Les Murmures du Destin
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Chapitre 2 2

Élise choisit de ne pas insister, bien que sa curiosité fût piquée. Mais alors qu'elle ouvrait sa tablette pour afficher des plans, elle remarqua qu'il ouvrait l'enveloppe avec une lenteur inhabituelle. Une feuille s'en échappa, portant quelques lignes griffonnées à la main. Liam la lut rapidement, son expression se durcissant à mesure que ses yeux parcouraient le texte.

Qui ose... murmura-t-il, à peine audible.

Élise le vit froisser la lettre avant de la jeter sur la table, mais pas avant d'apercevoir un mot : vérité. Elle détourna rapidement les yeux lorsque Liam sembla se rappeler de sa présence.

Pardon, dit-il brusquement, d'un ton qui n'invitait pas à la discussion. Revenons à nos affaires.

Il reprit la réunion avec une précision clinique, mais Élise sentit que son esprit était ailleurs. À chaque question qu'elle posait, il semblait hésiter une fraction de seconde avant de répondre, comme s'il jonglait entre deux fronts.

Plus tard dans la journée, Élise rejoignit le chantier pour une inspection de routine. Le terrain était déjà un tourbillon d'activités : des machines lourdes déplaçaient des tonnes de terre, des ouvriers grimpaient sur des échafaudages, et les chefs de chantier coordonnaient tout d'un œil vigilant.

Elle portait un casque de sécurité et une veste fluorescente, et malgré le vacarme ambiant, elle se sentait dans son élément. Elle traversait le site en prenant des notes sur les progressions, échangeant avec les ingénieurs et techniciens, et vérifiant que tout se déroulait comme prévu.

C'est alors qu'elle aperçut Liam, vêtu d'un costume impeccable mais portant aussi un casque, debout à l'écart. Sa présence sur le chantier n'était pas courante, ce qui piqua sa curiosité. Il observait tout avec intensité, mais ses yeux semblaient chercher autre chose, ou quelqu'un.

Élise s'approcha, s'efforçant de ne pas laisser transparaître l'agitation qu'il provoquait toujours en elle.

Surpris de vous voir ici, Monsieur Delacroix, lança-t-elle en guise de salutation.

Il lui accorda un regard furtif avant de répondre.

Parfois, il faut voir les choses de près pour comprendre si elles fonctionnent.

Son ton était énigmatique, mais Élise choisit de se concentrer sur son travail.

Nous progressons bien. L'équipe a déjà coulé les premières fondations, et nous avons réduit le délai initial de deux semaines grâce à un nouvel équipement.

Impressionnant, admit-il, bien qu'avec une réserve calculée. Mais votre objectif est d'être irréprochable, pas seulement efficace.

Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, un cri perça le tumulte du chantier. Élise tourna la tête juste à temps pour voir un ouvrier suspendu à un échafaudage qui vacillait dangereusement. Une des fixations s'était détachée, et l'homme semblait sur le point de chuter.

Sans réfléchir, Élise se précipita.

Attention ! cria-t-elle en courant vers l'échafaudage.

Elle atteignit rapidement le point d'ancrage, attrapant une corde de sécurité laissée au sol. Avec un geste sûr, elle la fixa à une poutre, stabilisant temporairement la structure. D'autres ouvriers accoururent pour aider, tirant l'homme en sécurité alors que l'échafaudage craquait sous son propre poids.

Essoufflée mais indemne, Élise se redressa, le cœur battant encore à toute vitesse. L'ouvrier, visiblement secoué, lui adressa un regard reconnaissant.

Merci, mademoiselle. Vous m'avez sauvé la vie.

Assurez-vous de vérifier votre harnais la prochaine fois, dit-elle, tentant de reprendre un ton professionnel malgré l'adrénaline.

Liam, qui avait tout observé depuis l'autre bout du chantier, s'approcha lentement. Son expression était indéchiffrable, mais une certaine lueur dans ses yeux suggérait qu'il était impressionné.

Vous n'êtes pas seulement architecte, on dirait, lança-t-il.

Juste quelqu'un qui refuse de regarder les choses s'effondrer, répondit-elle, un brin provocante.

Il la fixa un instant, comme s'il essayait de comprendre ce qui la motivait réellement.

Vous avez des réflexes... inhabituels pour votre métier.

Peut-être parce que je fais plus que dessiner des plans, répliqua-t-elle.

