Un mariage avec le milliardaire secret
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Chapitre 4 Chapitre 4

Elle l'ignora, se replongeant dans ses croquis avec un acharnement presque défensif. Gabriel haussa les épaules et retourna à son projet, marmonnant des instructions pour lui-même tandis qu'il connectait divers câbles à ce qui ressemblait à une boîte noire.

Quelques heures plus tard, Clara sentit sa patience atteindre ses limites.

- *C'est une blague, ce que tu fais ?* lâcha-t-elle brusquement en voyant Gabriel tester des lumières clignotantes qui émettaient un bourdonnement strident.

- *Non, c'est le début de notre machine révolutionnaire,* répondit-il sans lever les yeux.

- *Ça ressemble plus à un sapin de Noël en panne.*

- *Merci pour ton soutien,* répondit-il avec un sourire moqueur.

Clara soupira profondément, se massant les tempes.

- *Écoute, Gabriel, si on veut gagner ce concours, il faut qu'on soit sérieux. Ce genre de gadgets... ça ne fonctionnera pas.*

Gabriel la fixa un moment, son sourire s'effaçant légèrement.

- *Tu sais quoi ? T'es peut-être la première personne à vraiment croire que je ne suis qu'un amateur.*

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais quelque chose dans son regard la stoppa. Ce n'était pas une pique, mais une sincérité désarmante.

- *Je n'ai pas dit ça,* murmura-t-elle finalement.

- *Pas besoin de le dire. Ça se voit dans ton regard.*

Un silence gênant s'installa, brisé seulement par le bourdonnement persistant de la lampe.

- *Désolée,* finit-elle par dire, bien qu'elle ne soit pas certaine de ce qu'elle regrettait vraiment.

Gabriel hocha la tête, reprenant son travail sans un mot de plus.

---

La journée toucha à sa fin, et Clara rangeait ses affaires, prête à rentrer chez elle, quand son téléphone vibra dans sa poche. Elle fronça les sourcils en voyant un numéro inconnu s'afficher, mais répondit malgré tout.

- *Allô ?*

- *Mademoiselle Dupont ?* La voix était froide, presque mécanique.

- *Oui, c'est moi.*

- *Je vous appelle concernant votre dette impayée. Vous avez reçu notre courrier, je présume.*

Clara sentit son estomac se nouer.

- *Oui, je l'ai reçu, mais je...*

- *Il n'y a pas de mais, Mademoiselle. Si vous ne réglez pas la somme due dans les trente prochains jours, nous serons contraints de procéder à la saisie de votre propriété.*

- *Trente jours ?* s'étrangla-t-elle.

- *Exactement. Bonne soirée.*

Le téléphone émit un bip strident, signalant la fin de l'appel. Clara resta figée, le combiné encore à l'oreille, son esprit tourbillonnant entre panique et désespoir.

- *Tout va bien ?*

La voix de Gabriel la fit sursauter. Elle se retourna pour le voir debout, un tournevis à la main, son visage marqué par une expression d'inquiétude sincère.

- *Rien d'important,* mentit-elle, sa voix tremblante.

- *Tu es sûre ? T'as l'air d'avoir vu un fantôme.*

Clara secoua la tête, tentant de masquer son agitation.

- *Je suis juste fatiguée. Je vais rentrer chez moi.*

Gabriel semblait sur le point d'insister, mais il se ravisa, hochant simplement la tête.

- *D'accord. On se voit demain ?*

Elle acquiesça, rassemblant précipitamment ses affaires avant de quitter l'atelier. Mais même une fois dehors, l'air frais de la nuit n'apaisa pas l'angoisse qui lui tordait les entrailles. Trente jours. Comment allait-elle trouver une telle somme en si peu de temps ?

Alors qu'elle marchait vers chez elle, un frisson lui parcourut l'échine, non pas à cause du froid, mais du poids écrasant des jours à venir.

L'odeur persistante de peinture et de dissolvant planait dans l'atelier lorsque Clara, déjà concentrée sur son travail, entendit des pas précipités dans le couloir. Elle n'avait pas besoin de lever les yeux pour savoir que Gabriel était arrivé. Il avait cette manière bruyante et désordonnée d'annoncer sa présence, comme un tourbillon de chaos entrant dans une pièce parfaitement organisée.

- *Clara, prépare-toi, j'ai une surprise pour toi !* lança-t-il, un sourire large illuminant son visage alors qu'il portait un étrange assemblage métallique dans les bras.

Clara se retourna, ses sourcils se haussant avec une incrédulité évidente.

- *C'est quoi, encore, cette chose ?*

- *Mon prototype !* dit-il fièrement en déposant l'engin sur une table vide. La machine était un mélange de câbles, de rouages et de lumières clignotantes, avec une antenne bancale dépassant sur le dessus.

- *Je pensais qu'on avait convenu de se concentrer sur quelque chose de simple et de faisable,* soupira Clara, visiblement agacée.

Gabriel haussa les épaules.

- *Simple, c'est ennuyeux. Fais-moi confiance, ça va changer tout le projet.*

Avant qu'elle ne puisse protester davantage, il enclencha un interrupteur sur le côté de la machine. Un bourdonnement électrique s'éleva, accompagné d'un scintillement intermittent des lumières. Clara croisa les bras, l'observant avec un mélange de scepticisme et de crainte.

