Chapitre 5 Chapitre 5

La soirée mondaine organisée par l'entreprise de Nathan était un événement d'une ampleur impressionnante. Les invités, vêtus de leurs plus belles tenues, déambulaient dans une salle de réception somptueuse où les lustres en cristal illuminaient les visages souriants. Clara, vêtue d'une robe bleu nuit qu'elle avait choisie avec soin, se sentait encore une fois étrangère à ce monde.

Nathan, lui, semblait parfaitement à l'aise, passant de groupe en groupe avec une assurance naturelle. À ses côtés, Mathilde était omniprésente. Elle riait à ses blagues, anticipait ses besoins, et s'occupait des invités avec une efficacité redoutable.

Clara, reléguée à l'arrière-plan, observait la scène avec un mélange de frustration et de confusion. Chaque geste de Mathilde semblait calculé, chaque sourire adressé à Nathan plus complice qu'il ne le devrait.

« Vous avez l'air perdue, » murmura une voix familière à son oreille.

Clara se retourna pour découvrir Léa Marceau, un verre de champagne à la main, un sourire narquois sur les lèvres.

« Vous me suivez ? » répliqua Clara, agacée.

Léa haussa les épaules, son sourire s'élargissant. « Je fais partie de ce cercle, Clara. Vous, en revanche... » Elle laissa sa phrase en suspens, savourant l'effet de ses mots.

« Vous devriez trouver un autre passe-temps que de me provoquer, » répliqua Clara.

Léa éclata de rire. « Provoquer ? Oh, non. Je veux simplement vous ouvrir les yeux. »

Clara fronça les sourcils. « Que voulez-vous dire ? »

Léa s'approcha, baissant légèrement la voix. « Nathan n'est pas celui que vous croyez. Il a déjà trahi des gens avant. Des partenaires. Des femmes. Et si vous pensez que vous êtes différente, détrompez-vous. »

Clara sentit son estomac se nouer, mais elle refusa de montrer la moindre faiblesse. « Vous parlez beaucoup, Léa, mais vous ne dites rien de concret. Si vous avez des preuves, montrez-les. Sinon, épargnez-moi vos insinuations. »

Léa la fixa, surprise par son aplomb, puis sourit lentement. « Très bien. Vous voulez des preuves ? Alors ouvrez les yeux. Et surtout... restez vigilante. »

Avant que Clara ne puisse répondre, Léa s'éloigna, disparaissant dans la foule.

Le trajet de retour jusqu'à la maison se fit dans un silence tendu. Nathan était plongé dans ses pensées, les yeux fixés sur la route, tandis que Clara, assise à côté de lui, repassait en boucle les mots de Léa.

En arrivant, Nathan s'éclipsa rapidement, prétendant avoir des appels à passer. Clara, elle, monta directement dans sa chambre, fatiguée mais incapable de trouver le sommeil.

Alors qu'elle s'apprêtait à fermer la porte, elle remarqua une enveloppe glissée sous celle-ci. Son cœur s'emballa alors qu'elle la ramassait.

À l'intérieur, une seule photo. Nathan, debout aux côtés d'une femme inconnue, les deux souriant à la caméra. Mais ce n'était pas la photo en elle-même qui la glaça d'effroi. C'était la phrase écrite à la main au dos :

« Tu es la prochaine. »

Le calme de la demeure semblait presque oppressant. Clara, encore sous le choc de la découverte de la photo, se tenait debout dans sa chambre, l'enveloppe toujours serrée dans sa main tremblante. La phrase au dos de l'image hantait son esprit. *"Tu es la prochaine."* Que signifiait-elle ? Était-ce une menace ? Une mise en garde ? Et qui était cette femme, rayonnante aux côtés de Nathan, un sourire éclatant illuminant son visage ?

Clara savait qu'elle n'aurait aucune réponse en restant les bras croisés. Elle devait agir, et vite.

Après s'être assurée que Nathan était parti à l'une de ses réunions interminables, Clara descendit discrètement au rez-de-chaussée. Le bureau de Nathan, imposant et toujours impeccablement rangé, était son objectif. Elle poussa la porte doucement, veillant à ne pas faire de bruit. La pièce était plongée dans une pénombre tamisée, éclairée uniquement par les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux épais.

Elle s'avança vers le bureau, sa respiration légèrement saccadée. Chaque tiroir qu'elle ouvrait lui donnait l'impression d'être une criminelle, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait savoir.

Dans le troisième tiroir, elle trouva enfin quelque chose d'intéressant : une petite clé USB noire, anodine mais qui, à cet instant, semblait brûlante entre ses doigts. Clara la glissa dans la poche de sa robe avant de refermer le tiroir, prenant soin de tout remettre en place.

