Sois ma femme, sois ma reine
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Chapitre 4 Chapitre 4

Selene se tenait dans le grand salon, le cœur battant, là où les rumeurs et le murmure du vent se mêlaient. Elle avait écouté, observé pendant des jours, assimilé chaque fragment d'information qui flottait dans l'air comme une épaisse brume. Les nobles parlaient en chuchotant, leurs visages illuminés par les candélabres, mais dans cette lumière, des ombres plus sombres s'étendaient, des tensions cachées ondulant entre eux.

Le banquet avait été une extravagance, un spectacle de plumes et de tissus éblouissants, mais Selene s'était sentie perdue, une spectatrice silencieuse dans un monde où chaque sourire cachait des intentions insoupçonnées. Un sentiment d'urgence latente l'avait poussée à chercher les véritables visages des personnages qui l'entouraient.

Elle savait qu'il devait y avoir un sens derrière chaque geste des nobles et des courtisans. Tout le monde avait leur propre agenda, et même ceux qui prétendaient être loyaux pourraient bien ne l'être pas. Le roi avait mentionné la nécessité de la force et de l'intelligence au palais. Pour protéger leur règne, il lui fallait comprendre la nature des dangers qui l'entouraient, aussi bien pour elle-même que pour lui.

Cette nuit-là, après que les convives eurent quitté la salle, elle s'enferma dans sa chambre. Elle parcourut les livres de comptes, scrutant les informations sur la distribution de biens et les alliances récentes. La fragilité du pouvoir l'angoissait, mais elle se promettait de ne pas se laisser submerger par la peur.

« Selene ? » appela Alys, en entrant dans la chambre sans frapper. Elle avait une lueur de préoccupation dans les yeux, comme si elle comprenait le poids qui pesait sur les épaules de la jeune reine. « Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais te reposer. »

« Je ne peux pas me reposer, Alys. Je sens que quelque chose ne va pas. Le roi doit savoir ce qui se trame autour de lui. J'ai entendu des rumeurs. Des mots murmurés où ils parlent de lui. »

Alys se rapprocha d'elle, le front plissé. « Rumeurs sur sa cruauté ? Les gens parlent toujours. Ce ne sont que des histoires sans fondement. »

« Ce ne sont pas seulement des histoires. J'ai noté les changements de ton, les regards échangés – il y a quelque chose qui se passe dans l'ombre. Je veux être préparée. Je dois comprendre ce que le conseil mijote. »

Le visage d'Alys montrait une hésitation. « Selene, es-tu sûre de vouloir t'impliquer dans ce monde ? La cour est une toile de mensonges, et ceux qui s'y aventurent finissent par se brûler. »

Selene se redressa, impatiente. « Je ne peux pas rester là sans rien faire. Si quelque chose arrive au roi, je ne pourrai jamais me le pardonner. » Ses mots étaient à la fois vifs et déterminés. Alys inspira profondément, sachant que l'ardeur de Selene ne se plierait pas à la prudence.

« Très bien. Mais fais attention. Je te suivrai de loin, mais je ne peux pas me permettre d'être vue avec toi. Si quelqu'un te découvre... »

Selene acquiesça rapidement, déterminée. Ce n'était pas seulement une question de loyauté pour le roi, mais un sentiment de dévouement envers son propre cœur. Elle devait se protéger elle-même, et dans ce monde, cela voulait dire voir l'obscurité, même chez celui qu'elle pourrait à peine croire capable de l'amour.

Elle se glissa hors de sa chambre alors que la nuit avançait. Tous les couloirs étaient silencieux, l'atmosphère pesante comme un voile de soupçons. Elle se dirigea vers la salle du Conseil, là où son instinct lui disait qu'un cœur noirci coulait sous la surface.

En arrivant, elle jeta un coup d'œil furtif à l'intérieur. Les nobles continuaient à se concerter, les lumières tamisées créant des ombres dansantes sur leurs visages. Elle se faufila dans une alcôve, décidée à écouter.

Les murmures étaient à peine audibles, mais leur ton était serré et chargé de tension. « Nous devons agir rapidement, avant qu'il ne prenne encore de l'autorité », disait une voix qu'elle reconnut pendant les banquets, Lord Brann.

