Chapitre 3 Chapitre 3

La salle de mariage était imposante, presque intimidante, avec ses chandeliers d'or qui jetaient une lumière tamisée sur les murs ornés de drapés de velours pourpres. L'atmosphère était lourde, presque glaciale, comme si tout autour d'eux ne respirait que pour un seul but : officialiser cet engagement, cette union, aussi calculée que glaciale. Ariana se tenait là, dans sa robe de satin blanc, immobile, les mains légèrement tremblantes malgré l'apparence d'une calme maîtrise. Chaque geste, chaque mouvement semblait spectaculairement ancré dans un rituel qu'elle ne maîtrisait pas.

Elle n'avait pas l'impression d'être la protagoniste de ce mariage. Elle était la spectatrice de son propre destin, prise au piège dans une toile d'araignée que Rafael avait patiemment tissée autour d'elle.

Elle tourna discrètement son regard vers lui, son époux, debout à ses côtés, impeccable dans son smoking noir, le regard fermé, les traits marqués par une concentration qui faisait écho à la froideur de la cérémonie. Rafael était là, son charisme sombre frappant comme une décharge électrique dans la pièce. La foule était là pour eux, mais plus pour lui que pour elle. Il était l'objet de l'admiration, du respect. Elle, elle n'était qu'une pièce de plus dans le puzzle complexe qu'il avait construit autour de sa vie.

Les mots de l'officiant résonnaient dans son esprit comme un écho lointain. « Acceptez-vous de prendre cette personne pour épouse ? » La voix dénuée de chaleur se fondait dans le décor, comme si cet engagement n'était qu'une formalité, une signature sur un contrat. Le « oui » d'Ariana semblait automatique, presque un murmure, une réponse sans émotion.

Rafael, tout à côté d'elle, inclina légèrement la tête, un léger sourire se formant sur ses lèvres tandis qu'il la prenait par la main. Ce sourire, si bref, semblait en dire long sur l'emprise qu'il avait sur cette situation, sur cette cérémonie. Ce n'était pas un mariage d'amour, et cela n'avait jamais été le but. C'était un mariage d'alliances, de pouvoir. Il l'avait choisie pour un rôle, pour une image à préserver, et elle, elle n'était qu'une marionnette dans ce jeu.

Le baiser qui suivit la déclaration de mariage fut un acte mécanique, un baiser public, rapide, plus formel que passionné, scellant cet engagement dans l'indifférence du monde extérieur. Mais pour Ariana, il se grava dans sa mémoire comme un symbole de tout ce qu'elle venait d'accepter. Ce contact froid, ses lèvres se posant sur les siennes avec une précision calculée, laissait une sensation étrange, un frisson qui la traversa du bas de la nuque jusqu'à ses orteils. Un goût amer se mêlait au désir non avoué qu'elle ressentait. Un désir qu'elle aurait aimé étouffer avant qu'il ne devienne trop puissant.

Lorsque la cérémonie prit fin, les invités commencèrent à se disperser autour du grand hall, félicitant le couple, mais Ariana se sentait plus seule que jamais. Les sourires étaient des masques, les félicitations des formules vides. Tout le monde autour d'elle semblait plus préoccupé par leur propre intérêt que par l'union qui venait de se sceller. Rafael, toujours impassible, se laissa entourer, parlant à quelques invités influents, échangeant des poignées de main et des regards pleins de promesses silencieuses. Il était l'Alpha, l'homme à suivre, celui qui contrôlait chaque mouvement de la pièce, chaque respiration.

Ariana, elle, n'avait pas de place dans ce monde. Elle se sentait déplacée, réduite à un rôle d'accessoire, une présence sans importance dans un univers où elle n'avait aucune maîtrise. Un regard glacial la fit se redresser. Un homme, à l'apparence soignée, avec des yeux perçants et un air de danger, l'observait. Il s'approcha d'elle avec une lenteur presque calculée, une attitude qui dénotait un pouvoir latent.

