Chapitre 5 Chapitre 5

La feuille de papier posée devant elle semblait plus intimidante que tout ce qu'Irina avait affronté dans sa vie. Les mots écrits en noir et blanc étaient si simples, si clairs, et pourtant, ils représentaient un poids qu'elle peinait à porter. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle tenait le stylo, hésitant à apposer sa signature.

Assise dans le bureau austère de Xander, elle ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil vers lui. Il était là, assis en face d'elle, impassible comme une statue de marbre. Ses yeux gris fixaient la scène, analysant chaque mouvement. Il semblait patient, mais elle devinait qu'il dégageait une aura de contrôle absolu.

« Prenez votre temps, Irina, » dit-il finalement d'une voix basse, presque rassurante, bien que cela ne fit qu'accentuer son anxiété. « Mais sachez que ce contrat ne reste valide que jusqu'à ce soir. Après, votre fenêtre d'opportunité se fermera. »

Elle leva les yeux vers lui, cherchant désespérément une once de compassion dans son regard. Mais il n'y avait que cette froide détermination, ce mélange troublant de calme et de pouvoir.

Elle regarda à nouveau la feuille. Chaque mot semblait lui crier qu'elle abandonnait sa liberté, qu'elle se vendait d'une certaine manière. Mais pouvait-elle réellement refuser ? Sa mère comptait sur elle, et les dettes... Elle n'arrivait même plus à les compter, tant elles s'étaient accumulées.

« Et si je refuse ? » demanda-t-elle doucement, sa voix à peine un murmure.

Xander s'adossa à son siège, croisant les jambes avec une élégance déconcertante. « Alors, vous retournez à votre vie actuelle. Vos dettes continueront de croître, votre propriétaire vous expulsera, et votre mère ne recevra pas les soins dont elle a désespérément besoin. »

Irina sentit une boule se former dans sa gorge. Ses mots étaient comme des lames tranchantes, et pourtant, elle savait qu'il ne mentait pas.

Elle inspira profondément, fermant les yeux un instant pour rassembler son courage. Puis, avant de pouvoir changer d'avis, elle signa.

Le bruit du stylo glissant sur le papier semblait résonner dans la pièce, comme un écho de sa décision. Quand elle posa le stylo, ses mains étaient moites, et son cœur battait à tout rompre.

Xander se pencha légèrement en avant, attrapant le contrat d'un geste fluide. Il le parcourut rapidement des yeux, puis un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres.

« Bienvenue dans mon monde, Irina, » dit-il, sa voix teintée d'une satisfaction qu'il ne cherchait même pas à dissimuler.

Elle ne répondit pas. Que pouvait-elle dire ? Tout dans cette situation semblait irréel.

Quelques heures plus tard, un chauffeur vêtu d'un costume impeccable l'attendait devant le café où elle travaillait. Il tenait la portière d'une limousine noire, prête à l'emmener dans ce qui serait désormais sa nouvelle vie.

Irina jeta un dernier regard à l'endroit qui avait été son refuge, son quotidien. Elle pensa à ses collègues, à Mila qui avait essayé de lui remonter le moral ces derniers jours. Un pincement au cœur l'envahit, mais elle détourna rapidement les yeux.

Le trajet jusqu'au penthouse de Xander fut silencieux. Les rues de la ville semblaient floues derrière les vitres teintées, et Irina se sentait comme une étrangère dans un monde qu'elle ne comprenait pas.

Lorsqu'ils arrivèrent, elle fut immédiatement frappée par la grandeur de l'immeuble. Le bâtiment s'élevait si haut qu'il semblait percer les nuages. L'entrée était gardée par des portiers, et à l'intérieur, tout brillait de luxe : des sols en marbre, des lustres imposants, et des œuvres d'art accrochées aux murs.

Elle suivit silencieusement l'assistant de Xander, un homme nommé Carl, qui la guida jusqu'à l'ascenseur privé. Le trajet jusqu'au dernier étage sembla interminable. Quand les portes s'ouvrirent, elle entra dans un appartement qui ressemblait davantage à un palace.

Le penthouse était spacieux, avec des baies vitrées qui offraient une vue panoramique sur toute la ville. Chaque pièce semblait décorée avec soin, mêlant modernité et opulence. Mais malgré sa beauté, Irina se sentait étrangère à cet endroit.

« Mademoiselle Sokolov, » dit une voix féminine derrière elle.

Irina se retourna pour voir une femme élégamment vêtue, avec des cheveux blonds tirés en un chignon strict. Elle portait un carnet et une tablette, et son regard perçant semblait évaluer Irina de haut en bas.

« Je suis Lydia, l'assistante personnelle de Monsieur Volkov. Je suis ici pour m'assurer que vous vous conformiez aux règles et aux attentes. »

Irina sentit un frisson parcourir son échine. Lydia avait une aura autoritaire qui rivalisait presque avec celle de Xander.

« Les règles ? » demanda-t-elle, hésitante.

Lydia hocha la tête. « Oui, mademoiselle. Votre rôle ici ne se limite pas à être une simple compagne. Vous représenterez Monsieur Volkov lors d'événements publics et privés. Il est donc impératif que vous soyez irréprochable en termes de présentation et de comportement. »

Elle lui tendit une liste imprimée. Irina jeta un coup d'œil et sentit sa gorge se serrer.

Les règles étaient nombreuses :

- Toujours être disponible sur appel.

- Maintenir une apparence impeccable à tout moment.

- Suivre des cours de maintien et d'étiquette.

- Respecter un horaire strict.

« Des cours ? » demanda Irina, ses sourcils se fronçant.

Lydia acquiesça. « Oui. Votre première session commence demain matin. Un professeur de maintien et une styliste personnelle viendront ici pour vous encadrer. Vous devez être prête à huit heures précises. »

Irina se sentit submergée par l'ampleur de ce qui l'attendait. Elle n'avait jamais imaginé qu'accepter ce contrat signifierait entrer dans un univers si strict et codifié.

Lydia sembla remarquer son désarroi mais n'en montra rien. « Si vous avez des questions, vous pouvez me les poser. Mais sachez que Monsieur Volkov attend de vous une adaptation rapide. »

« Je... Je comprends, » murmura Irina, bien qu'elle ne comprenne pas vraiment.

Lydia hocha la tête, satisfaite, avant de tourner les talons et de quitter la pièce.

Irina resta seule dans le vaste salon, entourée d'un luxe qui ne lui appartenait pas. Elle s'approcha des fenêtres, regardant la ville en contrebas. Tout semblait si loin, comme si elle avait été arrachée de sa vie ordinaire pour être placée dans une cage dorée.

Elle posa une main sur la vitre froide, ses pensées se bousculant. Avait-elle fait le bon choix ? Ou s'était-elle précipitée dans un piège dont elle ne pourrait jamais sortir ?

Alors que le soleil se couchait, teintant le ciel d'orange et de pourpre, elle se promit une chose : peu importe ce que Xander attendait d'elle, elle ne perdrait pas ce qui restait de son identité.