- Avant que tu n'arrives en classe E, je dois te donner quelques informations. Premièrement, ton professeur sera un poulpe jaune. Je vais être direct, la mission de ta classe, et donc dorénavant, la tienne, est de le tuer. Tu as pu remarquer qu'il ne reste que 30 % de la lune. C'est lui qui a détruit les 70 % manquant et il compte faire de même avec la Terre.
La jeune femme le regardait, complètement ahurie, alors qu'il continuait ses explications. En même temps, croire que l'on doit tuer un poulpe jaune qui après avoir détruit une partie de la lune, compte le faire entièrement avec la Terre et est accessoirement son professeur est difficile.
Cependant, le sérieux de son professeur de sport était tel qu'elle fut persuadée qu'il disait vrai. De plus, il n'avait pas d'intérêt à inventer de telles choses. Malgré cela, elle ne souhaitait pas être embarquée dans cette histoire.
Elle était autrefois en 3-A, mais en partie à cause de son manque de confiance et du fait qu'elle paniquât rapidement, ses notes chutèrent et la firent aller en 3-E que tous renommait "la classe des épaves".
- M-mais m-monsieur... Si l'armée n'a rien pu faire, comment voulez-vous que des collégiens s'en sortent ? E-et moi... Je ne serais qu'un boulet aux yeux de la classe... Balbutia-t-elle d'une voix chevrotante.
- Tu manques de confiance en toi, mais tu n'as pas à t'en faire. Pendant mes cours, je vous enseigne l'assassinat. Toute la classe est encore au niveau débutant, rassure toi.
Elle baissa la tête. Elle était maladroite et se blessait souvent. Pouvait-elle vraiment apporter de l'aide à ses nouveaux camarades ? À ses yeux, la réponse était négative.
Karasuma lui donna son arme en lui assurant que cette dernière n'était efficace que sur Koro sensei. Elle manqua de la faire tomber plusieurs fois, donc elle la rangea dans sa poche pour éviter de la perdre.
Avant qu'elle ne se rendît en cours, le professeur de sport lui rappela qu'elle ne devait en parler à personne. Elle hocha timidement la tête et alla en classe.
- Bonjour monsieur le poulpe... Dit-elle poliment en se courbant.
- Appelle moi Koro sensei ! (Il ricana au nom donné. ) Assis toi à côté de Nagisa... T/P, c'est bien cela ?
Elle confirma et chercha ledit Nagisa. Ce dernier leva la main et elle prit place à ses côtés. Il lui sourit et elle baissa la tête, gênée.
*
À la fin du cours, quelques élèves vinrent la voir. Beaucoup trop à son goût. Alors qu'ils commençaient à se présenter à elle, elle paniqua et ses jambes coururent d'elles même à plusieurs mètres du bâtiment.
Elle vérifia que personne ne l'avait suivi et s'assit dos à un arbre. Elle ramena ses genoux vers sa poitrine, enfouit sa tête dans ses bras et laissa ses larmes se déferler le long de ses joues.
Cela lui arrivait fréquemment. Lorsque plusieurs personnes lui parlaient, son cœur battait si vite qu'elle avait peur qu'il s'arrache de sa poitrine et elle avait presque du mal à respirer.
À cause de cela, elle reçut de nombreuses moqueries de la part de ses camarades. Ils la traitaient de faible, et certains allaient même jusqu'à l'attaquer physiquement en dehors des cours.
Sa timidité l'empêchait d'en parler. Elle avait également peur que cela empire les choses. Et elle n'avait aucune preuve car il était rare que cela se passe devant d'autre élèves. Et dans ces moment là , elle voyait dans le regard de ceux autour qu'ils voulaient faire quelque chose, mais ne faisait rien, par peur de s'imposer ou d'être pris en cible.
Ils détruisaient au fil du temps, le peu de confiance qu'il lui restait. Cela empiéta sur ses notes qui chutèrent. C'est ainsi qu'elle passa d'élève studieuse en 3-A, à épave de la 3-E.
À présent, c'était pire que tout. Non seulement, elle recevait des moqueries dû à sa faiblesse, mais toutes les classes la charriaient pour son arrivée dans la classe des minables comme ils aimaient le dire.
Elle sentit quelque chose se poser sur son épaule et sursauta. Elle leva la tête et trouva son professeur. Un instant, elle crut qu'il allait l'enfoncer, prendre des photos pour montrer à sa nouvelle classe la pleurnicharde qu'elle était. Mais à la place, il lui demanda ce qui lui était arrivée.
Il retira le tentacule de son épaule alors qu'elle baissait la tête.
