Sous l'emprise du roi vampire

Le soleil était encore bas dans le ciel quand mes paupières s'ouvrirent, alourdies par une nuit trop courte. J'étouffai un bâillement, tout en me tournant sur le dos, fixant le plafond avec une étrange sensation d'excitation. Dernier jour de l'été... et il fallait en profiter. Un sourire se dessina sur mes lèvres avant même que je ne me lève du lit. Je jetai un œil rapide à l'horloge murale. Sept heures. Un peu tôt, mais l'idée de rester sous les couvertures ne m'enchantait pas.

Je me levai en traînant un peu les pieds vers la salle de bain. Une douche rapide, une tenue simple – short et chemise blanche – et me voilà déjà face au miroir. Comme d'habitude, je passai mes doigts dans mes boucles blondes, mon regard rivé sur mes cheveux. Je les adorais. C'était sûrement la partie de moi que je préférais. Ensuite, venaient mes yeux. Un bleu saphir profond, presque envoûtant, comme l'avaient souvent remarqué les autres. Certains disaient que je ressemblais à une poupée Barbie à cause de ça, mais je m'en fichais. J'aimais cette image, parfaite à mes yeux.

Satisfaite de mon reflet, je sortis de la salle de bain avec une énergie renouvelée. En entrant dans la cuisine, l'odeur du café fraîchement préparé m'accueillit. Maman, assise à la table avec son journal, me sourit dès qu'elle m'aperçut.

« Bonjour, Jessy. Bien dormi ? »

Je m'installai en face d'elle, tout en hochant la tête avec un sourire radieux. « Oui, très bien. » Mais son visage, d'ordinaire toujours jovial, semblait fatigué, soucieux. Elle plia le journal et soupira légèrement avant de prendre une gorgée de café. Quelque chose la tracassait, ça se voyait.

« Écoute... il faut qu'on parle de quelque chose. » Sa voix hésitante me fit froncer les sourcils. Maman n'était jamais nerveuse. Jamais. Sauf aujourd'hui, apparemment.

« Qu'est-ce qui se passe, maman ? » demandai-je, tout en me penchant légèrement vers elle, cherchant à capter son regard.

Mais avant qu'elle n'ait pu répondre, une voix joyeuse interrompit la conversation. Ma sœur cadette, Melissa, fit irruption dans la pièce, sa chevelure noire dansant autour de son visage alors qu'elle se précipitait vers nous. « Salut tout le monde ! » lança-t-elle en se servant un bol de céréales. Elle avait le même âge que moi, enfin presque. Un an de moins seulement, mais elle avait ce charme indéniable que tout le monde remarquait.

« Maman voulait me dire quelque chose », lâchai-je, encore préoccupée par l'expression étrange qu'elle affichait. Je l'interrogeai du regard une fois de plus. « Maman ? »

Elle secoua doucement la tête, son sourire forcé trahissant une tristesse qu'elle peinait à dissimuler. « Ce n'est rien, on en parlera plus tard. Dis-moi, qu'est-ce que tu comptes faire aujourd'hui, Jessy ? C'est quand même le dernier jour de l'été, tu devrais en profiter. »

Je souris, oubliant un instant la conversation en suspens. « J'ai invité Kaden à venir passer la journée ici, ça va être cool. »

Melissa haussa un sourcil espiègle avant de s'asseoir à son tour à table. « Toi et Kaden ? Vous sortez enfin ensemble ? » demanda-t-elle avec un sourire en coin.

Je roulai des yeux. « Non, bien sûr que non ! Kaden et moi, on est juste amis. Tout le monde croit toujours qu'on sort ensemble, c'est n'importe quoi. On est meilleurs amis depuis toujours. »

« Ah, tu sais ce qu'on dit... les meilleurs amis finissent souvent ensemble », répliqua-t-elle avec un clin d'œil, ce qui arracha un petit rire à maman.

« Oh, arrêtez ! Vous êtes ridicules, ça n'arrivera jamais ! » dis-je en riant, tout en essayant de paraître détachée.

