Chapitre 5 5

Elle releva la tête, surprise de voir Marcello Valentini, l'élégant rival de Liam. Son costume gris impeccablement taillé et son sourire charmeur le rendaient aussi impressionnant qu'irritant.

Monsieur Valentini, répondit-elle poliment, bien qu'avec une certaine froideur. Que puis-je pour vous ?

Juste Marcello, s'il vous plaît, dit-il en tirant une chaise pour s'asseoir sans attendre son approbation.

Élise arqua un sourcil, agacée par son assurance.

Je suis un peu occupée, alors si c'est à propos du projet...

Justement, coupa-t-il. J'ai une proposition qui pourrait changer votre vie, Élise.

Elle ferma son carnet, ses yeux fixant les siens.

Je suis déjà engagée sur un projet important, vous le savez.

Avec Liam Delacroix, bien sûr, dit-il avec un sourire narquois. Mais êtes-vous sûre qu'il apprécie votre talent à sa juste valeur ?

Qu'est-ce que vous voulez dire ?

Marcello se pencha légèrement, sa voix devenant plus basse, presque confidentielle.

Vous êtes brillante, Élise. Et ce projet, bien qu'impressionnant, n'est qu'un tremplin pour vous. Imaginez-vous à la tête d'un design révolutionnaire, sans contraintes, avec un budget illimité.

Vous me flattez, mais...

Ce n'est pas de la flatterie, coupa-t-il. C'est une opportunité. Rejoignez-moi pour concevoir un complexe hôtelier unique en son genre à Monte-Carlo.

Élise resta interdite. L'offre était alléchante, mais elle savait qu'accepter signifierait trahir Liam.

Je suis honorée que vous pensiez à moi, mais je ne peux pas abandonner un projet en cours.

Qui a dit d'abandonner ? Vous êtes talentueuse. Vous pourriez gérer les deux, non ?

Elle sentit le piège dans ses paroles et secoua la tête.

Je ne suis pas intéressée par des conflits d'intérêt, monsieur Valentini.

Marcello se redressa, son sourire s'élargissant comme s'il trouvait son refus encore plus divertissant.

Réfléchissez-y, dit-il en glissant une carte de visite sur la table. Vous savez où me trouver.

Il quitta le café aussi brusquement qu'il était arrivé, laissant Élise avec une multitude de questions.

Le chantier de l'hôtel de luxe était en pleine effervescence lorsque Liam arriva, l'air plus sombre que d'habitude. Il venait de recevoir un appel informant qu'Élise avait été vue en compagnie de Marcello Valentini. Son instinct, forgé par des années de compétition féroce dans le monde des affaires, lui soufflait que cela ne pouvait signifier rien de bon.

Il repéra Élise près d'un groupe d'ouvriers, discutant de détails techniques.

Élise, une minute, s'il vous plaît, dit-il en s'approchant.

Elle leva les yeux, surprise par la tension dans sa voix.

Oui ?

J'ai entendu dire que vous avez rencontré Marcello Valentini ce matin.

Son ton direct la mit immédiatement sur la défensive.

Vous me surveillez maintenant ?

Ce n'est pas une réponse, répliqua-t-il, les yeux plissés.

Élise soupira, agacée.

Il est venu me parler, oui. Je ne savais pas qu'il avait besoin de votre autorisation pour m'approcher.

Et qu'est-ce qu'il voulait ?

Rien d'important, répondit-elle en croisant les bras.

Liam serra la mâchoire, clairement insatisfait de sa réponse.

Rien d'important ? Ne jouez pas à ce jeu avec moi, Élise. Marcello ne fait jamais rien sans une arrière-pensée.

Peut-être, mais je suis capable de gérer une conversation sans me laisser manipuler, dit-elle avec froideur.

Vous ne comprenez pas dans quoi vous mettez les pieds.

Non, Liam, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous pensez pouvoir contrôler avec qui je parle.

Il se rapprocha, ses traits marqués par une colère contenue.

Ce n'est pas une question de contrôle, Élise. C'est une question de loyauté.

Elle haussa un sourcil, incrédule.

Loyauté ? Vous insinuez que je pourrais travailler pour lui dans votre dos ?