- Je... J'ai toujours eu des difficultés à m'exprimer... (Elle renifla et essuya ses larmes) Et cela s'empire lorsque que plusieurs personnes viennent me parler. C'est plus fort que moi ; je panique et je m'enfuis pour m'isoler...
- Pourtant, tu n'as eu aucun problème à m'expliquer cela.
- J'imagine que c'est parce que vous êtes un poulpe. Se justifia-t-elle, avec une pointe d'amusement.
C'est vrai. Elle n'avait jamais réussi à converser avec une telle facilité. Même ses parents, qui étaient pourtant des sucres, l'intimidaient.
En revanche, les animaux la rassuraient. Elle pouvait passer des heures à rire avec son poisson, sachant qu'il ne devait rien comprendre à ce qu'elle lui disait. Cependant, elle s'en fichait. Elle se sentait à l'aise, et ce sentiment était si rare, que lorsqu'elle le ressentait, elle faisait en sorte que cela dure.
Peut-être est-ce dû au fait que les animaux ne pouvait pas raconter ses secrets aux autres, ni se moquer d'elle. Mais dans ce cas, cela ne justifierait pas son aisance avec Koro sensei.
- Alors, pourquoi ne pas imaginer que les humains sont des poulpes ?
- Intéressant comme idée. Si cela n'avait pas était vain... J'ai en effet déjà essayé avec des arbres, des pommes de terre, des rochers, des chèvres, et même mon poisson. La visualisation n'est pas si facile à croire.
Il hocha la tête, compréhensif. Il n'avait jamais tenté, et peut-être, cela dépendait de chacun, mais si elle le disait, c'est que pour elle, c'était vrai.
- À partir de combien de personne, tu commences à paniquer ?
- Avec deux personnes, j'ai un peu de mal, mais ça va encore. Au-delà, je n'y arrive pas. Ce serait comme me demander de gravir une montagne totalement ensevelie sous la neige, pieds et jambes nues. La seule différence, c'est que dans cette comparaison, je ne peux pas fuir.
Le poulpe ne put s'empêcher de glousser et la C/C fronça les sourcils. Il reprit donc son sérieux.
- J'en parlerai à tes camarades afin qu'ils fassent attention (Voyant son air réticent, il ajouta.) Ne t'inquiète pas, ils ne se moqueront pas de toi. Beaucoup ont un "handicap", et ils s'acceptent les uns et les autres. Tu peux avoir confiance en eux.
Cela la rassura et elle se détendit. Un léger sourire orna ses lèvres et elle demanda à son professeur la raison de son aide.
- C'est normal. En tant que professeur, je dois m'assurer que tous mes élèves se portent bien.
- C'est la première fois qu'un professeur se montre aussi attentionné...
Puis, alors qu'elle-même ne s'y attendait, elle récupéra son couteau et tenta une offensive. Perdant l'équilibre, elle se vautra sur le sol, laissant son arme glisser à quelques mètres.
Koro sensei réussit évidemment à esquiver l'attaque, mais dans la surprise, elle parvint à découper quelques millimètres de tentacule. Bien qu'il fallait être très près pour le voir.
Malgré sa chute, un sourire radieux se voyait sur son visage. Elle se leva doucement et rangea son couteau dans sa poche. C'était loin d'être suffisant pour le tuer, cependant, une grande fierté s'empara d'elle.
Habituellement, le visage du poulpe se rayerait de vert et il se moquerait gentiment d'elle sur le fait qu'elle ne le tuera pas comme cela. Seulement, s'il faisait cela, la confiance qui la gagnait redescendrait plus vite qu'elle n'est montée.
Il lui fit signe qu'il repartît et elle s'assit à nouveau contre l'arbre en souriant cette fois. Elle avait une étrange confiance en son professeur, alors s'il disait que tout se passerait bien, elle le croyait. Assez ironique au vu de sa mission qui était de le tuer.
Peu de temps après, Kayano et Nagisa se présentèrent à elle. Ils arboraient un sourire sincère et bienveillant.
- Koro sensei nous a expliqué pourquoi tu as fuis toute à l'heure. Commença Nagisa.
- On va t'aider à te mettre à l'aise !
Émue, les larmes lui montèrent aux yeux. Dans le passé, les personnes proches d'elle qui eurent connaissance de ce handicap s'en plaignait ouvertement tout en prétendant qu'ils resteraient amis.
La seule qui donnait l'impression de vouloir l'aider, n'était pas sincère et s'est rapidement laissée d'elle et l'a abandonné. Sans donner d'explications. Mais jusqu'à aujourd'hui, T/P ne lui en voulait pas. Elle savait qu'elle n'était pas facile à supporter. Elle parlait trop doucement. Elle n'osait jamais rien et la plupart du temps, refusait de sortir avec ses amis.
