- À la maison dans le salon, j'ai réussi à m'échapper et je l'ai enfermé dans la chambre.
- J'espère qui ne t'a pas fait mal ? J'arrive tout de suite.
Je raccroche, mais mes mains ne cessent de trembler. Mon cœur bat à tout rompre, et chaque bruit me fait sursauter. Incapable de rester à l'intérieur, je sors et vais m'asseoir devant l'entrée. L'air frais me fait légèrement du bien, mais pas assez pour apaiser la peur qui m'étreint.
Je regarde autour de moi, me souvenant qu'à l'époque où mon père était encore vivant, nous avions un gardien. Un homme fiable qui veillait à notre sécurité. Mais dès que Herick a commencé à fréquenter notre maison, ma mère l'a renvoyé sans raison valable. Je suis certaine que c'est Herick qui le lui a demandé. Il savait exactement ce qu'il faisait. Il voulait éliminer toute barrière entre lui et sa proie.
Assise là, seule, je ressens un mélange d'angoisse et d'impuissance. Chaque minute semble s'étirer dans un silence insupportable. Les coups que Herick donnait sur la porte de la chambre ont cessé, mais son absence de bruit est tout aussi inquiétante. Mon esprit est envahi par des pensées sombres. Et s'il parvient à sortir ? Et s'il me fait encore du mal ?
Soudain, la sonnerie de la maison brise le silence. Mon cœur rate un battement. Je me lève précipitamment, hésitante, avant de regarder par le portail. C'est Boris. Un soupir de soulagement m'échappe, et je me hâte d'aller lui ouvrir. Dès qu'il est face à moi, je me jette dans ses bras, mes nerfs lâchant enfin.
Les larmes que j'ai retenues avec tant de difficulté se mettent à couler librement.
- Il faut que ça s'arrête, murmuré-je, la voix brisée. Je ne peux plus vivre comme ça, Boris. Je n'en peux plus.
Il me serre fort, posant une main protectrice sur ma tête.
- Ça va aller, Lara. Je suis là maintenant, dit-il doucement, mais je peux sentir la tension dans sa voix.
J'ai tout raconté à Boris, détaillant chaque moment horrible de ma confrontation avec Herick. Comme je m'y attendais, il s'est enflammé, son visage déformé par la colère. Il s'est même levé d'un bond, décidé à aller ouvrir la porte de ma chambre pour affronter Herick.
- Boris, non ! Pas question ! murmuré-je, en attrapant son bras.
Il s'arrête, me fixant avec des yeux furieux.
- Lara, tu veux que ça continue ? Ce type mérite une leçon !
Je secoue la tête, ma voix tremblante mais ferme.
- Je ne veux pas que tu te mettes dans cette histoire au point de devenir l'ennemi de ma mère. Tu sais comment elle est. Elle ne voit rien de ce qu'il est, et elle serait capable de t'en vouloir plutôt que de lui reprocher ses actes. Elle est complètement sous son emprise.
Boris souffle bruyamment et, à contrecœur, retourne s'asseoir à côté de moi. Je peux sentir sa frustration bouillir. Après un moment de silence tendu, il finit par parler, sa voix emplie de colère contenue.
- Tu as bien fait de l'enfermer dans ta chambre. Mais, honnêtement, je doute que ça change quoi que ce soit. Ta mère est aveuglée par ce monstre qu'elle a laissé entrer dans votre maison. Sérieusement, comment une femme de presque quarante ans peut-elle se laisser manipuler à ce point par un gamin de vingt-cinq ans ? Elle appelle ça de l'amour ? C'est pathétique.
Je hoche la tête, partageant son dégoût.
- Moi aussi, ça m'a choquée quand j'ai vu sa carte d'identité pour la première fois. Il a beau l'air d'un adulte, c'est un jeune homme. Et c'est un opportuniste, ça se voit. Ma mère lui donne tout sur un plateau d'argent. C'est elle la cause de tout. Même s'il l'a ensorcelée, comme je commence à le croire, c'est elle qui lui a ouvert la porte. Elle lui a donné le pouvoir. Mais on verra bien sa réaction quand elle découvrira son "homme" enfermé dans ma chambre. Cette fois, je suis prête à prendre toutes les décisions nécessaires.
Boris se frotte le visage, essayant visiblement de garder son calme. Puis, d'une voix plus basse mais toujours saturée de rage, il ajoute :
- Lara, il y a une chose que je n'arrive pas à m'enlever de la tête. Depuis la mort de ton père, tout ça n'a aucun sens. Ce Herick... il est trop confiant, trop installé. À mon avis, ils étaient ensemble bien avant la mort de ton père. Et si tu veux mon avis, ils l'ont tué pour pouvoir vivre leur vie tranquillement.
Ses mots résonnent comme une gifle. Mon cœur se serre, et mes mains se mettent à trembler.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu dis, Boris ? Ma mère n'aurait jamais pu...
- Réfléchis, Lara, m'interrompt-il brusquement. Depuis combien de temps ce type est dans votre vie ? Et regarde comment il agit, comme s'il était chez lui. Il a un contrôle total sur ta mère et commence à vouloir t'avoir aussi. Ce n'est pas normal.
Je recule légèrement, secouant la tête, incapable de digérer ce qu'il vient de dire.
- Non, murmuré-je, incrédule. Ma mère est peut-être aveugle, mais elle n'aurait jamais pu faire une chose pareille. Pas à mon père.
- Alors pourquoi tout est parti en vrille juste après sa mort ? Pourquoi ce Herick a-t-il pris autant de place dans vos vies ? Tu ne trouves pas ça louche ?
Ses questions tournent dans ma tête comme une tempête. Une part de moi refuse de croire ce qu'il insinue, mais une autre, plus sombre, ne peut s'empêcher de considérer l'idée.
Je suis sur le point de répondre à Boris quand un bruit de moteur se fait entendre depuis le portail. C'est la voiture de ma mère. Mon cœur s'accélère malgré moi. Boris et moi nous levons immédiatement pour aller lui ouvrir le portail. Dès que c'est fait, elle entre dans l'allée, et nous refermons derrière elle, attendant qu'elle finisse de garer sa voiture et descende.
Quelques instants plus tard, elle sort de la voiture, visiblement pressée et déjà préoccupée. Sa première question fuse sans qu'elle ne nous regarde vraiment.
- Herick est venu à la maison ?