Kaden Mendez et moi étions inséparables depuis l'enfance. Nous avions grandi ensemble, lui vivant juste à côté de chez nous. Et puis, il y avait aussi Idyll, ma meilleure amie, qui s'était jointe à nous quand on était en première année. Tous les trois, on formait une bande inséparable.

« Idyll ne s'intéresse pas à Kaden », ajouta Melissa, toujours sur le ton de la plaisanterie. « Par contre, toi... »

« Sérieusement ? » dis-je, irritée. « Ça n'arrivera jamais ! »

Maman, avec un sourire narquois, renchérit : « Moi je pense que vous feriez un joli couple, toi et Kaden. »

« Maman ! Pas toi aussi ! » m'exclamai-je, exaspérée.

La sonnette d'entrée retentit à cet instant. Je me levai en soupirant pour aller ouvrir. Devinez qui était là ? Kaden, bien sûr. Avec son éternel sourire moqueur et son air décontracté, il me serra dans ses bras dès que j'ouvris la porte. « T'es prête à passer une super journée ? » lança-t-il en me secouant légèrement.

Je ris, l'entraînant vers ma chambre, loin des commentaires gênants de Melissa et maman. Une fois à l'abri, Kaden s'écroula sur mon lit, comme d'habitude. Il tourna la tête vers moi, un sourire au coin des lèvres.

« Ta mère pense toujours qu'on devrait sortir ensemble ? » demanda-t-il en riant.

Je soupirai. « Oui, encore. Ils sont tous sur mon dos avec ça. »

Il s'allongea sur mon lit, regardant le plafond. « Honnêtement... tu penses vraiment que ça n'arrivera jamais ? »

Je détournai le regard, mal à l'aise. « Kaden, on en a déjà parlé. T'es juste mon ami, et c'est tout. »

Il ne répondit rien, se contentant de soupirer avant de changer de sujet. Mais dans ses yeux, une lueur de tristesse brillait, et je savais que la conversation n'était pas vraiment terminée.

J'ai sniffé bruyamment. « Sérieusement, qu'est-ce que tu peux bien voir en moi ? Je suis juste une fille blonde, avec des yeux bleus. Rien de plus. Pas une star, ni une personne spéciale. Pourquoi tu m'aimerais, hein ? »

Kaden haussa les épaules en souriant. « Tu veux vraiment que je réponde à ça ? »

« Évidemment ! Je te l'ai demandé, non ? »

Il laissa échapper un petit soupir. « Je t'aime parce que, avec toi, je peux être moi-même. T'es pas comme toutes ces filles qui essaient de m'impressionner juste parce qu'elles trouvent que je suis beau gosse ou je ne sais quoi d'autre. T'es juste... normale. Et ça, j'adore. Et puis, franchement, Mel, tu es magnifique. L'une des plus belles que j'ai jamais vues. »

Je levai un sourcil, faussement vexée. « L'une des plus belles ? Tu pourrais pas plutôt dire que je suis LA plus belle ? Ce serait bien plus romantique, tu trouves pas ? »

Il éclata de rire, secouant la tête. « Ma mère serait sûrement pas d'accord avec ça, » répondit-il en plaisantant.

« Parlant de mère... » Je me souvins soudainement de l'attitude étrange de la mienne plus tôt dans la journée. « Y'a un truc que je dois te dire à propos de ma mère. Ce matin, elle était vraiment bizarre. Elle a voulu me dire quelque chose mais... elle a changé d'avis. »

Il fronça les sourcils, pensif. « Bizarre... Pourquoi elle ferait ça ? Et qu'est-ce qu'elle a voulu dire par 'ce n'est pas le bon moment' ? »

Je secouai la tête, un peu perdue. « Aucune idée. C'est bien pour ça que je t'en parle. »

Kaden se gratta la tête, l'air malicieux. « Désolé, Mel, mais cette fois, le grand sage Kaden n'a aucune solution miracle. »

Je levai les yeux au ciel. « Je pensais que tu serais utile pour une fois... »