- *Tu es sûr que ça ne va pas exploser ?*

- *Exploser ?* répéta-t-il avec un éclat de rire. *Non, c'est parfaitement sécuri-*

Un craquement strident coupa sa phrase, suivi d'une détonation. La machine émit une gerbe d'étincelles avant de cracher une fumée noire. En une fraction de seconde, un coin de l'atelier fut englouti dans une petite flamme, alimentée par des chiffons imbibés de solvant.

- *Oh non, non, non !* s'écria Gabriel, attrapant un extincteur à proximité et aspergeant la scène dans un chaos encore plus grand.

Clara bondit en arrière, son cœur battant à tout rompre, ses mains serrant convulsivement un pinceau.

- *Gabriel ! Tu es complètement fou ou quoi ?!* hurla-t-elle une fois le feu éteint, ses joues rouges de colère.

Gabriel se retourna, penaud, tenant l'extincteur comme un enfant pris en faute.

- *Je... je voulais juste tester un truc. Je suis désolé, Clara. Je ne pensais pas que ça arriverait.*

- *Tu ne pensais pas ? Bien sûr que non, tu ne penses jamais !*

Sa voix tremblait, mais pas uniquement de colère. Elle était terrifiée par la tournure qu'avaient pris les événements, terrifiée par l'idée que son atelier, son refuge, aurait pu partir en fumée.

Gabriel ouvrit la bouche pour répondre, mais elle leva une main, l'arrêtant net.

- *Non, tais-toi. Tu ne comprends rien. Ce projet est ma dernière chance, Gabriel. Ma dernière chance ! Et toi, avec tes gadgets stupides, tu es en train de tout ruiner.*

Son explosion le laissa silencieux. Pour la première fois, il semblait réellement touché par ses mots.

- *Je sais ce que c'est,* dit-il doucement après un moment. *De tout perdre.*

Clara cligna des yeux, prise de court par le changement de ton.

- *Qu'est-ce que tu veux dire ?*

Il détourna le regard, son expression se durcissant légèrement, comme s'il luttait contre une vague d'émotions qu'il préférait garder enfouie.

- *Laisse tomber. Ce n'est pas important.*

- *Non, si, ça l'est. Explique-toi,* insista-t-elle, sa voix se radoucissant malgré elle.

Gabriel hésita, puis lâcha un soupir.

- *Quand j'étais gosse, ma famille a tout perdu. Notre maison, nos affaires, tout. Mon père avait des dettes, et un jour, on s'est retrouvés à la rue, sans prévenir. J'avais onze ans.*

Clara resta immobile, les bras croisés, mais son regard s'adoucit.

- *Je suis désolée. Je ne savais pas.*

- *C'est pas grave. Mais je comprends ce que tu ressens, Clara. Quand tu as l'impression que tout est sur le point de s'effondrer... que chaque erreur te rapproche un peu plus du vide.*

Elle baissa les yeux, triturant le coin d'un de ses croquis.

- *Et pourtant, tu prends tout à la légère. Tu plaisantes, tu bricoles des machines qui explosent...*

- *Parce que c'est comme ça que je tiens le coup,* répondit-il avec un demi-sourire. *Si je m'arrête pour trop réfléchir, je m'effondre. Alors je continue d'essayer, même si c'est bancal, même si ça échoue.*

Un silence s'installa entre eux, rempli d'une tension nouvelle, mais pas aussi hostile qu'auparavant. Clara ouvrit la bouche pour parler, mais une voix nasillarde retentit derrière eux.

- *Oh, mais qu'est-ce qu'on a là ? Le grand Gabriel et sa nouvelle muse.*

Ils se retournèrent pour voir Sophie Rivière, une artiste locale connue pour son arrogance et sa langue acérée. Elle était appuyée contre la porte, un sourire narquois sur le visage, les bras croisés dans une posture qui respirait le mépris.

- *Qu'est-ce que tu veux, Sophie ?* demanda Clara d'un ton froid.

- *Rien de spécial. Je passais juste dire bonjour. Mais je vois que tu t'es trouvée un partenaire... intéressant,* dit-elle en jetant un regard moqueur à Gabriel. *J'imagine que les standards du concours ne sont pas aussi élevés que je le pensais.*

Gabriel fronça les sourcils, mais resta silencieux. Clara, en revanche, sentit sa colère revenir en force.

- *Sophie, si tu n'as rien de constructif à dire, je te suggère de partir.*

Sophie haussa les épaules avec un sourire innocent qui n'avait rien d'innocent.

- *Oh, ne te fâche pas. Je voulais juste te prévenir. Certaines personnes parlent, tu sais. Elles disent que ton association avec un... comment dire, bricoleur sans diplôme, pourrait nuire à ta réputation.*

Clara sentit son cœur se serrer.

- *De quoi tu parles ?*

- *Oh, rien de bien grave. Juste des petites rumeurs. Mais tu sais comment ça va, dans notre milieu. Les rumeurs deviennent vite des vérités.*

Avec un dernier sourire venimeux, Sophie tourna les talons et quitta l'atelier, laissant Clara et Gabriel dans un silence tendu.

- *Elle dit ça pour te faire peur,* murmura Gabriel, posant une main sur l'épaule de Clara.

- *Peut-être. Mais si elle s'en prend à moi publiquement, ça pourrait ruiner toutes mes chances.*

Gabriel hocha la tête, le visage grave.

- *Alors on lui prouvera qu'elle a tort.*

Malgré ses paroles rassurantes, Clara ne pouvait s'empêcher de ressentir une boule d'angoisse grandissante dans son estomac.

            
            

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