Chapitre 4 Chapitre 4

Irina n'avait pas dormi cette nuit-là. Les lumières du gala, les regards des invités, et surtout, l'intensité froide des yeux de Xander Volkov étaient gravés dans son esprit. Elle s'était torturée avec des questions sans réponses, cherchant à comprendre pourquoi le destin avait jugé bon de mettre cet homme sur son chemin. Ce n'était qu'une maladresse, un verre renversé, rien de plus. Alors pourquoi avait-elle l'impression qu'il s'intéressait à elle d'une manière qu'elle ne comprenait pas ?

Le lendemain, alors qu'elle servait des clients au café, elle sentit une étrange tension dans l'air. Les conversations semblaient plus basses que d'habitude, et certains regards se tournaient vers elle avec une curiosité qu'elle ne comprenait pas.

Elle posa une assiette sur une table et se retourna pour trouver Mila, qui accourait vers elle.

« Irina, tu dois venir à l'arrière, » murmura Mila, visiblement agitée.

Irina fronça les sourcils. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Juste... viens. Fais-moi confiance. »

Confuse et un peu inquiète, Irina suivit Mila dans l'arrière-boutique. En entrant, elle s'arrêta net.

Xander Volkov était là, dans ce petit espace encombré, debout près de l'unique table. Son costume impeccable contrastait brutalement avec les murs ternes et les étagères désordonnées. Il semblait totalement déplacé, et pourtant, il avait une présence qui rendait l'endroit plus petit.

« Vous, » souffla Irina, ses yeux s'écarquillant.

Xander la regarda, ses mains dans les poches, son expression aussi impassible que la veille. Il inclina légèrement la tête. « Mademoiselle Sokolov. »

Mila lança un regard inquiet à Irina, puis s'éclipsa discrètement, les laissant seuls. Irina sentit son cœur s'emballer.

« Pourquoi êtes-vous ici ? » demanda-t-elle, sa voix plus ferme qu'elle ne se sentait.

Xander s'avança légèrement, réduisant la distance entre eux. « Vous et moi avons des choses à discuter. »

Irina croisa les bras, essayant de masquer son malaise. « Je ne vois pas de quoi. Hier soir était un accident. Je suis désolée, mais... »

Il l'interrompit d'une voix calme mais tranchante. « Ce n'est pas à propos d'hier soir. C'est à propos de vous, de votre famille, et de vos dettes. »

Le souffle d'Irina se coupa. Elle recula d'un pas, son dos heurtant l'étagère derrière elle. « Mes... mes dettes ? »

Xander hocha la tête. « Vous pensez que personne ne sait, mais je sais tout. Votre mère, sa maladie, les emprunts que vous avez contractés pour payer ses traitements. Le propriétaire qui menace de vous expulser. Je connais chaque détail. »

Les mots tombèrent comme des coups. Irina se sentait mise à nu, exposée devant cet homme qu'elle ne connaissait même pas.

« Comment... pourquoi... » balbutia-t-elle.

« Parce que j'ai les moyens de savoir, » répondit-il simplement, comme si c'était la chose la plus normale au monde. « Et parce que cela me concerne maintenant. »

Elle serra les poings, sa colère prenant le dessus sur sa peur. « Cela ne vous concerne en rien ! Vous n'avez pas le droit d'interférer dans ma vie ! »

Un éclat amusé traversa les yeux de Xander. « Vous avez tort. Maintenant que nos chemins se sont croisés, tout ce qui vous concerne m'appartient d'une certaine manière. »

Irina ouvrit la bouche pour répliquer, mais il la devança.

« Écoutez-moi bien. Vous devez 250 000 euros à diverses institutions et prêteurs privés. Une somme que vous ne pourrez jamais rembourser avec votre salaire de serveuse. Votre propriétaire vous donnera un mois avant de vous mettre dehors. Votre mère, quant à elle, a besoin de soins que vous ne pouvez pas vous permettre. »

Chaque mot était une lame qui s'enfonçait dans son cœur. Elle savait que tout cela était vrai, mais l'entendre de sa bouche, dit avec une telle froideur, était insupportable.

« Pourquoi dites-vous tout ça ? » murmura-t-elle, les larmes menaçant de couler.

Xander s'avança encore, son visage à quelques centimètres du sien. « Parce que je peux résoudre tous vos problèmes. Mais tout a un prix. »

Irina le regarda, déconcertée. « Quel prix ? »

Il recula légèrement, laissant un silence pesant s'installer avant de répondre.

« Vous serez à moi. Pendant un an. »

Le choc la frappa de plein fouet. Elle sentit ses jambes vaciller et dut s'appuyer contre l'étagère pour ne pas tomber.

« À... à vous ? » répéta-t-elle, incrédule.

« Appelez cela comme vous voulez. Ma compagne, ma distraction, peu importe. Pendant un an, vous ferez ce que je dis, vous serez à mes côtés lors des événements, et vous jouerez le rôle que je vous attribuerai. En échange, toutes vos dettes seront effacées, et votre mère recevra les meilleurs soins possibles. »

Le silence qui suivit était assourdissant. Irina le regardait, cherchant un signe qu'il plaisantait, qu'il testait ses limites. Mais son expression restait dure, implacable.

« Vous êtes malade, » lâcha-t-elle finalement, sa voix tremblante.

Xander haussa un sourcil. « Peut-être. Mais je suis aussi votre seule solution. Vous le savez autant que moi. »

Elle secoua la tête, refusant d'accepter ce qu'il disait. Mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, étouffés par la réalité cruelle de sa situation.

« Vous avez jusqu'à demain soir pour prendre votre décision, » ajouta-t-il. « Je vous conseille de réfléchir attentivement. »

Puis, sans attendre sa réponse, il se détourna et quitta la pièce, laissant Irina seule avec ses pensées et sa terreur.

Elle resta immobile pendant ce qui sembla une éternité, ses larmes coulant silencieusement. Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle se sentait piégée, comme un animal pris dans un filet.

Plus tard dans la soirée, alors qu'elle rentrait chez elle, le poids des mots de Xander pesait toujours sur ses épaules. Sa mère l'attendait, un sourire fatigué mais chaleureux sur le visage.

« Comment s'est passée ta journée, ma chérie ? » demanda-t-elle doucement.

Irina força un sourire, cachant son désarroi. « Bien, maman. Ne t'inquiète pas. »

Mais alors qu'elle se couchait cette nuit-là, les yeux fixés sur le plafond, elle savait que sa vie venait de changer à jamais. Et demain, elle devait faire un choix qui la terrifiait autant qu'il la fascinait.