Chapitre 4 4

Ils quittèrent la clairière ensemble, marchant côte à côte à travers la forêt, leurs pas synchronisés, leurs respirations en harmonie. Il y avait encore tant de choses à découvrir, tant de défis à relever, mais Sophia se sentait plus confiante, plus déterminée. Elle avait trouvé un endroit où elle pouvait appartenir, même si ce serait un chemin semé d'embûches. Et avec Aiden, elle savait qu'elle ne serait jamais seule.

La pluie s'était mise à tomber sans prévenir, une pluie fine et froide qui s'infiltrait dans les moindres recoins, laissant une sensation de fraîcheur presque désagréable sur la peau de Sophia. Elle marchait à travers la forêt, le bruit des gouttes sur les feuilles créant une symphonie douce mais insidieuse qui ne parvenait pas à couvrir le tumulte dans son esprit. Les événements de la veille tournoyaient dans sa tête, mélangeant ses pensées et ses émotions en un tourbillon incessant. Aiden et sa meute avaient accepté de la laisser entrer dans leur monde, mais elle n'était pas dupe. Cette acceptation était fragile, précaire, et elle savait qu'elle marcherait sur des œufs à chaque instant.

Ses pas la menaient sans vraiment y penser à travers les bois qu'elle commençait à bien connaître, cette forêt qui cachait tant de secrets. Elle n'avait pas encore pleinement réalisé à quel point elle se trouvait désormais plongée au cœur d'une réalité qui dépassait tout ce qu'elle avait jamais imaginé. Mais ce matin-là, quelque chose d'étrange, quelque chose de nouveau, flottait dans l'air. Une tension palpable, une énergie presque électrique qui faisait frémir les arbres et le sol sous ses pieds. Sophia frissonna, sans savoir si c'était à cause du froid ou de cette sensation étrange qui grandissait en elle.

Elle aurait dû rebrousser chemin, retourner à la maison et laisser ce sentiment d'inquiétude derrière elle. Mais au lieu de cela, elle continua d'avancer, une force irrationnelle la poussant à aller plus loin, à découvrir ce qui se cachait au-delà des apparences. La pluie s'intensifiait, et bientôt, elle dut se couvrir le visage de son bras pour éviter d'être aveuglée par les gouttes qui martelaient son front. Elle savait que ce qu'elle faisait était insensé, mais elle ne pouvait s'empêcher de suivre cette intuition, cette certitude que quelque chose d'important était sur le point de se révéler.

Et puis, au détour d'un sentier, elle les aperçut. Deux silhouettes, noires et imposantes, se mouvant avec une fluidité presque surnaturelle à travers les arbres. Sophia se figea, son cœur manquant un battement alors qu'elle les observait de loin. Ses yeux s'agrandirent en comprenant ce qu'elle voyait réellement. Ce n'étaient pas des hommes, mais des créatures, des bêtes sauvages aux yeux brillants et aux crocs luisants sous la lumière grise du matin. Elle avait entendu des histoires, des légendes de loups-garous qui rôdaient dans les forêts, mais jamais elle n'aurait cru en être témoin.

Le sol se déroba presque sous ses pieds, et elle se recula d'un pas, luttant contre l'envie irrésistible de s'enfuir en courant. Mais une branche craqua sous son pied, et les créatures se tournèrent immédiatement vers elle, leurs yeux jaunes perçants se fixant sur elle. Sophia sentit une panique sourde monter en elle, mais elle était trop tétanisée pour bouger, trop choquée pour réagir.

Les deux loups s'immobilisèrent, l'un d'eux émettant un grognement sourd qui résonna dans toute la clairière. Il y avait une menace palpable dans ce son, une promesse de danger imminent. Sophia voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge, nouée par la terreur. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle se força à rester immobile, espérant que ces créatures décideraient de l'ignorer, de la laisser partir. Elle ne pouvait que prier pour qu'elles ne la voient pas comme une proie, mais comme une simple intruse, un être trop insignifiant pour être pris en chasse.

Mais alors qu'elle pensait que tout était perdu, une voix familière s'éleva à travers la pluie, forte et autoritaire. « Laissez-la ! »

C'était Aiden. Il surgit de l'ombre, sa silhouette imposante et son regard déterminé. Les loups se retournèrent vers lui, se figeant à l'instant où ils le reconnurent. Sophia vit la tension dans leurs muscles se détendre légèrement, comme si la présence d'Aiden les avait calmés. Il s'approcha d'eux, les fixant dans les yeux avec une intensité qui fit reculer les créatures. Elles se regardèrent une dernière fois, avant de disparaître dans la forêt, leurs silhouettes se fondant rapidement dans la brume.