« Mais comment ? » répondit une autre voix, antique et tremblante, qu'elle identifia comme celle de Lady Vira. « Il est suffisamment fort et garde des alliés. Affronter l'Alpha serait un suicide. »

Une vague d'inquiétude tourbillonna en elle alors qu'elle réalisait qu'ils parlaient du roi ! Un plan plus sombre se trame, un complot pour le renverser, et elle devait comprendre comment les nobles comptaient agir avant qu'il ne soit trop tard.

« Le roi ne nous respectera jamais tant qu'il se sentira en sécurité ici. C'est nous qui devons reprendre le contrôle. Assurons-nous qu'il ait de belles paroles, mais que chaque action le rende vulnérable. Une brèche et il tombera. »

Selene se figea, ses pensées s'emballant alors que la pièce semblait se resserrer autour d'elle. Si le roi venait à être renversé, elle et son enfant subirient les conséquences d'un pouvoir vacillant. Elle devait intervenir.

« Je dois le prévenir ! » se murmura-t-elle, mais au même moment, une main se posait sur son épaule. Elle se retourna brusquement, son cœur battant à tout rompre, pour faire face à Alys. La servante avait suivi, son visage marqué d'une anxiété très palpable.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » murmura Alys, plus nerveuse qu'elle ne l'avait jamais vue. Selene s'affola. Elle ne devait pas être repérée. Chaque mot pouvait entraîner la fin de leurs espoirs.

« Je... Je ne peux pas rester là sans rien faire. Ils maintiennent un complot ! »

« Tu es folle ! Si on te découvre ici, nous ne ferons pas long feu ! » Alys l'attrapa par le bras, prêtant l'oreille. Ils devaient se cacher.

Dans le caos, Selene tenta d'analyser les critiques des conspirateurs. La tension monta lorsqu'elle aperçut à travers une fente dans la porte ouverte, le roi lui-même sortant du hall. Il semblait fatigué, le gris de ses cheveux alourdi par l'angoisse. Cette inquiétude l'assaillait, mais elle ne pouvait reculer maintenant. Allez, Selene. Reste forte.

Elle tira Alys à l'écart alors que les échos des nobles se faisaient plus forts. « Je crois qu'il arrive à la fin de sa patience. Nous devons le prévenir rapidement ! »

« Et risquer notre vie ? » rétorqua Alys, se montrant sceptique.

« Je préfère affronter la colère du roi que de voir son trône dévalisé », répliqua Selene avec véhémence, la détermination exacerbée par une vague d'inquiétude.

Il ne lui fallut pas longtemps pour décider de la manière dont elles pourraient le retrouver. Se glissant depuis les couloirs arrière, elles se ruèrent vers la salle du trône. Si le roi savait quelque chose, il fallait qu'il soit réveillé, qu'il comprenne qu'il ne pouvait avoir confiance en personne.

Le silence était pesant, l'air saturé d'une tension qui menaçait de les avaler. Une fois arrivées, Selene hésita un instant devant la grande porte en bois. « Je... j'ai peur d'entrer. »

Alys lui prit la main, la regardant avec des yeux pleins de feu. « Tu es la reine, Selene. Ne l'oublie jamais. »

Ensemble, elles poussèrent la porte, entrant dans le hall majestueux devant elles. Le trône était flanqué de deux torches, la lumière créant des ombres spectrales sur le sol marbré.

Le roi était assis à son bureau, des papiers étalés devant lui, son crayon se déplaçant lentement sur le parchemin. Il leva les yeux en les voyant, son visage marquant la surprise. « Que faites-vous ici ? Vous devriez être au lit. »

« Votre Majesté, nous avons besoin de vous parler », commença Selene, l'anxiété se mêlant à une détermination renouvelée.

Il fronça les sourcils. « Cela ne peut pas attendre un autre instant ? »

« Non, Sire. Il se trame quelque chose au sein de votre propre conseil. Des nobles manigancent un coup contre vous. Ils parlent de vous renverser, de prendre le pouvoir. » Les mots lui échappèrent dans un frisson d'effroi. Elle ne pouvait pas mentir, pas maintenant.

Le regard du roi se durcit alors qu'il se redressait. « Vous les avez entendus ? Que savez-vous exactement ? »

« Ils parlent de vous influencer, de vous fragiliser. Il existe un groupe prêt à s'attaquer à votre réputation. Cette nuit, ils planifiaient quelque chose de sournois. Ils veulent vous voir à terre. » Ses propres mots résonnaient comme un glas lourd, et Selene pouvait voir la colère croître dans les prunelles sombres du roi.

