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Chapitre 3
La tension dans la maison était palpable dès le premier matin suivant leur accord. Dante, fidèle à lui-même, se leva avant l'aube, traversant le salon d'un pas décidé, sans un mot ni un regard pour Alia. Elle le suivait des yeux depuis la cuisine, où elle s'efforçait de préparer un café dans cette maison qui n'était pas encore la sienne. Ce mariage, Alia en prenait conscience, serait tout sauf une alliance harmonieuse.
Ce jour-là, elle s'était préparée à rencontrer des membres importants de la meute, afin de commencer à comprendre son rôle en tant que future épouse de l'Alpha. Pourtant, Dante n'avait rien dit sur la façon dont il comptait l'intégrer. Tout ce qu'il semblait vouloir, c'était la maintenir à distance, comme si sa simple présence le contrariait. Lorsqu'il la rejoignit, elle put sentir dans son regard une lueur d'irritation à peine contenue.
« Alia, » dit-il sans ménagement, comme s'il crachait son prénom. « Dans ma maison, je préfère que chacun reste à sa place. »
Elle fronça les sourcils, ne s'attendant pas à ce ton abrupt.
« Je comprends, mais il me semble que ta maison est aussi la mienne maintenant. Nous sommes censés être un couple, n'est-ce pas ? » Elle planta son regard dans le sien, refusant de se laisser intimider par sa froideur.
Dante haussa un sourcil, comme surpris par sa réplique. Il resta silencieux un instant, avant de répliquer avec une pointe de mépris. « Un couple, vraiment ? Ce mariage n'est rien de plus qu'un contrat, Alia. N'en attends pas plus de moi. »
La brutalité de ses paroles fit naître une colère sourde en elle. Elle savait que ce mariage avait été arrangé, mais la méchanceté avec laquelle il cherchait à la rabaisser ne faisait qu'intensifier sa détermination. Elle prit une profonde inspiration, cherchant à garder son calme.
« Un contrat, oui. Mais cela ne signifie pas que tu as le droit de me traiter comme une intruse. Je suis ici pour rester, et qu'on le veuille ou non, nous devons apprendre à cohabiter. »
Dante éclata de rire, un rire sans joie, presque moqueur. « Crois-moi, je te tolère uniquement par nécessité. Je n'ai aucune intention de faire semblant d'apprécier ta présence. »
Cette fois, Alia serra les poings, incapable de contenir sa frustration. « Très bien. Si c'est ainsi que tu veux que les choses se passent, soit. Mais sache une chose : je ne vais pas rester silencieuse et me contenter de jouer un rôle décoratif. J'ai accepté ce mariage pour le bien de ma famille, et je compte bien remplir mon devoir, même si cela signifie me heurter à toi à chaque instant. »
Ils se fixèrent, l'air défiant. Le silence qui s'installa alors était lourd, chargé de colère et de frustration. Dante ne s'attendait sans »doute pas à ce qu'elle lui tienne tête, mais Alia refusait de se soumettre à sa tyrannie. Elle savait qu'il n'était pas le genre d'homme à se plier aux volontés d'autrui, mais elle ne l'était pas non plus.
Dante finit par détourner le regard, comme pour mettre fin à cette confrontation. Mais avant de partir, il déclara d'une voix sèche : « Dans ce cas, nous devrions établir quelques règles. »
Elle hocha la tête, satisfaite d'avoir au moins obtenu cette concession. Ils s'installèrent chacun à une extrémité de la table, le regard toujours sombre, prêts à poser les bases d'une coexistence qui, ils le savaient, ne serait pas facile.
« Première règle, » commença-t-il en croisant les bras, « ne t'immisce pas dans mes affaires. Ce que je fais avec la meute ne te concerne pas. »
Alia fronça les sourcils. « Et qu'en est-il des responsabilités de Luna ? Je suis supposée m'occuper de la meute également, tu ne pourras pas m'en empêcher. »
Dante soupira, irrité. « Tu auras ton rôle, bien sûr. Mais je te demande de rester en dehors de tout ce qui me concerne directement. Je n'ai pas besoin que tu interfères dans mes décisions. »
Elle pinça les lèvres, contrariée mais prête à faire un compromis. « Très bien. Mais je veux être informée de ce qui se passe dans la meute. Si je dois être Luna, il me faut connaître les membres, savoir comment agir. »
Il acquiesça à contrecœur. « D'accord. Mais reste discrète. »
Alia décida alors de poser sa propre règle. « Deuxième règle, » dit-elle en le fixant, « nous devons faire un effort pour être respectueux l'un envers l'autre. Pas besoin d'amabilité, mais je refuse d'être traitée comme un objet. »
Dante sembla surpris, mais il hocha la tête. « C'est bien noté. Mais cela s'applique dans les deux sens. »
Elle esquissa un sourire, satisfaite de cette petite victoire. « Bien. Et pour finir, il nous faut définir un cadre pour notre vie quotidienne. Nous avons chacun besoin d'espace. »
Il acquiesça, semblant approuver cette idée. « Nous pourrions établir des horaires et des routines qui nous permettent de nous éviter au maximum. Et concernant nos chambres... » Il marqua une pause, comme hésitant à aborder ce sujet délicat.
« Chacun la sienne, évidemment, » répondit-elle immédiatement, soulagée qu'il n'ait pas eu l'intention de la forcer à partager son intimité.
Il acquiesça sans ajouter un mot, et un silence s'installa, presque pesant, mais également apaisant. Pour la première fois depuis le début de leur mariage, ils semblaient avoir trouvé un terrain d'entente, aussi mince soit-il.
Dante se leva, signifiant que la discussion était close. « Nous avons tous les deux des responsabilités à honorer, alors restons-en là pour aujourd'hui. Nous avons établi nos règles. Voyons si nous parvenons à les respecter. »
Alia hocha la tête. « Je n'ai aucune intention de faillir à ma parole. »
Il sortit de la pièce sans un regard, et elle resta seule, essayant de calmer la tempête d'émotions qui l'agitait. Elle avait su se montrer forte, mais elle savait que la route serait longue. Derrière sa colère, elle percevait aussi la peine de voir ses propres aspirations étouffées par cette union forcée. Elle n'avait jamais rêvé de ce genre de mariage, et encore moins de devoir se battre pour se faire entendre face à un homme comme Dante.
Les jours suivants furent marqués par des silences pesants et des échanges mesurés. Ils respectaient leurs règles, chacun dans son espace, chacun veillant à ne pas franchir les limites qu'ils avaient posées. Mais malgré l'apparente tranquillité de leur cohabitation, Alia sentait bien que quelque chose en elle changeait. Cette situation la poussait à redoubler de force, à affronter chaque obstacle avec courage.
Un soir, alors qu'elle rentrait après une longue journée à rencontrer les membres de la meute, elle trouva Dante dans le salon, plongé dans ses propres réflexions. Contre toute attente, il leva les yeux vers elle et lui adressa un signe de tête, comme pour la saluer, ce qui l'étonna. Peut-être commençait-il à comprendre qu'elle n'était pas son ennemie, qu'elle n'était pas là pour le défier, mais pour remplir son propre rôle avec dignité.
Elle répondit par un léger sourire, se demandant s'ils arriveraient un jour à dépasser cette méfiance mutuelle.