Élise observa les deux hommes, son instinct lui disant que cette altercation était bien plus profonde qu'une simple dispute professionnelle.
Suffit, dit-elle en s'interposant. Ce n'est pas le lieu pour régler vos différends.
Et pourtant, c'est le moment parfait, répondit Marcello, son sourire s'élargissant.
Liam fit un pas vers lui, sa stature imposante accentuant la tension.
Quittez ce chantier, Marcello.
Ou quoi ? Vous allez me frapper devant vos employés ? Très professionnel.
Le silence s'épaissit, chacun attendant la réaction de Liam. Élise posa une main sur son bras, essayant de le calmer.
Liam, ça ne vaut pas la peine, murmura-t-elle.
Il la regarda, ses yeux reflétant une colère contenue.
Vous avez raison, dit-il finalement, reculant d'un pas.
Marcello éclata de rire.
Toujours aussi prévisible, Delacroix. À bientôt, Élise.
Il quitta la tente, laissant derrière lui une tension palpable et des questions non résolues. Élise se tourna vers Liam, cherchant des explications.
Qu'est-ce qu'il voulait dire par « zones d'ombre » ? demanda-t-elle.
Liam la regarda, ses traits durs se radoucissant légèrement.
Ce n'est rien dont vous devez vous soucier.
Mais elle savait que ce n'était pas la vérité. Le mystère autour de Liam Delacroix s'épaississait, et elle ne pouvait s'empêcher de se demander quel rôle elle jouait dans ce jeu complexe de pouvoir et de secrets.
La lumière tamisée du bureau de Liam projetait une douce lueur sur les plans étalés sur la table. Élise, penchée au-dessus des schémas, sentit un regard peser sur elle. Relevant la tête, elle croisa les yeux clairs de Liam qui l'observait depuis son fauteuil.
Vous devriez vous asseoir, dit-il calmement, un léger sourire au coin des lèvres. Vous allez finir par vous tuer le dos à travailler comme ça.
J'ai connu pire, répondit-elle en haussant les épaules. Mais merci de votre sollicitude, monsieur Delacroix.
Liam, corrigea-t-il en se levant pour rejoindre la table. Nous passons suffisamment de temps ensemble pour abandonner les formalités.
Élise hésita un instant avant de céder un sourire.
Très bien, Liam.
Il s'installa à côté d'elle, son parfum subtil et musqué lui parvenant. Pendant quelques instants, ils discutèrent des ajustements nécessaires à l'agencement des suites de l'hôtel. Pourtant, la conversation dévia bientôt sur des terrains plus personnels.
Vous avez toujours voulu être architecte ? demanda-t-il soudainement, rompant le silence.
Elle cligna des yeux, surprise par la question.
Oui. Depuis que je suis enfant. J'aimais construire des maquettes avec mon père. Et vous ?
Il la fixa avec une intensité inhabituelle.
Moi ? Disons que je n'ai pas eu beaucoup de choix.
Pas de choix ? Vous êtes à la tête d'un empire. Vous pourriez faire n'importe quoi.
Peut-être, répondit-il avec une nuance de tristesse. Mais l'héritage familial vient avec des obligations.
Élise le regarda attentivement, cherchant à déchiffrer l'homme derrière le milliardaire.
Vous n'aimez pas ce que vous faites ?
Ce n'est pas une question d'aimer ou non, murmura-t-il. C'est une question de survie.
Elle sentit une pointe de vulnérabilité dans sa voix, une rareté qu'elle n'avait jamais perçue chez lui auparavant.
Je pense que nous avons tous nos fardeaux, finit-elle par dire doucement.
Il la fixa un instant, comme s'il essayait de lire en elle.
Et quels sont les vôtres, Élise ?
Elle détourna le regard, mal à l'aise face à l'intensité de sa question.
Rien que je ne puisse gérer, répondit-elle, évasive.
Vous êtes forte, dit-il avec une pointe d'admiration.
Leurs regards se croisèrent, et pendant un moment, le silence devint lourd, chargé de quelque chose qu'ils ne voulaient pas nommer.
