UNE NUIT, UNE VIE BOULEVERSÉE
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Chapitre 4 Chapitre 4

4: Je suis foutu

Je suis restée là, figée dans cette ruelle sombre, mon sac vidé, mes mains tremblantes, incapable de respirer correctement.

Pourquoi ?

Pourquoi ma vie était-elle condamnée à être un enchaînement de souffrances et de complications ?

D'abord, Ethan. L'homme que j'aimais, l'homme pour qui j'aurais tout donné, qui m'avait trahie sans une once de remords.

Et maintenant... ça.

Moi qui avais voulu tourner la page, qui avais voulu être forte, reprendre ma vie en main.

Tout ça pour quoi ? Pour me retrouver dans une situation encore pire ?

J'ai senti les larmes monter, brûlantes, incontrôlables. C'était la seule chose que je pouvais faire à cet instant précis : pleurer.

Je me suis laissée glisser contre le mur, les genoux repliés contre moi, et j'ai enfoui mon visage dans mes mains.

Tout était fini.

J'ai perdu l'argent. Une somme colossale. Ce n'était même pas à moi, mais c'était moi qui devais la protéger. Vargas ne me pardonnerait jamais ça.

Qu'est-ce que j'allais faire ?

Je ne pouvais pas aller à la police. Je ne pouvais pas demander de l'aide à Lina. Et je ne pouvais certainement pas m'enfuir.

Après de longues minutes à suffoquer sous la panique, j'ai rassemblé le peu de force qui me restait et je me suis levée tant bien que mal.

Il fallait que je rentre.

J'ai marché d'un pas incertain, regardant autour de moi comme une proie traquée. Chaque silhouette me semblait menaçante, chaque bruit me faisait sursauter. J'avais l'impression que le sol sous mes pieds allait se dérober à tout moment.

Quand je suis enfin arrivée à mon immeuble, mes mains tremblaient tellement que j'ai mis plusieurs secondes à insérer la clé dans la serrure.

Et c'est à ce moment-là que mon téléphone a sonné.

Je n'avais pas besoin de regarder l'écran pour savoir qui c'était.

Monsieur Vargas.

J'ai fermé les yeux un instant, pris une profonde inspiration, puis j'ai décroché, collant lentement le téléphone à mon oreille.

- Allô... ai-je murmuré, la gorge serrée.

Sa voix a claqué comme un coup de fouet.

- Maya. Où es-tu ? La livraison est faite ?

J'ai fermé les yeux plus fort, comme si ça pouvait m'aider à fuir la réalité. Il allait péter les plombs. Je me suis forcée à parler, même si ma voix tremblait.

- Non.

Un silence.

Un silence pesant, glacial, avant l'explosion.

- Comment ça, non ?

J'ai inspiré profondément, essayant de contrôler mes larmes.

- Je... Je me suis fait voler.

Un autre silence, plus court cette fois. Puis un rire.Pas un rire amusé. Un rire dangereux.

- Maya...Sa voix était plus lente, plus sombre. Répète-moi ça.

Je me suis mordu la lèvre, cherchant mes mots, mais il n'y avait aucune façon de rendre ça moins catastrophique.

- Trois types m'ont attaquée en rentrant. Ils savaient ce que je transportais. Ils avaient un couteau... Je n'ai rien pu faire.

Sa respiration s'est faite plus forte, plus rapide. Je l'entendais perdre patience, je l'entendais devenir fou.

- Tu te fous de moi ? a-t-il craché. Tu viens de perdre MON argent ?

Je me suis agrippée à la poignée de la porte, mes jambes devenant faibles.

- Je... Vargas, je n'ai pas fait exprès !

- Ça ne m'intéresse pas.Sa voix était tranchante, impitoyable. Je veux mon fric.

J'ai laissé échapper un rire amer, nerveux. Comme si c'était si simple.

- Mais comment ?! ai-je crié, la panique reprenant le dessus. Même mon salaire d'un an ne paierait pas un tiers de ce que j'ai perdu !

- Ce n'est pas mon problème, Maya.

Son ton était froid, sec, sans aucune pitié.

- T'as une semaine. Une semaine pour me rendre mon argent. Ou je viendrai le chercher moi-même.

Puis il a raccroché.

Je suis restée là, le téléphone encore collé à mon oreille, figée dans l'horreur. Une semaine. J'avais une semaine pour trouver une somme d'argent que je n'avais pas.

Et si je n'y arrivais pas... Vargas viendrait me chercher.

Je suis rentrée chez moi comme un fantôme.

Les jambes lourdes, le souffle court, la tête remplie de pensées sombres qui tournaient en boucle. Une semaine. C'est tout ce que Vargas m'avait donné. Une semaine pour trouver une somme d'argent que je n'avais pas. Une semaine avant que tout ne bascule.

J'ai refermé la porte derrière moi et j'ai laissé mon corps s'effondrer lentement contre le mur.

Qu'est-ce que j'allais faire ?

J'ai levé les yeux vers l'étagère du salon, et mon regard est tombé sur une bouteille de vin rouge que j'avais laissée là depuis des mois.

Je n'avais pas bu depuis longtemps.

J'avais promis à Lina d'arrêter.

Mais à cet instant précis, plus rien n'avait d'importance.

Je me suis levée lentement, comme en transe, et j'ai attrapé la bouteille d'une main tremblante.

Le bouchon a résisté quelques secondes avant de céder dans un petit bruit sec. J'ai renversé un peu de vin dans un verre, mais au bout de deux gorgées, ça ne m'a pas suffi.

J'ai bu à même la bouteille.

La chaleur de l'alcool a envahi ma gorge, puis mon ventre. C'était censé m'apaiser, mais ça n'a fait qu'aggraver mon désespoir.

Je me suis laissée glisser au sol, ma tête posée contre le canapé, la bouteille entre mes doigts.

Je suis foutue.

J'ai fermé les yeux, l'alcool tournant déjà dans mon crâne. Les larmes coulaient sans même que je m'en rende compte. À quoi bon lutter ?

C'est dans cet état que Lina m'a trouvée en rentrant.

J'ai à peine entendu la porte s'ouvrir, puis refermer. Des bruits de pas. Une seconde de silence.

- Maya ?

Sa voix était remplie d'incompréhension.

J'ai ouvert les yeux difficilement, et j'ai vu son visage inquiet se pencher au-dessus de moi.

- Maya, qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu es comme ça ?

Elle a regardé la bouteille à moitié vide à côté de moi et son regard s'est assombri.

- T'avais arrêté...

J'ai ri, un rire sans joie, amer.

- J'avais arrêté, oui... mais aujourd'hui, Lina...

Je me suis redressée légèrement, luttant contre le tournis, et je l'ai regardée droit dans les yeux.

- On est dans la merde.

Son expression a changé instantanément.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

J'ai pris une grande inspiration et, avec toute la difficulté du monde, je lui ai raconté tout.Le travail illégal. L'argent. Le cambriolage. Vargas et son ultimatum.

Lina est devenue blanche comme un linge.

- Maya... a-t-elle murmuré, dis-moi que c'est une blague.

J'ai secoué la tête, sentant une nouvelle vague de panique monter en moi.

- J'aimerais bien que ce soit une blague, Lina. Mais ce n'est pas le cas.

Elle s'est laissée tomber sur le sol à côté de moi, complètement sous le choc.

Un silence pesant s'est installé entre nous.

Puis, doucement, la réalité a commencé à nous écraser.

J'ai murmuré, presque pour moi-même :

- On est foutues.

            
            

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