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Chapitre 2
La nuit tombait doucement, enveloppant la maison familiale dans une atmosphère feutrée, presque solennelle. Alia se tenait droite, son regard fixé sur la lettre d'accord que son père venait de poser devant elle. La pièce était silencieuse, et elle pouvait sentir le poids des attentes de sa famille qui reposait lourdement sur ses épaules.
Elle savait ce que cet engagement signifiait. Accepter ce mariage avec Dante, l'Alpha impitoyable qu'elle avait à peine rencontré, était plus qu'un simple acte personnel. C'était une décision politique, un sacrifice pour sa famille. En un seul acte, elle assurerait à son père et à sa meute un accès privilégié aux cercles les plus influents. Elle avait grandi avec cette idée, celle de devoir mettre les besoins de la meute avant ses propres désirs, mais aujourd'hui, cela lui paraissait étrangement cruel.
Son père, assis en face d'elle, l'observait d'un regard sévère, mais bienveillant.
« Alia, » murmura-t-il enfin. « Ce mariage, c'est notre opportunité. Dante n'est pas un homme facile, mais c'est un allié puissant. Si tu acceptes... tu élèveras notre famille à un niveau auquel nous n'aurions jamais pu aspirer seuls. »
Elle hocha la tête, absorbant chaque mot. Ce n'était pas la première fois qu'ils en parlaient, et pourtant, aujourd'hui, l'enjeu lui semblait plus lourd encore. Elle pensa brièvement à Dante, à cette première rencontre marquée par l'hostilité, à son regard froid et distant. Elle savait qu'il la voyait avant tout comme une entrave, un obstacle. Il n'avait aucune intention de rendre ce mariage plus simple, et elle le savait.
Son père continuait à parler, tentant sans doute de la convaincre, mais elle n'écoutait plus. Elle connaissait déjà sa décision ; elle l'avait prise au moment où elle avait compris que sa famille dépendait de cet engagement. Elle n'était pas du genre à se dérober devant les responsabilités, et même si chaque fibre de son être hésitait à se lier à un homme aussi impitoyable, elle savait que c'était son devoir.
Finalement, elle leva les yeux vers son père et acquiesça.
« Je vais le faire, » déclara-t-elle d'une voix ferme. « Si cela peut renforcer notre meute et garantir un avenir meilleur pour nous tous... alors je suis prête. »
Son père lui adressa un sourire plein de fierté, et elle sentit une chaleur douce envahir son cœur malgré tout. Elle venait de se lier à un destin qui n'était pas le sien, mais pour sa famille, elle était prête à endurer cette alliance, même si cela signifiait sacrifier ses propres rêves.
Le lendemain, une rencontre officielle fut organisée pour signer l'accord. Le cadre était purement protocolaire, dans une salle de réunion austère. Alia et Dante étaient assis de part et d'autre de la table, leurs familles respectives les entourant comme pour sceller cette union par leur présence.
Dante gardait un visage impassible, mais Alia pouvait sentir la tension qui émanait de lui. Ce mariage n'était pas plus facile pour lui que pour elle, elle en était certaine. Pourtant, il la regardait avec cette même froideur qu'elle avait déjà perçue lors de leur première rencontre, comme s'il voulait lui rappeler que cet arrangement n'était rien de plus qu'un moyen de parvenir à ses propres fins.
Un avocat s'approcha avec un document officiel, l'accord de mariage, détaillant les termes de leur union. Dante saisit le stylo, signe sans hésiter, puis fit glisser le papier de l'autre côté de la table vers Alia. Elle sentit son cœur se serrer un instant. Ce papier, ce simple morceau de papier, allait changer sa vie à jamais. Elle regarda brièvement Dante, mais son visage restait fermé, son regard perçant. Elle sentit sa propre détermination se renforcer. Elle ne faillirait pas, pas devant lui.
Elle signa l'accord d'une main assurée, apposant son nom en bas de la page, scellant ainsi leur engagement. Le silence qui suivit fut pesant. Les regards se croisèrent, et les familles échangèrent quelques mots de félicitations, mais Alia et Dante restèrent silencieux, chacun enfermé dans ses propres pensées.
Lorsqu'ils se retrouvèrent seuls, Alia prit la parole, sa voix posée mais ferme.
« Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais, » dit-elle, brisant le silence. « Mais nous sommes dans ce mariage, que nous le voulions ou non. Autant que nous en tirions tous les deux le meilleur parti. »
Dante la regarda, son expression indéchiffrable. Après un moment, il hocha lentement la tête.
« C'est vrai. Mais ne te méprends pas, Alia. Ce mariage n'est qu'une transaction. Un arrangement qui ne changera rien pour moi. »
Elle sentit une pointe d'agacement monter en elle face à sa froideur. Il semblait déterminé à la tenir à distance, comme si elle représentait une menace. Elle voulait lui répondre, lui rappeler qu'elle aussi voyait cette union comme une obligation, mais elle se retint. Ce n'était pas le moment pour des querelles inutiles.
Ils se séparèrent en silence, chacun retournant dans ses pensées. Mais dans les jours qui suivirent, Dante commença à ressentir une étrange incertitude. Alia, malgré ses airs fragiles, ne semblait pas prête à se laisser écraser par lui. Elle affichait une force tranquille, une détermination qu'il n'avait pas anticipée. Il s'était attendu à une femme docile, prête à se plier à ses caprices. Mais Alia lui prouvait chaque jour qu'elle était bien plus que cela.
Un soir, alors qu'il réfléchissait seul dans son bureau, il se surprit à penser à elle. Quelque chose en elle l'intriguait, un mélange de douceur et de fermeté qu'il ne parvenait pas à ignorer. Il n'avait jamais imaginé que ce mariage arrangé pourrait éveiller en lui une telle curiosité, mais il commençait à se demander s'il avait sous-estimé Alia.
Son regard se posa sur la photo de leurs fiançailles, posée par sa famille sur son bureau. Il l'observa longuement, détaillant le sourire forcé d'Alia, son regard calme mais déterminé. Elle était belle, il devait le reconnaître, mais cela ne suffisait pas à expliquer son trouble. Il y avait quelque chose en elle, une force invisible, une aura qui ne le laissait pas indifférent.
Il se leva et se dirigea vers la fenêtre, contemplant la ville qui s'étendait sous lui. Ses doutes persistaient. Il savait qu'il devait rester concentré, ne pas se laisser distraire par ce mariage. Pourtant, la présence d'Alia dans sa vie commençait à provoquer en lui des interrogations. Pourquoi se sentait-il si troublé par cette femme qu'il voyait comme un obstacle ?
La vérité était qu'il commençait à douter de ses propres intentions. Avait-il vraiment envie de détruire cet arrangement, comme il se l'était promis ? Ou bien commençait-il à envisager que cette alliance, aussi forcée soit-elle, pouvait lui apporter bien plus que ce qu'il avait envisagé ?