Marié par convenance
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Chapitre 2 Chapitre 2

Adrien soupira, comme si cette conversation le fatiguait déjà. « Peu importe. Ça n'a rien à voir avec vous. Vous devriez retourner pleurer dans votre chambre, ou quoi que ce soit que vous faisiez avant de m'interrompre. »

C'était la goutte de trop. La douleur qu'elle avait essayé de refouler toute la journée refit surface, mêlée à une colère qu'elle n'avait pas encore osé exprimer.

« Et vous ? » lâcha-t-elle, les poings serrés. « Vous jouez le grand chef, mais vous êtes ici tout seul à vous plaindre. Peut-être que votre 'partenaire' en avait marre de vous. »

Le silence qui suivit fut presque tangible. Adrien ne montrait rien, mais un éclat passa dans ses yeux. Un mélange de surprise et de défi.

« Vous avez du cran, je vous l'accorde, » dit-il en souriant légèrement. « Mais vous ignorez tout de moi. »

Lucie s'approcha, oubliant toute prudence. « Oh, je vois très bien quel genre vous êtes. Vous pensez que l'argent règle tout, que les gens doivent se plier à vos exigences. Mais parfois, la vie vous prend par surprise. »

Elle aurait pu s'arrêter là, mais quelque chose en elle, une impulsion qu'elle ne contrôlait pas, la poussa à aller plus loin.

« Si vous cherchez quelqu'un pour ce contrat, pourquoi pas moi ? »

Ces mots résonnèrent dans la pièce, et elle les regretta presque instantanément. Qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Mais Adrien, lui, ne réagit pas comme elle s'y attendait. Il la regarda, son sourire se transformant en une expression qu'elle ne parvenait pas à déchiffrer.

« Vous plaisantez, » dit-il enfin, bien que sa voix était devenue plus basse.

Lucie secoua la tête, même si elle-même n'était pas certaine de ce qu'elle faisait. « Pourquoi pas ? Vous avez besoin de quelqu'un, et moi... » Elle s'interrompit, cherchant ses mots. « Moi, je n'ai rien à perdre. »

Un silence pesant s'installa. Adrien semblait réfléchir, ses doigts tapotant contre son téléphone. Puis, brusquement, il éclata de rire.

« Vous êtes sérieuse ? » demanda-t-il, presque incrédule.

« Complètement, » répondit-elle, bien qu'une part d'elle criait de s'arrêter.

Adrien pencha légèrement la tête, comme s'il la voyait sous un jour nouveau. « Très bien, » dit-il lentement. « Supposons que j'accepte. Vous êtes prête à ce que cela implique ? »

Lucie fronça les sourcils. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? »

Il s'approcha, réduisant la distance entre eux. « Ce contrat n'est pas une blague. Il y a des conditions strictes, des attentes à respecter. Ce n'est pas un conte de fées, et je ne suis pas un prince charmant. »

Elle sentit son cœur s'accélérer. Il était intimidant, mais elle ne voulait pas reculer. Pas cette fois. « Quelles conditions ? » demanda-t-elle.

Adrien sourit, mais ce n'était pas un sourire chaleureux. « Vous devrez signer un contrat de mariage, stipulant que vous jouerez le rôle de ma femme pendant un an. Pas de sentiments, pas d'attachements. C'est purement transactionnel. Et à la fin, chacun reprend sa vie. »

Lucie sentit un frisson lui parcourir l'échine. C'était insensé, irréel. Mais en même temps, c'était peut-être sa chance de reprendre le contrôle de sa vie.

« D'accord, » dit-elle finalement, sa voix tremblant légèrement.

Adrien haussa un sourcil. « Vous acceptez aussi facilement ? Vous ne voulez pas réfléchir ? »

Elle secoua la tête. « Non. Comme je l'ai dit, je n'ai rien à perdre. »

Adrien la fixa, comme s'il cherchait une faille dans sa détermination. Puis, il tendit la main. « Très bien. Nous avons un accord. Mais préparez-vous, ce ne sera pas facile. »

Lucie hésita, puis serra sa main. Ce simple geste, pourtant banal, scellait un pacte qui allait changer leurs vies à tous les deux.

Mais au moment où leurs mains se quittèrent, une ombre passa sur le visage d'Adrien. « Une dernière chose, » ajouta-t-il.

« Quoi encore ? » demanda Lucie, sentant son courage vaciller.

