Le vent soufflait en rafales, secouant les branches au-dessus d'eux. Des éclats argentés d'énergie pure flottaient autour d'elle, parfois presque invisibles, comme une brume phosphorescente. La Déesse avait marqué son destin, mais cette marque était plus lourde qu'elle ne l'avait imaginé.
La forêt semblait s'étirer à l'infini, un dédale d'arbres noirs et de sous-bois épais. Une silhouette émergea soudainement du brouillard qui envahissait les sous-bois. Un homme, grand, aux traits marqués par le temps et la violence. La lune se reflétait dans ses yeux dorés. Il n'était pas humain.
Cora s'immobilisa, son souffle retenu.
L'homme s'avança lentement, ses pas silencieux comme une ombre, sa silhouette se découpant dans la lumière diffuse. Les ténèbres semblaient se plier autour de lui. Il n'était ni Alpha ni enragé, mais quelque chose d'encore plus ancien habitait son regard.
Nate s'arrêta à ses côtés, son expression se durcissant. Cora sentait sa méfiance palpiter dans l'air.
L'homme s'arrêta à une distance respectueuse, mais son regard ne quittait pas Cora.
Un frisson d'instinct traversa son corps.
Il parla enfin, sa voix douce, mais menaçante, résonnant dans la forêt silencieuse.
- Je n'ai pas beaucoup de temps. Cora Woods, la Déesse t'a choisie, et les règles du destin sont claires. Mais elles ne sont jamais simples.
Cora serra les poings, son corps prêt à réagir à la moindre menace. Nate s'était légèrement décalé, adoptant une posture défensive.
- Qui êtes-vous ? C'est un avertissement ?
L'homme sourit, une lueur de satisfaction dans ses yeux.
- Vous ne comprenez pas encore. Il est trop tôt. Mais la traque a commencé, Cora. Ils sont déjà en route.
L'instant d'après, l'homme disparut, englouti par l'obscurité, comme s'il n'avait jamais existé. Cora resta figée sur place, ses sens en alerte maximale.
Le silence qui suivit fut lourd. Pas un oiseau, pas un cri, rien. Juste la sensation de présence invisible qui pesait sur elle.
Nate brisa le silence, sa voix grave et sérieuse.
- Il n'est pas d'ici. Et il n'est pas seul.
Cora acquiesça, la tête tournée dans toutes les directions. Chaque ombre semblait prête à se mouvoir. Les premiers signes de la traque se faisaient déjà sentir. Mais cette fois, elle n'était pas la proie.
Elle serra les dents, son esprit en proie à des visions confuses. La Déesse l'avait choisie, oui, mais à quel prix ?
Ils avancèrent en silence, l'odeur de la forêt humide devenant plus intense à chaque pas. Le sol semblait vibrer sous leurs pieds, comme si quelque chose d'encore plus ancien se réveillait dans les profondeurs de Blackwood.
Chapitre 5
La brume se dissipait lentement, mais l'atmosphère restait lourde et menaçante. Cora et Nate se faufilaient à travers les arbres, leurs pas se fondant dans le rythme de la forêt. Pourtant, la sensation d'être observée persistait, comme une ombre juste au coin de l'œil, à la limite de la conscience.
Soudain, un frisson glacial parcourut l'échine de Cora. Quelque chose... ou quelqu'un... était proche. Elle s'arrêta net, les sens en alerte, cherchant la source de cette pression invisible.
Nate, silencieux à ses côtés, semblait avoir ressenti la même chose. Ils échangèrent un regard, sans mots, mais leur instinct commun les poussait à avancer prudemment. L'odeur du cèdre se faisait plus forte, presque suffocante.
Puis, dans un éclat de lumière pâle, une silhouette émergea de la brume. Une femme.
Elle était grande, vêtue de noir, son manteau flottant autour d'elle comme un voile de nuit. Ses cheveux, d'un noir d'encre, étaient tirés en un chignon haut, et son regard glacial fixait Cora avec une intensité presque palpable.
Cora sentit son cœur se serrer. Il y avait quelque chose de profondément étrange chez cette femme, quelque chose qu'elle ne pouvait expliquer, mais qui résonnait en elle comme une menace imminente.
- Qui êtes-vous ? murmura Cora, sa voix presque inaudible.
La femme ne répondit pas tout de suite. Elle se contenta de les observer, un sourire énigmatique jouant sur ses lèvres. Ses yeux, d'un bleu glacial, semblaient lire chaque pensée de Cora.
- Pas encore le temps de répondre, mais nous allons nous revoir, Cora Woods, dit-elle d'une voix basse et métallique, comme le chant d'un serpent.
Elle fit un geste fluide de la main, et une brume plus dense, plus noire, envahit l'air autour d'eux. Cora sentit une pression intense sur sa poitrine, comme si l'air lui devenait soudainement trop lourd à respirer.
Avant qu'elle ne puisse réagir, la silhouette se dissipa aussi soudainement qu'elle était apparue, disparaissant dans les ombres comme une ombre parmi les ombres.
Cora se retrouva figée, le souffle court, son cœur battant fort dans sa poitrine. Nate n'avait pas bougé, mais son regard était aussi perturbé qu'elle. Il n'avait pas besoin de mots pour comprendre : ce n'était pas une rencontre ordinaire.
La femme n'avait rien de normal. Et ce qu'elle avait dit, ce message cryptique, n'était qu'un avant-goût de ce qui allait suivre.
Cora se tourna vers Nate, sa voix tremblante de frustration et de colère.
- Qui était-ce ?
Il secoua la tête lentement.
- Je ne sais pas... mais je crois que nous avons fait une erreur en sortant de Stoneclaw.
Un bruit sourd retentit soudain, comme un cri lointain, brisé, éraillé. Cora se tendit, écoutant attentivement. Ce cri n'était pas humain. Il résonnait dans l'air, viscéral, menaçant.
- On doit partir, maintenant, dit Nate, sa voix pleine de gravité.
Les arbres autour d'eux semblaient frémir, comme si la forêt elle-même était sur le point de les engloutir. Cora, le cœur battant plus fort que jamais, se lança à sa suite. Les bruits derrière eux devenaient plus proches, plus pressants, comme si la forêt elle-même s'était réveillée pour les chasser.
Un instant plus tard, une silhouette, cette fois plus familière, se détacha de l'ombre. Un Alpha, grand et imposant, avec des yeux aussi sombres que l'encre.
Cora s'arrêta brusquement, les sens en alerte.
- Sinclair, murmura-t-elle, sans pouvoir se contrôler.
L'Alpha s'approcha lentement, son regard perçant.
- Je savais que tu ne pouvais pas résister à l'appel, Cora, dit-il simplement.
Cora sentit une bouffée de tension s'ajouter à l'air déjà lourd autour d'elle. Elle comprenait alors que l'affrontement était inévitable.
La traque n'était plus une question de temps, mais de survie.