Nous devrions revenir aux plans, dit-elle brusquement, rompant la tension.
Bien sûr, répondit-il, mais son sourire énigmatique laissa entendre qu'il avait perçu plus qu'elle ne voulait montrer.
Plus tard dans la nuit, Élise quitta le bureau, ses pensées troublées par leur conversation. Elle n'avait pas prévu que travailler avec Liam Delacroix la pousserait à se confronter à ses propres insécurités.
Alors qu'elle descendait les escaliers du bâtiment, une voix grave attira son attention. Elle s'arrêta, tendant l'oreille.
Vous savez que le temps presse, Liam, disait un homme avec une tonalité menaçante.
Élise se rapprocha discrètement, s'abritant dans l'ombre d'une colonne.
Je ne prends pas d'ordres, répondit Liam froidement.
Vous devriez. Sinon, tout ce que vous avez bâti pourrait s'écrouler en un instant.
Elle retint son souffle. L'homme qui parlait à Liam était grand, vêtu d'un manteau sombre, et il se tenait dans une posture agressive.
Vous n'avez aucune idée de ce que je suis capable de faire si vous me poussez, répliqua Liam avec une fermeté glaciale.
Et vous, vous n'avez aucune idée de qui je représente, répondit l'autre, un sourire sinistre sur le visage.
Élise sentit son cœur s'emballer. Qui était cet homme ? Et pourquoi semblait-il menacer Liam ?
L'échange continua, mais elle n'entendit pas tout, ses pensées s'affolant. Elle voulait intervenir, mais quelque chose lui disait qu'elle ne devait pas se montrer.
Sortez d'ici, finit par dire Liam d'un ton sec.
L'homme ricana avant de s'éloigner dans l'ombre.
Quand il disparut, Élise s'avança doucement.
Liam ?
Il se retourna brusquement, visiblement surpris de la voir.
Élise ? Que faites-vous ici ?
Je devrais vous poser la même question, répondit-elle. Qui était cet homme ?
Personne d'important, éluda-t-il en ajustant les manches de son costume.
Ce n'est pas ce que j'ai entendu.
Liam la fixa, ses traits se durcissant.
Vous écoutez souvent aux portes, mademoiselle Fournier ?
Pas besoin d'écouter aux portes quand une menace résonne à travers tout le hall, répliqua-t-elle sèchement.
Il resta silencieux un moment, puis soupira.
Ce n'est rien dont vous devez vous inquiéter.
Rien ? Cet homme semblait prêt à tout pour obtenir quelque chose de vous.
Je gère.
Peut-être, mais si cela affecte ce projet, je veux savoir.
Liam fit un pas vers elle, réduisant la distance entre eux.
Vous ne comprenez pas dans quel jeu vous vous trouvez, Élise. Croyez-moi, il vaut mieux que vous restiez en dehors de ça.
Elle le regarda, sa mâchoire serrée, refusant de se laisser intimider.
Peut-être que je ne comprends pas. Mais si je découvre que cela compromet notre travail, je partirai.
Un éclair passa dans ses yeux, un mélange d'agacement et de respect.
Vous êtes plus têtue que je ne le pensais, dit-il finalement.
Et vous plus secret que je ne l'imaginais, répliqua-t-elle.
Liam esquissa un sourire, mais son regard restait sombre.
Bonne nuit, Élise, dit-il en s'éloignant vers l'ascenseur.
Elle le regarda partir, ses pensées envahies par des questions sans réponses. Le mystère autour de Liam Delacroix venait de s'épaissir, et elle se demandait si elle était prête à en découvrir davantage.
Les rayons du soleil perçaient timidement à travers les grandes baies vitrées du café chic où Élise avait pris l'habitude de travailler avant ses rendez-vous. Avec une tasse de cappuccino à portée de main, elle passait en revue les modifications qu'elle voulait proposer à Liam concernant les suites présidentielles. Elle était absorbée dans ses notes quand une voix suave interrompit sa concentration.
Mademoiselle Fournier, vous êtes encore plus radieuse que je ne me souvenais.