Liam ne répondit pas immédiatement, mais Élise remarqua qu'il semblait moins distant, presque humain.

Vous pourriez facilement déléguer et rester dans un bureau, mais vous êtes là, sur le terrain. Pourquoi ?

Parce que ce projet n'est pas qu'un contrat pour moi, dit-elle franchement. C'est une opportunité de montrer ce que je vaux, et je ne veux pas de demi-mesures.

Un léger sourire passa sur les lèvres de Liam, mais il disparut aussi vite qu'il était apparu.

Alors, peut-être avons-nous plus en commun que je ne le pensais, murmura-t-il, presque pour lui-même.

Avant qu'elle ne puisse répondre, un ingénieur s'approcha pour les informer que l'échafaudage défectueux serait retiré immédiatement. Élise acquiesça, mais son esprit restait tourné vers Liam.

Ce regard, ces mots... Il y avait une complexité chez cet homme qu'elle n'avait pas encore percée.

Alors qu'elle s'éloignait pour poursuivre son inspection, elle jeta un dernier coup d'œil vers Liam. Il se tenait là, les mains dans les poches, observant le chantier, mais elle sentait que ses pensées étaient ailleurs.

Et quelque part au fond d'elle, une intuition naissait : ce projet allait bien au-delà de la construction d'un hôtel.

Le lendemain de l'incident sur le chantier, Élise s'était replongée dans son travail. Le dossier de l'hôtel de luxe s'empilait sur son bureau, et malgré la tension palpable qui continuait de marquer ses interactions avec Liam, elle ne pouvait nier que le projet la passionnait. Alors qu'elle terminait un appel avec un fournisseur, son téléphone vibra, affichant un numéro inconnu.

Élise Fournier, répondit-elle avec professionnalisme.

Bonjour, Mademoiselle Fournier. C'est Liam Delacroix.

La voix grave et posée de Liam résonna à travers l'appareil, un rappel immédiat de leur dernière rencontre.

Monsieur Delacroix, dit-elle, surprise. Que puis-je faire pour vous ?

J'ai une proposition. Rien à voir avec le chantier, mais qui pourrait avoir son importance pour notre partenariat.

Elle haussa un sourcil, intriguée.

Je vous écoute.

Je vous invite à m'accompagner à un gala de charité demain soir. C'est un événement important dans mon cercle d'affaires, et il serait pertinent que vous y soyez.

La proposition la prit de court. Elle n'avait jamais imaginé devoir côtoyer ce genre d'élite, encore moins en compagnie de Liam.

Je ne suis pas certaine que ce soit nécessaire, tenta-t-elle.

Ce n'est pas une demande, Élise, répliqua-t-il d'un ton ferme mais pas dénué de charme. Votre présence sera bénéfique pour le projet, et pour votre réseau.

Elle réfléchit une seconde. Refuser risquait de compromettre leur collaboration.

Très bien, dit-elle enfin.

Parfait. Je viendrai vous chercher à 19 heures. Portez quelque chose d'élégant.

Il raccrocha avant qu'elle n'ait pu répondre. Élise posa son téléphone, perplexe. Une invitation à un gala... ou une autre de ses manières de la tester ?

Le lendemain soir, Élise se tenait devant le miroir, ajustant les plis d'une robe noire sobre mais élégante. Ses cheveux ondulaient sur ses épaules, et elle portait un collier discret qui ajoutait une touche d'éclat. Elle inspira profondément, se préparant mentalement à affronter ce monde d'apparences.

Un bruit de moteur la fit sursauter. En jetant un coup d'œil par la fenêtre, elle aperçut une limousine noire garée devant son immeuble. Quelques secondes plus tard, on frappa à sa porte.

Élise, dit Liam en la voyant, son regard parcourant rapidement sa silhouette. Vous êtes parfaite.

Elle sentit ses joues chauffer légèrement, mais elle maintint son calme.

Merci. Vous n'êtes pas mal non plus, répondit-elle, observant son costume impeccable.

Ils descendirent ensemble, et dès qu'ils montèrent dans la voiture, Liam sortit un dossier.

Nous devrons parler à plusieurs investisseurs ce soir, dit-il, sautant immédiatement dans les affaires. Votre rôle sera d'appuyer notre projet avec votre expertise technique.

Bien sûr, répondit-elle, bien qu'un peu déçue par son manque de légèreté.

            
            

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