste ça. Tu laisses tout traîner. C'est le bordel ici, et moi, j'en ai marre de ramasser tes affaires.
Il la regarda d'un air un peu surpris.
- Je pensais qu'on avait dépassé ce genre de trucs. On se chamaille, ok, mais ça n'a jamais été aussi grave, non ?
- Tu ne comprends pas. Chaque jour, c'est la même chose, Alex. Je suis fatiguée de tout remettre en place tout le temps.
Un silence s'installa entre eux. Elle voyait bien qu'il essayait de comprendre, mais il n'arrivait pas à saisir l'ampleur de son agacement. Elle en avait assez de faire semblant, de jouer à être bien dans une situation qui la rendait nerveuse.
- Peut-être qu'on devrait juste... arrêter de vivre ensemble, suggéra-t-elle, essayant de rester calme.
Alex la fixa, un peu décontenancé.
- Quoi ?
- Je veux dire, ça ne marche pas. Ce n'est pas ce qu'on avait prévu.
Elle pouvait sentir sa propre frustration se déverser dans ses mots, mais elle ne pouvait pas faire autrement.
- Attends une minute, Juliana. Tu veux vraiment ça ?
Elle se tourna vers lui, les bras croisés.
- Quoi ? Que tu continues à me laisser ramasser après toi ? Ou que tu ignores les petites choses qui m'énervent et qui s'accumulent ?
Alex haussait les épaules.
- C'est un peu exagéré, non ? Si on commence à se disputer pour des broutilles, je ne vois pas comment ça va marcher.
- C'est exactement ça. On vit ensemble, et tout devient une source de tension. J'ai l'impression d'être dans une relation de couple, mais dans laquelle je suis tout le temps sur le qui-vive.
Il se leva du comptoir, visiblement agacé lui aussi.
- Ce n'est pas facile pour moi non plus, ok ? Je n'ai jamais vécu avec quelqu'un. C'est... compliqué.
Elle soupira, la tension palpable entre eux.
- Alors, peut-être que je devrais trouver un autre endroit. Je ne peux pas rester dans cette situation.
Alex se figea, et Juliana le regarda, attendant sa réponse. Mais il ne disait rien, comme s'il ne voulait pas comprendre l'ampleur de ce qu'il venait d'entendre.
Elle prit son sac à main et se dirigea vers la porte.
- Où tu vas ? demanda-t-il enfin.
- Je vais chercher un appartement. Je ne vais pas vivre dans cette situation encore longtemps.
Elle entendit son souffle se couper et se retourna brièvement. Alex semblait désemparé.
- Attends, Juliana. Tu... tu veux vraiment ça ?
Elle le regarda longuement, les émotions se bousculant en elle.
- Je ne sais pas. Peut-être que je veux juste avoir un peu d'espace, un peu de tranquillité.
Il s'approcha alors, ses yeux fixant les siens.
- Juliana... tu sais que je tiens à toi, non ?
Elle se figea sur place, surprise par la sincérité dans sa voix.
- Comment ça, tu tiens à moi ?
- Ce n'est pas juste une question de cohabitation ou de petits conflits. C'est... plus compliqué que ça. Et je n'ai pas envie de te perdre.
Elle sentit une bouffée de chaleur envahir son ventre. Elle n'aurait jamais cru entendre ça de sa bouche.
- Mais, Alex... on se dispute tout le temps !
Il se pencha un peu plus près d'elle, sans la toucher, juste en restant là, dans l'espace entre eux.
- C'est normal. Ce n'est pas parfait. Mais on peut travailler là-dessus. Ce n'est pas la fin du monde. Je ne veux pas que tu cherches ailleurs.
Juliana resta silencieuse un instant. Elle pouvait sentir son cœur battre plus vite. Il avait fait un pas vers elle, une confession d'âme que, d'une certaine façon, elle attendait. Mais elle ne voulait pas que ses émotions la submergent trop vite.
- Tu me dis ça parce que tu ne veux pas être seul ou parce que tu tiens vraiment à moi ?
Il la regarda, hésitant. Il se passa une main dans les cheveux.
- Je crois que je tiens vraiment à toi.
Elle hocha lentement la tête, la voix presque étouffée par la boule qui se formait dans sa gorge.
- D'accord. Mais ça ne veut pas dire que je vais tout accepter. J'ai besoin d'un peu de temps.
Il hocha la tête, visiblement soulagé, mais aussi un peu vulnérable.
- Prends le temps qu'il te faut. Mais... tu sais où je suis, si tu veux en parler.
Juliana resta là un moment, les yeux rivés sur lui. Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait faire, ni si cette cohabitation finirait par marcher. Mais une chose était claire : les choses avaient changé. Et peut-être que, tout comme lui, elle n'était pas prête à tout laisser tomber si facilement.La soirée était censée être simple. Juste une soirée entre amis. Juliana avait essayé d'être enthousiaste à l'idée de passer la soirée dans un petit appartement, à l'écart de la folie de la ville, entourée de gens qu'elle connaissait à peine. Alex, quant à lui, n'était pas plus emballé que cela, mais il savait que, de toute façon, il n'avait pas vraiment le choix.