Chapitre 4 Chapitre 4

Le matin suivant leur mariage, Ariana se réveilla dans une chambre d'hôtel magnifique, pourtant vide de chaleur et de tendresse. La lumière tamisée filtrait à peine à travers les rideaux lourds, mais l'atmosphère était oppressante, comme si elle était piégée dans un labyrinthe de luxe froid. Son regard se posa sur la grande porte vitrée qui menait à un balcon donnant sur la ville en contrebas. Elle se leva, hésita un instant avant de s'approcher de la porte. L'air frais de l'extérieur la saisit immédiatement, mais la vue qui s'offrait à elle ne l'apaisa pas.

Au contraire, elle ressentit une nouvelle fois la solitude qui la frappait, bien que la ville bouillonnait sous ses pieds.

Le téléphone de Rafael se posa brusquement sur la table de chevet. Un message qui la fit frissonner, non à cause du texte, mais du ton qu'il portait. Elle se retourna vivement pour voir son mari entrer dans la chambre, son regard plus sombre que jamais.

« Il faut qu'on parle », dit-il, sa voix grave tranchant l'air silencieux de la pièce.

Ariana n'eut pas le temps de répondre. Il n'attendait pas de réponse. Il se dirigea directement vers elle, fermant la porte derrière lui avec une calme fermeté. Il se tenait là, droit, imposant, comme une statue froide, un homme qui contrôlait tout.

« Je sais que tu n'es pas heureuse, » commença-t-il sans préambule. « Mais tu vas devoir accepter la situation telle qu'elle est. » Il se tenait là, observant chacune de ses réactions avec l'acuité d'un prédateur, comme s'il avait le pouvoir de lire chacun de ses mots avant même qu'elle ne les prononce.

Ariana baissa les yeux, sa gorge se serrant. Elle n'avait pas voulu le regarder de cette manière, pas de suite. Mais le contrôle qu'il exerçait sur tout, même sur ses pensées, était devenu trop lourd à porter.

« Ce mariage, ce contrat, tout cela est bien plus que des mots sur du papier. C'est une alliance, Ariana. Et tu vas devoir comprendre qu'ici, tout dépend du contrôle. Si tu tentes de le défier, tu ne feras que t'effondrer sous le poids de ce que tu as accepté. » Ses mots résonnaient comme des échos, un avertissement qui sonnait beaucoup trop sévèrement dans ses oreilles. Mais elle le savait... c'était la vérité.

Ariana leva la tête, ses yeux cherchant les siens, bien qu'elle ne puisse le soutenir. « J'ai accepté cet accord parce que je n'avais pas le choix, Rafael. Mais il y a des limites. Je ne suis pas un pion dans ton jeu. » Sa voix était plus ferme qu'elle ne l'aurait cru. Elle avait, au moins, décidé de se défendre.

Il s'approcha d'elle d'un pas rapide, sa présence envahissant instantanément l'espace. Il se tenait tout près, trop près, pour qu'elle puisse ignorer la chaleur de son corps, l'odeur de son parfum viril qui l'étouffait presque. Il la fixa longuement, le regard aussi tranchant qu'un couteau, puis, dans un souffle presque imperceptible, murmura : « Ne sous-estime jamais ce que tu as signé, Ariana. » Ses mains se posèrent sur ses bras, fermes, contrôlées. « Parce que moi, je ne sous-estime jamais rien. Et je ne veux pas de problèmes. »

Le ton de sa voix la fit frissonner, mais ce n'était pas de peur, c'était autre chose... une reconnaissance déstabilisante. Elle savait qu'il n'était pas qu'un simple homme d'affaires, qu'il n'était pas qu'un mari « parfait » selon les apparences. Elle avait compris la profondeur de l'homme qu'il était.

Mais elle n'était pas encore prête à le laisser avoir le contrôle total sur elle. Pas encore.

Les heures suivantes furent un tourbillon de questions sans réponses, de regards fuyants et de silence lourd. Mais quand Rafael la conduisit dans sa maison, tout changea.

