J'ai couru vers ma voiture, claquant la portière, hurlant à pleins poumons dans un cri de désespoir. J'aurais dû rester à New York. J'aurais dû tout quitter avant qu'il ne soit trop tard...
Les jours passent, mais je ne vis plus. Je flotte, déconnectée de tout. Le club est devenu un cauchemar, une prison qui me ronge un peu plus chaque jour. Tous le voient, le sentent, mais personne n'ose m'approcher. Je suis une bombe à retardement, prête à exploser.
Sara, cette garce, fait tout pour me pousser à bout. Un mot de plus, et je la descends. Trois balles dans ses implants, pour la faire taire à jamais.
Existe-t-il un mot plus fort que « haine » pour décrire ce que je ressens pour elle ? Si oui, je veux bien qu'on me le dise.
Aujourd'hui, c'est le grand jour, la fête de Jason. Perdu dans mes pensées, j'ai réalisé qu'aucun message n'était arrivé de leur part, ou plus exactement de sa part. Est-ce que ça devrait me soulager ou m'inquiéter davantage ? C'est étrange, inhabituel pour les frères de ne pas avoir déjà préparé une attaque surprise. Ils vivent pour faire peur, pour semer la terreur. Je m'en souviens encore trop bien. La première fois que j'ai vu leur véritable visage, c'était lors de mes vacances d'été, pendant ma deuxième année à l'université.
Je m'étais imaginé pouvoir les surprendre, pensant qu'ils seraient dans leurs chambres, comme avant. Plein d'enthousiasme, je me dirigeais vers le jardin pour les retrouver. Mais au lieu de la scène joyeuse que j'espérais, j'ai découvert une vision d'horreur. Une scène macabre qui me hantera toujours. Trois hommes pendaient, suspendus à l'envers, leurs cris déchirants l'air, tandis qu'Osnell, sans la moindre émotion, découpait leur chair, laissant des morceaux tomber dans une mare de sang à leurs pieds. Les hommes du clan les entouraient, impassibles, comme s'ils assistaient à une simple corvée quotidienne. Gaspar, lui, était assis sur une chaise, un pistolet dans la main, fixant son frère accomplir cette œuvre morbide sans broncher. Puis, soudain, trois coups de feu retentirent, me faisant sursauter de terreur.
Un cri perça l'air, tout le monde se tourna vers moi. Osnell, les yeux obscurcis par la folie, semblait m'observer à travers un voile, alors que Gaspar, surpris, s'approchait lentement, comme pour éviter de me terroriser davantage. Mais ce qui m'a le plus marqué, ce fut le regard qu'ils arboraient juste avant. Un mélange glacial de contrôle, de puissance, de domination... et de mort.
Ce ne sont plus les garçons que je connaissais. Ils sont devenus des tueurs.
C'est cette transformation qui me perturbe encore aujourd'hui. Depuis leur dernier message, je m'interroge constamment : que préparent-ils ? Pourquoi ce silence soudain ? Me surveillent-ils depuis l'ombre, attendant le moment parfait pour frapper ?
Je suis terrifiée... littéralement.
Pourtant, je dois me concentrer sur autre chose. Arrêter de penser à tout ça, me sortir de cette situation avant qu'il ne soit trop tard, puis, seulement ensuite, m'inquiéter de leur vengeance.
Je me retrouve dans mon placard, cherchant désespérément quelque chose à porter pour la fête de Jason. Il est déjà tard et je déteste être en retard. Mais rien ne semble convenir. Après avoir fait des achats pendant des mois, comment est-il possible que je n'aie rien à me mettre pour une occasion comme celle-ci ?
Cela ne fait aucun sens. Pourquoi nous, les filles, passons-nous autant de temps à faire du shopping pour ensuite nous plaindre de n'avoir « rien à mettre » ?
Je me laisse tomber sur le pouf, contemplant mes vêtements, frustrée. Si seulement Jason m'avait donné plus d'informations sur le thème de la fête, peut-être que cela m'aurait aidé à choisir une tenue plutôt que de rester plantée là, comme une enfant privée de son jouet préféré.