Sophia se laissa tomber à genoux, tremblante, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. Aiden s'agenouilla à ses côtés, posant doucement une main sur son épaule. « Sophia... ça va ? » demanda-t-il d'une voix douce, mais empreinte d'une inquiétude palpable.

Elle hocha la tête, mais elle savait que ce n'était pas vrai. Rien n'allait. « Qu'est-ce que c'était... ? » balbutia-t-elle, encore sous le choc.

Il la regarda avec une intensité qui la troubla, comme s'il pesait ses mots avec soin. « Ce que tu as vu... ce sont des membres de ma meute. Ils ne voulaient pas te faire de mal. Mais... il y a certaines choses que tu devrais savoir. »

Elle le fixa, les yeux écarquillés, essayant de digérer l'information. « Des membres de ta meute ? Ces loups... c'étaient des loups-garous ? »

Aiden hocha la tête lentement, comme s'il regrettait presque de devoir lui dire la vérité. « Oui, Sophia. Nous sommes des loups-garous. Toute ma meute l'est. »

Les mots résonnèrent dans son esprit, tournant et retournant sans qu'elle puisse vraiment les saisir. Des loups-garous... C'était insensé, c'était impossible ! Et pourtant, ce qu'elle venait de voir de ses propres yeux confirmait cette réalité qu'elle aurait préféré ignorer. Elle se sentait perdue, piégée entre deux mondes qui n'auraient jamais dû se croiser. Mais malgré la peur, malgré la confusion, une partie d'elle restait étrangement calme, comme si, au fond, elle avait toujours su qu'Aiden n'était pas un homme comme les autres.

« Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? » demanda-t-elle finalement, une note de reproche dans la voix.

« Parce que je ne voulais pas t'effrayer, ni te mettre en danger, » répondit-il, sa voix emplie de regret. « Je voulais te protéger de tout ça, te permettre de rester en dehors de ce monde aussi longtemps que possible. Mais je vois maintenant que c'était une erreur. »

Elle le regarda, cherchant dans ses yeux des réponses à des questions qu'elle n'avait même pas encore formulées. « Et maintenant ? Que vais-je devenir ? Que va-t-il se passer pour moi ? »

Il prit une grande inspiration, comme pour se donner du courage. « Rien ne va changer, sauf que maintenant tu connais la vérité. Tu fais toujours partie de ma vie, de notre vie. Mais je ne te mentirai plus, Sophia. Plus jamais. »

Elle hocha la tête, reconnaissante pour sa sincérité, mais toujours incertaine de ce que tout cela signifiait pour elle. La vérité était brutale, déconcertante, mais elle préférait encore cela à l'ignorance. « Et eux... ils m'accepteront ? » demanda-t-elle en désignant la direction dans laquelle les loups avaient disparu.

Aiden hésita, et elle comprit que la réponse n'était pas aussi simple. « Cela prendra du temps. Certains mènent encore leurs propres luttes, et ce que tu représentes pour eux est difficile à accepter. Mais je veillerai à ce que rien ne t'arrive, je te le promets. »

Sophia sentit un mélange d'émotions la submerger-de la peur, de l'incertitude, mais aussi une étrange détermination. Elle n'était pas prête à abandonner, pas maintenant. Pas alors qu'elle commençait à peine à comprendre ce lien qui les unissait, cette force qui la poussait à rester, malgré tout. « Je veux essayer, » murmura-t-elle enfin. « Je veux apprendre à les connaître, à comprendre ce que vous êtes. »

Aiden la regarda avec un mélange de surprise et d'admiration. « Je savais que tu étais forte, Sophia. Mais ta force me surprend toujours. » Il tendit une main qu'elle prit sans hésiter, se relevant avec son aide. « Viens, je veux te présenter à ceux que tu n'as pas encore rencontrés. Des membres de la meute qui... peuvent être plus ouverts d'esprit. »

Ils marchèrent ensemble à travers la forêt, le bruit de leurs pas étouffé par le tapis de feuilles mouillées. La pluie s'était calmée, laissant une fine bruine dans l'air, et Sophia se sentait étrangement apaisée par cette promenade, malgré tout ce qu'elle venait de découvrir. Ils arrivèrent bientôt à une petite clairière où quelques loups étaient rassemblés autour d'un feu, discutant à voix basse. Lorsqu'ils virent Aiden et Sophia approcher, les conversations cessèrent instantanément, tous les regards se tournant vers eux.

« Elle veut apprendre à vous connaître, » annonça Aiden, les yeux fixés sur le groupe. « Et je veux que vous lui montr

Iez le même respect que vous me montrez à moi. »

Un silence pesant suivit, mais finalement, l'un des loups se leva, un sourire en coin. « Eh bien, Sophia, bienvenue dans la meute, » dit-il avec une pointe d'humour. « J'espère que tu n'as pas peur des nuits de pleine lune. »