Mais finalement, si elle refusait, c'était car il y avait d'autres personnes qu'elle ne connaissait pas. Et elle comprit à cet instant, qu'elle était juste tombée sur les mauvaises personnes. Finalement, ce sont eux les épaves. Pourquoi ce sont les bonnes personnes qui sont discriminés ? Pourquoi se sentent-ils si bien à être responsable du malheur d'autrui ? Elle n'était pas sûre de vouloir des réponses.
T/P sourit à ses nouveaux amis et les remercia.
Un mois et demi était passé. La C/C se sentait plus à l'aise qu'à son arrivée. Pas au point de twerker devant toute la classe, mais elle s'entendait bien avec Nagisa, Kayano et karma. Le reste de la classe lui parlait de plans d'assassinats de Koro sensei et parfois, à but personnel.
Cela pourrait paraître ironique qu'une personne aussi timide soit proche de Karma. Mais c'est justement la confiance qu'il dégageât qui l'impressionnait et l'attirait.
Ses deux meilleurs amis l'avaient aidé à s'approcher de lui. Cela ne dérangeait pas le garçon aux cheveux couleur tampon usagé qui aimait certaines idées de farce de T/P.
Elle appréciait de passer du temps lui. Puis, son admiration se transforma en amour sans qu'elle ne comprît pourquoi.
C'était la première fois qu'elle ressentait cela envers quelqu'un. Alors, quand elle était seule avec lui, elle stressait et bégayait beaucoup.
D'un côté, elle voulait le fuir, de peur que son cœur explose, mais de l'autre, elle trouvait un certain confort à rester avec lui.
Nagisa et Kayano lui proposèrent de l'aider à se déclarer, mais elle refusa. Elle ne ressentait pas l'envie de lui avouer ses sentiments. Lui parler et traîner avec lui suffisaient à la combler.
Elle n'avait rien contre l'idée d'être en couple avec Karma. Elle se disait que s'il l'aimait, il lui avouerait et elle accepterait de sortir avec lui. Si ce n'était pas le cas, elle s'en fichait. Elle souhaitait simplement passer du temps avec lui.
Néanmoins, certaines filles qui remarquèrent les sentiments de T/P ne l'entendaient pas ainsi. Ou du moins, pensaient que c'était sa timidité qui la bloquait.
De ce fait, elles écrivirent une lettre d'amour au nom de la C/C et la mirent dans un cahier du rouge.
Lorsqu'il l'a lu le soir même, il eut une révélation. Il l'aimait, mais ne le savait pas. Depuis combien de temps était-ce le cas ? Il ne pouvait y répondre. Cependant, il comptait le lui dire le lendemain.
Avant d'entrer en classe, Karma stoppa la C/C et l'emmena derrière le bâtiment. Cette dernière s'attendait à ce qu'il lui propose un plan pour habiller Nagisa en fille et de le prendre en photo, car c'était quelque chose dont il avait déjà parlé. Mais ce ne fut pas le cas.
À la place, il sortit simplement la lettre en ajoutant « Tes sentiments sont réciproques. »
Elle le fixa, étonnée. Comment le sait-il ? D'où sort cette lettre ? Il se serait trompé de personne ? L'auteur n'as pas donné son nom et il a cru que c'était moi ? C'est une blague de sa part ? Ce ne pouvait être la dernière possibilité. Il aimait certes taquiner les autres, mais pas jouer avec les sentiments.
Voyant son air dubitatif, il se rapprocha d'elle, ne laissant à leurs lèvres, que quelques centimètres d'écart. Son souffle chaud faisait frissonner la C/C.
Il la regarda dans les yeux, attendant son approbation. Si la lettre était un quiproquo, une mauvaise blague, qu'elle ne l'aimait pas, il ne voulait pas l'embrasser sans être sûr. Et si elle ne ressentait vraiment rien pour lui, il pourrait dire que c'était une blague et qu'il s'en doutait.
Le cœur de T/P tambourinait dans sa poitrine et ses joues rougit lui brûlaient le visage. La bouche légèrement entrouverte, elle ferma lentement les yeux. Karma comprit le message et posa ses lèvres sur les siennes.
Koro sensei qui observait la scène de loin, prit une photo en riant. Enfin un couple dans la classe !
Leurs lèvres se décollèrent et le tampon usagé s'éloigna.
- Bon, maintenant allons habiller Nagisa en fille pour le prendre en photo !