L'interrogatoire que lui fait subir Bérubé est trop long et ce repas qu'il lui a commandé est bien trop chargé. Il est évident que Ricardo Lopez l'affamait! Durant des mois, peut-être des années, elle a souffert de malnutrition, n'ayant droit qu'au minimum, alors s'ils la font manger des trucs aussi gras, elle va être malade c'est évident! Son estomac doit se réhabituer à manger des portions appréciables et de la nourriture plus chargée, petit à petit, et non pas comme vient de le faire Bérubé en lui offrant un gros poulet barbecue avec de foutues frites bien grasses et de la sauce brune!
Je me fais violence pour ne pas intervenir et quand je croise son regard livide qui fixe le couteau de chasse à ma ceinture, je sais que j'ai pris la bonne décision en quittant cette pièce comme je suis venu : sans le moindre bruit. Ce qui n'est pas du tout facile quand on est aussi grand et costaud que moi, je vous assure!
Mais il est évident qu'elle a peur de moi et en plus je n'ai aucun droit de me trouver dans cette pièce.
Je ne suis pas son dom.
Cette fille n'est pas ma responsabilité.
Fuck! Mais je le voudrais bien.
Et c'est exactement pour cette raison que je dois m'en tenir éloigné!
Cette fille a bien trop souffert pour qu'un enfoiré de dom tel que moi vienne lui pourrir la vie en plus!
Elle était retenue en captivité, avec un fucking collier d'esclave sexuelle autour du cou.
Mon mode de vie, elle le déteste!
Tout ce que je suis. Tout ce que je représente.
Elle le déteste.
Mon cellulaire émet une sonnerie distincte.
Je fouille dans la poche arrière de mon jean pour le prendre. Cela ne fait qu'une heure que je l'ai rallumé. Je venais à peine de sortir d'un débriefing avec les autorités colombiennes quand Bérubé avait demandé à un de ces gars d'aller chercher à manger, pour la rescapée, alors je me suis toute de suite porté volontaire pour le faire à sa place.
Ce qui fait que je n'ai toujours pas eu le temps d'envoyer un message à Darren, comme je le fais toujours à la fin d'une mission pour le rassurer. Je crois qu'il doit s'impatienter, car il me demande si je me suis blessé les pouces pour ne pas être foutu de lui envoyer le moindre message pour lui dire si je vais bien!
Je tape à toute vitesse une réponse avec un émoji d'un fuck-you, ce qui devrait lui prouver que j'ai encore tous mes doigts non!
Plus sérieusement je lui dis dans le message suivant que nous venons de terminer la mission et que je devrais être rentré au pays d'ici demain midi.
Bérubé a demandé à Justin de transférer Samantha Ramirez, qui est une amie de la femme de Yuri, à Orlando le plus vite possible. Elle y recevra de bien meilleurs soins qu'ici èa Bogota et elle sera enfin réuni avec sa meilleure amie, qui est aussi sa seule famille..., ce qui devrait l'aider à se remettre de son kidnapping. Enfin, je l'espère!
Comme je suis venu ici surtout pour assister Justin qui pilotait un des hélicos et se chargeait d'évacuer les blessés, cela pour le protéger d'abord et avant tout... Je vais rentrer avec lui moi aussi. Et puis, je désire escorter Samantha jusqu'à Orlando afin de m'assurer que tout se passe sans encombre et qu'elle y reçoive aussi les meilleurs soins, dans la meilleure de leurs chambres, et avec le meilleur des médecins!
Je ne serais pas tranquille autrement et je ne me sentirais pas capable de la laisser pour retourner vers mon frère sur notre ranch, qui se situe à environ 45 minutes d'Orlando dans les terres. Mon smartphone vibre de nouveau.
Darren : [Est-ce que t'as b'soin que j'passe te prendre à l'aéroport?]
Moi : [Nann... Vient plutôt me chercher au centre hospitalier privé San Vincente d'Orlando. Je te texte quand j'y serai. L'hélico devrait s'y poser sur le toit demain vers midi et je ne serai pas long...]
Darren : [WTF!? Bro!? Rassure-moi, c'te plait et dis-moi que tu n't'es pas encore pris une balle!]
Je m'empresse de le rassurer : [Non. Nous transférons une victime de Lopez que nous avons rescapée. Une de ses fuckings esclaves sexuelles!]
Darren : [ Enfoirés de trous de balle! ⍨ J'espère que vous lui avez éclaté la tête à ce foutu cocksucker! ⚉]
Je suis particulièrement satisfait de la réponse que je lui fais:[ Je l'ai poignardé dans le dos et un autre lui a mis une balle entre les deux yeux. Nous avons aussi laissé sa dépouille aux charognards dans la jungle. Tous les chacals du coin vont se battre pour ses restes!]
Darren : [Parfais! J'crois qu'tu mérites une récompense, bro! Que dirais-tu de nous faire une petite soumise à ton retour! ဩ Ça fait un p'tit moment que nous n'avons pas pris notre pied!:P]
Aussitôt que je lis les mots « petite soumise », le visage de Samantha apparait dans ma tête et ma bite en frétille dans mon pantalon.
Fuck Wyatt! T'es un vrai malade, toi, huh!
