Chapitre 4 Chapitre 4

Le souffle court, les pieds frappant la terre humide, elle courait. L'air nocturne fouettait son visage, mais elle n'y prêtait pas attention. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, à un rythme affolé, désordonné. L'ombre derrière elle se mouvait sans bruit, tapie dans l'obscurité de la forêt. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'elle était toujours là.

Elle ne savait plus depuis combien de temps elle fuyait. Une heure ? Deux ? Toute une vie ?

Ses muscles brûlaient, sa gorge était sèche, mais elle n'avait pas le droit de s'arrêter. Pas tant que ces choses la poursuivaient.

Un craquement derrière elle.

Son instinct hurla, et elle bondit de côté juste avant qu'une main griffue ne tente de la saisir. Elle roula au sol, son épaule cognant contre une racine, mais elle se releva immédiatement.

Ne pas s'arrêter.

Jamais.

Les ombres chuchotaient derrière elle. Des voix sifflantes, inhumaines, résonnaient dans le vent.

** »Reviens... Tu ne peux pas fuir éternellement. »**

Elle ravala un cri et accéléra, son corps se transformant à moitié sous l'effet de l'adrénaline. Ses ongles devinrent des griffes, sa vision s'affûta dans l'obscurité. Mais elle savait que ce ne serait pas suffisant. Pas contre **eux**.

Une clairière apparut devant elle, baignée par la lueur froide de la lune. Elle hésita une fraction de seconde avant de s'y engouffrer, sachant que cela la rendait plus visible. Mais elle avait besoin d'un plan. D'un miracle.

Une silhouette se dressa soudain au milieu de l'herbe haute.

Elle s'arrêta net, le souffle coupé.

L'homme était grand, voûté par l'âge, mais il imposait toujours le respect. Un manteau de fourrure couvrait ses épaules, et ses yeux pâles brillaient comme deux lanternes fantomatiques.

- Tu es en retard, murmura-t-il d'une voix rauque.

Elle ouvrit la bouche, incapable de parler, son corps tremblant sous l'effort et la peur.

- Ils... Ils arrivent...

Il ne sembla pas surpris.

- Je sais.

Il leva une main ridée, traçant un symbole invisible dans l'air.

Les ombres s'arrêtèrent à la lisière de la clairière, hésitantes.

Le vieil homme esquissa un sourire fatigué.

- Tu ne peux plus fuir indéfiniment, enfant.

Elle secoua la tête, luttant pour reprendre son souffle.

- Je n'ai pas le choix.

Il la fixa longuement, puis soupira.

- Il est temps. Tu dois te souvenir.

Avant qu'elle ne puisse réagir, il posa une main glacée sur son front.

Un éclair de douleur traversa son crâne.

Et tout bascula.

Un cri silencieux se bloqua dans sa gorge alors que la douleur vrillait son esprit. Elle voulut reculer, s'échapper, mais les doigts du vieil homme étaient comme des serres, ancrés sur sa peau, l'empêchant de fuir.

Les ombres à la lisière de la clairière s'agitaient, impatientes, sifflantes. Elles attendaient qu'elle s'effondre. Qu'elle soit vulnérable.

Mais au lieu de s'éteindre, quelque chose en elle s'ouvrit.

Des images s'engouffrèrent dans son esprit.

Un château baigné de lumière, entouré de hautes murailles. Des rires dans un jardin fleuri. Un regard doré, intense, brûlant d'un amour qu'elle croyait perdu à jamais.

Puis le feu.

Les hurlements.

Les chaînes autour de ses poignets.

Elle se vit fuir à travers une forêt semblable à celle-ci, mais sous une pluie battante, le corps meurtri, le souffle rauque. Et une promesse, murmurée entre deux râles :

** »Tu dois survivre. »**

Elle ouvrit les yeux en haletant, des larmes incontrôlables roulant sur ses joues. Ses jambes cédèrent sous elle, et elle tomba à genoux, le cœur battant à tout rompre.

- Je...

Sa voix tremblait.

Le vieil homme la fixait toujours, impassible.

- Tu te souviens maintenant ?

Elle leva lentement la tête, croisant son regard pâle.

- Ce n'est pas possible...

Mais elle savait que si.

Elle savait qui elle était.

Elle savait **ce qu'elle était**.

Et elle savait que Reylan la cherchait.