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Pendant ce temps, Antoine était dans un café du centre-ville, son téléphone à la main. Son esprit tournait en boucle depuis la dernière soirée avec Amélia. Il avait toujours eu une intuition fine, et quelque chose chez elle ne collait pas. Elle était trop parfaite, trop subtilement charmante.

Il avait commencé par chercher son nom sur internet, mais les informations trouvées étaient étrangement limitées pour quelqu'un censé avoir un rôle clé dans l'entreprise de Nathan. Après quelques recherches plus poussées, il était tombé sur une vieille affaire de faillite d'une entreprise, il y a plusieurs années. Amélia était mentionnée comme ancienne consultante stratégique. À première vue, rien d'alarmant. Mais une faillite aussi importante, avec des millions perdus, et aucune responsabilité directe attribuée, c'était louche.

Antoine nota le nom de l'entreprise et décida de creuser davantage. Il avait besoin de réponses. Amélia jouait-elle un double jeu ? Et pourquoi Nathan semblait-il lui faire une confiance aveugle ?

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Clara, de retour dans sa chambre, inséra la clé USB dans son ordinateur portable. Le contenu apparut immédiatement : une série de fichiers, tous protégés par des mots de passe. Un soupir d'exaspération lui échappa. Nathan ne rendait vraiment rien facile.

Alors qu'elle tentait de deviner les mots de passe, elle entendit des pas lourds résonner dans le couloir. Son cœur rata un battement. Trop tard. La porte s'ouvrit brusquement, et Nathan entra, son regard sombre se posant immédiatement sur elle.

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il, sa voix basse mais tranchante comme un rasoir.

Clara tenta de refermer son ordinateur, mais c'était inutile. Nathan s'avança, arrachant presque la clé USB de l'appareil. Il la tenait maintenant dans sa main, ses mâchoires serrées.

« Tu fouilles dans mes affaires maintenant ? » cracha-t-il, les yeux brûlant de colère. « Je t'avais prévenue, Clara. Ce mariage a des règles, et tu viens de les briser. »

Elle se leva, refusant de se laisser intimider. « Et toi, tu m'avais promis de l'honnêteté. Mais tout ce que je trouve ici, ce sont des secrets, des mystères, et une photo avec une femme que tu refuses de m'expliquer. Tu veux jouer les gardiens du mystère, Nathan ? Alors moi, je jouerai les fouineuses. »

Nathan inspira profondément, essayant visiblement de contenir son irritation. « Cette photo n'a rien à voir avec toi. Mon passé n'a rien à voir avec toi. »

« Comment peux-tu dire ça ? » s'écria-t-elle, sa voix tremblante de frustration. « Je suis ta femme, ou du moins, je suis censée l'être. Comment peux-tu m'exclure de tout ce qui fait de toi qui tu es ? Tu crois vraiment qu'on peut continuer comme ça ? »

Un silence lourd s'installa, interrompu uniquement par les respirations hachées de Clara. Nathan finit par poser la clé USB sur le bureau, ses épaules légèrement affaissées.

« Très bien, » murmura-t-il, presque à contrecœur. « Si tu veux savoir, alors écoute. »

Il se détourna, s'appuyant sur le rebord du bureau, les mains croisées. « La femme sur la photo, » commença-t-il, « s'appelle Élodie. Elle était... mon ex-fiancée. Nous devions nous marier. »

Clara sentit un pincement au cœur, mais elle resta silencieuse, l'encourageant d'un regard à continuer.

« Elle a disparu, » poursuivit-il, sa voix teintée d'une douleur qu'il ne parvenait pas à dissimuler. « Un jour, elle est partie, sans laisser de trace. J'ai tout essayé pour la retrouver, mais... rien. C'est comme si elle s'était volatilisée. »

« Et cette phrase au dos de la photo ? » demanda Clara. « 'Tu es la prochaine.' Qu'est-ce que ça veut dire ? »

Nathan secoua la tête, l'air troublé. « Je ne sais pas. Mais si quelqu'un essaie de te faire peur, alors c'est à moi de m'en occuper. »

Avant qu'il ne puisse en dire plus, la porte s'ouvrit brusquement, révélant Mathilde, visiblement alarmée.

« Nathan, il y a un problème. » Sa voix était tendue, presque pressée. « Le comité de direction demande une réunion d'urgence. Ils parlent d'un... scandale potentiel. »

Nathan échangea un regard rapide avec Clara, puis se tourna vers Mathilde. « J'arrive. »

Il fit quelques pas vers la porte, mais s'arrêta, se retournant pour regarder Clara une dernière fois. « On parlera de ça plus tard. Pour l'instant, ne touche plus à mes affaires. »

Et avec ces mots, il quitta la pièce, laissant Clara seule avec ses questions, et une nouvelle ombre planant sur leur vie déjà bien compliquée.