La fille vient à peine d'être libérée du joug de son ancien maitre... un maitre qu'elle n'avait pas choisi... et toi tu voudrais la prendre... pire encore : la partager avec Darren comme un de vos fucking trophée de chasse!
Je ferme les yeux, une vague de dégout envers moi-même me submergeant. Contrairement à Darren qui s'assume totalement, moi, j'ai toujours eu du mal à accepter cette part de moi et à assumer ma dominance...
Je suis sur le point de rejeter son offre quand je change d'avis à la dernière minute. J'efface le message que je venais de commencer à taper pour prétexter la fatigue et, à la place, je lui envoie un pouce en l'air.
[Excellente idée bro!]
Une séance avec une autre fille est sans doute exactement ce dont j'ai besoin, pour me sortir cette petite Colombienne de la tête!
Des infirmières se précipitent soudain vers la chambre de Samantha et sans même que j'y songe, je me mets à marcher moi aussi dans cette direction pour voir ce qui se passe.
Aussitôt que je passe la tête dans l'encadrement de la porte j'aperçois la petite Colombienne penchée au-dessus d'un pot de chambre pendant que cet imbécile de Philipe Bérubé lui retient la tête et qu'elle y vomit.
Quand je vous disais qu'il ne fallait pas la faire autant manger!
Le personnel médical lui vient en aide et, pour la soulager, l'infirmière se propose même de lui faire couler un bon bain chaud pour relaxer.
Bérubé quitte la chambre pour les laisser faire leur travail.
Aussitôt qu'il est dans le couloir et que la porte se referme, je suis sur lui :
« Qu'est-ce que vous avez pensé de lui faire manger un truc aussi chargé et aussi gras! Lopez devait l'affamer depuis des mois! Il est évident qu'elle ne peut rien avaler de trop consistant! »
Bérubé esquisse un sourire fugace.
« Et moi qui pensais que vous étiez muet... » se moque-t-il du fait que je suis en général un gars plutôt silencieux.
Et il n'a pas tout à fait tort. C'est sans doute la plus longue conversation que j'ai tenue avec quelqu'un depuis des mois. Et j'inclus mon frère adoptif dans cet énoncé!
Je bouscule ce lunetteux avec irritation et je lui fais bien voir que je n'ai pas du tout envie de plaisanter. Son sourire s'efface automatiquement et il me répond qu'après des années à devoir subir les tortures et les mauvais traitements de Ricardo Lopez, à ne manger que les miettes qu'on lui jetait comme un chien galleux, Samantha a bien mérité de choisir par elle-même le premier vrai repas depuis longtemps qu'elle allait enfin pouvoir manger. Quitte à s'en rendre malade! précise-t-il même.
Je me dégonfle comme un ballon.
Il a raison.
Durant des mois... non. Des années, me précise Bérubé... Samantha n'avait pas la liberté de choisir quoi que ce soit.
Elle n'était pas une de ces soumises de notre mode de vie – un mode de vie auquel adhère aussi Bérubé – et qui choisissent d'être esclave de leur maitre dans une relation 24/7.
Oh! Cette fille est une soumise, il n'y a pas à en douter.
J'ai bien vu quand nous étions dans la jungle que c'est instinctif chez elle. C'est une naturelle. Elle me semble aussi être très naïve, très candide...
Son cœur est pur. Totalement pur.
Je frissonne en songeant comme Ricardo Lopez a dû la briser et la détruire de l'intérieur.
Ce qu'il a fait équivaut à arracher les ailes d'un papillon.
Mon corps devient rigide en y songeant. Je serre les poings et la mâchoire! Fuck! Une veine pulse dans mon cou, et sur mon front tellement je suis tendu.
Bérubé m'observe avec attention, comme si j'étais un insecte qu'il disséquait.
― Vous n'êtes pas son dom, Wyatt. me rappelle-t-il très calmement après un bref instant. Samantha n'est pas du tout prête à entrer dans ce genre de relation ou à explorer sa nature soumise. Si vous désirez que cette relation aille quelque part entre vous deux... vous vous devrez d'être patient. Extrêmement patient même, je dirais! Et pour le moment, il vaudrait beaucoup mieux que vous gardiez vos distances! Je parle par expérience, ajoute-t-il, la sympathie et la compassion se faisant sentir dans sa voix.
Mon visage devient cramoisi, empreint d'une colère que j'ai bien du mal à contenir en l'entendant insinuer que je serais prêt à... que je voudrais...! Mais la chambre de Samantha n'est pas très loin, alors je contrôle ma voix quand je lui réponds à voix basse :
― Vous êtes malade ou quoi? La dernière personne dont cette fille a besoin dans sa vie, c'est d'un homme comme moi! Jamais je ne lui infligerais un truc pareil!
Je tourne ensuite les talons et je quitte les lieux, marchant à grandes enjambées pour mettre le plus de distance possible entre moi et Samantha Ramirez.
En sortant de l'hôpital, je me passe la main dans les cheveux, marchant au hasard dans la ville de Bogota. Mon estomac se noue et je me sens comme le plus grand des connards, parce que Béru avait raison.
Je désire cette soumise.
Je la veux et j'agis déjà comme si j'étais son fucking dom!
Comme si je l'avais clamée et qu'elle était à moi.
Mais Samantha n'appartient à personne.
C'est une femme libre, et elle ne sera jamais à toi, Wyatt!
Il faut t'y faire mon vieux!