Ce ne serait pas la première fois que Marcello essaie de voler quelqu'un.

Eh bien, je ne suis pas « quelqu'un », lança-t-elle, piquée au vif. Je suis une professionnelle, et je sais où sont mes engagements.

Le regard de Liam se radoucit légèrement, mais sa posture restait rigide.

Alors, prouvez-le, dit-il doucement.

Prouvez quoi ? Que je ne vais pas trahir votre précieuse confiance ?

Que vous êtes avec moi, Élise. Pas contre moi.

Elle le fixa, choquée par l'intensité de sa déclaration.

Je travaille pour ce projet, pas pour vous, répondit-elle enfin.

Ce projet, c'est moi, répliqua-t-il avec une sincérité désarmante.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne vint. La tension entre eux était devenue presque insupportable.

Prenez votre décision, dit-il avant de tourner les talons.

Il s'éloigna, la laissant seule avec ses pensées et la carte de visite que Marcello lui avait donnée plus tôt.

Cette nuit-là, Élise se retrouva dans son appartement, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. L'offre de Marcello résonnait dans son esprit, tout comme les paroles de Liam. Elle savait que son choix aurait des conséquences, non seulement pour sa carrière, mais aussi pour la relation complexe qui se tissait entre elle et Liam.

Elle prit la carte de Marcello et la posa sur la table, à côté des plans de l'hôtel. Le dilemme était clair : un chemin promettait la sécurité, l'autre le risque. Mais lequel choisirait-elle ?

Le crépuscule étendait un voile d'or sur la ville lorsque Liam s'approcha du bureau d'Élise. Elle était encore plongée dans ses croquis, un air de concentration marqué sur son visage. Les feuilles de papier étaient éparpillées autour d'elle, constellant la table d'idées audacieuses pour les intérieurs de l'hôtel.

Vous savez que la journée est censée avoir une fin, dit-il doucement en s'adossant à l'encadrement de la porte.

Élise sursauta légèrement, avant de lever les yeux, un sourire en coin sur les lèvres.

Quand on est passionné, la notion de fin devient floue, répondit-elle.

Passionnée ou têtue ?

Elle haussa les épaules, feignant l'indifférence.

Probablement un mélange des deux.

Liam s'avança dans la pièce, ses pas silencieux sur le parquet. Il avait abandonné sa cravate, et sa chemise blanche légèrement déboutonnée donnait un air détendu qu'elle ne lui voyait que rarement.

Vous avez mangé ? demanda-t-il.

Élise secoua la tête.

Pas encore. Trop de choses à faire.

Alors fermez tout ça. Ce soir, c'est moi qui vous invite.

Elle le regarda, sceptique.

Vous invitez souvent vos collaborateurs à dîner ?

Pas vraiment. Mais vous avez besoin d'une pause, et je connais un endroit parfait.

Avant qu'elle ne puisse protester, il ajouta :

Considérez ça comme un remerciement pour votre dévouement.

Élise hésita un instant, mais son estomac grognant répondit à sa place.

D'accord. Mais ne vous attendez pas à ce que je sois impressionnée.

Challenge accepté, dit-il avec un sourire énigmatique.

Le restaurant se trouvait à l'extérieur de la ville, niché sur une colline surplombant un lac tranquille. Les lumières tamisées et l'ambiance chaleureuse créaient une atmosphère intime. Élise observa l'endroit avec curiosité.

Comment avez-vous découvert ce lieu ?

Un ami m'y a amené il y a des années, répondit Liam en tirant sa chaise pour s'asseoir. C'est discret, parfait pour se déconnecter.

C'est beau, admit-elle, ses yeux parcourant les lieux.

Un serveur leur apporta un vin rouge raffiné et des amuse-bouches. Ils discutèrent de sujets légers, évitant soigneusement tout ce qui touchait à leur travail ou à leurs tensions récentes. À mesure que la soirée avançait, Élise se détendit.

Vous savez, je m'attendais à quelque chose de plus extravagant venant de vous, dit-elle en souriant.

Liam leva son verre, un éclat dans les yeux.

Parfois, le luxe réside dans la simplicité.