« Vous êtes la nouvelle Madame Moretti, n'est-ce pas ? » demanda-t-il d'une voix basse, pleine de sous-entendus.

Elle ne répondit pas immédiatement, se sentant plongée dans l'inconfort de sa présence. Un frisson traversa son échine. Ce regard... il lui semblait familier. L'homme était un ancien allié de son père, un de ces noms qu'elle avait entendus dans les récits sombres et chuchotés. Cet homme, ce monde, tout cela lui semblait trop lourd, trop oppressant.

Rafael se tourna alors vers eux, sa posture se redressant immédiatement. Il jeta un regard froid à l'homme, ses lèvres se crispant brièvement. Il n'avait pas besoin de parler pour signifier l'avertissement, pour rappeler à cet homme qu'il n'était pas le bienvenu. Mais Ariana, bien qu'elle ne puisse pas l'expliquer, comprenait cette tension entre eux, cette promesse de violence contenue. L'homme se retira lentement, jetant un dernier regard à Ariana, un regard chargé de mépris, mais aussi de curiosité.

Les choses n'étaient pas aussi simples qu'elle l'avait cru. Ce mariage n'était pas une simple alliance entre deux familles ou deux intérêts économiques. C'était un champ de bataille où les armes étaient des regards, des paroles murmurées, des gestes discrets. Et elle était au centre de tout cela, prise dans une guerre qu'elle ne comprenait pas encore.

En rejoignant Rafael plus tard dans la soirée, elle sentit une nouvelle tension dans l'air, une sorte de poids invisible. Il la fixa, les yeux sombres, en silence. « Tu as vu cet homme, n'est-ce pas ? » demanda-t-il, sa voix grave résonnant comme une menace voilée.

Ariana hocha lentement la tête, son regard se posant sur lui, pleine d'interrogations. « Oui. Il était... familier. »

Rafael s'approcha d'elle, ses yeux ne quittant pas les siens. « Il faisait partie des affaires de ton père. » Ses mots étaient lents, pesés, comme une vérité qu'il laissait peser sur elle. « Mais tu n'as pas à t'inquiéter. Tout le monde dans cette pièce connaît leur place. Et toi aussi, Ariana, tu vas apprendre à connaître la tienne. »

Elle frissonna sous la froideur de ses paroles, un frisson d'appréhension parcourant son corps. Mais il n'eût aucune réaction. Un sourire mince se dessina sur ses lèvres, mais ce n'était pas un sourire d'apaisement. C'était un sourire d'énigme, de défi. Elle comprit qu'il ne chercherait jamais à lui expliquer le monde dans lequel elle venait de s'immerger. Elle devait s'adapter, se faire à l'idée que, pour être à ses côtés, elle devrait non seulement accepter sa position, mais la comprendre, l'adopter.

Les heures passèrent, et alors que les derniers invités se retiraient, Rafael lui offrit un dernier regard avant de se lever. « Tu dois comprendre quelque chose, Ariana. Nous ne faisons pas juste face à des alliances et des contrats ici. » Il s'approcha d'elle, se penchant légèrement vers son oreille. « Ce monde est fait de pouvoir, de respect... et de secrets. » Sa voix était basse, envoûtante, presque dangereuse. « Si tu veux en faire partie, tu devras savoir jouer à ce jeu. »

Ariana sentit une vague de chaleur monter en elle alors qu'il effleurait son oreille, ses lèvres frôlant délicatement sa peau. La chaleur de son corps, sa présence imposante, la rendirent plus consciente de ce lien qu'elle venait de tisser, de l'impact que Rafael avait sur elle, même dans les moments les plus insignifiants. Mais à cet instant, un frisson glacé l'envahit. Elle savait qu'il y avait plus derrière ses paroles, plus derrière ce regard hypnotique qu'il lui offrait. Les secrets de son passé, les ombres qui les entouraient... elle ne savait pas encore à quel point cela allait l'engloutir.

            
            

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