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Le mariage d'Alexandre et Clara ne ressemblait en rien à ce qu'on pourrait imaginer d'une union traditionnelle. Pas de grandes festivités, pas de cérémonie digne d'un conte de fées. Un mariage express, presque furtif, mais d'une somptuosité glaciale. Pourtant, tout semblait parfaitement organisé. Chaque détail avait été minutieusement préparé, de l'endroit secret où la cérémonie se déroulerait, aux vêtements impeccablement choisis.
C'était un mariage qui n'avait pas pour but de marquer les esprits, mais plutôt de sceller une entente dans le plus grand secret, tout en restant fidèle à l'image de luxe et de perfection qui collait à Alexandre.
Le lieu était un hôtel particulier en dehors de la ville, un bâtiment datant du XVIIIe siècle, magnifiquement restauré. Les murs de pierre grise étaient décorés de moulures dorées et les grandes fenêtres laissaient entrer une lumière douce, filtrée par des rideaux blancs. Clara était fascinée par le contraste entre la majesté du lieu et la simplicité de la cérémonie qui allait se dérouler. Il n'y avait aucune pompe, juste une poignée d'invités triés sur le volet et une atmosphère étrangement intime pour une telle occasion.
Elle se tenait dans l'une des chambres, devant un miroir immense, le visage légèrement pâle mais maquillé avec soin. Le maquillage ne pouvait cacher l'anxiété qui l'habitait. Elle ajustait sa robe de satin blanc, une création simple mais élégante, qui lui allait parfaitement. Ses cheveux étaient relevés en un chignon sophistiqué, et elle portait des boucles d'oreilles en diamants, discrètes mais précieuses. Tout en elle semblait être un reflet de l'image d'Alexandre : une femme parfaite pour un mariage parfait.
Elle entendit un léger bruit de porte. Elle se tourna et aperçut Alexandre dans l'encadrement. Il portait un costume noir, impeccablement coupé, et son regard intense la traversa. Ce regard qui, jusque-là, l'avait toujours laissée indifférente, semblait aujourd'hui chargé d'un poids qu'elle n'arrivait pas à identifier.
« Tu es magnifique », dit-il simplement, les yeux fixés sur elle, comme s'il voyait au-delà de l'apparence, quelque chose de plus profond.
Clara se sentit légèrement gênée, bien qu'il ait prononcé ces mots d'une manière froide et mesurée, comme si ce n'était qu'une autre formalité. Elle lui sourit faiblement, ne sachant pas quoi répondre. Elle n'avait jamais été du genre à recevoir des compliments de cette nature, et encore moins de lui.
« Merci », murmura-t-elle, avant de détourner le regard, plus pour se donner du temps que par gêne.
Alexandre s'avança d'un pas, ses mains dans les poches de son costume. « La cérémonie commence dans quelques minutes. Tout est prêt. »
Clara hocha la tête, tentant de prendre une grande inspiration pour se détendre. Ce mariage, après tout, n'était qu'un contrat, un engagement de façade. Elle n'était pas censée se laisser emporter par l'émotion. Pourtant, elle se surprenait à ressentir un étrange poids sur ses épaules, un sentiment de responsabilité, mais aussi de curiosité envers cet homme qu'elle connaissait si peu et qui allait devenir son époux, du moins en apparence.
Peu après, elle se retrouva dans un petit salon, attendant le début de la cérémonie. Des invités se rassemblèrent autour d'elle, tous impeccablement vêtus. Mais ce n'étaient pas des amis proches, pas des gens qu'elle avait choisis. Il y avait des collaborateurs d'Alexandre, des partenaires d'affaires, des figures de l'élite sociale. Et parmi eux, une femme qui attira particulièrement l'attention de Clara : Camille, la sœur d'Alexandre. Camille avait une présence presque imposante. Elle était grande, brune, avec des traits marqués et un regard perçant, qui semblait analyser chaque personne qu'elle croisait.
« Clara, c'est ça ? », dit-elle d'une voix qui semblait à la fois aimable et distante, comme si elle mesurait chaque mot.
Clara sourit, un peu gênée par l'intensité du regard de Camille. « Oui, c'est moi », répondit-elle en essayant de paraître détendue.
« Tu sais, Alexandre n'est pas du genre à se marier pour de vrai. C'est un homme de principe, mais il n'aime pas se laisser lier par les conventions. » Camille sourit doucement, mais il y avait quelque chose dans sa voix qui semblait plus acéré qu'amical.
Clara ressentit un frisson lui parcourir l'échine. Ce mariage semblait à la fois si simple et si complexe, et Camille, avec sa manière de parler, ne faisait qu'ajouter à la confusion de Clara. Elle savait qu'elle n'était pas la seule à voir cette union comme un contrat, mais la froideur de Camille, son analyse distante, la fit se sentir encore plus étrangère dans cet univers.
« Je comprends », répondit Clara, espérant que la conversation ne s'étirerait pas plus longtemps. Mais Camille ne sembla pas vouloir lâcher prise.
« Il faut juste être consciente de ce que cela implique, tu sais », dit-elle, comme si elle voulait lui offrir un conseil subtil, ou peut-être une mise en garde.
Clara sourit timidement, se sentant soudainement très seule dans cette pièce bondée de gens qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait pas d'amis proches pour l'accompagner dans ce moment. Mais elle se raccrochait à l'idée que ce n'était que temporaire, que tout cela prendrait fin dans un an.
Puis la porte s'ouvrit, et tout le monde se tourna vers l'entrée. Alexandre apparut dans l'encadrement, élégant et implacable, un léger sourire aux lèvres. Il s'approcha de Clara et, sans dire un mot, lui tendit le bras. Elle le prit doucement, un frisson la traversant en sentant sa peau contre la sienne. Ils traversèrent ensemble la pièce, vers l'autel improvisé.
La cérémonie était brève, sans éclat. Un prêtre, presque invisible dans sa tenue noire, récita quelques mots. Rien d'émouvant, rien de spectaculaire. Mais à cet instant, Clara se surprit à ressentir une étrange connexion avec Alexandre, comme si tout, d'un coup, avait pris un sens. Elle avait l'impression qu'elle le connaissait depuis toujours, que tout ce qu'elle vivait était déjà écrit, comme une pièce de théâtre dont elle était l'héroïne, sans pouvoir en changer le cours.
Le prêtre conclut en prononçant les mots fatidiques, et Clara sentit une chaleur étrange envahir son corps. « Je vous déclare mari et femme. »
Ils échangèrent un regard, un regard qui, pour une fraction de seconde, sembla plus que ce qu'il était. Alexandre lui sourit doucement, mais quelque chose dans ses yeux la fit hésiter. Il y avait une profondeur dans ce regard, quelque chose de mystérieux, mais aussi de sincère. Clara se sentit soudainement tirée dans un tourbillon d'émotions contradictoires.
Ils quittèrent la salle sous les applaudissements discrets des invités. Clara marchait à côté d'Alexandre, sentant un poids nouveau sur ses épaules. Le mariage était maintenant derrière elle, mais la réalité de leur contrat, de leur union, venait juste de commencer.