"Je n'arrive pas à croire que Sara couche avec le patron", lâche Lo avec un dégoût évident, ses yeux lançant des éclairs dans la direction de Sara. Son intervention n'aide en rien à mon dilemme vestimentaire, bien au contraire.
"Merci pour ton aide, Lo. Vraiment. Très utile." Mon ton sarcastique ne semble pas l'atteindre, elle éclate de rire, renversant presque son bol de céréales. Ses longs cheveux blonds rebondissent tandis qu'elle éclate de rire, toujours plus amusée par la situation que concernée par mon problème.
L'heure tourne. Je jette un coup d'œil à l'horloge sur mon téléphone. Si je ne trouve pas une tenue tout de suite, je vais être en retard. "Alors, que devrais-je porter, selon toi ? Chic ou osé ? Et fais attention à ta réponse, sinon je te tiendrai pour responsable si Jason appelle pour me demander des comptes." Mon regard menaçant à travers l'écran de FaceTime.
Lo ricane doucement avant de répondre avec un clin d'œil : "Opte pour quelque chose de sexy. Ose, ma belle."
"Sexy, hein ? Ok, c'est parti." Je me lève, déterminée, fouillant dans mon dressing jusqu'à tomber sur une robe en satin argenté, avec une fente audacieuse qui monte jusqu'à la cuisse. Parfaite. Avec un dos nu, et une paire de talons assortis, je sais que cette robe fera de l'effet. Mes cheveux relevés en un chignon haut, avec deux fines mèches encadrant mon visage, un rouge à lèvres mat brun complétant le look.
En voyant ma transformation, Lo hurle de joie. "Wouhou ! Maintenant, va t'amuser, et surtout... fais-toi plaisir ! Sérieux, tu as besoin de ça."
Je ramasse ma pochette, prête à partir, avant de répondre : "Beurk, Lo ! T'es vraiment dégueulasse." Elle me fait un geste obscène en riant, et je lui renvoie une grimace. "Ne parle pas comme ça de moi, hein ! Mon coochie est en parfaite santé."
"Alors va lui donner un peu d'action !". Elle raccroche avant que je puisse répliquer.
Je roule des yeux, amusée, avant de quitter mon appartement et de démarrer ma voiture, direction Milton, Géorgie.
« Jason ! » criai-je en sortant de ma voiture garée au coin de la rue, apercevant sa silhouette au loin. Il tourna la tête vers moi, clignant des yeux comme s'il émergeait d'un rêve, avant de s'avancer d'un pas lent. Mon regard suivit son mouvement tandis qu'il prenait son temps pour me dévisager, du haut en bas. C'était comme s'il savourait chaque seconde. Alors, je fis de même, admirant sa blondeur éclatante.
Il portait un smoking en velours rouge, un pantalon en satin noir parfaitement ajusté, assorti à une chemise noire en satin également. Pas de cravate cette fois-ci, ce qui lui donnait un air décontracté mais chic. Ses cheveux, normalement bien lisses, tombaient devant ses yeux, ajoutant à son charme naturel. Je me sentais soudain envahie par un flot de pensées que je tentais de refouler. Mon cœur devait se résigner : cet homme était fait pour moi.
Jason, surpris par ma robe, applaudit avec enthousiasme. « Wow, Megane... tu es magnifique ! » déclara-t-il, les yeux plantés dans les miens après avoir longuement parcouru chaque courbe de ma silhouette.
Je souris, en penchant légèrement la tête. « Je suis contente que ça te plaise. » répondis-je en tournoyant avec une grâce exagérée. « Toi aussi, tu es superbe, Jason. Le velours, ça te va à ravir. » Il rit doucement à mes paroles.
« Allez, on doit y aller. La fête a déjà commencé et tout le monde est là. » Il me prit par la main, l'autre se posant délicatement sur mon dos exposé. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Il m'entraîna vers l'entrée du manoir, ses lèvres frôlant ma joue. L'atmosphère oppressante du lieu semblait peser davantage à chaque pas. Mon ventre se nouait. Une étrange angoisse montait en moi. Pourtant, je me forçais à sourire, sans comprendre pourquoi j'étais autant sur mes gardes.