Chapitre 5 Chapitre 5

Alana était restée éveillée toute la nuit, le dossier laissé par Sienna posé devant elle, ses pages éparpillées sur la table. Chaque document, chaque mot écrit, chaque photo était une claque qui résonnait dans sa tête. Caleb et Mila... Elle avait voulu des preuves, et maintenant qu'elle les avait, c'était pire que ce qu'elle imaginait.

Les lettres échangées entre Mila et Caleb, pleines de sous-entendus, n'étaient pas seulement la preuve de leur liaison. Certaines d'entre elles faisaient allusion à des secrets partagés sur la meute, des informations qui ne devaient jamais quitter le cercle des dirigeants. Ce n'était plus simplement une affaire de trahison amoureuse. C'était bien plus grave.

Quand Caleb rentra ce matin-là, il trouva Alana assise dans le salon, le dossier en main.

"On doit parler," dit-elle, sa voix tranchante.

Il s'arrêta net, remarquant immédiatement l'aura glaciale qui régnait dans la pièce. "Qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-il, feignant l'ignorance, mais son regard trahissait une certaine nervosité.

Alana lança le dossier sur la table basse, le laissant s'ouvrir pour révéler les pages compromettantes. "Ça. Ça se passe, Caleb."

Il s'approcha lentement, fronçant les sourcils en regardant les documents. "C'est quoi, ça ?"

"Ne joue pas à ça avec moi !" cria Alana, se levant d'un bond. "Tu sais exactement ce que c'est. Des lettres. Des messages. Des preuves que toi et Mila cachez bien plus que ce que je pensais."

Caleb attrapa une lettre au hasard, parcourut les lignes, puis la laissa retomber sur la table. "Tu crois vraiment à ça ?" demanda-t-il, son ton se faisant plus accusateur. "Alana, tu ne vois pas que quelqu'un essaie de nous monter l'un contre l'autre ?"

Elle rit amèrement. "Oh, arrête. Ne me dis pas que ces lettres sont fausses. Ton écriture est reconnaissable entre mille, Caleb."

"Peut-être, mais ça ne veut rien dire. Mila et moi travaillons ensemble pour protéger la meute. Tu sais à quel point la situation avec Shadowclaw est tendue en ce moment. Si on échange des messages, c'est pour le bien de tout le monde."

"Vraiment ?" Alana planta son regard dans le sien, cherchant à percer le mensonge. "Et les photos ? Mila qui te touche le bras comme si tu lui appartenais ? Ce sont des preuves, Caleb, pas des illusions."

Il recula, passant une main dans ses cheveux, visiblement agacé. "D'accord, Mila a peut-être dépassé certaines limites. Mais ce n'est pas ce que tu crois. Elle... elle est confuse, d'accord ? Et moi, je n'ai jamais rien fait pour encourager ça."

"Ne me fais pas rire," siffla Alana. "Tu crois que je vais te croire après tout ça ? Tu m'as menti, Caleb. Tu m'as trahie."

"Et toi, tu as fouillé dans ma vie," répliqua-t-il, les yeux brillants de colère. "Est-ce que c'est censé faire de toi la victime parfaite ? Tu crois que ton comportement est irréprochable ? Peut-être qu'au lieu de chercher des coupables, tu devrais te demander pourquoi tu ne m'as pas fait confiance dès le départ."

Alana ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Elle savait qu'il essayait de retourner la situation contre elle, et malgré tout, une part d'elle se demandait s'il avait raison.

"Tu n'as rien compris, Caleb," murmura-t-elle finalement. "Mais tu comprendras bientôt. Je ne vais pas laisser ça passer."

Et elle quitta la pièce, le laissant seul avec ses mensonges.

***

Quelques heures plus tard, Alana se retrouvait dans le bureau de Lucian, un lieu à la fois intimidant et étrangement apaisant. Les murs étaient tapissés de livres anciens, et l'air portait un léger parfum de bois brûlé. Lucian, vêtu d'un costume sombre qui contrastait avec l'atmosphère rustique, se tenait près de la fenêtre, regardant au loin.

"Tu m'as fait demander ?" dit-elle, sa voix plus assurée qu'elle ne l'était en réalité.

Il se retourna lentement, son regard perçant se posant sur elle. "Alana. Entre."

Elle s'avança, croisant les bras pour se donner une contenance. "Qu'est-ce que tu veux, Lucian ?"

Il esquissa un léger sourire avant de s'asseoir sur le bord de son bureau. "Je veux te proposer une opportunité. Une chance de prouver ta valeur, non seulement à moi, mais à toute la meute."

"Une opportunité ?" répéta-t-elle, méfiante.

"Je veux que tu deviennes ma Bêta."

Le silence tomba dans la pièce, lourd et oppressant.

"Ta Bêta ?" murmura-t-elle, incapable de cacher sa surprise.

"Tu as toutes les qualités nécessaires," poursuivit-il calmement. "Tu es forte, loyale, intelligente. Et surtout, tu sais voir les choses telles qu'elles sont, même quand elles sont douloureuses."

"Lucian... ce que tu me demandes, c'est plus qu'un simple rôle. Si j'accepte, ça changera tout."

"Exactement," dit-il, son regard s'intensifiant. "Et c'est pour ça que je veux que ce soit toi. La meute a besoin de leaders capables de prendre des décisions difficiles. Et moi, j'ai besoin de quelqu'un en qui je peux avoir confiance."

Alana sentit son cœur s'accélérer. Elle avait toujours rêvé de prouver sa valeur, mais pas comme ça. Pas en remplaçant Caleb, pas en prenant une position qui changerait tout ce qu'elle connaissait.

"Je ne sais pas," murmura-t-elle, hésitante.

Lucian se redressa, s'approchant lentement d'elle. Il s'arrêta juste devant elle, si près qu'elle pouvait sentir la chaleur de son corps.

"Je ne te presse pas," dit-il, sa voix douce mais ferme. "Prends le temps de réfléchir. Mais n'oublie pas, Alana... l'ennemi approche. Et quand il frappera, il faudra que tu sois prête."

Elle releva les yeux vers lui, et pour la première fois, elle sentit une tension qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant. Quelque chose dans sa posture, dans la profondeur de ses yeux, dans la façon dont il prononçait son prénom. Elle sentit une chaleur étrange monter en elle, mais elle la repoussa aussitôt. Ce n'était pas le moment.

"Je vais réfléchir," dit-elle finalement, reculant d'un pas.

Lucian hocha la tête, un sourire énigmatique sur les lèvres. "Fais ça. Mais souviens-toi, Alana... parfois, les choix les plus difficiles sont ceux qui nous rendent plus forts."

Elle quitta le bureau, la tête pleine de questions, son cœur tiraillé entre sa loyauté envers la meute et ses propres sentiments naissants.