Elle n'avait jamais vu un endroit aussi... hermétique. La maison de Rafael, cette imposante bâtisse d'architecture moderne, semblait sortir tout droit d'un film noir. Des murs d'acier, des vitres teintées, des pièces immenses et vides, presque comme un musée figé dans le temps. Ariana se sentit mal à l'aise dès qu'elle franchit le seuil. Il n'y avait aucune chaleur ici, aucun signe de vie, rien de personnel. Pas d'odeurs familiales, ni de traces d'une vie de couple. Seulement des meubles en cuir et des œuvres d'art abstraites accrochées aux murs, comme pour camoufler une absence.

Rafael l'observa, un léger sourire au coin des lèvres. Il ne semblait pas se soucier du malaise palpable qui émanait de sa femme. Ils s'étaient arrêtés dans un salon vaste, lumineux, mais pourtant dénué de toute ambiance chaleureuse. Ariana se sentit comme une étrangère dans ce lieu qui semblait tout droit sorti d'un rêve sans âme.

« Ce n'est pas exactement un foyer, je l'admets », dit-il après un moment de silence, sa voix devenue plus douce, presque amusée. « Mais c'est ici que je travaille. Et ici, tout doit rester sous contrôle. » Il s'approcha d'elle, sa présence imposante effaçant encore un peu plus son espace personnel. « Tu vas devoir t'y habituer. »

Elle tourna son regard vers lui, son cœur battant plus fort, mais son esprit toujours en alerte. Quelque chose n'allait pas ici. Quelque chose d'invisible flottait dans l'air. Elle s'avança, observant une porte légèrement entrebâillée, à l'autre bout du salon. Rafael la suivit des yeux, mais ne fit aucun mouvement pour l'arrêter. Ce n'est qu'en s'approchant qu'Ariana sentit l'odeur du danger, une étrange tension qui montait dans la pièce comme une ombre qu'elle n'arrivait pas à percer.

Elle poussa doucement la porte, découvrant une pièce plus sombre, mais luxueusement aménagée. Au fond, un bureau massif, un fauteuil en cuir noir, et des dossiers éparpillés sur la table. Il n'y avait rien de particulièrement choquant, mais quelque chose d'étrange flottait dans l'air. Un secret bien gardé. Alors qu'elle se dirigeait vers le bureau, une voix la fit sursauter.

« Je t'ai dit que ce n'était pas ton domaine, Ariana. »

Rafael se tenait à l'encadrement de la porte, son regard sombre et intransigeant. Il ne s'était pas déplacé, mais il dégageait cette aura d'autorité qui lui faisait presque perdre l'équilibre.

« Pourquoi tout ça ? » demanda-t-elle d'une voix basse, presque un murmure. « Pourquoi cette maison ? Pourquoi ce silence ? »

Rafael la regarda longuement, une lueur d'énigme dans ses yeux. Puis, d'un ton plus sérieux, presque solennel, il répondit : « Parce que j'ai des ennemis, Ariana. Et ici, c'est là où ils ne peuvent pas m'atteindre. Ce n'est pas une maison, c'est une forteresse. Et tout ce que tu vois, tout ce que tu sens, c'est là pour nous protéger. » Il se rapprocha, et cette fois, son ton se fit plus grave. « Et toi, tu fais maintenant partie de tout cela. »

Elle sentit une étrange sensation la traverser, un frisson qui n'avait rien à voir avec la fraîcheur de la pièce. Un frisson de vérité, une prise de conscience. Elle n'était plus seulement la femme de Rafael Moretti, elle était la clé d'un secret plus vaste, d'une guerre silencieuse qui se jouait dans l'ombre, un monde de pouvoir et de trahisons où sa place était encore à définir.

La tension monta encore, mais Ariana se sentit prête à comprendre. Elle ne le savait pas encore, mais ce qui venait de se révéler, tout ce que Rafael cachait derrière ce masque de froid calcul, allait être l'élément déclencheur de tout ce qui allait suivre.

            
            

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