Chapitre 5 Scène 5 °Kaïs°

C'est une de ces journées un tout petit peu fraîches et ensoleillées, typiques de l'été ici. Une fillette, en short rose et t-shirt blanc court dans le jardin de ma maison; dans ses bras, Tani, son ours en peluche que je lui ai offert lorsqu'elle a eu deux ans.

De longues boucles brunes auréolent son visage dans lequel brillent deux grands yeux couleur de miel, délicatement pailletés d'ambre. Elle vient d'avoir cinq ans et a une petite silhouette gracile. Son ours en peluche ne quitte guère ses bras. Tous deux sont chez moi depuis trois jours maintenant.

La fillette vient d'arriver près de moi; je suis assise sur une couverture étalée sur le gazon. Elle s'immobilise et plisse ses yeux pour m'observer. Elle s'assoit ensuite près de moi, les yeux toujours rivés sur moi. Elle me contemple, je fais de même, fascinée par l'impression de légèreté et par cette innocence qui émanent d'elle. Le vent lui ébouriffie ses cheveux. Elle aime observer les gens et reste parfois des heures à me regarder composer des chansons ou à regarder sa maman s'affairer, attentive à nos moindres faits et gestes. Au bout d'un moment, elle finit par se blottir contre moi. Je la caresse d'une main bienveillante.

{Maternelle même. Tu aimes cette gamine comme si elle était ton enfant.}

Comment ne pas l'aimer ? Cette petite nous a causé des nuits blanches, des sueurs froides. Sa grossesse s'avérait risquée pour ma soeur et elle. Mais voilà, aujourd'hui, elles sont toutes les deux là, en bonne santé. Que puis-je demander de plus ? Je ne me vois vraiment pas sans ce petit bout de ma soeur, cette bouffée d'air et de bonheur, ce petit ange qui remplit nos vies de joie.

"- T'as faim ? je demande finalement.

- Oui, et je veux un gros câlin aussi, répond Nelia d'un ton adorable.

- Ow mon chaton, dis-je en la serrant contre moi. Que veux-tu manger ?

- Des macaronis au fromage.

- D'accord p'tit loup. On y va ?

- Ouiiiii !"

On se lève, je récupère la couverture, ma nièce me prend la main et nous allons dans la maison. Je range la couverture puis par dans la cuisine; la petite me suit. Je l'installe sur un tabouret et me met au travail.

"- Tu vas repartir encore ? me questionne t'elle d'une voix triste.

- Un jour mais pas maintenant. Pour l'instant, je suis là avec toi et maman !

- Est ce que la prochaine fois, Tani et moi irons avec toi ?"

Ah ... J'ai oublié de préciser. Cette petite s'exprime plus que bien et est comment dirais-je ... surdouée.

"- Bien sûr. On demandera à maman."

Elle se concentre sur la feuille blanche que je lui ai donné plus tôt avec des crayons de couleurs. Pendant ce temps, je continue ma cuisine.

"- Il y a une nouvelle à la fondation, dit-elle au bout d'un moment.

- Ah oui ? Comment s'appelle t'elle?

- Naëlle, répond t'elle sans lever les yeux de son dessin.

- Naëlle ? C'est vraiment très jolie ... conclus je en continuant ce que je fais.

- Oui et elle est toute aussi jolie. Tu sais comme dans les films ...

- Je crois que je vois, murmuré-je tandis qu'un sourire prend place sur mon visage.

- Mais, elle ne parle pas beaucoup. Elle a peur des petits bruits. Comme moi quand le tonnerre gronde, tu sais, lors de l'orage ..."

Manifestement, j'ai bien envie de voir cette fille; je ne sais pas pourquoi. Je glisse un regard furtif dans la direction de ma nièce.

"- Une chanson va lui faire plaisir peut-être, ajoute-t-elle en examinant son dessin d'un œil critique."

Le repas est prêt. Je pose le plat sur le comptoir et commence à servir. Je lui donne son assiette et elle entame son repas.

"- Tu as fait du bon travail, dit-elle en riant.

- Merci chef. Vous êtes ma source d'inspiration, dis-je en riant et lui faisant un clin d'oeil."

Je m'installe à ses côtés et commence à manger moi aussi.

"- On va aller à la fondation aujourd'hui ? demande Nelia.

- Oui, après avoir mangé et fait une petite sieste, dis-je simplement."

Une fois le repas terminé, nous échangeons encore un peu. Je mets les assiettes dans le lave vaisselle, puis pars avec elle dans sa chambre pour la border. Je lui fais un bisou sur le front, prends la télécommande et ferme les stores de sa chambre. Je jette un dernier coup d'oeil vers elle puis pars passer des appels.