« C'est un mensonge. Ils ne peuvent pas avoir osé ! » s'exclama-t-il, sa voix appuyée d'une rage à peine contenue.

« Je vous en prie, écoutez ! Leurs mots sont dangereux, et vous devez agir avant qu'il ne soit trop tard. Leurs références m'ont glacée. Il m'a semblé que le conseil se mettait d'accord sur un plan d'action. »

Il se leva brusquement, faisant tomber une partie de son écriture. « Je n'ai pas de temps à perdre avec des rumeurs. Je sais ce que je fais. »

Selene se mordit la lèvre. « Vous devez comprendre que votre propre cour peut vous trahir. Je suis en train de comprendre. Votre Majesté. Vous ne pouvez pas laisser les petites disputes devenir des guerres. »

« Je suis roi. Je n'ai pas besoin d'une novice pour me rappeler cela », gronda-t-il, mais elle pouvait voir une hésitation, une brèche dans cette armure de fer. La vulnérabilité ne se cachait jamais bien loin.

« Alors faites-en sorte que cela soit sans conséquences. Prouvez votre force et votre pouvoir en écoutant les gens qui vous entourent. Ne soyez pas ce que l'on dit de vous. Ne laissez pas la peur les guider. Je ne veux pas être une reine qui regarde un roi s'éteindre. »

Au fond de ses yeux, elle remarqua une lueur nouvelle, un spectre de considération. Elle s'approcha alors qu'il rassemblait ses pensées, la tension se remplissant d'un espoir fragile.

Il fit un mouvement, et quelques papiers tombèrent au sol, répandant des notes oubliées sur leurs intentions. Selene se pencha et en attrapa un, son cœur s'affolant alors qu'elle déchiffrait des mots de trahison, des listes de noms qui n'auraient jamais dû passer sous silence.

En une fraction de seconde, elle se trouvait désormais en possession d'informations précieuses, une petite vérité qui pourrait tout changer dans cette lutte pour le royaume. Mais alors qu'elle levait les yeux vers le roi, elle remarqua des silhouettes mouvantes à l'extérieur des portes.

Terrifiée, elle se tourna vers lui. « Nous devons partir. Ils viennent ! »

Le roi, réalisant que leur sécurité était compromise, se dirigea vers la porte pour barrer la sortie. « Alys, cachez-vous derrière moi. » Il semblait en proie à un mélange d'adrénaline et de peur alors qu'il se positionnait devant elles.

Derrière la porte, des murmures perçaient l'air. Selene attendit, son cœur battant. Si elle se laissait trahir ici, elle ne serait plus qu'un visage parmi ceux qui avaient conspiré.

Les portes s'ouvrirent violemment, des nobles entrèrent, leur visage livide d'intentions cachées. Selene jeta un regard désespéré au roi, et en un instant, elle savait qu'ils avaient placé en elle l'étincelle du danger.

« Nous avons un problème, Sire», siffla Lord Brann, se faisant le porte-parole de ce coup monté. « Vous êtes en danger. »

Le roi traduisit la tension dans le regard de Selene et elle réalisa que cette nuit était devenue la première épreuve de feu de leur alliance inattendue. Elle s'avança, le courage enraciné en elle. Elle avait pris conscience des serpentins que régnait l'angoisse.

« Nous serons ici pour défendre le royaume, et je m'assure que les traîtres qui se cachent dans l'ombre seront découverts », déclara-t-elle, sa voix claire résonnant dans l'obscurité croissante, déterminée à protéger celui qu'elle avait appris à connaître.

La tension électrisait l'air alors que leurs regards se croisaient, se reliant dans une danse incertaine d'émotions chaotiques. Ce qui aurait pu être un simple coup d'éclat s'apprêtait à les plonger dans les abysses des intrigues de la cour.

Elle savait que leur alliance, même fragile, avait commencé à se construire sous les ombres, et elle était prête à affronter les dangers qui se profilaient. Ce n'était pas uniquement une lutte pour le roi, mais aussi pour elle-même et leur futur à tous les deux.

Sa force grandirait, et avec elle, les liens se tisseraient dans les tréfonds obscurs d'Aldor.

            
            

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