Il s'approcha de nouveau, si près qu'elle pouvait sentir la chaleur qui émanait de lui. « Ne croyez pas une seconde que je vais vous faciliter les choses. Si vous voulez jouer ce rôle, vous devrez être parfaite. Sinon... »

Il n'eut pas besoin de terminer sa phrase. Lucie comprit qu'elle venait de s'embarquer dans quelque chose de bien plus grand qu'elle.

Le lendemain, à peine quelques heures après leur étrange poignée de main, Adrien m'attendait devant l'hôtel, son téléphone collé à l'oreille et une expression impénétrable. Lucie, qui n'avait pas dormi, avait passé la nuit à ressasser sa décision. Avait-elle complètement perdu la tête ? Probablement. Mais il était trop tard pour reculer.

« Vous êtes en retard, » lança-t-il en la voyant approcher.

« Désolée, je n'ai pas l'habitude de me marier sur un coup de tête, » répondit-elle, avec un mélange de sarcasme et de nervosité.

Il l'ignora et ouvrit la portière d'une berline noire qui semblait tout droit sortie d'un film. « Montez, nous n'avons pas toute la journée. »

Le trajet fut silencieux. Adrien tapotait frénétiquement sur son téléphone, ignorant délibérément Lucie, qui fixait les rues défilant à toute vitesse. Quand ils arrivèrent devant un imposant bâtiment de verre, elle sentit son estomac se nouer.

« C'est ici qu'on se marie ? » demanda-t-elle, incrédule.

Adrien hocha la tête sans un mot. L'intérieur du bâtiment était austère et moderne, un contraste frappant avec l'idée traditionnelle qu'elle se faisait d'un mariage. Ils furent accueillis par un homme en costume strict, qui se présenta comme leur avocat, et un témoin anonyme, une femme blonde qui n'avait visiblement été appelée que pour signer des papiers.

Le mariage lui-même fut expédié en quinze minutes. Pas de cérémonie, pas d'échange de vœux. Juste des signatures sur des documents, des termes contractuels énoncés de manière monotone par l'avocat et un simple « Félicitations » qui sonnait presque ironique.

Lucie regarda sa main, où brillait une bague qu'Adrien avait sortie de sa poche comme un détail mineur. Elle se sentait vide, comme si une partie d'elle-même venait d'être engloutie dans cette transaction froide.

« Tout est en ordre, » annonça l'avocat.

Adrien se leva sans un mot, suivi de Lucie, qui traînait légèrement les pieds. En sortant, elle murmura : « C'était... pitoyable. »

« Ce n'était pas censé être un conte de fées, » répondit-il d'un ton sec.

Ils retournèrent à la voiture, et cette fois, Adrien lui expliqua les prochaines étapes. « Vous allez vivre avec moi, évidemment. Mon appartement est suffisamment grand pour que nous n'ayons pas à nous croiser si vous voulez m'éviter. »

« Charmant, » répliqua-t-elle avec un sourire sarcastique.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'appartement, Lucie fut frappée par l'opulence des lieux. Le penthouse s'étendait sur deux étages, avec des baies vitrées offrant une vue imprenable sur la ville. Tout était impeccable, du mobilier minimaliste en marbre et en cuir aux œuvres d'art accrochées aux murs. Elle avait l'impression d'entrer dans un musée, pas une maison.

Adrien, quant à lui, ne semblait même pas remarquer la magnificence de son environnement. Il se dirigea vers le bar et se servit un verre d'eau. « Vous pouvez prendre la chambre d'amis, » dit-il.

Lucie parcourut l'espace du regard, essayant de ne pas montrer à quel point elle se sentait hors de sa place. « Merci pour cette générosité. Je vais essayer de ne pas abîmer vos précieux tapis. »

Adrien esquissa un sourire en coin. « Faites comme chez vous, mais souvenez-vous que ceci n'est qu'un arrangement. Ne vous attendez pas à ce que je joue les hôtes parfaits. »

Elle hocha la tête, bien qu'un poids pesait sur sa poitrine. Cet endroit, aussi luxueux soit-il, n'avait rien d'accueillant.

Elle venait à peine de poser ses affaires dans la chambre d'amis qu'un bruit sourd retentit dans l'entrée. Une voix féminine, glaciale, résonna.

« Adrien ? Je croyais que tu étais à une réunion importante. »

            
            

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